Bousculée par les subventions américaines, l'industrie européenne appelle à réagir

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire fait des gestes alors qu'il s'adresse à la presse dans le cabinet du ministre, à Paris, le 3 février 2023. Le Maire appelle à la transparence des Etats-Unis sur le montant des subventions déployées sur leur plan climatique massif, pour garantir " concurrence loyale" avec l'UE, déclare-t-il dans un entretien à l'AFP. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire fait des gestes alors qu'il s'adresse à la presse dans le cabinet du ministre, à Paris, le 3 février 2023. Le Maire appelle à la transparence des Etats-Unis sur le montant des subventions déployées sur leur plan climatique massif, pour garantir " concurrence loyale" avec l'UE, déclare-t-il dans un entretien à l'AFP. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Samedi 04 février 2023

Bousculée par les subventions américaines, l'industrie européenne appelle à réagir

  • L'industrie européenne appelle à une réponse forte des pays de l'UE contre l'IRA, afin de ne pas plomber ses efforts de transition écologique
  • En octobre, le PDG de Northvolt a affirmé dans la presse allemande que le projet «pourrait être repoussé», afin que le groupe puisse «donner la priorité à une expansion aux États-Unis» où de juteuses aides attendent les fabricants de batteries

HEIDE: Un champ du nord de l'Allemagne battu par les vents: ce décor doit laisser place à une immense usine de batteries électriques destinée à accroître la souveraineté industrielle de l'Europe... sauf si le grand plan climat américain remet tout en cause.

L'emplacement, près de Heide, une modeste commune à 100 km de Hambourg, a été choisi en mars dernier par la société suédoise Northvolt pour construire la "plus propre" des usines de batteries au monde.

Objectif : équiper un million de véhicules électriques par an et réduire la dépendance de l'Europe aux fabricants chinois, ultra-dominants dans le domaine.

Mais le plan américain "Inflation Reduction Act" (IRA) qui prévoit plus de 430 milliards de dollars d'investissements, dont 370 milliards visant à réduire les émission de gaz à effet de serre, pourrait rebattre les cartes.

En octobre, le PDG de Northvolt, Peter Carlsson, a affirmé dans la presse allemande que le projet "pourrait être repoussé", afin que le groupe puisse "donner la priorité à une expansion aux États-Unis" où de juteuses aides attendent les fabricants de batteries qui produisent sur le sol américain.

Attirer la valeur ajoutée

A Heide, le maire Oliver Schmidt-Gutzat confie à l'AFP avoir été "surpris" par cette annonce.

L'édile appelle l'Union Européenne à agir afin de convaincre Northvolt de "rester" pour mener ce projet "très important" pour l'emploi et l'avenir industriel de la région.

"L'Europe doit réagir", abonde Martin Bitter, un porte-parole du syndicat de la métallurgie IG Metall, qui juge "compréhensible" que l'offre américaine modifie les décisions des investisseurs.

L'avenir de l'Allemagne, "nation de l'automobile" et première économie européenne, dépend de l'existence d'une base industrielle produisant les "composants ayant la valeur ajoutée la plus importante", comme les batteries, insiste-t-il.

Face au tollé, Northvolt tente de rassurer. Un porte-parole du groupe a déclaré à l'AFP que l'entreprise suédoise restait "engagée dans son expansion en Europe".

Le fabricant n'a "pas mis le frein" sur le projet et les discussions se poursuivent à propos du chantier de Heide, a assuré Björn Jörgensen à l'AFP, responsable du développement de la communauté de communes autour de Heide.

Reste que de nombreux groupes ont, comme Northvolt, commencé à tourner leur regard de l'autre côté de l'Atlantique.

Certains fabricants de panneaux solaires, comme l'Italien 3Sun et le Suisse Meyer Burger, ont d'ores et déjà annoncé des projets d'expansion ou d'installation d'usines aux États-Unis.

L'industrie européenne appelle donc à une réponse forte des pays de l'UE contre l'IRA, afin de ne pas plomber ses efforts de transition écologique.

"Je pense que répondre à l'IRA est presque incontournable", a récemment assuré le PDG d'ArcelorMittal, Aditya Mittal, dont le groupe prévoit d'investir 1,7 milliard d'euros pour réduire les émissions dans ses bastions industriels du nord de la France.

"C'est aux États-Unis que ça va accélérer très fort s'il ne se passe rien en Europe", a prévenu début décembre Guillaume Faury, le président d'Airbus.

«Made in Europe»

La Commission européenne a présenté mercredi ses premières propositions pour répondre à l'IRA, prévoyant notamment un allègement des règles imposées aux aides publiques.

Une proposition qui ne va pas assez loin, selon certains acteurs des énergies renouvelables.

"Les Américains ont créé l'IRA pour des raisons de souveraineté énergétique, l'Europe doit faire la même chose", affirme à l'AFP Karine Vernier, directrice générale France d'InnoEnergy, qui finance des projets dans l’énergie.

"La bonne question à poser est de savoir si nous devrions aussi ne pas faire plus de +made in Europe+", abonde Daniel Bour, président de l'Union française de l'industrie solaire Enerplan.

La Commission a certes évoqué la possibilité de créer un nouveau fonds de l'UE pour soutenir les industries vertes. Mais l'idée est déjà fortement contestée par certains États membres, notamment l'Allemagne, qui refusent tout nouvel endettement commun.

"Nous n'avons pas besoin de nouveaux instruments financiers", a rappelé récemment le ministre des Finances Christian Lindner.

Tout en souhaitant une "réponse" à l'IRA, l'industrie allemande, très dépendante du marché américain, met aussi en garde contre une guerre commerciale entre Etats-Unis et Europe.

"Il faut un dialogue entre amis, le partenariat transatlantique est plus important que jamais", estime Siegfried Russwurm, président du lobby industriel allemand (BDI).


L’architecture au service d’un futur urbain durable et inclusif

Pendant deux jours, les participants ont visité des sites emblématiques comme le Louvre Abou Dhabi, l’Université américaine de Sharjah ou encore Zaabeel One à Dubaï. (Photo: fournie)
Pendant deux jours, les participants ont visité des sites emblématiques comme le Louvre Abou Dhabi, l’Université américaine de Sharjah ou encore Zaabeel One à Dubaï. (Photo: fournie)
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  • Le French Architecture Tour 2025 réunit 15 agences françaises aux Émirats pour explorer des partenariats sur l’urbanisme durable, l’ingénierie et l’innovation
  • Avec une croissance de 22 % prévue dans la construction aux UAE, la mission française cible des projets ambitieux à Abou Dhabi, Dubaï et Sharjah

ABOU DHABI: Le French Architecture Tour 2025 a officiellement débuté aux Émirats arabes unis, réunissant une délégation de 15 agences françaises de premier plan dans les domaines de l’architecture, de l’ingénierie et du paysage. Organisée par Business France en partenariat avec l’association AFEX (Architectes Français à l’Export), cette mission ambitionne de renforcer les liens franco-émiriens autour d’un développement urbain durable, connecté et tourné vers l’avenir.

« Cette tournée incarne notre volonté commune de bâtir des environnements urbains durables, inclusifs et résilients », a déclaré S.E. Nicolas Niemtchinow, ambassadeur de France aux Émirats, lors de la cérémonie d’ouverture à La Résidence de France à Abou Dhabi. « Les entreprises françaises viennent avec un savoir-faire de renommée mondiale, mais aussi avec une volonté sincère de participer activement au développement de ce pays. »

Le secteur de la construction aux Émirats connaît une croissance fulgurante, avec une projection de 130 milliards de dollars d’ici 2029, soit une augmentation de 22 %. De grands projets structurants incarnent cette dynamique : à Abou Dhabi, le musée Guggenheim (le plus grand au monde) et la communauté de Ramhan Island valorisent le patrimoine et le luxe ; à Dubaï, The Loop, une promenade de 93 km climatisée, et le district urbain technologique basé sur l’IA à Al Jaddaf positionnent l’émirat à la pointe de l’innovation. À Sharjah, les projets Aljada et Sharjah Sustainable City illustrent l'engagement pour un urbanisme écologique.

Dans ce contexte de compétition accrue et d’innovation, l’expertise française en matière d’architecture durable, de design urbain et de solutions techniques trouve une place stratégique.

La délégation 2025 réunit des agences renommées telles que PCA-Stream, AW², Terrell, Etienne Tricaud Architecture et Architecturestudio, connues pour leur approche innovante et leur rayonnement international. Elles sont accompagnées de structures spécialisées comme AIA Life Designers, Atelier Joan Gaudin, Franklin Azzi, Ubique Groupe ou encore AC&T Paysages & Territoires.

Des entreprises industrielles telles qu’Alphi (coffrages) et Echame (cloisons acoustiques, bardage) complètent la chaîne de valeur, tout comme FlexLedLight, experte en éclairage architectural via son partenaire régional Option 1 World.

« Nos membres sont animés par une vision humaniste de la ville et un haut niveau d’exigence technique », souligne Madeleine Houbart, secrétaire générale de l’AFEX.

Pendant deux jours, les participants ont visité des sites emblématiques comme le Louvre Abou Dhabi, l’Université américaine de Sharjah ou encore Zaabeel One à Dubaï. Des rencontres ciblées avec des acteurs locaux tels que Miral et Shurooq (Sharjah Investment and Development Authority) entre autres ont permis d’identifier des opportunités concrètes de collaboration.

Le French Architecture Tour 2025 incarne ainsi une volonté partagée : unir excellence française et ambitions émiriennes pour construire les villes durables, innovantes et humaines de demain.


Démission de Lecornu: les banques françaises dévissent en Bourse

L'annonce de la démission du Premier ministre français Sébastien Lecornu lundi a fait fortement chuter le cours des banques françaises à la Bourse de Paris, très sensibles au risque sur la dette française. (AFP)
L'annonce de la démission du Premier ministre français Sébastien Lecornu lundi a fait fortement chuter le cours des banques françaises à la Bourse de Paris, très sensibles au risque sur la dette française. (AFP)
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  • Les cours des banques françaises, très sensibles au coût de la dette françaises, n'ont pas résisté à la hausse brutale du taux d'intérêt de la France à dix ans, passé de 3,51% hier à 3,61% juste après la démission de Sébastien Lecornu
  • "Les banques françaises mais également les banques européennes sont dans le rouge, car elles détiennent de la dette françaises. Avec la hausse du taux (d'intérêt) à dix ans, les investisseurs réajustent leur risque", explique Alexandre Baradez

PARIS: L'annonce de la démission du Premier ministre français Sébastien Lecornu lundi a fait fortement chuter le cours des banques françaises à la Bourse de Paris, très sensibles au risque sur la dette française.

BNP Paribas (-4,35% vers 12H10), la Société Générale (-5,91%) et le Crédit Agricole (-4,35%) ont immédiatement plongé après l'annonce, survenue peu après l'ouverture de la Bourse.

Vers 12H10, le CAC 40 dans son ensemble plongeait de 1,49%, après avoir brièvement chuté de plus de 2% peu après la démission de Sébastien Lecornu.

La chute des banques est "100% attribuable à cette décision politique", a indiqué à l'AFP Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché chez IG France.

Les cours des banques françaises, très sensibles au coût de la dette françaises, n'ont pas résisté à la hausse brutale du taux d'intérêt de la France à dix ans, passé de 3,51% hier à 3,61% juste après la démission de Sébastien Lecornu.

"Les banques françaises mais également les banques européennes sont dans le rouge, car elles détiennent de la dette françaises. Avec la hausse du taux (d'intérêt) à dix ans, les investisseurs réajustent leur risque", explique Alexandre Baradez.

Or sur le taux d'intérêt de la France à dix ans, "si le seuil des 3,60% est franchi, la dette française pourrait être exposée à des attaques massives, amplifiant la nervosité des marchés", s'est inquiété Antoine Andreani, qui dirige la recherche chez XTB France.

L'écart entre les taux d'emprunt français et allemand sur les marchés a quant à lui atteint 89 points de base dans la foulée de la démission du Premier ministre, au plus haut depuis janvier. La veille, l'écart était de 81 points de base.

"La démission de Lecornu plonge la scène politique dans l'incertitude. Les investisseurs craignent un effet domino sur la politique économique et budgétaire", a encore commenté Antoine Andreani.


Eolien en mer: TotalEnergies et EDF pourraient devenir partenaires dans la Manche

Cette photographie montre les éoliennes de TotalEnergies dans le parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île française de la Réunion, le 22 janvier 2025. (AFP)
Cette photographie montre les éoliennes de TotalEnergies dans le parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île française de la Réunion, le 22 janvier 2025. (AFP)
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  • TotalEnergies, lauréat du projet éolien Centre Manche 2, pourrait s’allier à EDF après le désistement de son partenaire RWE, qui se retire du secteur des renouvelables
  • EDF, déjà impliqué dans le projet voisin Centre Manche 1, devient un partenaire stratégique potentiel

PARIS: Le géant français des hydrocarbures TotalEnergies, qui a remporté la semaine dernière l'appel d'offres pour le plus grand parc éolien en mer du pays, dans la Manche, pourrait finalement s'allier avec EDF sur ce projet, a-t-il indiqué vendredi, confirmant une information des Echos.

TotalEnergies a emporté la semaine dernière, face à EDF, l'appel d'offres pour le parc éolien Centre Manche 2, mais son partenaire au sein du consortium victorieux, RWE, a fait part de son intention de jeter l'éponge. Le groupe allemand, candidat lors du lancement de l'appel d’offres en 2022, a depuis décidé de réduire ses investissements dans les renouvelables.

EDF Renouvelables avait de son côté remporté en 2023 l'appel d'offres pour le parc Centre Manche 1, qui doit jouxter celui de TotalEnergies. Mais ses conditions financières sont moins favorables, avec un prix d'achat de l'électricité fixé à 44,9 euros le mégawattheure (MWh) contre 66 euros pour celui de TotalEnergies.

"Pour TotalEnergies, EDF est un partenaire naturel" en cas de départ de RWE, a déclaré un porte-parole du géant pétro-gazier à l'AFP. Le groupe a pour habitude de gérer en partenariats ses grandes infrastructures de production d'énergie, renouvelable ou de pétrole et de gaz.

Contacté par l'AFP, EDF Renouvelables n'a pas fait de commentaire.

Un observateur du dossier fait valoir que l'entreprise publique "a tout intérêt" à entrer dans le second parc "pour améliorer sa rentabilité" alors que son projet voisin est à la peine.

Selon Les Echos, qui cite une source proche du dossier, un abandon du projet Centre Manche 1 "n'est pas envisagé, mais dans les conditions actuelles, prendre une décision finale d'investissement n'est pas possible".

Centre Manche 1 doit avoir une puissance de 1 gigawatt (GW), soit la consommation électrique d’environ 800.000 foyers, tandis que celle de Centre Manche 2, de 1,5 GW, alimentera en électricité verte plus d'un million de foyers.