Livraison de chars à l'Ukraine : la Pologne prête à se passer de l'aval de l'Allemagne

La ministre allemande Annalena Baerbock et la ministre française Catherine Colonna avant une réunion du Conseil des ministres franco-allemand à l'Elysée (Photo, AFP).
La ministre allemande Annalena Baerbock et la ministre française Catherine Colonna avant une réunion du Conseil des ministres franco-allemand à l'Elysée (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 24 janvier 2023

Livraison de chars à l'Ukraine : la Pologne prête à se passer de l'aval de l'Allemagne

  • Le chancelier Olaf Scholz se retrouve lundi sous une pression toujours plus forte, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a jugé dimanche soir que l'Allemagne était disposée à autoriser Varsovie à fournir ces blindés à Kiev
  • La décision finale appartient néanmoins au chancelier, qui a jusqu'à présent refusé de se prononcer sur la question de ces livraisons indirectes, tout comme sur celle de fournir directement des Leopard issus des stocks allemands

VARSOVIE: La Pologne a prévenu lundi qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin, qui n'a "pas encore" pris de décision sur la livraison de chars Leopard de fabrication allemande à l'Ukraine, laquelle les réclame avec insistance.

Le gouvernement allemand apparaît divisé sur la question. Jusqu'ici réticent à se prononcer, le chancelier Olaf Scholz, à qui il appartient au final de trancher, se retrouve lundi sous une pression toujours plus forte, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a jugé dimanche soir que l'Allemagne était disposée à autoriser Varsovie à fournir ces blindés à Kiev.

En vertu de la législation allemande, un pays possédant des armements allemands doit demander l'autorisation de Berlin pour les transférer à un pays tiers.

"Nous allons demander un tel accord mais c'est une question secondaire", a réagi lundi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant des journalistes. "Même si nous n'obtenons pas leur accord (des Allemands), nous donnerons nos chars à l'Ukraine dans le cadre d'une petite coalition, même si l'Allemagne n'en fait pas partie".

La Pologne, prête à livrer 14 Leopard à Kiev, est en discussions avec une quinzaine d'Etats à ce sujet. Le chef du gouvernement polonais a aussi estimé lundi que l'Allemagne disposait en tout de "plus de 350 Leopard en exploitation" et d'environ 200 autres "en stock".

De nombreuses armées européennes possèdent des Leopard, un avantage considérable car cela pourrait faciliter l'accès aux munitions et aux pièces de rechange et simplifier la maintenance, exigeante pour ce type de matériel.

"Nous avons besoin de tanks - pas de 10 ou 20, mais de plusieurs centaines", a exhorté sur Telegram, peu avant les déclarations polonaises, le chef de cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak.

"Aujourd'hui, chaque char en état de combattre doit se retrouver sur notre front. Car ceci n'est pas seulement le front ukrainien. Ceci est le champ de bataille où la civilisation affronte les marais de l'arriération et de la barbarie", a ajouté M. Iermak, à un moment où les Russes sont à l'offensive, dans l'est de l'Ukraine notamment.

«Pas encore décidé»  

Dimanche soir, Annalena Baerbock a dit que l'Allemagne était prête à autoriser la Pologne à envoyer ces chars. "Si on nous posait la question, nous ne nous opposerions pas", a dit la ministre écologiste, qui gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et les libéraux. Mais, "pour l'instant, la question n'a pas été posée" par Varsovie.

Lundi, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position au cours d'une conférence de presse : "Le gouvernement fédéral n'exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n’a pas encore décidé s’il allait le faire maintenant".

Après la récente décision de livrer des véhicule blindés prise par l’Allemagne, les Etats-Unis et la France, la question est de "savoir si nous devrions faire tout de suite un pas qualitatif et fournir aussi des chars de combat. Et il y a certains pays qui estiment qu’il faut le faire, d’autres sont plus sceptiques ou réservés", a-t-il souligné.

Les chars lourds allemands Leopard 2 sont susceptibles d'avoir un impact significatif pour les forces ukrainiennes face au rouleau-compresseur des troupes russes.

"J'ai bien compris à quel point ces chars sont importants, nous en sommes pleinement conscients", a assuré Mme Baerbock.

De nouveau interrogé sur les livraisons de chars, dimanche à Paris au cours d'une conférence de presse aux côtés du président français Emmanuel Macron, Olaf Scholz s'était montré évasif, répétant la nécessité d'agir en concertation avec les alliés de l'Ukraine.

La crainte d'une escalade militaire avec Moscou et les réticences de Berlin à assumer un leadership dans le camp occidental conduisent, selon des analystes, l'Allemagne à hésiter sur l'envoi de ces armes.

A l'occasion d'une réunion vendredi sur la base américaine de Ramstein en Allemagne, les alliés occidentaux de l'Ukraine avaient repoussé toute décision sur le sujet, suscitant l'irritation de Kiev qui a critiqué leur "indécision".

Les Russes à Soledar 

Sur le terrain, un des principaux chefs des séparatistes de l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, s'est affiché à Soledar, une localité dont Moscou a revendiqué la prise il y a plus d'une semaine.

S'exprimant lundi à la télévision russe, M. Pouchiline a confirmé que la ville était "détruite".

Selon l'armée russe, la conquête de cette cité est une étape en vue d'encercler Bakhmout, que Moscou cherche à conquérir depuis l'été et où les deux camps sont engagés dans une féroce bataille. Selon M. Pouchiline, les combats s'y "intensifient" et les troupes russes "avancent".

L'Ukraine n'a jusqu'à présent pas reconnu officiellement la perte de Soledar, affirmant continuer de combattre dans sa partie occidentale. Lundi encore, l'administration régionale relevait des "hostilités actives près de Bakhmout et Soledar", sans autres détails.

Les séparatistes prorusses ont aussi annoncé s'être emparés de deux villages proches, Krasnopolivka et Dvouretchié.

Sur le front diplomatique, l'Estonie va expulser l'ambassadeur de Russie, une mesure de réciprocité après une décision similaire prise quelques heures auparavant par Moscou à l'égard de l'ambassadeur estonien.

Russes et Occidentaux ont multiplié les expulsions de diplomates ces dernières années, et plus encore depuis que les Russes ont lancé leur offensive contre l'Ukraine le 24 février 2022. Mais c'est la première fois que des ambassadeurs sont renvoyés dans leur pays depuis le début de la guerre.


Kiev commande en Pologne 100 blindés financés par l'UE et les Etats-Unis

Un soldat ukrainien présente son salut alors qu'il reçoit une récompense des mains du président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo, AFP)
Un soldat ukrainien présente son salut alors qu'il reçoit une récompense des mains du président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo, AFP)
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  • 100 Rosomak seront fabriqués en Pologne, à Siemianowice Slaskie
  • La commande sera financée avec des fonds européens octroyés à la Pologne et avec des fonds américains obtenus par l'Ukraine

VARSOVIE: L'Ukraine a commandé en Pologne cent véhicules blindés multirôle Rosomak, fabriqués sous licence finlandaise, financés par l'Union européenne et par les Etats-Unis, a annoncé samedi le Premier ministre polonais.

"J'apporte la commande obtenue hier de la part du Premier ministre ukrainien Denys Chmygal, pour 100 Rosomak qui seront fabriqués ici", a déclaré Mateusz Morawiecki sur le site de production de ces véhicules à Siemianowice Slaskie, dans le sud de la Pologne.

La commande sera financée avec des fonds européens octroyés à la Pologne et avec des fonds américains obtenus par l'Ukraine, a indiqué le chef du gouvernement polonais, sans préciser le montant du contrat.

Rosomak est un véhicule blindé multirôle à huit roues motrices, fabriqué sous licence du Patria AMV finlandais.


La santé du pape relance les spéculations sur son avenir

Le pape François serre Serena Subania dans ses bras, sous les yeux de son mari Matteo Rugghia (à gauche), un couple qui a perdu son enfant de cinq ans un jour plus tôt, alors que le pape quitte l'hôpital Gemelli le 1er avril 2023 à Rome.  (Photo Filippo MONTEFORTE / AFP)
Le pape François serre Serena Subania dans ses bras, sous les yeux de son mari Matteo Rugghia (à gauche), un couple qui a perdu son enfant de cinq ans un jour plus tôt, alors que le pape quitte l'hôpital Gemelli le 1er avril 2023 à Rome. (Photo Filippo MONTEFORTE / AFP)
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  • Le jésuite argentin souffre de problèmes de santé chroniques et se déplace souvent en fauteuil roulant en raison de douleurs au genou
  • Mercredi, le Vatican avait annoncé qu'il se rendait à l'hôpital pour des examens programmés, avant d'admettre qu'il avait éprouvé des difficultés à respirer

CITÉ DU VATICAN, Saint-Siège : L'hospitalisation surprise du pape François cette semaine pose une nouvelle fois la question de son avenir et donne de l'espoir aux traditionalistes qui aimeraient voir un changement à la tête de l’Église catholique, selon des experts.

Ses problèmes de santé "donnent de l'oxygène" aux traditionalistes qui le présentent comme un pape faible et aimeraient le voir renoncer à sa charge comme son prédécesseur Benoît XVI en 2013, affirme à l'AFP Robert Mickens, éditeur du journal La Croix international.

Le souverain pontife a toujours laissé la porte ouverte à la possibilité d'une renonciation. Après avoir évoqué en juillet l'éventualité de se "mettre de côté", il avait toutefois assuré en février qu'une "démission" ne figurait "pas sur son agenda pour le moment".

Or, les trois jours de soins reçus à l'hôpital Gemelli de Rome ont relancé les spéculations, provoquant une "agitation fébrile" tant parmi ses alliés que parmi ses critiques les plus farouches, souligne Massimo Franco, expert du Vatican pour le quotidien Corriere della Sera.

"Les spéculations sur l'avenir proche du Pontificat deviennent moins théoriques", a-t-il estimé vendredi.

Le jésuite argentin souffre de problèmes de santé chroniques et se déplace souvent en fauteuil roulant en raison de douleurs au genou. En juillet 2021, il a subi une opération du côlon.

Mercredi, le Vatican avait annoncé qu'il se rendait à l'hôpital pour des examens programmés, avant d'admettre qu'il avait éprouvé des difficultés à respirer et souffrait d'une "infection respiratoire" nécessitant un traitement antibiotique.

Champ de bataille

Le pape est finalement sorti de l'hôpital samedi matin, visiblement en bonne forme, plaisantant volontiers avec les nombreux fidèles et journalistes massés aux abords de l'établissement romain.

"Je suis encore vivant", a lancé le pontife, descendu quelques instants de sa petite Fiat blanche avant de repartir vers le Vatican.

Les problèmes de santé du pape interviennent alors que depuis la mort de Benoit XVI le 31 décembre les critiques redoublent d'intensité au Vatican contre sa gouvernance.

Quelques jours à peine après la mort de Benoît XVI, son secrétaire particulier Mgr Georg Gänswein égratignait le pape argentin, affirmant que ce dernier avait "brisé le coeur" de son prédécesseur en limitant le recours à la messe en latin.

Loin d'être nouvelles, ces critiques s'ajoutent aux reproches à l'encontre de la "méthode François" de la part du clan conservateur de la Curie qui lui reproche une vision doctrinale trop laxiste.

En octobre 2015, alors que le pape scandalisait les traditionalistes en appelant à se montrer plus compréhensif envers les personnes divorcées et remariées, le Vatican a dû démentir des rumeurs selon lesquelles il avait une tumeur au cerveau.

"Ce jeu-là est maintenant relancé", constate le spécialiste du Vatican Iacopo Scaramuzzi, sur fond de nouvelles rumeurs sur un supposé cancer généralisé dont souffrirait le pape depuis son opération du côlon.

"Certains me veulent mort!" avait lancé le souverain pontife en quittant l'hôpital après cette intervention.

Les ennemis du pape font de ses problèmes de santé "un champ de bataille, en exagérant certaines informations et en inventant de toutes pièces d'autres", fait valoir Iacopo Scaramuzzi.

"S'il y a plus concernant son état de santé général, s'il a une tumeur comme certains l'ont suggéré, nous ne le savons tout simplement pas", dit M. Mickens.

Le pape se garde de donner trop d'informations car "il sait que la machine du Vatican tend à s'auto-gérer et à gérer le pape et ça, il ne le veut pas".

Cependant, ce manque de transparence ne fait qu'alimenter les spéculations sur le temps qu'il lui reste à la tête de l'Eglise. "Ca devient un sport national", ajoute M. Mickens.


Norvège : quatre morts dans des avalanches, dont un touriste étranger

Cette image fournie par Redninsselskapet montre des secouristes à bord du navire de sauvetage Bergesen D.y. observant une maison flottant dans la mer au large de l'île de Reinoya, à environ 60 km au nord de Tromso, dans le nord de la Norvège, le 31 mars 2023. (Photo par Redningsselskapet Bergesen D.y. / HANDOUT / AFP)
Cette image fournie par Redninsselskapet montre des secouristes à bord du navire de sauvetage Bergesen D.y. observant une maison flottant dans la mer au large de l'île de Reinoya, à environ 60 km au nord de Tromso, dans le nord de la Norvège, le 31 mars 2023. (Photo par Redningsselskapet Bergesen D.y. / HANDOUT / AFP)
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  • Cinq membres d'un groupe de touristes étrangers ont été happés par une avalanche près du Kavringtinden, un sommet de l'extrême nord du pays, et «l'un est mort»
  • Deux autres membres du groupe ont été blessés

OSLO : Quatre personnes, dont au moins un touriste étranger, ont été tuées par trois avalanches survenues vendredi dans l'extrême nord de la Norvège, a annoncé la police locale.

Cinq membres d'un groupe de touristes étrangers ont été happés par une avalanche près du Kavringtinden, un sommet de l'extrême nord du pays, et "l'un est mort", a déclaré pendant une conférence de presse Morten Pettersen, de la police de Troms, précisant que deux autres personnes avaient péri un peu plus tard lorsqu'une autre avalanche avait emporté une maison et une grange dans la mer, sur l'île de Reinoya.

"Cinq personnes d'origine étrangère effectuaient une sortie dans la zone. Nous pouvons confirmer qu'une personne est décédée", a déclaré M. Pettersen.

Deux autres membres du groupe ont été blessés, selon lui.

La police travaille à l'identification du touriste étranger, a-t-il ajouté.

Dan-Havard Johnsen, maire de Lyngen, a déclaré à l'AFP que le groupe venait d'Italie mais que la nationalité du touriste décédé était inconnue.

Peu après, la police a appris qu'une autre avalanche avait emporté une maison et une grange sur l'île de Reinoya, faisant deux morts.

Il y avait 140 chèvres dans la grange au moment de la catastrophe.

Dans la soirée, la police a annoncé dans un communiqué qu'une quatrième personne avait été tuée par une autre avalanche, dans la région de Nordreisa.

"Cette personne appartenait à un groupe de voyageurs étrangers. Un autre membre du groupe a repéré (la victime) et a alerté les services de secours", a indiqué la police sans spécifier de nationalité.