Les démocrates prêts pour «quatre ans de plus» de Biden

Des partisans du président américain Joe Biden lors du Comité national démocrate (Photo, AFP).
Des partisans du président américain Joe Biden lors du Comité national démocrate (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 04 février 2023

Les démocrates prêts pour «quatre ans de plus» de Biden

  • Les démocrates s’attellent à poser les jalons d'une candidature, dont l'annonce paraît imminente
  • S'il était réélu, Joe Biden aurait 86 ans à la fin de son second mandat

PHILADELPHIE: "Quatre ans de plus! Quatre ans de plus!" Les démocrates ont accueilli Joe Biden en star à Philadelphie vendredi, faisant bloc autour du président américain dont la candidature à un nouveau mandat s’impose désormais selon eux comme une évidence.

"Je vais vous poser une question simple: êtes-vous avec moi?", a lancé le dirigeant octogénaire à une foule rugissante, brandissant des panneaux "Go Joe".

Réuni en congrès depuis deux jours dans cette ville du nord-est des Etats-Unis, les démocrates s’attellent à poser les jalons d'une candidature, dont l'annonce paraît imminente.

Interrogé par l'AFP, le sénateur Chris Coons, très proche de Joe Biden, a prédit une déclaration "dans les prochains mois".

«Apôtres»

Balayés, tous les doutes sur l'âge de Joe Biden, qui avait promis en 2020 de faire de sa présidence une sorte de "pont", qui ouvrirait la voie aux générations futures.

"On me parle de ça de temps en temps, mais vraiment moins que vous ne le pensez", affirme Ken Martin, chef du parti démocrate du Minnesota à l'AFP, comme pour minimiser la question brûlante.

Devant un des nombreux panels de la convention, il exhorte les militants démocrates à devenir les "apôtres" de Joe Biden "au cours des deux prochaines années".

Des investissements titanesques dans les infrastructures du pays, une défense de la classe ouvrière et des emplois syndiqués... "Aucun président n'en a fait autant" pour le pays, affirme l'élu sans détours.

"Nous devons sortir, promouvoir tout cela auprès du peuple américain", invite-t-il.

80 ans, et alors ? 

S'il était réélu, Joe Biden aurait 86 ans à la fin de son second mandat.

Malcolm Kenyatta, de près de 50 ans le cadet du président, minimise aussi: "Je ne me permettrais pas de le discriminer sur son âge tant qu'il défend un programme qui fonctionne", assure cet élu de Pennsylvanie.

M. Kenyatta est membre de cette aile progressiste du parti, plus à gauche, qui est peu à peu rentrée dans le rang, abandonnant ses critiques sur le programme social et climatique du président.

«Ne te présente pas, Joe»

A Philadelphie, berceau de la démocratie américaine, l'opposition la plus frontale à la candidature de Joe Biden vient donc de l'extérieur: dans un froid glacial, un camion au message plutôt explicite -- "Ne te présente pas, Joe" -- circule autour de l'établissement accueillant cette convention.

"C'est un candidat vraiment faible pour 2024", critique Sam Rosenthal, le militant à l'origine de cette action.

"Pas assez progressiste", sous le coup d'une enquête pour la gestion de ses archives personnelles: pour ce jeune rencontré par l'AFP, il ne fait aucun doute qu'une nouvelle candidature Joe Biden pour la Maison Blanche ne serait "pas viable" face à un républicain.

Mais les appels de son groupe, qui n'est pas affilié au parti du président, se heurtent à un mur bleu -- la couleur des démocrates.

Joe Biden, qui avait dû affronter une quinzaine de candidats lors des dernières primaires du parti en 2020, fera cette fois-ci visiblement cavalier seul.

Et se prépare à affronter en novembre 2024 le candidat choisi par les républicains, qui peinent pour l'instant à s'entendre.

"Je pense que nous sommes en train d'assister au dernier souffle du parti républicain", assure Jaime Harrison, le président du parti démocrate, débordant de confiance. "Donc prenez vos vitamines, et tenez vous prêts."


L'Ukraine veut une réunion de l'ONU pour mettre fin au « chantage nucléaire» de la Russie

Des soldats ukrainiens participent à des exercices militaires simulant une éventuelle attaque dans la zone de Tchernobyl à quelques kilomètres de la frontière avec la Biélorussie, le 20 février 2023. (Photo, AFP)
Des soldats ukrainiens participent à des exercices militaires simulant une éventuelle attaque dans la zone de Tchernobyl à quelques kilomètres de la frontière avec la Biélorussie, le 20 février 2023. (Photo, AFP)
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  • Les responsables russes ont multiplié depuis un an les menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire si le conflit avec Kiev venait à connaître une escalade significative
  • Samedi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait déployer des armes nucléaires tactiques au Bélarus et que dix avions avaient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d'armement

KIEV: L'Ukraine a appelé dimanche à organiser une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour contrer le "chantage nucléaire" de la Russie, après l'annonce par Vladimir Poutine que Moscou allait déployer des armes nucléaires au Bélarus.

Les responsables russes ont multiplié depuis un an les menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire si le conflit avec Kiev venait à connaître une escalade significative. Le Bélarus, un allié de Moscou, est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.

"L'Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des Etats-Unis et de la France" en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Nous demandons qu'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies soit immédiatement convoquée à cette fin", a-t-il ajouté en appelant aussi le G7 et l'Union européenne à faire pression sur le Bélarus en le menaçant de "conséquences considérables" s'il venait à accepter le déploiement russe.

Premier pays occidental à réagir à l'annonce de Vladimir Poutine, l'Allemagne a dénoncé une "nouvelle tentative d'intimidation nucléaire" de la part de Moscou. "Nous n'allons pas nous laisser dévier de notre cap" par ces menaces, a indiqué à l'AFP un responsable du ministère des Affaires étrangères sous couvert de l'anonymat.

L'Otan a fustigé une "rhétorique nucléaire dangereuse et irresponsable", disant "suivre la situation de près".

Plus tôt dimanche, le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov avait estimé que "le Kremlin a pris le Bélarus comme otage nucléaire" et représentait un "pas vers la déstabilisation interne du pays", dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko.

«Faire peur»

Samedi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait déployer des armes nucléaires "tactiques" au Bélarus et que dix avions avaient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d'armement.

"Il n'y a rien d'inhabituel ici : les Etats-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés", a déclaré M. Poutine lors d'une interview à la télévision russe.

"Nous avons convenu de faire de même", a-t-il ajouté, disant prévoir de "former les équipages" à partir du 3 avril et de "terminer la construction d'un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire du Bélarus" le 1er juillet.

Les Etats-Unis stockent des armes à composante nucléaire dans des bases en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie. Les armes nucléaires "tactiques" ont une puissance moindre par rapport à celles dites "stratégiques" mais leurs effets restent mortels et imprévisibles.

M. Poutine "admet qu'il a peur de perdre (la guerre) et que tout ce qu'il peut faire, c'est de faire peur", a déclaré dimanche sur Twitter un conseiller présidentiel ukrainien, Mykhaïlo Podoliak.

Il a également accusé le dirigeant russe de "violer le traité de non-prolifération nucléaire".

M. Poutine, lors de son annonce, avait précisé que ce déploiement au Bélarus se ferait "sans contrevenir à nos accords internationaux sur la non-prolifération nucléaire".

Si le Bélarus ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s'est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l'année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes.

Obus à l'uranium

Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d'envoyer des munitions à uranium appauvri à l'Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.

M. Poutine a menacé de recourir également à ce type d'obus, utilisé pour percer les blindages, si Kiev venait à en recevoir.

Il a qualifié ce type d'obus d'arme parmi "les plus dangereuses" et qui "génère ce que l'on appelle des poussières de radiation".

Lors de récentes négociations à Moscou entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, les deux dirigeants avaient énoncé dans une déclaration commune qu'une guerre nucléaire "ne doit jamais être déclenchée", car "il ne peut y avoir de vainqueurs".

Plusieurs responsables russes, dont l'ancien président Dmitri Medvedev, ont toutefois menacé l'Ukraine et les Occidentaux de l'arme nucléaire depuis le début de l'offensive russe lancée le 24 février 2022.

La Russie a en outre suspendu le mois dernier l'important traité de désarmement nucléaire New Start signé avec les Etats-Unis, bien qu'elle a promis de respecter la limitation de son arsenal nucléaire jusqu'à la fin effective de cet accord le 5 février 2026.

La doctrine nucléaire russe ne prévoit pas l'utilisation préventive par la Russie de l'arme nucléaire, mais seulement en réponse à une attaque contre elle ou ses alliés, ou en cas de "menace sur l'existence même de l'Etat".


Armes nucléaires au Bélarus: «La rhétorique de la Russie est dangereuse et irresponsable», estime l'Otan

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, quitte une conférence de presse après une réunion des ministres de la Défense de l'alliance au siège de l'OTAN à Bruxelles le 16 mars 2022 (Photo, AFP).
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, quitte une conférence de presse après une réunion des ministres de la Défense de l'alliance au siège de l'OTAN à Bruxelles le 16 mars 2022 (Photo, AFP).
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  • «L'Otan est vigilante et nous suivons de près la situation», a déclaré la porte-parole de l'Alliance, Oana Lungescu
  • «Nous n'avons constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie qui nous amènerait à ajuster le nôtre», a-t-elle souligné

BRUXELLES: "La rhétorique nucléaire de la Russie est dangereuse et irresponsable", a estimé dimanche l'Otan après l'annonce par le président russe Vladimir Poutine d'un déploiement d'armes nucléaires "tactiques" sur le territoire de son allié, le Bélarus.

"L'Otan est vigilante et nous suivons de près la situation", a déclaré la porte-parole de l'Alliance, Oana Lungescu. "Nous n'avons constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie qui nous amènerait à ajuster le nôtre", a-t-elle souligné.

Vladimir Poutine a justifié le déploiement d'armes nucléaires au Bélarus par les déploiements d'armes américaines en Europe.

"Il n'y a rien d'inhabituel ici : les Etats-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés", a déclaré le président russe lors d'une interview diffusée samedi à la télévision. "Nous avons convenu de faire de même", a-t-il ajouté, en précisant avoir l'accord de Minsk.

"La référence de la Russie au partage nucléaire de l'Otan est totalement trompeuse. Les alliés de l'Otan agissent dans le plein respect de leurs engagements internationaux. La Russie n'a cessé de violer ses engagements en matière de maîtrise des armements, suspendant dernièrement sa participation au nouveau traité START", a réagi la porte-parole de l'Otan. "La Russie doit revenir au respect de ses engagements et agir de bonne foi", a ajouté Oana Lungescu.

Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire en Ukraine en cas d'escalade significative du conflit. Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, le Bélarus est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.


Le navire humanitaire Louise Michel immobilisé par l'Italie

Le navire de sauvetage Louise Michel financé par l'artiste britannique Banksy est photographié après une opération de sauvetage au large de Malte, le 29 août 2020 (Photo, AFP).
Le navire de sauvetage Louise Michel financé par l'artiste britannique Banksy est photographié après une opération de sauvetage au large de Malte, le 29 août 2020 (Photo, AFP).
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  • Les gardes-côtes ont confirmé l'immobilisation de l'ancien navire de la Marine française, décoré par l'artiste Banksy, l'un de ses sponsors
  • Le Louise Michel s'est vu assigner le port de Trapani, en Sicile, mais «a contrevenu à cette injonction en se dirigeant vers trois autres bateaux de migrants»

ROME: Le navire humanitaire allemand Louise Michel, qui porte secours aux migrants tentant de traverser la Méditerranée, est immobilisé depuis samedi sur l'île de Lampedusa par les autorités italiennes, a annoncé dimanche l'ONG l'ayant affrété.

"Nous savons qu'il y a des dizaines de bateaux en détresse aux abords de l'île en ce moment même, mais nous sommes empêchés de leur porter secours. C'est inacceptable!", a dénoncé l'ONG du même nom sur son compte Twitter.

Dans un communiqué, les gardes-côtes ont confirmé l'immobilisation de l'ancien navire de la Marine française, décoré par l'artiste Banksy, l'un de ses sponsors.

Après avoir effectué une première opération de secours dans les eaux libyennes, le Louise Michel s'est vu assigner le port de Trapani, en Sicile, mais "a contrevenu à cette injonction en se dirigeant vers trois autres bateaux de migrants", ont-ils justifié.

Depuis son entrée en fonction en octobre 2022, l'exécutif italien à majorité d'extrême droite a multiplié les entraves aux opérations des navires humanitaires en Méditerranée et engagé un bras de fer avec ses partenaires européens pour obtenir d'eux davantage de solidarité dans l'accueil des migrants.

Un décret entré en vigueur au début de l'année oblige les navires humanitaire à effectuer un seul sauvetage à la fois, ce qui, selon les critiques, augmente le risque de décès en Méditerranée centrale, considérée par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) comme la route migratoire la plus dangereuse au monde.

L'agence onusienne estime qu'en 2022, 1 417 migrants y ont disparu.

Dans le cas du Louise Michel, navire de taille modeste (30 mètres), l'interdiction qui lui était faite de réaliser plusieurs interventions à la fois était destinée à éviter qu'il "ne prenne à bord un nombre de personnes tel qu'il puisse nuire à sa sécurité et à celle des embarcations de migrants auxquelles ils portent secours", ont fait valoir les gardes-côtes.

Ces derniers jours, des milliers de migrants ont débarqué sur l'île de Lampedusa, au large des côtes orientales de la Tunisie, à bord de leurs propres embarcations ou de vedettes des gardes-côtes italiens. Le Louise Michel a de son côté récupéré 180 personnes en mer avant de les déposer sur l'île.

Si les ONG ne transportent qu'un faible pourcentage des migrants, le gouvernement italien les accuse de stimuler par leur action leurs arrivées et d'encourager les trafiquants.