Royaume-Uni: dans un fief pro-Brexit, l'heure des regrets est arrivée

Leader du United Kingdom Independence Party (UKIP), Nigel Farage prend la parole lors du lancement du manifeste du parti à Thurrock dans l'Essex, à l'Est de Londres, le 15 avril 2015. (AFP)
Leader du United Kingdom Independence Party (UKIP), Nigel Farage prend la parole lors du lancement du manifeste du parti à Thurrock dans l'Essex, à l'Est de Londres, le 15 avril 2015. (AFP)
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Publié le Vendredi 27 janvier 2023

Royaume-Uni: dans un fief pro-Brexit, l'heure des regrets est arrivée

  • L'europhobe et populiste Nigel Farage ne s'y était pas trompé: c'était de Thurrock qu'il avait dévoilé dès avril 2015 son manifeste anti-UE
  • Depuis des années, c'est une région qui souffre et la crise sociale actuelle, avec une inflation à plus de 10%, ne fait qu'aggraver les choses

THURROCK: Grays, ville à une trentaine de kilomètres à l'Est de Londres, avait voté massivement en faveur du Brexit. Trois ans après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, en pleine crise sociale, certains expriment des regrets.

"J'ai voté Brexit mais je le regrette": Maria Yvars, 42 ans, se sent flouée par les politiques. "Ils ne nous ont pas donné tous les éléments. (...) Ils nous ont vendu quelque chose qui n'existait pas", s'emporte cette psychologue.

"Maintenant ce pays est comme un bateau sans capitaine", dit-elle alors que trois Premiers ministres se sont succédés à la tête du gouvernement conservateur en 2022.

Lors du référendum en juin 2016, 72,3% des électeurs ont voté en faveur du Brexit dans la circonscription locale de Thurrock, dont Grays est la plus grande ville avec environ 75.000 habitants, contre 52% à l'échelle du Royaume-Uni.

Cela en fait la quatrième du pays, sur un total de 382, à avoir voté le plus massivement pour une sortie de l'UE, devenue effective le 31 janvier 2020 après des années de chaos politique.

L'europhobe et populiste Nigel Farage ne s'y était pas trompé: c'était de Thurrock qu'il avait dévoilé dès avril 2015 son manifeste anti-UE.

Thurrock est une vieille région industrielle, située sur l'estuaire de la Tamise, qui a attiré beaucoup de migrants d'Europe de l'Est. La circonscription couvre la ville de Tilbury, l'un des principaux ports de containers du pays. L'AFP s'y était rendu en reportage en 2017: les Brexiters n'exprimaient alors aucun regret.

Depuis des années, c'est une région qui souffre et la crise sociale actuelle, avec une inflation à plus de 10%, ne fait qu'aggraver les choses. L'autorité locale a fait faillite en décembre, après une série d'investissements désastreux.

Dans la rue piétonne du centre de Grays s'enchaînent les magasins discount qui promettent des articles à une livre sterling, d'autres qui rachètent de l'or, de l'électroménager et encore des enseignes de paris sportifs. "Fermé pour toujours", lit-on sur une vitrine abandonnée.

Lassitude 

"Oui, j'ai voté Brexit et je regrette de l'avoir fait", lâche une femme d'une cinquantaine d'années, qui veut rester anonyme. "Regardez le pays, c'est un désastre n'est-ce pas?". Elle affirme que la plupart des gens qu'elle connait regrettent, comme elle, leur vote.

Des proches qui se vantaient d'avoir voté Brexit sont désormais "embarrassés", voire même "honteux", assure Maria Yvars.

Selon un sondage YouGov paru en novembre, le soutien au Brexit n'a jamais été aussi faible. Moins d'un tiers des Britanniques estime que c'était une bonne décision. Un Brexiter sur cinq a changé d'avis.

A Grays, la plupart des passants que l'AFP a essayé d'interroger se sont éloignés aussitôt le mot "Brexit" prononcé, peut-être par lassitude. "Pas intéressé", ont répondu les plus polis.

"A quoi s'attendaient les Brexiters?", lance une employée du NHS, le système public et gratuit de santé, qui elle voulait rester dans l'Union. "Nous avons perdu des fonds de l'UE!"

Sauver le NHS faisait partie des promesses du Brexit. "Nous envoyons à l'UE 350 millions de livres par semaine. Finançons plutôt le NHS", était-il écrit sur des bus rouges. Mais le système de santé est à bout de souffle et les infirmières ont commencé une grève historique en décembre.

Situation «terrible»

Mais tous, loin de là, ne regrettent pas leur choix. Elaine Read, une femme de 73 ans qui travaillait dans la finance à Londres revoterait "probablement Brexit".

"Déjà en 1975, j'avais voté contre l'adhésion" à l'Europe, raconte-t-elle. "Nous sommes une île, nous sommes isolationnistes. J'avais l'impression avec l'UE que nous n'étions plus en contrôle".

Avec la pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine, "tant de choses se sont passées que nous n'avons pas eu l'occasion de voir les bénéfices" du Brexit. Pour elle, pas de doute: "la crise du coût de la vie n'est pas due au Brexit".

Le Royaume-Uni est le seul pays du G7 à n'avoir pas encore renoué avec son Produit intérieur brut (PIB) d'avant la pandémie. Malgré l'accord de libre-échange signé avec l'UE, l'organisme public de prévision budgétaire OBR estime que la sortie de l'UE réduira la taille de l'économie britannique d'environ 4% à long terme.

Ray Yates, un ancien docker de 70 ans, reconnait que la situation à Thurrock est "terrible" mais il croit toujours dur comme fer au Brexit. "Je soutiens toujours le Brexit, mais ça prendra du temps. Au moins dix ans et un nouveau gouvernement".


Le ministre saoudien des communications appelle à combler le fossé mondial de l’IA

Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
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  • À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain
  • M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes

GENÈVE : Le ministre saoudien des communications et des technologies de l'information a appelé à une "collaboration internationale décisive" pour remédier à l'inégalité des infrastructures informatiques qui pourrait laisser d'autres nations à la traîne à l'ère de l'intelligence artificielle.

Dans un discours prononcé à l'occasion du 160e anniversaire de l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le ministre Abdullah Al-Swaha a évoqué "la concentration de la puissance informatique dans quelques régions, le manque d'infrastructures d'intelligence artificielle dans de nombreux pays et la participation limitée des pays du Sud à l'élaboration des cadres de gouvernance et des politiques de réglementation".

Aujourd'hui, le monde est confronté à un "fossé existentiel" en raison des disparités alarmantes dans l'accès aux technologies de l'IA, a déclaré le ministre, selon l'agence de presse saoudienne.

M. Alswaha a déclaré que le monde pouvait tirer des leçons des phases précédentes de la transformation technologique : l'ère analogique, qui a pris plus d'un siècle pour connecter 800 millions de personnes, et l'ère numérique, qui a connecté 5,5 milliards d'individus en seulement 50 ans, mais qui a laissé 2,6 milliards d'individus sans connexion.

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Le ministre Al-Swaha a déclaré que l'Arabie saoudite sous le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane avait positionné le Royaume en tant que leader mondial à l'ère de l'IA grâce à une série d'initiatives audacieuses. (SPA)

À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain.

M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes.

Il a souligné les efforts déployés par l'Arabie saoudite pour combler ces fossés, en citant l'autonomisation numérique des femmes dans le Royaume - qui ont maintenant un taux de participation d'environ 35 % - et le fait que le Royaume se soit classé en tête du classement mondial en matière de compétitivité numérique pendant deux années consécutives.

Il a également souligné que les chercheurs de l'université saoudienne King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) se classent parmi les premiers pour cent au niveau mondial en matière de citations scientifiques, ce qui laisse espérer l'avenir de l'IA.

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Le ministre Abdullah Al-Swaha et sa délégation. (SPA)

Il a également souligné les progrès réalisés par le Royaume en matière de réglementation sur la protection des données et le développement de "modèles linguistiques qui favorisent un accès inclusif à la technologie pour diverses communautés".

M. Al-Swaha a en outre cité le projet HUMAIN lancé par le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane "pour fournir tout le spectre des capacités d'IA, des processeurs avancés aux meilleurs talents, et pour positionner le Royaume en tant que pionnier mondial de l'IA."

"Les efforts du Royaume sont une réponse directe aux défis mondiaux urgents", a-t-il déclaré.

M. Al-Swaha a souligné que les dix prochaines années seront déterminantes pour combler les fossés. Il a appelé à des "partenariats multinationaux sous l'égide de l'UIT pour construire un écosystème de l'IA équitable, sûr et inclusif qui soutienne le développement durable et améliore le bien-être humain".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.