L’imam Tareq Oubrou: "Il faut informer les musulmans sur l'essence de leur religion"

«En tant que Français, je ne peux que défendre la France et ses intérêts» (Photo, AFP)
«En tant que Français, je ne peux que défendre la France et ses intérêts» (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

L’imam Tareq Oubrou: "Il faut informer les musulmans sur l'essence de leur religion"

  • «Hier c’était un enseignant, puis ça a été des catholiques, et demain peut-être ce sera un imam ou une mosquée…»
  • «Il faut informer les musulmans qui souvent ignorent leur religion, et il faut également expliquer aux non-musulmans que l’islamisme est un phénomène très complexe et que tout musulman n’est pas un terroriste»

PARIS: Tareq Oubrou est théologien et imam de Bordeaux. Il est connu pour son esprit d’ouverture et la souplesse de son approche vis-à-vis des problèmes liés à l’islam en France. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages dont Appel à la réconciliation! et La Féministe et l’Imam, coécrit avec Marie-Françoise Colombani.

Quelle lecture faites-vous des attentats sanglants du mois d’octobre et notamment de celui qui a visé la cathédrale de Nice?

C’est une nouvelle étape dans ce terrorisme qui n’a aucune doctrine, aucune loi et aucune foi. C’est un terrorisme individuel commis par des personnes qui basculent. Le moment très tendu marqué par un discours de victimisation et de tension que nous traversons fait qu’un certain nombre de jeunes musulmans passent de la haine à la vengeance et à l’action. C’est une forme de terrorisme qui n’est ni structuré ni organisé. Il est chaotique et redoutable par son effet psychologique parce qu’il est imprévisible et demande peu de moyens. Il peut frapper n’importe qui n’importe quand sans avoir de cibles précises. Il tue des innocents et on ignore tout de sa revendication.

Comment les musulmans de Bordeaux ont-ils vécu ces attentats?

Comme le reste des musulmans, ils sont consternés car personne n’est à l’abri de ce genre de terrorisme. Nous-même, notre mosquée est protégée parce que hier c’était un enseignant, puis ça a été des catholiques, et demain peut-être ce sera un imam ou une mosquée…

C’est un terrorisme qui sévit avant tout dans le monde musulman, et ce sont les musulmans qui en sont les principales victimes, car ce terrorisme vise à provoquer une implosion de l’islam.

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L’objectif des terroristes est de semer la division entre les musulmans et la société, et entre les musulmans et les catholiques, le catholicisme étant la première religion de France (Photo, AFP)

Les réactions à l’attentat de Nice ont été d’une grande violence et évoquaient l’entrée en guerre de la France, cela vous inquiète-t-il?

Ce sont de simples paroles, car l’islamisme qu’on veut combattre est un fantôme. Contre qui et contre quoi va-t-on déclarer la guerre? Combattre ce type de phénomène est très complexe parce qu’il ne s’agit pas d’un ennemi extérieur, mais de quelque chose qui fait irruption à l’intérieur de la société française par le biais de personnes qui ont basculé pour, entre autres, des raisons psychiatriques, idéologiques… les raisons sont multiples. On a cherché à établir un profil standard de ces terroristes, mais cela s’est avéré impossible. Ce que l’on sait de ces gens-là, c’est qu’ils ont raté leur vie et qu’ils ont des problèmes. Mais souvent les gens font de la surenchère politicienne sur ces questions et oublient qu’on a laissé faire pendant très longtemps, qu’on a fermé les yeux sur une immigration sans limite et sans sélection… Les politiques doivent assumer leur part de responsabilité car pendant trente ans on a laissé les choses évoluer de manière anarchique.

Comprenez-vous le fait que des Français non musulmans se sentent visés dans leur mode de vie, leurs valeurs et leur identité?

Mais bien évidement… Du jour au lendemain, la société française découvre une présence massive de musulmans non seulement avec une religion mais aussi avec des cultures et des conditions sociales auxquelles s’ajoute de la délinquance qui se rabat sur l’islam. Parce que, du jour au lendemain, ce délinquant peut devenir un salafiste et passer à l’acte. C’est bien sûr inquiétant à juste titre, mais, toutefois, il ne faut pas succomber à la panique.

Il faut armer nos concitoyens mentalement pour qu’ils résistent à cette tendance d’autant plus que l’objectif des terroristes est de semer la division entre les musulmans et la société, et entre les musulmans et les catholiques, le catholicisme étant la première religion de France. Il faut donc faire attention et traiter les choses en profondeur loin de toute panique sur la base d’un programme commun et sur le long terme, étant donné que car ce n’est pas un objectif qu’on peut atteindre du jour au lendemain.

Que faites-vous à votre niveau pour, d’une part, combattre la radicalisation et, d’autre part, pour combattre l’amalgame entre islam et terrorisme?

Le combat est surtout intellectuel. Il faut informer les gens, car l’information est un pouvoir, et celui qui la possède a lui aussi un pouvoir. Alors il faut informer les musulmans sur l’essence même de leur religion, et j’ai d’ailleurs consacré plusieurs prêches sur la théologie de la liberté de croire ou pas en m’appuyant sur des textes du Coran et des hadiths.

Il faut donc informer les musulmans qui souvent ignorent leur religion, et il faut également expliquer aux non-musulmans que l’islamisme est un phénomène très complexe et que tout musulman n’est pas un terroriste. Il est nécessaire de leur dire qu’il faut être un théologien pour savoir quelle est la part de l’islam et quelle est la part de l’islamisme, et à quel moment une théologie devient une idéologie. Cette explication est d’une grande importance pour éviter que l’on combatte l’islam sous prétexte de combattre l’islamisme.

Pensez-vous que cette approche pédagogique peut encore avoir de l’efficacité, et qu’il n’est pas trop tard, car nous sommes face à une rupture grave ?

Non, je ne crois pas. L’espérance me guide dans mon action, et je pense qu’il ne faut pas céder à ces interprétations. À force de dire qu’on va vers une guerre civile, c’est comme si on était en train de la préparer. Non, il ne faut pas succomber à cela, sachant que le risque de guerre est là, et rien ne nous dit, par exemple, qu’il n’y aura pas demain une guerre entre les États Unis et la Chine.

Vous savez, nous sommes dans un monde ouvert à tous les risques. Il ne faut pas dramatiser, il faut affronter les problèmes avec sérénité et intelligence.

Que pensez-vous des manifestations hostiles à la France et des appels au boycott des produits français?

En tant que Français, je ne peux que défendre la France et ses intérêts. C’est normal, je suis un citoyen, et le fait d’appartenir à la communauté musulmane mondiale ne veut pas dire que cette appartenance doit être au détriment de mon appartenance à la société française. Je ne suis pas une «cinquième colonne» en France, la communauté musulmane est loyale à la République, et les intérêts de la République sont les intérêts des musulmans.

Il y a un grand malentendu, car le monde musulman qui pense que les caricatures sont la volonté du gouvernement ne connaissent pas la liberté d’expression ni la séparation des pouvoirs. Ils ne savent pas que le pouvoir médiatique n’est pas aux ordres du pouvoir politique et que les gens sont libres. Ils considèrent que, puisque Emmanuel Macron défend la liberté d’expression, il défend les caricatures du prophète. Il n’y a aucune raison de recourir à la violence quand on peut répondre à l’offense par l’intelligence.

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Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.


Macron aux Emirats pour fêter Noël avec les forces françaises

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est en visite aux Émirats arabes unis pour célébrer Noël avec les 900 soldats français déployés et renforcer le partenariat stratégique, notamment en matière de défense et de sécurité

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a entamé dimanche matin une visite aux Emirats arabes unis pour célébrer Noël avec les forces françaises qui y sont déployées et vanter son partenariat avec ce pays du Golfe, dont Paris espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.

Le président français, accompagné notamment de sa ministre des Armées Catherine Vautrin, est arrivé en fin de matinée (en heure locale) à Abou Dhabi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il doit tout d'abord visiter le musée national Zayed. Puis il aura un entretien avec le président émirati, Sheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, afin d'évoquer "le renforcement du partenariat stratégique" entre leurs pays, selon la présidence française, qui souligne leur coopération "en matière de sécurité et de défense".

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Le président français Emmanuel Macron (à gauche) marche aux côtés du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une visite au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)

La France travaille avec les Emirats sur le plan militaire, plus de 900 soldats français y étant déployés sur trois bases.

C'est devant eux qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer dimanche après-midi, avant de partager un dîner de Noël préparé par les chefs cuisiniers de l'Elysée.

Selon la tradition, le président français célèbre les fêtes de fin d'année auprès des troupes déployées à l'étranger. Les Emirats ont été choisis cette fois car "la région cristallise un ensemble de crises", a précisé la présidence française cette semaine.

- "Guerre" du narco -

La France coopère avec les Emirats sur un éventail de domaines allant de l'intelligence artificielle à la culture, en passant bien sûr par le commerce. Le pays pétrolier est son premier client en termes d'exportations au Proche et Moyen Orient, selon l'Elysée.

Paris veut désormais s'assurer de l'appui des Emirats dans la "guerre" déclarée par le gouvernement français au narcotrafic.

D'importants narcotrafiquants originaires de France s'y seraient installés, notamment à Dubaï, et se sont parfois constitué des patrimoines immobiliers imposants.

Le sujet est omniprésent en France depuis l'assassinat en novembre de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu en plein jour à Marseille.

Mardi, à Marseille, Emmanuel Macron a dit vouloir rechercher la coopération des pays où se trouvent certaines "têtes de réseau", afin de "pouvoir saisir leurs biens" et obtenir leur arrestation.

Son ministre de la Justice Gérald Darmanin a déjà réclamé en novembre aux Emirats arabes unis l'extradition d'une quinzaine de narcotrafiquants présumés recherchés par la France.

- Houthis -

Certains des soldats français déployés aux Emirats contribuent à la lutte contre le narcotrafic.

Sur l'imposante frégate "La Provence", des militaires de la marine tentent de repérer et d'intercepter des bateaux transportant de la drogue.

Ils se trouvent à proximité de l'océan Indien, une route importante. Les trafiquants passent souvent par le golfe d'Aden, vers la Somalie ou le Yémen, ou alors vers l'Afrique de l'Ouest.

En 2025, "plus d'une vingtaine de tonnes de drogue" ont déjà été saisies par la marine française dans la zone de l'Océan Indien, soit une valeur marchande pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d'euros, selon le commandant de frégate Pascal Forissier.

Autant de stupéfiants sortis du marché. Mais, reconnaît le militaire, les saisies ne représentent "qu'une petite partie" de toute la drogue en circulation.

Le narcotrafic ne constitue qu'une facette de leurs responsabilités. La France participe à l'opération Aspides, qui protège les bateaux contre les frappes des Houthis en mer rouge.

En plus de cela, les soldats français aux Emirats sont engagés dans l'opération Chammal, au sein de la coalition contre le groupe Etat islamique.

D'après la présidence française, la présence des troupes aux Emirats illustre la volonté de la France de conserver une capacité "d'action autonome dans un contexte international tendu".

Lundi, Emmanuel Macron devrait être aux premières loges pour observer les moyens militaires français dans la zone au cours d'une démonstration organisée pour conclure sa visite.


Lancés vers 2027, Bardella et Mélenchon préparent leur lutte finale

Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
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  • À un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà le récit d’un duel annoncé entre l’extrême droite et la gauche radicale
  • Tandis que le RN estime qu’un face-à-face avec Mélenchon faciliterait la victoire de Bardella, les Insoumis jugent au contraire le président du RN plus fragile que Marine Le Pen

PARIS: Quatre décennies les séparent. Vingt points dans les sondages, aussi. Favoris de leurs camps respectifs à un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà à distance le récit de leur affrontement final.

Pour provoquer un duel, il faut désigner l'adversaire. Jordan Bardella a choisi le sien et ne manque pas une occasion ces derniers mois de cibler un Jean-Luc Mélenchon qui "met de l'huile sur le feu" et "veut l'implosion du pays", incarnation d'une "menace qui pèse sur nos valeurs".

Du haut de ses 30 ans, le jeune président du Rassemblement national cherche aussi à discréditer son aîné, âgé de 74 ans, en l'accusant systématiquement de "s'être allié" à Emmanuel Macron aux dernières législatives. L'épouvantail insoumis, "main dans la main" avec le président repoussoir "pour m'empêcher de devenir Premier ministre", se lamente presque le remplaçant désigné de Marine Le Pen - en cas d'inéligibilité confirmée en appel.

Un acharnement justifié par ce constat: "Il est à gauche celui qui a la possibilité d'emmener son camp au second tour de l'élection présidentielle". Le parti à la flamme étant, dans tous les pronostics, déjà qualifié pour la finale, inutile donc de s'épuiser contre des outsiders.

"À part Marine et Jordan, y a rien d'autre", résume un eurodéputé RN, qui reconnait quelques qualités au tribun de la gauche radicale: "Il sait s'exprimer, il a du talent", et surtout "il a un socle d'adhésion en dessous duquel il ne peut pas descendre".

La question n'est donc "pas de savoir s'il est le meilleur", de toute façon "c'est lui qui sera au second tour", ajoute ce cadre du mouvement d'extrême droite, pour qui ce scénario "rend plus simple l'élection". Chacun ayant en tête le récent sondage prédisant une victoire écrasante (74% contre 26%) de M. Bardella dans un second tour face à M. Mélenchon.

Un proche de Mme Le Pen faisait la même analyse au début de l'automne: "Pour gagner, il vaut mieux être contre un Mélenchon" jugé "très clivant", même si "une partie des gens votera moins pour nous que contre lui".

- "Bardella, c'est plus simple" -

Du côté des Insoumis, cela fait plus de 10 ans, avant même la création de LFI, que Jean-Luc Mélenchon prophétise: "à la fin ça se terminera entre eux et nous". Comprendre l'extrême droite et la gauche radicale.

Et ils sont persuadés que cette fois, leur fondateur pourrait accéder au second tour après trois échecs - à chaque fois derrière Marine Le Pen. Et que Jordan Bardella, en raison de son manque d'expérience et son profil plus libéral que la patronne du RN, ferait un meilleur adversaire que cette dernière.

"Bardella, c'est plus simple que Marine Le Pen au second tour. Il apprend par coeur mais il ne réfléchit pas par lui-même. Il peut s'effondrer pendant la campagne, comme lors des législatives l'année dernière", assure le coordinateur de LFI Manuel Bompard, alors que le mouvement mélenchoniste a acté que l'option Bardella était "la plus probable" pour le parti d'extrême droite en 2027.

Et suit de près son activité à Bruxelles.

"Sur cette dernière année, Bardella a déposé beaucoup plus d'amendements que lors tout son mandat précédent. Et il donne beaucoup plus de conférences de presse. Il fait ça pour la présidentielle, c'est évident", assure la cadre insoumise Manon Aubry, élue au Parlement européen depuis 2019 comme le président du RN.

"À LFI, je suis un peu l'anti-Bardella, je surveille de près ce qu'il fait au Parlement européen où il profite de la moindre médiatisation pour voter contre les droits des femmes ou les droits des LGBT", ajoute-t-elle, en précisant: "Il y aura de quoi avoir beaucoup de munitions pour Jean-Luc Mélenchon pour un éventuel débat d'entre-deux tours, s'ils sont tous les deux candidats".

Les Insoumis restent persuadés que la "magie du second tour" pourrait opérer, malgré les sondages très défavorables et à la faveur de la dynamique de campagne, pour qu'un "front républicain anti-RN" puisse se mettre en place.

Et tant pis si des responsables macronistes, comme Elisabeth Borne, refusent publiquement de choisir entre les deux. "Je suis incapable de voter pour Jean-Luc Mélenchon", a déclaré l'ancienne Première ministre, pourtant connue pour son engagement contre l'extrême droite.