La pression monte pour un financement par l'UE de clôtures anti-migrants

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion extraordinaire du sommet des dirigeants de l'UE, dans le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 10 février 2023. (Photo de Kenzo Tribouillard / AFP)
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion extraordinaire du sommet des dirigeants de l'UE, dans le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 10 février 2023. (Photo de Kenzo Tribouillard / AFP)
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Publié le Vendredi 10 février 2023

La pression monte pour un financement par l'UE de clôtures anti-migrants

  • L'Autriche a été l'un des plus fervents avocats de cette option, réclamant que le budget européen serve à renforcer la clôture érigée par la Bulgarie à sa frontière avec la Turquie
  • Si un tel financement est jugé possible juridiquement par le président du Conseil européen Charles Michel, la Commission européenne a jusqu'à présent refusé que l'argent de l'UE aille à des «murs et barbelés»

BRUXELLES : L'UE doit-elle financer des clôtures à ses frontières extérieures pour lutter contre l'immigration irrégulière? Le débat a resurgi lors du sommet des Vingt-Sept à Bruxelles jeudi, et la pression d'une partie des Etats membres s'accentue en faveur d'une telle solution.

L'Autriche a été l'un des plus fervents avocats de cette option, réclamant que le budget européen serve à renforcer la clôture érigée par la Bulgarie à sa frontière avec la Turquie. En octobre 2021 déjà, douze pays avaient demandé que l'UE finance ce type de mur, pour répondre aux arrivées de migrants via le Bélarus.

A l'issue de la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement au petit matin vendredi, le chancelier autrichien Karl Nehammer a exprimé sa satisfaction.

«Nous avons l'engagement que tous les pays situés aux frontières extérieures seront pris en considération par la Commission lorsqu'il s'agira de protéger ces frontières extérieures», a estimé le responsable, se félicitant d'une «clarté sans précédent».

«Nous avons l'engagement clair de la Commission pour soutenir des projets pilotes tant en Bulgarie qu'en Roumanie», a-t-il ajouté.

Si un tel financement est jugé possible juridiquement par le président du Conseil européen Charles Michel, la Commission européenne a jusqu'à présent refusé que l'argent de l'UE aille à des «murs et barbelés».

L'exécutif communautaire permet toutefois que le budget européen serve à des équipements de surveillance accompagnant ces infrastructures, comme des caméras ou des détecteurs de mouvement.

Plusieurs pays, comme le Luxembourg, soulignent que les murs n'apportent «pas de solution». «On le voit entre les Etats-Unis et le Mexique», a commenté le Premier ministre Xavier Bettel. «J'ai déjà dit il y a deux ans que ce serait une honte de construire un mur en Europe avec des étoiles européennes dessus. Je pensais que l'Europe c'était la chute d'un mur, et non la construction de nouveaux», a-t-il lancé.

- «Europe forteresse» -

Le débat sur la migration est revenu en haut de l'agenda européen, avec la hausse des arrivées irrégulières et des demandes d'asile dans le bloc en 2022, qui a mis les capacités d'accueil de certains pays sous pression.

Dans leur déclaration finale, les Vingt-Sept appellent la Commission à «financer des mesures qui contribuent directement au contrôle des frontières extérieures de l'UE», et à «immédiatement mobiliser des fonds européens substantiels et des moyens pour aider les Etats membres à renforcer les capacités et les infrastructures de protection des frontières, les moyens de surveillance, notamment aérienne, et les équipements».

La formulation ne mentionne pas les clôtures explicitement, mais les pays favorables à leur prise en charge y voient une réponse à leurs aspirations.

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen a quant à elle évoqué vendredi le financement possible de «d'infrastructures mobiles et fixes, des voitures aux caméras, des tours de guet à la surveillance électronique».

Selon le groupe GUE/GNL (gauche radicale) au Parlement européen, fermement opposé aux murs, entre 2014 et 2022, la longueur totale des clôtures construites aux frontières extérieures de l'UE et au sein de l'UE et de l'espace Schengen est passée de 315 à plus de 2.000 km.

Désireux de faire baisser les arrivées et d'augmenter les renvois de migrants en situation irrégulière, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont par ailleurs affirmé leur volonté d'utiliser «tous les outils pertinents» pour amener les pays d'origine et de transit à reprendre leurs ressortissants. Notamment par des mesures restrictives en matière de délivrance de visas ou d'aide au développement.

Le chef de la diplomatie de l'UE, l'Espagnol Josep Borrell, a mis en garde contre une «Europe forteresse».

«Nous pouvons demander aux (pays) de reprendre les migrants irréguliers, mais nous devons offrir des voies de migration régulière. D'abord parce que l'Europe a besoin de migrants. Et deuxièmement parce que c'est une meilleure façon de traiter avec nos partenaires dans le monde», a-t-il déclaré.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.