Frankly Speaking: Le sommet de Davos s'est révélé être un formidable soutien pour l'Expo 2030, selon Fahd Al-Rasheed

«La ville de Riyad vit des moments passionnants», a déclaré Fahd Al-Rasheed dans «Frankly Speaking» (Photo, Capture d'écran).
«La ville de Riyad vit des moments passionnants», a déclaré Fahd Al-Rasheed dans «Frankly Speaking» (Photo, Capture d'écran).
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Publié le Lundi 15 janvier 2024

Frankly Speaking: Le sommet de Davos s'est révélé être un formidable soutien pour l'Expo 2030, selon Fahd Al-Rasheed

  • La stratégie de Riyad sera bientôt annoncée, avec des objectifs d'expansion et de transformation considérables
  • Le sommet de Davos s'est révélé être un formidable soutien pour la candidature de l'Arabie saoudite à l'Expo 2030

RIYAD: Le directeur général de l'organisme chargé de superviser l'expansion de la capitale saoudienne est convaincu que le droit d'accueillir l'Exposition universelle de 2030 reviendra à Riyad, qu'il décrit comme « probablement l'endroit le plus exaltant du monde aujourd'hui » en raison de ce qu'il a à offrir.

« La ville de Riyad vit des moments passionnants », a déclaré Fahd Al-Rasheed dans « Frankly Speaking », le talk-show d'Arab News qui plonge au cœur de l'actualité régionale et reçoit des décideurs politiques et des chefs d'entreprise de premier plan.

Il a expliqué les avantages de la capitale saoudienne en tant qu'hôte de l'Expo 2030 par rapport à ses rivaux - Odessa, Rome et Busan : « Riyad est une ville mondiale, la 40e économie urbaine du monde, avec huit millions d'habitants, dont un tiers n'est pas saoudien. Nous avons plus de trente projets dans la ville. Donc, je pense que le monde apprécierait vraiment une tout autre expérience en découvrant Riyad, en apprenant à connaître ses habitants et en appréciant notre hospitalité comme notre convivialité. »

En tant que PDG de la Commission royale de la ville de Riyad, Al-Rasheed a notamment pour objectif de doubler la population de la ville d'ici 2040 (Photo, Arab News).
En tant que PDG de la Commission royale de la ville de Riyad, Al-Rasheed a notamment pour objectif de doubler la population de la ville d'ici 2040 (Photo, Arab News). 

En tant que PDG de la Commission royale de la ville de Riyad, Al-Rasheed a notamment pour objectif de doubler la population de la ville d'ici 2040 et d'en faire l'une des plus grandes économies urbaines du monde. « Nous sommes en train d'élaborer et de mettre la touche finale à la stratégie de Riyad, qui sera annoncée dans quelques mois, une fois que nous aurons obtenu les approbations nécessaires du gouvernement », a-t-il déclaré.

 

« Nous sommes très enthousiastes. Nous allons commencer par pousser encore plus loin le moteur économique de la ville, améliorer les conditions de vie et accroître la compétitivité de la ville. »

Al-Rasheed s'est exprimé dans « Frankly Speaking » alors qu'il rentrait d'une série d'engagements lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos (Photo, Arab News).
Al-Rasheed s'est exprimé dans « Frankly Speaking » alors qu'il rentrait d'une série d'engagements lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos (Photo, Arab News).

Al-Rasheed s'est exprimé dans « Frankly Speaking » alors qu'il rentrait d'une série d'engagements lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos. Interrogé sur les enseignements du sommet qui pourraient contribuer à améliorer la candidature de Riyad à l'Expo, il a répondu : « Les réactions que nous avons reçues ont été incroyables. Nous avons des amis dans le monde entier, que ce soit au niveau des gouvernements, des entreprises, de la société civile ou d'autres secteurs. Nous avons donc le sentiment que notre candidature bénéficie d'un soutien et d'un intérêt considérables. »

En ce qui concerne les candidatures d'Odessa, de Rome et de Busan, Al-Rasheed a reconnu qu'elles « ont toutes leurs propre avantages » et qu'il a « le plus grand respect pour les efforts de leurs équipes et leurs candidatures. »

Néanmoins, il a déclaré : « Il ne s'agit pas de cela. Nous pensons que l'Expo 2030 devrait porter sur quelque chose de différent. Il ne s'agit pas seulement du site. Il ne devrait pas s'agir uniquement d'expériences au sein du site. L'Expo passe à un nouveau niveau d'engagement. Nous voulons que cette Expo soit un sujet mondial sur le futur, sur la façon dont nous pouvons gérer les défis et les opportunités de l'avenir. Nous voulons travailler avec le monde entier ».

Al-Rasheed a poursuivi : « Il s'agit vraiment d'un partenariat mondial. C'est pourquoi notre candidature a pour thème « Ensemble pour un avenir prévoyant », et nous nous concentrons sur trois sous-thèmes. Le premier est un avenir différent. Nous devons nous projeter en 2050 avec tous les défis qu'elle entraînera en termes de technologie, mais aussi la manière de les relever. Le deuxième est l'action climatique. Nous pensons qu'il s'agit d'un élément très important de demain, et nous devons réellement l'aborder conjointement, non pas au niveau de l'État, mais au niveau de l'individu. Et troisièmement, nous croyons en la prospérité pour tous, en donnant à chacun dans le monde les mêmes chances. »

Si Riyad remporte l'appel d'offres pour l'Expo 2030, elle visera à attirer trente millions de visiteurs sur une période de six mois. La question se pose naturellement de savoir si elle disposera de suffisamment de chambres d'hôtel, de taxis et des autres installations nécessaires pour accueillir un tel événement en seulement sept ans. Comme le dit Al-Rasheed, la réponse est courte : « Riyad est prête, prête aujourd'hui ».

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Si Riyad remporte l'appel d'offres pour l'Expo 2030, elle visera à attirer trente millions de visiteurs sur une période de six mois (Photo, Arab News).

« Riyadh Season, qui s'est tenue l'année dernière, a accueilli vingt millions de personnes », a-t-il déclaré à l'animatrice de « Frankly Speaking », Katie Jensen.

« Donc, nous pensons que l'infrastructure que nous avons dans la ville de Riyad, encore une fois c’est une ville de huit millions d’habitants, est importante et adéquate même pour accueillir l'Expo. Aujourd'hui, nous avons un métro et un réseau de transport public que nous ouvrirons en 2023, et nous avons toutes les installations requises pour la candidature à l'Expo. En plus de cela, nous sommes en train de construire l'un des plus grands aéroports du monde, donc nous nous sentons tout à fait prêts avec toutes les conditions techniques requises pour la candidature. »

Le Moyen-Orient a bien sûr hébergé l'Expo 2020, qui s'est tenue dans la capitale commerciale des Émirats arabes unis d'octobre 2021 à mars 2022. « Il y a beaucoup de leçons à tirer », a déclaré Al-Rasheed lorsqu'on lui a demandé de partager ses réflexions sur la façon dont Dubaï s'en est sorti. « Ils ont placé la barre très haut, ce qui est formidable. Nous avons tiré des enseignements de leur expérience, et nous en intégrerons beaucoup dans notre candidature et dans notre projet. »

Le Moyen-Orient a bien sûr hébergé l'Expo 2020, qui s'est tenue dans la capitale commerciale des Émirats arabes unis d'octobre 2021 à mars 2022 (Photo, Arab News).
Le Moyen-Orient a bien sûr hébergé l'Expo 2020, qui s'est tenue dans la capitale commerciale des Émirats arabes unis d'octobre 2021 à mars 2022 (Photo, Arab News).

En ce qui concerne la candidature de Riyad, Al-Rasheed a déclaré : « Notre effort ne va pas seulement se concentrer sur les visites physiques. Oui, nous aurons quarante millions de visiteurs sur le site. Ils vivront une expérience unique entre les différents pavillons. Mais nous croyons vraiment que plus de gens devraient être impliqués. C'est pourquoi nous avons pris l'engagement d'investir dans le métavers et d'amener l'Expo dans le monde entier. Il y aura un milliard de visiteurs dans notre métavers, ce qui en fera la plus grande participation à l'Expo de tous les temps. »

Révélant qu'une enveloppe financière serait offerte pour la construction de pavillons, il a déclaré : « Nous nous engageons à soutenir les pays en développement dans l’élaboration de leurs pavillons, que ce soit financièrement ou même au niveau de l'organisation. Nous pensons qu'il s'agit d'un élément très important de l'Expo, que tous les pavillons doivent avoir un niveau minimum de qualité. Notre engagement envers le monde est que vous ne venez pas à l'Expo uniquement pour voir l'Arabie saoudite et explorer Riyad, mais que vous venez à Riyad pour voir le monde. »

« Riyadh Season, qui s'est tenue l'année dernière, a accueilli vingt millions de personnes », a-t-il déclaré à l'animatrice de « Frankly Speaking », Katie Jensen (Photo, Arab News).
« Riyadh Season, qui s'est tenue l'année dernière, a accueilli vingt millions de personnes », a-t-il déclaré à l'animatrice de « Frankly Speaking », Katie Jensen (Photo, Arab News).

Lors de son passage dans l'émission « Frankly Speaking » à la fin de l'année dernière, Simon Anholt, fondateur du Good Country Index, a déclaré que des recherches avaient montré qu'un événement comme la Coupe du monde au Qatar n'avait pas d'impact significatif sur l’image d'une nation. Al-Rasheed, cependant, n'est pas d'accord avec cette conclusion.

« Avant tout, je tiens à féliciter nos amis du Qatar », a-t-il déclaré. « Ils ont fait un excellent travail et le monde entier a parlé de la Coupe du monde qu'ils ont organisée. Je n'ai pas pu y aller mais les gens qui y étaient ont dit que c'était incroyable. »

Expliquant pourquoi il pense que les pays et les villes qui construisent leur image bénéficient considérablement de l'accueil d'un grand événement, il a déclaré : « Si vous êtes déjà une ville très connue qui accueille des millions et des millions de visiteurs comme Paris, par exemple, l'impact sur votre image est probablement moindre. Mais la ville de Riyad, maintenant que le pays s'ouvre au tourisme, bénéficierait considérablement de l'accueil d'un grand événement comme l'Expo. En plus de cela, il y a le bénéfice socio-économique des emplois et des investissements sur le site pendant et après l'Expo. »

Al-Rasheed a catégoriquement affirmé que l'investissement nécessaire pour accueillir l'Expo 2030 afin d'améliorer l'image de Riyad vaut le retour attendu. « En termes d'investissement, le site est un site de premier choix dans la ville de Riyad. Il se trouve sur The Gateway », a-t-il déclaré.

« Nous allons investir environ huit milliards dans le développement de ce site, mais c'est un investissement qui est intégré dans le plan directeur de la ville. Nous pensons à ce site, non pas à court terme notamment six mois, mais en termes de ce que sera exactement son rôle après l'appel d'offres. Et la plupart des investissements que nous ferons seront en fait utilisés plus tard comme espace de travail, comme institutions académiques, et également axés sur les loisirs et l'hôtellerie. Ainsi, le site lui-même n'est pas seulement un site d'exposition. Il fait partie intégrante de la ville de Riyad ».

Expliquant pourquoi il souhaite que l'engagement humain, et non les bâtiments, soit le principal héritage, Al-Rasheed a déclaré : « Les expositions étaient généralement des merveilles architecturales, ou des bâtiments et des pavillons. C'est le minimum que nous devrions offrir à l'Expo. Mais nous aurons cela et plus encore dans notre Expo. Ce à quoi nous nous engageons vis-à-vis du monde, c'est que cette Expo maximisera l'engagement des citoyens de Riyad et celui des visiteurs du monde entier, et, au-delà, l'impact à travers le métavers.

« Nous pensons que le milliard de visiteurs de notre métavers sera également en mesure de s'engager sur les questions pertinentes que nous devrions tous traiter, telles que la prospérité pour tous, l'action climatique et un avenir différent. Nous travaillons ensemble pour des lendemains qui chantent ».

Interrogé sur ce qui, selon lui, est, ou serait, le plus associé à Riyad dans l'esprit du voyageur international, dans le sens où les New-Yorkais ont l'Empire State Building et Londres Big Ben, Al-Rashed a souligné que la ville saoudienne est « une ville internationale », « la 40e économie urbaine du monde » et « compte huit millions d'habitants ».

« D'abord et avant tout, ce ne sont pas les bâtiments qui font ces villes. Il s'agit de leurs habitants. Et ces citoyens et résidents sont probablement les personnes les plus hospitalières du monde. Et ce que vous voyez dans la ville de Riyad, c'est qu'ils travaillent ensemble avec nos partenaires du monde entier pour remodeler l'avenir de Riyad », a-t-il déclaré.

« Nous avons plus de trente projets à l'heure actuelle à Riyad. Nous sommes en train de construire le plus grand système de métro et de transport public en une seule phase au monde. Nous venons d'annoncer le plus grand aéroport du monde.

« Nous sommes en train de bâtir Al-Ghadeer, qui est le parc de loisirs et à thème 2.0 du monde. Il s'agira donc du plus grand centre d'art, de sport et de culture. Et nous construisons la zone d'Ad-Diriyah, qui est un exemple de la manière de protéger, de préserver et d’honorer le patrimoine, et bien d'autres choses encore. Au cours des prochaines années, les conditions de vie et l'effervescence de la ville vont se développer. Nous sommes très enthousiastes à l'idée des jours qui nous attendent. »

Étant donné que l'Expo 2030 ne peut être séparée de Saudi Vision 2030, l'événement pourrait-il être l'occasion de réfuter les critiques qui ont affirmé à plusieurs reprises que certains des objectifs du plan de réforme étaient irréalisables ou trop ambitieux ?

Al-Rasheed l’a expliqué ainsi : « Vision 2030 est l'outil du pays pour se transformer. Et dans certains cas, nous avons effectivement dépassé ce que nous attendions dans certains domaines et secteurs de la Vision 2030. »

Il ajouté : « Par exemple, en ce qui concerne la participation des femmes à la main-d'œuvre, nous avons atteint 37 %, ce qui est supérieur à la plupart des pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Donc, sur ces KPI (indicateurs clés de performance) que nous avons déjà atteints ou dépassés, nous allons revoir ceux que nous n'avons pas encore atteints. Nous allons en fait travailler davantage sur nos objectifs. »

Élaborant sur ce point, Al-Rasheed a précisé : « Vous devez comprendre que Vision 2030 est une transformation menée par l'ensemble du pays, et pas seulement par le gouvernement. Nous travaillons tous ensemble. Chaque Saoudien travaille à tous les niveaux. Les résidents qui ne sont pas saoudiens prennent part à cette Vision 2030 ».

« Nous sommes donc convaincus que c'est une mutation que nous devons partager avec le monde entier. Et l'idée d'accueillir l'Expo 2030, qui est le point culminant de la Vision 2030, est aussi pour nous une façon de partager avec le monde nos expériences et notre vision de l'avenir au-delà de 2030, 2040 et 2050. »

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le président libanais juge le monopole des armes à l'Etat "nécessaire et inévitable"

le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun affirme que le monopole des armes par l’État est “nécessaire et inévitable”, alors que l’armée prévoit de démanteler la présence militaire du Hezbollah au sud du Liban conformément au cessez-le-feu
  • Ce message intervient dans un contexte de fortes pressions américaines, de frappes israéliennes récurrentes et d’appels libanais à un soutien et un encadrement international pour sécuriser la mise en œuvre de ces engagements

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun, sous forte pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, a jugé dans un discours prononcé vendredi dans le sud du Liban "nécessaire et inévitable" le monopole des armes à l'Etat.

Depuis le cessez-le-feu qui a mis fin il y a un an à une guerre meurtrière entre Israël et le mouvement pro-iranien, le Liban est sous forte pression de Washington pour qu'il pousse le Hezbollah à remettre ses armes à l'armée libanaise.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

L'armée a ainsi soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque d'ici la fin de l'année, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais.

Dans son discours, prononcé à la veille de la fête nationale, le président libanais a jugé le monopole de l'Etat sur les armes "nécessaire et inévitable" tout en appelant le comité chargé de surveiller la trêve regroupant Etats-Unis, France, ONU, Liban et Israël, à "s'assurer que les forces armées libanaises contrôlent seules" le sud du pays.

Il a répété que le Liban était prêt à négocier, sous parrainage américain ou international, "tout accord qui mettra fin à ces agressions transfrontalières".

Joseph Aoun a enfin exhorté "les amis du Liban et les pays frères à superviser l'ensemble de ce processus en établissant un calendrier clair et en mettant en place un mécanisme international de soutien à l'armée libanaise".

Au cours des dernières semaines, l'armée israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban, accusant le Hezbollah de chercher à y reconstruire les infrastructures militaires détruites lors de sa guerre contre ce mouvement soutenu pro-iranien et allié au Hamas palestinien.

Selon le ministère de la Santé, une personne a été tuée lors d'une frappe vendredi dans le sud du Liban. Plus de 330 personnes ont été tuées au Liban et 945 blessées depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, selon la même source.

Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a dénoncé vendredi dans un communiqué le "schéma répété de meurtres illégaux et de violations du cessez-le-feu par Israël".


L'armée israélienne affirme que l'attaque au Liban a tué 13 militants du Hamas

Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir tué 13 membres du Hamas, dont Jihad Saïdaoui, dans une frappe sur le camp d’Aïn el-Héloué, tandis que le Hamas dénonce un « massacre » visant des civils
  • Le lieu de la frappe est au cœur d’un récit contradictoire : Israël parle d’un camp d’entraînement, tandis que des témoins et le Hamas évoquent un terrain de sport fréquenté par des jeunes du camp

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé vendredi avoir tué "13 terroristes du Hamas" dans sa frappe menée mardi soir sur le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn el-Héloué au Liban, dans laquelle les autorités libanaises ont annoncé 13 morts, sans préciser leur identité.

"Treize terroristes du Hamas ont été éliminés" dans cette frappe, "dont Jihad Saïdaoui, impliqué dans la formation de terroristes destinés à mener des attaques" contre Israël et ses soldats à partir territoire libanais, écrit dans un communiqué en hébreu l'armée qui avait aussi utilisé la graphie de "Jaouad Sidaoui".

A l'AFP qui lui demandait de lui fournir la liste nominative des douze autres personnes qu'elle dit avoir éliminées dans la frappe, l'armée israélienne a répondu n'avoir rien à ajouter à ce qui a été publié dans son communiqué.

Dans un avis de décès ayant circulé mercredi au Liban, le Hamas a publié la liste des noms des treize morts, en commençant par celui de Jihad Saïdaoui, avant de publier le lendemain sur Telegram, un message avec les photos de treize hommes d'apparence jeune, voire juvénile, accompagné d'un texte qualifiant la frappe "d'horrible massacre" ayant causé la mort de "plusieurs civils innocents".

Mardi, peu de temps après la frappe, l'armée israélienne avait annoncé avoir visé "des terroristes en opération dans un camp d'entraînement du Hamas".

"Les allégations (d'Israël) selon lesquelles le lieu ciblé serait un complexe d'entraînement appartenant au mouvement ne sont que pure calomnie (et visent) à justifier son agression criminelle et à inciter à la haine contre les camps et notre peuple palestinien", avait répliqué le Hamas, affirmant n'avoir "aucune installation militaire dans les camps palestiniens au Liban".

- "Terrain de sport" -

L'armée israélienne a diffusé ce qu'elle a présenté comme une vidéo de sa frappe montrant une attaque sur un bâtiment.

Mais le mouvement islamiste palestinien affirme que "ce qui a été pris pour cible est un terrain de sport ouvert fréquenté par les jeunes du camp (...) et que ceux qui ont été visés étaient un groupe de jeunes présents sur le terrain au moment de l'attaque".

"On a entendu trois explosions, nos maisons ont vacillé et les enfants tremblaient de peur", a déclaré à l'AFP au lendemain de l'attaque Mohammad Moustafa, habitant d'Aïn al-Heloué, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens du Liban, près de la ville de Saïda, dans le sud du pays.

Agé de 67 ans, M. Moustafa a assuré que les morts étaient en majorité "des jeunes du camp qui jouaient au foot dans un terrain à l'intérieur du hangar" visé, dans lequel un correspondant de l'AFP a vu mercredi matin des taches de sang maculant le sol et des secouristes rassemblant des restes humains.

Lors des funérailles organisées à l'intérieur du camp pour 11 des 13 personnes tuées, un correspondant de l'AFP a vu des drapeaux aux couleurs du mouvement islamiste du Hamas, mais aussi des drapeaux palestiniens, sur les cercueils.

Les deux autres, dont une personne identifiée comme étant Jihad Saïdaoui, ont été enterrées dans un cimetière à l'extérieur du camp.

Le Liban "s'est engagé à désarmer les factions armées dans les camps palestiniens, mais les organisations terroristes continuent d'exploiter cyniquement la population et les infrastructures civiles" à leurs fins, écrit vendredi l'armée israélienne.

La frappe sur Aïn el-Héloué est survenue sur fond de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza et alors que l'armée israélienne intensifie ses tirs sur le sud du Liban malgré un cessez-le-feu avec le Hezbollah, allié du Hamas, qu'elle accuse de chercher à se réarmer.


Nouvelles frappes israéliennes sur Gaza, cinq morts selon les autorités locales

Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
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  • Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux
  • Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants

GAZA: Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve.

Mercredi a été l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux.

Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants.

"Ma petite fille n'a cessé de me demander toute la nuit : la guerre va-t-elle revenir ?" a déclaré à l'AFP Lina Karaz à Gaza-ville.

"Nous sommes inquiets [...] Cette nuit, le bruit des bombardements et des explosions [...] était terrifiant", a-t-elle ajouté, "quand ce cauchemar prendra-t-il fin ?"

Pour Mohammed Hamdouna, déplacé de 36 ans vivant dans un camp de tentes dans la région de Khan Younès, dans le sud de la bande, "rien n'a changé, concrètement", depuis le 10 octobre.

 "Toujours sous la tente" 

"Les villes sont en ruines (et) nous vivons toujours sous la tente malgré le froid et la pluie qui a inondé (les tentes) il y a deux jours", déplore-t-il alors que la situation humanitaire reste catastrophique, selon l'ONU.

Selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, cinq personnes ont été tuées dans des bombardements israéliens sur le sud du territoire, dans la partie du territoire restant sous le contrôle israélien à ce stade de la mise en oeuvre de l'accord de trêve.

L'hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé avoir enregistré le décès de trois personnes de la même famille, dont une fillette d'un an.

"Nous dormions paisiblement, nous sommes pacifiques et nous ne voulons pas la guerre", a dit à l'AFP Sabri Abou Sabt, qui a perdu son fils et sa petite-fille dans une frappe à l'est de Khan Younès.

Sollicitée par l'AFP, une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que l'armée avait mené une frappe visant à "démanteler des infrastructures terroristes". "Rien d'inhabituel", a-t-elle affirmé.

"Israël a pris la décision de mener ces frappes aériennes de manière indépendante", a précisé la porte-parole du Premier ministre israélien, Shosh Bedrosian lors d'un point presse jeudi.

Néanmoins, "les Etats-Unis ont été prévenus (par Israël) avant les frappes", a indiqué un responsable américain à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

"Nous sommes profondément préoccupés par les frappes aériennes israéliennes que nous avons vues, au cours desquelles des civils auraient été tués et blessés hier, y compris des enfants", a déclaré jeudi soir Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

"Cela rappelle de façon frappante à quel point le cessez-le-feu est fragile. Nous avons besoin que chacun veille à ce que le cessez-le-feu tienne et continue de tenir", a-t-il ajouté.

"Escalade dangereuse" 

"Israël est sous pression internationale, les Américains mobilisent toute la région, liant la question de Gaza à celle de la normalisation et des accords d'Abraham avec l'Arabie Saoudite", a noté Eran Ortal, chercheur au Centre d'études stratégiques de Bar Ilan.

"Donc bien que le Hamas n'ait pas été désarmé, et qu'il y ait de fortes chances qu'il parvienne également à éviter le désarmement dans un avenir proche, le potentiel de reprise de la guerre à Gaza ne semble pas élevé", a-t-il estimé.

Deux autres personnes ont été tuées dans des frappes, également à l'est de Khan Younès, selon la Défense civile.

L'armée israélienne a affirmé jeudi avoir tiré jeudi en direction  de "deux terroristes" dans le sud de la bande de Gaza.

Le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis, pays médiateur, à "exercer une pression immédiate" sur Israël.

Le Qatar, autre pays médiateur, a condamné "fermement les attaques brutales" qui menacent selon lui de compromettre la trêve.

La guerre à Gaza avait été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles selon le ministère de la Santé de Gaza, des chiffres fiables selon l'ONU.