Fraîchement arrivé en Irak, un variant de la fièvre aphteuse ravage le bétail

Le fermier irakien Saadoun Roumi injecte une dose de vaccin contre la fièvre aphteuse à son buffle malade dans sa ferme du village de Badouch, au nord-ouest de la ville de Mossoul, le 7 février 2023. (Photo de Zaid AL-OBEIDI / AFP)
Le fermier irakien Saadoun Roumi injecte une dose de vaccin contre la fièvre aphteuse à son buffle malade dans sa ferme du village de Badouch, au nord-ouest de la ville de Mossoul, le 7 février 2023. (Photo de Zaid AL-OBEIDI / AFP)
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Publié le Jeudi 09 février 2023

Fraîchement arrivé en Irak, un variant de la fièvre aphteuse ravage le bétail

  • Etroitement surveillée pour sa transmission fulgurante et son impact économique dévastateur, la fièvre aphteuse sévit en Irak depuis des décennies.
  • Mais cette année l'intensité de la maladie est inédite, de l'aveu même des autorités vétérinaires. Notamment dans la province de Ninive.

BADOUCH: Saadoun Roumi a fait vacciner son bétail pour le protéger de la fièvre aphteuse et garantir sa production laitière, mais en vain: un variant de la maladie virale, découvert pour la première fois en Irak a déjà emporté cinq de ses quinze buffles.

Etroitement surveillée pour sa transmission fulgurante et son impact économique dévastateur, la fièvre aphteuse sévit en Irak depuis des décennies.

Mais cette année l'intensité de la maladie est inédite, de l'aveu même des autorités vétérinaires. Notamment dans la province de Ninive, où se trouve le village de M. Roumi, Badouch, près de Mossoul (nord).

"Les contaminations sont plus importantes", déplore l'éleveur âgé de 26 ans, selon qui "chaque jour, il y a entre 20 à 25 cas au village".

Dans sa cour, il s'occupe d'un buffle agenouillé, arrivant à peine à mâcher du fourrage déposé dans une bassine. L'animal est malade, comme les cinq autres buffles emportés cette saison. Pourtant, ils avaient tous été vaccinés en 2021 lors d'une campagne menée par les autorités.

"Les vaccins administrés ne sont pas efficaces", accuse Saadoun Roumi. "La fièvre aphteuse a ravagé le bétail."

La FAO, l'agence onusienne pour l'agriculture, a confirmé que des analyses ont permis d'identifier une souche jamais recensée à ce jour en Irak. Une souche contre laquelle les vaccins locaux restent impuissants, et qui exige la diffusion d'un nouvel antidote.

Entre la maladie et le prix exorbitant du fourrage, qui pousse les éleveurs à se montrer parcimonieux, la production de lait de l'exploitation de M. Roumi a chuté de moitié. "Avant, je produisais un baril de 50 kg de lait (par jour), maintenant à peine 25 kilos", soupire ce père de quatre enfants .

Mortalité élevée

Si elle ne menace pas l'homme, la fièvre aphteuse est extrêmement contagieuse pour les bovins, ovins, caprins, porcins et autres ongulés, selon la FAO.

Elle se caractérise par l'apparition d'aphtes et de lésions sur les muqueuses buccales, nasales et mammaires, et sur les onglons.

La maladie peut provoquer une mortalité élevée chez les animaux nouveau-nés ou jeunes, des pertes de poids et une réduction des rendements laitiers, d'après l'agence onusienne.

Selon la FAO, "les animaux infectés sont si affaiblis par la maladie qu'ils ne peuvent plus servir aux labours ou aux récoltes, et les agriculteurs ne peuvent vendre leur lait, ce qui peut entraîner de graves répercussions sur la sécurité alimentaire des ménages".

Directeur de l'hôpital vétérinaire de Ninive, Odaï al-Abadi affirme que la maladie "ressurgit par vagues intermittentes" en Irak. Mais cette année "les contaminations sont élevées et se comptent par centaines" dans la province, contre des dizaines habituellement.

"Plus d'une centaine de têtes de bétail sont décédées", ajoute le vétérinaire, rappelant que le dernier pic de contamination remonte à 1998.

Il assure avoir réclamé à Bagdad l'envoi "en urgence" de vaccins pour Ninive. La région n'en a pas reçu en 2022 de la part des autorités, dit-il, même si des vaccins peuvent être achetés localement dans le privé.

Empêcher l'épidémie

A 90 ans, Balou Roumi, le père de Saadoun, affirme avoir perdu de son côté, un veau sur son cheptel de 20 buffles. "Quand la fièvre aphteuse touche la bête, son lait est inutilisable et ses pattes peuvent à peine le porter", explique-t-il.

Des analyses sur douze échantillons prélevés à Ninive, Bagdad et dans la province de Diyala (centre), ont permis d'identifier la souche coupable: le SAT2 pour "South African Territories", explique à l'AFP Khaled Shlash, adjoint du représentant de la FAO en Irak.

Pour juguler les contaminations, les autorités mènent des campagnes de désinfection et imposent des restrictions sur les mouvements des bêtes, indique le responsable, précisant que des experts de la FAO fourniront leur expertise pour épauler les efforts gouvernementaux.

L'Irak attend maintenant qu'un laboratoire partenaire de la FAO en Grande-Bretagne identifie le vaccin le plus approprié, pour trouver ensuite un producteur capable de lui fournir plus de neuf millions de doses, explique M. Shlash.

"D'où et comment est arrivé ce virus en Irak? C'est la question que tentent d'élucider les services vétérinaires", confie l'expert.


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".