Afrique du Sud: le jour où les régiments zoulous humilièrent Sa Majesté britannique

Un officier des Dundee Diehards donne des ordres à une ligne de tir se préparant à tirer des salves sur les régiments Amabutho Zulu entrants lors de la bataille d'Isandlwana, à Isandlwana le 21 janvier 2023 (Photo, AFP).
Un officier des Dundee Diehards donne des ordres à une ligne de tir se préparant à tirer des salves sur les régiments Amabutho Zulu entrants lors de la bataille d'Isandlwana, à Isandlwana le 21 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 21 janvier 2023

Afrique du Sud: le jour où les régiments zoulous humilièrent Sa Majesté britannique

  • Au pied du mont biscornu d'Isandlwana, qui laissa son nom à la bataille, la terre rocailleuse est chauffée par un soleil de plomb d'été austral
  • Une foule exaltée de milliers de spectateurs et le roi traditionnel Misuzulu assistent à la reconstitution de la lutte qui a assis la légende guerrière de la plus grande ethnie d'Afrique du Sud

ISANDLWANA, Afrique Du Sud: Hérissés de sagaies et de boucliers en peaux de bêtes, les guerriers zoulous s'élancent sur les tuniques rouges britanniques: une des plus humiliantes défaites infligées à des troupes coloniales par une armée "indigène" a été rejouée samedi dans les collines sud-africaines.

Au pied du mont biscornu d'Isandlwana, qui laissa son nom à la bataille, dans la province du KwaZulu-Natal (sud-est), la terre rocailleuse est chauffée par un soleil de plomb d'été austral. Le vent chaud souffle sur les herbes hautes, sur fond de vallons et de collines pelées.

C'est ici que le 22 janvier 1879, des régiments de quelque 20 000 hommes décrits alors comme "des sauvages" écrasèrent en quelques heures, dans un furieux corps-à-corps, un campement de militaires britanniques armés de fusils.

"Ce jour-là, nous avons vaincu les Britanniques. Cette bataille est une source de fierté et une pierre de la nation zouloue", explique 144 ans plus tard à l'AFP Simelane Velaphi, un guerrier "amabutho", couronne en peau sur la tête et lance à la main.

Une foule exaltée de milliers de spectateurs et le roi traditionnel Misuzulu assistent à la reconstitution de la lutte qui a assis la légende guerrière de la plus grande ethnie d'Afrique du Sud. Le pays aux multiples langues officielles compte 11 millions de Zoulous, soit près d'un cinquième des Sud-Africains.

Des jeunes filles en courtes tenues traditionnelles dansent les seins nus, faisant sauter leurs colliers de perles colorées. Des dignitaires du Premier bataillon gallois ont été invités, le sulfureux ex-président sud-africain Jacob Zuma est là aussi.

Soudain les soldats britanniques tirent, à blanc cette fois. Un genou à terre, ils rechargent et tirent encore. Mais inférieurs en nombre, leurs balles n'arrêtent pas la course des guerriers torse nu.

«Bravoure»

Après 15 minutes d'une parodie chorégraphiée de la violente mêlée de l'époque, les milliers d'amabutho qui ont joué le jeu apportent fièrement l'Union Jack à leur souverain d'aujourd'hui: "La tribu zouloue a remporté la bataille".

Les tuniques rouges restent étendues au sol, vaincues.

Sur les hauteurs, des bus continuent à déverser des poignées de touristes anglais. Equipés de bobs et de chaussures de marche, ils jettent un œil aux monuments de pierre où sont gravés les noms des soldats impériaux tombés "pour la reine et le pays".

Puis tournent autour de petits monticules de cailloux peints en blanc, tombes improvisées dressées ici et là sur le champ de bataille, aujourd'hui site protégé.

"La bravoure des deux camps doit être honorée", souligne avec une rigidité respectueuse John Murphy, major de l'armée britannique en treillis et béret, parmi les invités.

A l'époque pourtant, la nouvelle de la cuisante défaite de l'Angleterre, alors au faîte de sa puissance, provoque une onde de choc en Europe: à la fin du XIXe siècle, son empire colonial s'étend aux quatre coins du globe et sa marine règne sans partage sur les océans.

En pleine révolution industrielle, la Couronne a besoin de matières premières et de main-d'œuvre. La découverte de diamants à Kimberley mais aussi d'or et de charbon aiguise l'avidité de la colonie anglaise du Cap, qui annexe de nouvelles terres à la pointe de l'Afrique, sur la route des Indes.

Un royaume, le Zoulouland du roi Cetshwayo, résiste. Sa spécificité: une société fortement militarisée par le grand Chaka (1787-1828), chef charismatique et génie militaire qui mit sur pied la tactique de la "tête de bœuf", appliquée le jour de la fameuse bataille.

Les Britanniques, pris par les flancs, sont assaillis, avant d'être achevés dans une attaque frontale fulgurante. Il y a peu de survivants, plus de 1 300 morts côté anglais.

Le triomphe zoulou est de courte durée car dès la nuit suivante, l'armée britannique inflige à une dizaine de kilomètres de là le premier d'une série de revers définitifs pour le royaume zoulou. Mais l'histoire retient la victoire improbable des lances contre des fusils.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.