Au Soudan, la gomme arabique résiste au climat extrême, mais l'homme peine à suivre

Des Soudanais récoltent la sève de gomme arabique d'un acacia dans la forêt publique de recherche de Demokaya, à quelque 30 km à l'est d'El-Obeid, la capitale du wilayet (État) central du Nord-Kordofan, le 9 janvier 2023. (Photo : Ashraf Shazly / AFP)
Des Soudanais récoltent la sève de gomme arabique d'un acacia dans la forêt publique de recherche de Demokaya, à quelque 30 km à l'est d'El-Obeid, la capitale du wilayet (État) central du Nord-Kordofan, le 9 janvier 2023. (Photo : Ashraf Shazly / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 22 janvier 2023

Au Soudan, la gomme arabique résiste au climat extrême, mais l'homme peine à suivre

  • Faite de sève durcie tirée de l'acacia, la gomme arabique, entre autres l’un des composants essentiels du Coca-Cola, est un émulsifiant quasi irremplaçable pour les industries mondiales
  • De nombreux agriculteurs soudanais préfèrent couper leurs acacias et les vendre pour en faire du charbon, afin d'avoir un revenu plus stable

DEMOKAYA, Soudan : La gomme arabique essentielle pour la production mondiale de boissons gazeuses provient de l'acacia des zones arides du Soudan, où cet arbre résiste aux températures de plus en plus extrêmes, mais les agriculteurs, eux, peinent désormais à le cultiver.

L'acacia gommier est «un arbre important pour lutter contre la désertification, car il résiste à la sécheresse et augmente la fertilité des sols, ce qui est essentiel pour accroître la production agricole», explique Fatma Ramly, coordinatrice nationale de la Fédération des producteurs de gomme arabique, qui compte sept millions de membres.

Faite de sève durcie tirée de l'acacia, la gomme arabique est un émulsifiant quasi irremplaçable pour les industries mondiales. Cet ingrédient naturel est utilisé dans tout: des boissons gazeuses aux chewing-gums, en passant par les produits pharmaceutiques.

Il fait la fierté du Soudan qui est le premier producteur mondial de gomme arabique avec 70% du commerce, selon l'Agence française de développement.

La gomme a même valu au Soudan, qui a été sous embargo international pendant des décennies, une exemption spéciale des Etats-Unis dont les industries agroalimentaire et pharmaceutique sont bien trop friandes. Elle est en effet un composant essentiel du... Coca-Cola !

Mais pour récolter la précieuse sève, l'homme doit subir les mêmes conditions climatiques extrêmes que l'acacia, un des arbres au monde qui s'accommode le mieux à la sécheresse et au changement climatique.

«On travaille des heures sous un soleil brûlant» pour au final «gagner tout juste de quoi acheter de l'eau jusqu'à la saison des pluies», dit Mohammed Moussa à l'AFP.

- Hausse des températures double -

Au Kordofan, la hausse des températures enregistrées est le double de la moyenne mondiale, soit deux degrés supplémentaires en moins de trente ans, selon l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture.

Les humains peinent à composer avec le climat aride et la désertification. Et à la sécheresse vient s'ajouter la fluctuation des cours mondiaux de la gomme arabique.

De nombreux agriculteurs préfèrent donc couper leurs acacias et les vendre pour en faire du charbon, afin d'avoir un revenu plus stable, ou travailler dans des mines d'or aux alentours. A l'image des quatre des cinq fils d'Abdelbaqi Ahmed, qui ont opté pour le dur labeur de minier plutôt que de s'occuper des acacias de leur père.

Même chose pour Abdallah Babiker: ses trois fils préfèrent creuser le sol à coups de pioche que de grimper dans les acacias. «Ils veulent un travail qui rapporte plus», dit l'homme de 72 ans.

Face à cette situation, le Soudan, qui a exporté en 2021 88.000 tonnes de gomme arabique pour 110 millions de dollars, selon la Banque centrale, s'active pour remplacer les acacias abattus pour le bois de chauffage ou la construction.

- Ceinture de gomme arabique -

«Nous avons essayé de replanter des arbres dans les zones qui se sont détériorées et d'empêcher la ceinture de gomme arabique de reculer», explique Mme Ramly, qui travaille pour le Département des forêts du Soudan, en référence à cette zone d'environ 500.000 kilomètres carrés qui va du Darfour, région soudanaise frontalière du Tchad, à Gedaref, près de l'Ethiopie.

Récemment, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a accordé 10 millions de dollars au Département des forêts pour aider les cultivateurs d'acacias à conserver leur gagne-pain. Cette aide vise également à financer la «Grande muraille verte», un méga-projet censé couvrir d'arbres la bande africaine du Sahel jusqu'à la Corne de l'Afrique, dans le but de contenir le désert qui ne cesse de gagner du terrain.

«La sécheresse est l'une des principales difficultés pour les habitants» vivant là où l'acacia est cultivé, explique à l'AFP Madani Ismaïl, professeur assistant à l'Institut public de recherche agricole.

Abdelbaqi Ahmed en sait quelque chose, lui qui incise l'écorce de ses acacias depuis plus de 30 ans pour en retirer le liquide qui se solidifie rapidement en boules cabossées couleur d'ambre.

«C'est ma famille qui m'a appris (ce) dur labeur», raconte à l'AFP l'homme de 52 ans, propriétaire de près de 30 hectares d'acacias plantés dans le village de Botei.

Mohammed Moussa, lui, a enseigné son métier à ses enfants «même si ça ne les intéressait pas. Comme ça au moins, s'ils n'ont rien d'autre, ils pourront s'en servir».


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

Short Url
  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.