Aux antipodes: Poutine et Zelensky, face-à-face guerrier de deux opposés

L'un est un ancien du KGB accroché au pouvoir depuis plus de 20 ans, honni d'une bonne partie du monde, l'autre un ex-comédien devenu chef de guerre et adulé en Occident. (AFP)
L'un est un ancien du KGB accroché au pouvoir depuis plus de 20 ans, honni d'une bonne partie du monde, l'autre un ex-comédien devenu chef de guerre et adulé en Occident. (AFP)
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Publié le Mercredi 15 février 2023

Aux antipodes: Poutine et Zelensky, face-à-face guerrier de deux opposés

  • Tous deux sont nés dans un même pays: l'URSS. Mais leurs 25 ans de différence d'âge marquent la rupture entre deux approches du monde
  • Depuis l'entrée des troupes russes en Ukraine le 24 février 2022, cette opposition de principe est devenue celle des armes, dans un combat aux allures de David contre Goliath

VARSOVIE: L'un est un ancien du KGB accroché au pouvoir depuis plus de 20 ans, honni d'une bonne partie du monde, l'autre un ex-comédien devenu chef de guerre et adulé en Occident.

Entre Vladimir Poutine, 70 ans, et Volodymyr Zelensky, 45 ans, le choc des armées est aussi celui de deux figures contraires.

"Il est évident qu'il s'agit de deux types de dirigeants fondamentalement différents. L'un moderne, jeune, informel, axé sur le développement. L'autre fermé, archaïque, autoritaire avec des complexes et des idées folles", assène auprès de l'AFP le politologue russe Andreï Kolesnikov du centre Carnegie.

Tous deux sont nés dans un même pays: l'URSS. Mais leurs 25 ans de différence d'âge marquent la rupture entre deux approches du monde. Pour M. Poutine, une quête de puissance teintée d'un revanchisme nostalgique. Pour M. Zelensky, l'ouverture à l'Occident et la modernité.

Depuis l'entrée des troupes russes en Ukraine le 24 février 2022, cette opposition de principe est devenue celle des armes, dans un combat aux allures de David contre Goliath.

Investi en 2019, M. Zelensky -- un ancien comédien -- n'avait d'autre expérience politique que ses prises de parole sur les réseaux sociaux. Une habitude qui l'a suivi en temps de guerre avec des discours vidéo bien rodés diffusés chaque soir, dans lesquels il donne espoir aux Ukrainiens et promet la victoire.

Les traits tirés par une année de combats, les yeux cernés, presque toujours vêtu d'un t-shirt kaki, le président ukrainien a été transformé par le conflit, se forgeant une aura nationale et internationale.

Et il n'hésite guère à régulièrement encourager le moral des troupes sur le front, comme en décembre 2022 à Bakhmout, l'épicentre des combats dans l'Est.

Les leçons de la guerre en Ukraine pour tout futur conflit

Avec ses chars de l'époque soviétique et ses tranchées, la guerre en Ukraine ressemble parfois à un vestige du passé. Mais elle apporte aussi, selon des experts, son lot d'enseignements pour tout futur conflit, du Moyen-Orient à Taïwan.

Nécessité de maintenir des niveaux importants de stocks en armements, guerre high-tech et recours aux outils de l'intelligence artificielle (IA): en voici un aperçu.

L'intelligence artificielle 

Sur le champ de bataille, repérer des cibles et pouvoir les frapper rapidement est crucial.

La nouveauté, c'est le "sensor fusion" (ou "fusion de capteurs") qui permet, en combinant différentes sources, de se faire une image précise du terrain, relève Stephen Biddle, expert des questions de défense à l'université Columbia.

En Ukraine, l'entreprise américaine Palantir a fourni à Kiev ses outils d'intelligence artificielle permettant de trier des gigaoctets de données et d'aider le commandement à connaître, en temps réel, les mouvements de troupes russes, leurs positions et les cibles potentielles.

Le dirigeant de Palantir, Alex Karp, assure que ces "armes de guerre" d'un nouveau type donnent à ses utilisateurs un avantage tactique crucial sur leurs adversaires.

Des armes autonomes 

La guerre des drones a vu le jour en Ukraine. Russes et Ukrainiens sont, à présent, globalement dotés des mêmes capacités en la matière, et les armées du monde entier s'activent pour s'équiper.

La prochaine étape: des drones autonomes nouvelle génération, programmés pour attaquer sans intervention humaine.

Ces "robots tueurs" laissent craindre l'absence de supervision des militaires ou des responsables politiques.

Les Ukrainiens disposent déjà de drones de fabrication américaine Switchblade dotés d'une capacité de "reconnaissance d'objet" leur permettant de choisir les cibles.

Des responsables ukrainiens assurent, par ailleurs, travailler sur leurs propres drones totalement autonomes.

L'open source 

Avec la guerre en Ukraine, la récupération d'informations disponibles sur internet ou renseignement open-source (OSINT en anglais) est devenue cruciale.

Chacun peut scruter les groupes Telegram, photos satellites, cartographies, groupes de discussion en ligne et autres vidéos TikTok pour glaner des informations allant de la géolocalisation de cibles potentielles aux coulisses des décisions politiques.

De très nombreux soldats russes ont payé de leur vie l'usage de leur téléphone portable en Ukraine.

Candace Rondeaux, du centre d'études New America, rappelle que l'open source foisonnait dès avant la guerre d'informations liées aux préparatifs de l'invasion russe de l'Ukraine, lancée le 24 février.

"Je ne sais pas si les Etats-Unis et leurs alliés en ont vraiment pris la mesure (...). Une partie du travail, c'est littéralement d'aller sur les plateformes de réseaux sociaux", dit-elle.

La défense aérienne 

Etant donné tout l'argent investi dans les avions furtifs ou bombardiers, le rôle relativement limité de l'aviation dans le conflit en Ukraine a surpris plus d'un observateur.

La raison tient à la défense aérienne, à savoir la capacité de tirer des missiles sol-air et ainsi maîtriser l'espace aérien.

Ce n'est pas nouveau, souligne Stephen Biddle: "Il est très difficile de réussir une offensive face à une défense bien préparée."

Ce qu'a démontré l'Ukraine, c'est que les pays ont besoin de batteries de défense aérienne en quantité. Un défi de taille lorsqu'on sait qu'une batterie Patriot coûte plus d'un milliard de dollars.

Des armes, encore des armes 

L'un des principaux enseignements de cette guerre est le rôle fondamental que jouent les stocks d'armes et de munitions. Le conflit en a consommé en quantité, ce qui nécessite d'avoir des stocks, beaucoup de stocks, et d'assurer le ravitaillement.

Or, l'Ukraine manque de tout, des munitions les plus simples aux plus sophistiquées. Ce qui explique l'effort considérable des alliés pour répondre à la demande.

Pour Becca Wasser, du Center for a New American Security, évoquant une récente simulation d'une invasion chinoise de Taïwan, le ravitaillement dans ce cas, en particulier en missiles de précision, poserait un "défi colossal".

Comme pour l'Ukraine, dit-elle, "nous ne pouvons pas simplement supposer qu'un conflit entre les Etats-Unis et la Chine autour de Taïwan serait rapide".

Pour Candace Rondeaux, les Etats-Unis doivent partager leurs technologies et aider leurs alliés de l'Otan à produire des armements de façon coordonnée.

Décentralisation 

Selon Stephen Biddle, le fait que le commandement ukrainien soit décentralisé s'est révélé être efficace face aux Russes sur le terrain.

"Cela fait longtemps qu'un commandement rigide et centralisé à la russe est une mauvaise idée", relève-t-il.

Or, nombre de pays de l'Otan sont aussi toujours très centralisés, situation "très difficile à modifier".

Des leçons pour Taïwan 

Becca Wasser relève que l'Ukraine n'a commencé à moderniser son armée qu'après l'humiliation de la prise rapide de la Crimée par les Russes en 2014.

L'armée taïwanaise devrait en faire de même dès maintenant, estime-t-elle.

Autre élément crucial: citant l'exemple de l'Ukraine, Stephen Biddle estime que "la motivation pour aller combattre est un facteur essentiel".

"La question de savoir si les militaires taïwanais seraient aussi motivés que l'ont été les Ukrainiens sera très importante", conclut-il.

«Il n'est personne»

Pour le politologue ukrainien Anatoli Oktysiouk, le maître du Kremlin avait totalement méjugé son homologue.

"Poutine le traitait comme un clown, un comique, un bouffon. L'invasion (...) est le résultat d'avoir sous-estimé Zelensky, de son arrogance, de son manque de respect", dit-il.

Loin du terrain contrairement à son adversaire, Vladimir Poutine a acquis l'image d'un reclus, restant essentiellement au Kremlin pour d'interminables visioconférences télévisées avec des ministres et des hauts fonctionnaires, accusant l'Ukraine de nazisme ou menaçant l'Occident.

Car le président russe évite la plupart des engagements publics.

Jamais n'a-t-il approché la zone de guerre, ni même participé à un enterrement de soldat, contrastant avec l'image d'homme fort et de dur-à-cuire qu'il avait cultivée durant des années, entre démonstration de judo et chevauchées torse nu dans la taïga.

L'incompréhension mutuelle entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine s'est, elle, muée en haine.

"Pour moi, il n'est personne", lançait fin janvier M. Zelensky à propos de son homologue.

En marge du forum économique de Davos, il a même évoqué la possibilité que M. Poutine soit mort, sous-entendant qu'un sosie a pu être installé à sa place.

"Je n'arrive pas à déterminer s'il est vraiment vivant, si c'est lui qui prend les décisions ou quelqu'un d'autre", a lâché M. Zelensky, vêtu d'un pull à capuche barré des mots "I'm Ukrainian".

Vladimir Poutine n'est pas en reste, traitant M. Zelensky et son équipe de "clique de drogués et de néonazis" orchestrant un "génocide" de la population russophone d'Ukraine.

"Poutine ne considère pas Zelensky comme le type d'homme politique avec lequel il est prêt à parler ou à négocier. Pour lui, Zelensky est un étranger, ils sont incompatibles", souligne Andreï Kolesnikov.

Un rencontre en 2019 

L'ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett a assuré début février avoir reçu l'assurance de M. Poutine, dans les premiers jours de la guerre, qu'il ne tuerait pas son homologue ukrainien.

Avant l'invasion, les deux présidents s'étaient rencontrés en 2019 pour une médiation de paix pour l'Est de l'Ukraine, où les forces de Kiev combattaient des séparatistes prorusses contrôlés par Moscou.

Lors de cette rencontre à Paris, le président ukrainien fraîchement élu apparaissait en retrait face à son homologue, bien plus expérimenté, aux antipodes de la détermination affichée par M. Zelensky aujourd'hui.

Lors d'un moment qui a fait jaser, M. Poutine, assis à la table des négociations, avait enjoint à son homologue ukrainien de se tourner vers les caméras, ce dernier s'exécutant immédiatement, tout sourire.

A Moscou, c'est une autre apparition de M. Zelensky qui est restée dans les mémoires. Celle de son numéro lors d'une émission du Nouvel an 2013 à la télévision russe.

En costume et noeud papillon, Volodymyr Zelensky, alors comédien, y chante, danse et enchaîne les blagues sous les rires et applaudissements du gratin culturel et médiatique russe, celui-là même qui l'insulte aujourd'hui. Une autre époque.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".