L’Europe face à la crise énergétique: nouvelles stratégies et alternatives 

L'unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) "Neptune" est photographiée derrière un conteneur peint avec une carte montrant le gazoduc Nord Stream 2, qui devait livrer du gaz russe aux ménages européens, dans le parc industriel de Lubmin, au nord-est de l'Allemagne, avant la mise en service officielle du terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) "Deutsche Ostsee" à Lubmin, le 14 janvier 2023. (Photo de John MACDOUGALL / AFP)
L'unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) "Neptune" est photographiée derrière un conteneur peint avec une carte montrant le gazoduc Nord Stream 2, qui devait livrer du gaz russe aux ménages européens, dans le parc industriel de Lubmin, au nord-est de l'Allemagne, avant la mise en service officielle du terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) "Deutsche Ostsee" à Lubmin, le 14 janvier 2023. (Photo de John MACDOUGALL / AFP)
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Publié le Mardi 14 février 2023

L’Europe face à la crise énergétique: nouvelles stratégies et alternatives 

  • Les pays de l’UE, affectés encore par les symptômes post-Covid 19, se trouvent épuisés par la facture énergétique et la crainte de la pénurie
  • La dépendance énergétique européenne aux carburants en provenance de la Russie pèse toujours sur l’état général de l’économie et les finances de l’UE

PARIS: Avec la guerre d’Ukraine, l’Europe est confrontée à d'importants défis économiques: la crise énergétique et l'inflation élevée plombent le pouvoir d'achat et provoquent de mouvements sociaux et d’autres risques politiques. En effet, l’énergie est l’un des rares enjeux qui permettent de relier la géopolitique mondiale et européenne aux choix pratiques (se chauffer, se déplacer, produire..). Dans ce cas, les impératifs politiques se mêlent aux impératifs quotidiens.

Paysage énergétique européen

Lorsque la guerre d’Ukraine surprend l’Union européenne (UE), l’institution de Bruxelles manque cruellement d’une stratégie énergétique cohérente et valable dans un contexte marqué par le manque de ressources et les conséquences de la dépendance énergétique notamment par rapport à la Russie. De plus, les innovations imposées ou incitées par le changement et le dérèglement climatiques n’étaient pas encore suffisantes pour élargir le recours aux énergies renouvelables.

Les pays de l’UE, affectés encore par les symptômes post-Covid 19, se trouvent épuisés par la facture énergétique et la crainte de la pénurie. La dépendance énergétique européenne aux carburants en provenance de la Russie pèse toujours sur l’état général de l’économie et les finances de l’UE. De surcroît, les sanctions européennes décrétées contre le gaz russe et les produits raffinés russes ne contribuent pas nécessairement à améliorer la situation.

Il est utile de rappeler que dans ce secteur hautement stratégique, le marché européen de l’énergie représentait un talon d’Achille pour l’autonomie stratégique de l’Union. Trois ans avant le test ukrainien, les chiffres sont révélateurs: en 2019, l’UE dépendait, pour 60,6% de sa consommation d’énergie, de ses importations. Sur le long terme, la dépendance énergétique européenne a augmenté depuis 1990 (fin de la guerre froide). À l’époque, les importations d’énergie ne représentaient que 44% du total.

En 2020, la majeure partie de l'énergie disponible dans les États membres de l'UE provenait des importations (plus de 40% provenait de sources renouvelables, tandis qu'un tiers environ provenait de centrales nucléaires).

La Russie est le principal fournisseur de combustibles fossiles de l'UE. Plus de la moitié des combustibles fossiles solides importés en 2020 (principalement du charbon) provenaient de Russie, de même que 43% du gaz naturel importé. À la même époque, un dixième de la production saoudienne en brut allait vers le marché européen. De même , la part de ressources en hydrocarbures fournies à l’Europe en provenance de l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes du Golfe était modeste pour le gaz (le Qatar fournissait 4,3% des besoins européens), ou moyenne pour les produits pétroliers et le brut.

Alternatives aux importations russes

Pour faire face au bouleversement provoqué par l’événement ukrainien, en mars 2022, les dirigeants de l'UE sont convenus de se défaire progressivement de la dépendance de l'UE aux combustibles fossiles russes, compte tenu des préoccupations concernant la sécurité de l'approvisionnement énergétique.

Le plan de la commission européenne visait à répondre à la hausse des prix de l'énergie, en diversifiant notamment l'approvisionnement en gaz, avec d’autres mesures pour atteindre l’objectif de réduire la demande de l'UE en gaz russe de deux tiers avant la fin de 2022.

La recherche d’alternatives au gaz russe constituait une priorité vu le degré de dépendance de certains pays comme l’Allemagne et la Hongrie. À la place du gazoduc Nord Stream, assurant du gaz russe bon marché, la chasse aux solutions alternatives fut lancée: de nouveaux gazoducs furent adoptés et plus de recours aux fournisseurs du gaz liquéfié (notamment les États-Unis, le Qatar, l’Algérie et le Nigéria) et de hubs régionaux se forment en Italie et autres pays.

En observant le plan de la Commission européenne pour compenser le gaz russe, on constate qu'il dépendra de trois axes principaux, dont le premier est le «corridor gazier sud», qui passe par l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Grèce, la Bulgarie, l'Albanie et la mer Adriatique, et sera acheminé vers l'Italie, et les pays d'Europe de l'Est seront les premiers bénéficiaires de ce pipeline. La deuxième option consiste à s'appuyer sur la mer Méditerranée comme plate-forme d'acheminement du gaz vers l'Europe, à partir de l'Algérie, de la Libye , de l'Égypte et de Chypre, pour fournir du gaz soit par des gazoducs, soit par l'importation de gaz liquéfié gaz naturel. La troisième option est l'importation et le stockage de gaz naturel liquéfié, et on identifie trois sources principales: États-Unis, Qatar et Afrique de l'Est.

Quant au pétrole russe, il couvrait un cinquième des besoins de l’Europe en pétrole, selon un rapport de S&P Global Platts. Pratiquement, le Moyen-Orient, l'Afrique de l'Ouest et de l'Amérique devraient comblent le vide en Europe causé par le manque d'approvisionnement russe. Parmi les sources principales figurent les exportations du pétrole saoudien vers l'Europe qui ont atteint leur plus haut niveau en deux ans à 777 000 barils par jour en août 2022 (le niveau le plus élevé depuis 2019).

Au début de février 2023, lors de la visite de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna à Riyad, la France et l’Arabie saoudite ont signé un protocole d'accord de coopération dans le secteur de l'énergie: développement pacifique de l'énergie atomique et des opportunités futures dans les énergies renouvelables, l'hydrogène propre et l'interconnexion électrique, ainsi que dans l'efficacité énergétique, du stockage de l'énergie, des réseaux intelligents, du pétrole et du gaz et leurs dérivés, du raffinage, de la pétrochimie et du secteur de la distribution et de la commercialisation.

Quant aux alternatives de produits raffinés russes, quatre grands pays, dont trois du Golfe (Arabie saoudite, Émirats et Koweït), et un pays africain (Algérie) vont assurer en grande partie le relais de produits russes.
Déjà, en septembre 2022, les importations européennes de diesel en provenance de la région du Moyen-Orient ont augmenté, enregistrant leur plus haut niveau en trois ans (quatre mois avant l’entrée en vigueur de l’embargo européen).

 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.