Michel Moawad, candidat à la présidence: Le Liban doit être libéré de la milice et de la mafia

Michel Moawad, jeune député de Zghorta, fils de l’ancien président René Moawad, assassiné à Beyrouth en 1989, à l’époque de la tutelle syrienne sur le pays. (AFP).
Michel Moawad, jeune député de Zghorta, fils de l’ancien président René Moawad, assassiné à Beyrouth en 1989, à l’époque de la tutelle syrienne sur le pays. (AFP).
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Publié le Vendredi 10 février 2023

Michel Moawad, candidat à la présidence: Le Liban doit être libéré de la milice et de la mafia

  • Pour le député de Zghorta, il n’y a qu’un plan A: faire arriver un candidat souverainiste, réformiste, à la tête de l’État pour le libérer de l’emprise de la milice et de la mafia
  • Le fait d’avoir lié le Liban à l’axe syro-iranien a abouti à son isolement quasi total avec des répercussions énormes sur l’État, et surtout sur l’ensemble des Libanais, affirme-t-il

BEYROUTH: Michel Moawad a créé la surprise le 29 septembre dernier lors de la première séance électorale pour élire un nouveau président libanais afin de succéder à Michel Aoun. Il a obtenu 36 voix des 128 élus de l’assemblée. Au cours des dix autres séances, son score oscillait entre 34 et 44 votes en sa faveur, réunissant près de 70% des députés de l’opposition face au Hezbollah et à ses alliés.

Il s’agit d’un véritable exploit pour ce jeune député de Zghorta, fils de l’ancien président René Moawad, assassiné à Beyrouth en 1989, à l’époque de la tutelle syrienne sur le pays.

Avec le sourire qu’il affiche en toutes circonstances, sa voix calme et posée, son ton toujours mesuré qui reflète ses positions modérées, mais aussi sa détermination pour surmonter les défis et le courage dont il fait preuve pour affronter le parti chiite pro-iranien, Michel Moawad s’est confié en toute franchise à Arab News en français.

L’État contre la milice

Alors que le Liban est abonné au vide institutionnel, le président du «mouvement de l’indépendance» espère malgré tout conjurer ce sort et accéder à la magistrature suprême. «C’est justement là le cœur et tout le sens de notre bataille. Elle vise à libérer l’État de l’emprise des armes et de la corruption. C’est un combat politique plus large que la présidentielle: c’est un duel entre l’État de droit d’une part et la logique milicienne et la mafia d’autre part au niveau de la présidentielle, de la justice, de l’administration», explique-t-il.

«En outre, nous sommes en train de mener un combat contre ce vide institutionnel qui est en train d’être imposé, encore une fois, dans une logique antidémocratique et anticonstitutionnelle non seulement à la présidentielle, mais à tous les niveaux. Pour l’autre partie, qui mène une véritable guerre contre l’État, les institutions et le peuple libanais, soit nous faisons ce qu’elle veut, soit elle crée un vide», poursuit M. Moawad.

Candidat de l’opposition

Pour Arab News en français, le député de Zghorta revient sur les discussions qui lui ont permis de s’imposer comme le candidat de l’opposition, ce large spectre de partis qui n’ont pas grand-chose en commun, sinon leur opposition au Hezbollah.

Selon M. Moawad, «l’un des problèmes de cette opposition diversifiée est qu’elle se trouve parfois dans des contradictions idéologiques et que, souvent, elle ne définit même pas le problème d’une façon commune. Il est vrai qu’il est difficile d’unir cette opposition autour d’un projet clair. C’est une difficulté récurrente que nous avons constatée depuis les législatives et jusqu’à la présidentielle. Nous l’avons vu quand il a fallu choisir le vice-président de la Chambre, lors des votes pour les commissions parlementaires, pour nommer un Premier ministre, etc. La base de mon travail repose sur une idée claire: il faut assumer le fait que l’opposition est diverse et n’est pas d’accord sur tout. Mais il faut comprendre que cette bataille se joue avant tout entre la république et ceux qui sont contre l’État. Ce n’est pas une bataille communautaire, sociale, ou entre la gauche et la droite. Si nous sommes d’accord sur ce point, il sera plus facile de trouver des points communs. Je fais un rapprochement historique en citant l’alliance entre le général de Gaulle et les communistes, alors que rien ne les unissait idéologiquement – mais il fallait alors faire tomber le maréchal Pétain et le nazisme».

D’après le député, «il est important d’œuvrer pour unifier les différentes factions de cette opposition souverainiste, réformiste, de changement, etc. Il est évident que les divergences ne sont pas de simples détails. Mais s’il n’y a pas d’État, le débat tout à fait important des réformes restera stérile. Il fallait donc unir l’opposition autour du principe suivant: sans souveraineté, les réformes n’ont pas de valeur. En revanche, des réformes sans souveraineté nous mèneront aux mêmes erreurs que celles qui ont été faites dans le passé».

«J’ai créé la surprise en réunissant près de 70% de l’opposition; mais, pour moi, il manque encore 30% pour bénéficier d’une position unifiée et efficace».

Malgré son appel constant à l’unité de l’opposition, M. Moawad n’a pas réussi à convaincre les élus sunnites et ceux de la thawra. Où se trouve donc le problème?

«D’abord, un tiers des députés de la thawra a voté pour moi», répond Michel Moawad. «Selon moi, le problème n’est pas celui d’un candidat, mais d’un positionnement. Dès le début, j’ai appelé à nous unir derrière un candidat souverainiste et réformiste. Que ce soit Michel Moawad ou un autre, considéré comme acceptable par tout le monde. Ce n’est pas un problème de candidature, mais de positionnement. Une partie des députés de la thawra, dans une logique politique qui lui est propre, ne peut concevoir une alliance avec une force d’opposition avec laquelle ils ont des différends. Rappelons que certains n’ont même pas signé un communiqué commun autour du drame de l’explosion au port de Beyrouth. Pour les députés de la “modération nationale” et leurs alliés, malgré le fait que ces derniers s’accordent sur les mêmes principes que nous, il n’est pas question de faire partie d’une opposition structurée face à la mainmise d’une milice et d’une mafia.»

Reprendre le flambeau de son père

Dans ce contexte bloqué depuis des mois se pose la question suivante: pourquoi Michel Moawad a-t-il décidé d’assumer un poste qui ressemble à une mission impossible et qui, de surcroît, a coûté la vie à son père? «C’est une question que je me pose depuis trente ans, quand j’ai décidé de retourner au Liban pour mener cette bataille. J’avais 17 ans quand mon père a été assassiné. La question fondamentale était: est-ce que je reviens et je reprends le flambeau afin de me battre pour mon pays comme mon père a voulu qu’il soit – un Liban souverain, de liberté, ouvert, démocratique, un Liban-message –, ou est-ce que je considère que c’est une mission impossible, et alors on tourne la page?», se rappelle le député. «Ma décision a été très claire dès le début: quels que soient les difficultés et les sacrifices, pour ma famille, pour mes enfants, pour ma femme, le Liban n’est pas un hôtel pour nous, c’est une cause. Et nous allons nous battre pour elle. Durant toute cette période, nous avons vécu des moments de tensions, nous étions menacés – et nous le sommes toujours. C’est justement parce qu’il y a eu tellement de sang versé pour le Liban que nous voulons, tant de sacrifices qui ont été faits par des dizaines de générations pour former une nation fondée sur la pluralité et la liberté qu’on n’a pas le droit de dire que c’est une mission impossible», poursuit-il.

Le monde arabe

Le candidat Moawad revient ensuite sur sa vision au sujet de la place du Liban dans le monde arabe, et notamment sur le principe de neutralité, proposé comme une solution depuis quelque temps. «J’ai été très clair dans mon projet politique, parce que je considère qu’il y a une feuille de route et un chemin pour sauver le Liban. D’abord la souveraineté de l’État, qui doit avoir le monopole de l’utilisation des armes, de la politique étrangère et, évidemment, des décisions stratégiques. Ensuite, la réconciliation du Liban avec le monde arabe et le monde. Nous sommes un pays arabe à la fois sur la base de notre Constitution et sur la base de nos intérêts stratégiques. Dans tous les pays du monde, nous établissons nos relations en prenant en compte nos intérêts économiques et culturels. Il est évident que pour reconstruire l’économie libanaise, il faut s’appuyer sur une économie mondialisée ouverte sur sa diaspora, présente dans le monde arabe ainsi qu’aux quatre coins du monde.»

«Ainsi, le Liban ne peut survivre économiquement, politiquement, culturellement qu’en recouvrant pleinement sa place dans le monde arabe et dans le monde. Ce qui ne veut pas dire que nous voulons nous diriger vers une logique des axes. Pas du tout. Nous voulons avoir une politique de neutralité, dans la logique même du pacte de 1943 et sous le parapluie de la légitimité arabe et internationale. Cela ne veut pas dire qu’il faut tourner le dos à l’Est et à l’Ouest, mais il faut privilégier les intérêts directs du Liban et ne pas s’engager dans les batailles d’autrui. Notre stabilité interne en dépend».

M. Moawad ajoute que la souveraineté et l’ouverture au monde arabe doivent s’accompagner de réformes structurelles au niveau de la gouvernance, de l’économie et des réformes financières avec le FMI, sans oublier les réformes du secteur public et de la justice et sociales.

Le candidat de l’opposition répond par ailleurs à ses détracteurs qui l’accusent d’être un proche allié de l’Arabie saoudite. «Je dis haut et clair que je suis très fier de mon réseau de relations avec les pays arabes, mais aussi avec l’Europe et les États-Unis. C’est un plus en tant que candidat présidentiel dont je voudrais faire profiter mon pays. Je tiens à préciser que je n’ai jamais utilisé mes relations à des fins personnelles, mais que j’ai toujours mis tout ce réseau de relations au service du Liban. Ensuite, il est faux d’insinuer qu’avoir des relations avec tel ou tel pays veut dire être un allié de ce dernier. J’ai toujours eu une approche régalienne et souverainiste de la politique étrangère libanaise. Je suis d’ailleurs convaincu que le Liban doit renouer ses liens avec le monde arabe et la communauté internationale sur la base des intérêts stratégiques du Liban», martèle-t-il.

L’axe syro-iranien

Au sujet de l’axe syro-iranien, Michel Moawad estime que «le fait d’avoir lié le Liban à cet axe a abouti à son isolement quasi total, avec des répercussions énormes sur l’État et surtout sur l’ensemble des Libanais. On ne peut pas développer l’économie du Liban en l’isolant du monde. Le fait d’avoir imposé par les armes le positionnement du pays dans le champ de bataille de l’axe irano-syrien a donc été destructeur. Il faut donc sortir le Liban de la politique des axes. Ensuite, dans la même logique souverainiste et régalienne, nous avons des problèmes à régler avec la Syrie et l’Iran et nous devons le faire. Le fait de financer et d’armer une milice libanaise est contraire à notre Constitution. La relation entre le Liban et l’Iran doit se jouer entre États, pas entre un État et une milice».

En ce qui concerne la Syrie, le député ajoute qu’il existe une série de contentieux qu’il faut également résoudre, «comme les détenus libanais dans les geôles syriennes, les crimes de certains responsables syriens commis au Liban, la frontière terrestre à l’Est et maritime au Nord, les fermes de Chebaa, le dossier des réfugiés, le passage des camions vers le monde arabe, etc.»

Le conflit libano-israélien doit être mené par l’État

Sur un autre plan, la paix ou la normalisation avec Israël n’est plus un sujet tabou dans le monde arabe. Michel Moawad explique sa position sur ce sujet en ce qui concerne le Liban: «Je me limiterai à l’armistice de 1949 sur la base des délimitations claires des frontières qu’il faut régler après celles de la frontière maritime. Il ne faut plus que ce sujet soit utilisé comme un prétexte pour mener une guerre contre l’État et la souveraineté libanaise. Ensuite, la gestion du conflit libano-israélien doit être menée par l’État et non par une partie des Libanais ou par une milice libanaise.»

Pas de plan B

Pour finir, Michel Moawad revient sur les rumeurs d’un plan B dans l’hypothèse où sa candidature échouerait. Selon lui, «il n’y a qu’un plan A: faire arriver un candidat souverainiste, réformiste, à la tête de l’État pour le libérer de l’emprise de la milice et de la mafia. Soit on réussit dans ce plan A, soit on va se soumettre à la volonté d’une milice armée et d’une mafia corrompue, ce qui se traduira par encore plus d’appauvrissement du peuple libanais, encore plus de délitement des institutions de l’État, encore plus d’insécurité».

«Ma bataille n’est pas personnelle. C’est un combat politique que nous allons mener jusqu’au bout, parce que le sauvetage du Liban et de la population doit passer par la libération de l’État du cauchemar imposé au peuple libanais», conclut-il.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com