Pas l'heure du «  dialogue» : Paris et Berlin pour intensifier le soutien à l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron (L), le président polonais Andrzej Duda (C) et le chancelier allemand Olaf Scholz (R) font une déclaration après leur rencontre lors de la Conférence de Munich sur la sécurité (MSC) à Munich, dans le sud de l'Allemagne, le 17 février 2023. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron (L), le président polonais Andrzej Duda (C) et le chancelier allemand Olaf Scholz (R) font une déclaration après leur rencontre lors de la Conférence de Munich sur la sécurité (MSC) à Munich, dans le sud de l'Allemagne, le 17 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 18 février 2023

Pas l'heure du «  dialogue» : Paris et Berlin pour intensifier le soutien à l'Ukraine

  • Devant la Conférence pour la sécurité à Munich, le président français a annoncé une « conférence sur la défense aérienne de l'Europe» à Paris réunissant notamment l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne
  • Le futur « Bouclier du ciel européen» allemand a séduit 14 pays de l'Otan, dont le Royaume-Uni, les pays baltes ou encore la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande et la Norvège

MUNICH: Paris et Berlin se sont prononcés vendredi pour une intensification du soutien militaire ardemment réclamé par l'Ukraine afin de pouvoir repousser l'invasion russe, Emmanuel Macron constatant que l'heure n'était "pas au dialogue" à l'occasion de la conférence de Munich sur la sécurité.

Après presque un an de guerre et des dizaines de milliers de victimes dans les deux camps, aucun signe d'apaisement n'est discernable sur le front des combats.

Vendredi, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé que ses hommes avaient pris la localité ukrainienne de Paraskoviïvka, une bourgade qui jouxte au nord Bakhmout, théâtre de la plus longue bataille dans la région orientale du Donbass depuis un an.

"Nous devons absolument intensifier notre soutien et notre effort pour aider à la résistance du peuple et de l'armée ukrainienne et leur permettre de mener la contre-offensive qui seule permettra des négociations crédibles aux conditions choisies par l'Ukraine", a plaidé le chef de l'Etat français Emmanuel Macron.

"Aujourd'hui, très clairement, l'heure n'est pas au dialogue", a reconnu celui qui a longtemps tenté de conserver des canaux de discussion avec le président Vladimir Poutine, s'attirant parfois de vives critiques de pays européens, Ukraine en tête.

Et à un moment où l'Otan redoute une prochaine vaste offensive russe, le chancelier Olaf Scholz a appelé les pays occidentaux pouvant livrer des chars d'assaut à Kiev à "le faire vraiment", un ton inhabituellement critique de sa part.

Après avoir été pressé de toutes parts de livrer des Leopard 2, de fabrication allemande, il a donné fin janvier son feu vert à des livraisons de chars d'assaut par l'Allemagne mais aussi d'autres pays européens.

Les pourparlers ultérieurs avec les partenaires de l'Otan n'ont toutefois pas permis à l'heure actuelle de réunir les effectifs nécessaires à la constitution d'un bataillon complet, soit une trentaine de chars 2A6, les plus modernes.

«De la vitesse»

Le président français et le chancelier allemand ont répété qu'ils soutiendraient les Ukrainiens avec les nations alliées "aussi longtemps que nécessaire", l'Alliance atlantique craignant une longue guerre d'usure.

Intervenant avant eux via une liaison vidéo, Volodymyr Zelensky avait exhorté à "accélérer" le soutien militaire à son pays.

"Nous avons besoin de vitesse. Vitesse pour conclure nos accords, vitesse des livraisons pour renforcer notre combat, vitesse des décisions pour limiter le potentiel russe. Il n'y a pas d'autre solution que la vitesse car c'est d'elle que dépend la vie", a-t-il martelé.

Dans ce contexte, "il n'y a pas d'autre solution que la victoire de l'Ukraine. Pas d'autre solution que l'Ukraine dans l'Union européenne. Pas d'autre solution que l'Ukraine dans l'Otan", a lancé le chef de l'Etat ukrainien, prévenant que Vladimir Poutine pourrait poursuivre son offensive vers d'autres Etats de l'ex-bloc soviétique.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a d'ailleurs réitéré le soutien de son pays à une adhésion rapide de l'Ukraine à l'Alliance atlantique et à l'UE.

"Le plus tôt sera le mieux" si "nous ne voulons pas que l'Ukraine devienne une zone de conflit tampon" entre la Fédération de Russie et l'Union européenne, a-t-il averti.

Nouvelles sanctions

Les pays occidentaux soutiennent l'Ukraine en lui envoyant des armes et par des sanctions économiques contre de la Russie.

A cet égard, Washington et ses alliés préparent l'adoption d'"un nouveau gros paquet de sanctions" "autour du 24 février”, la date du premier anniversaire du début de l'offensive russe en Ukraine, a déclaré jeudi Victoria Nuland, la secrétaire d'Etat adjointe américaine aux affaires politiques.

Les ministres des Affaires étrangères des Etats du G7 doivent pour leur part se réunir samedi en marge de la Conférence sur la sécurité.

Les alliés ont déjà imposé des sanctions drastiques à la Russie depuis qu'elle a déclenché son assaut contre l'Ukraine, frappant au plus haut niveau de l'Etat russe, ainsi que son industrie, ses banques et le secteur pétrolier.

Plus de 150 représentants gouvernementaux sont attendus pendant trois jours à cette conférence consacrée aux questions de sécurité internationale qui se déroule chaque année à Munich.

Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, la vice-présidente américaine Kamala Harris, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken ainsi que le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, qui quittera ses fonctions à l'automne, seront aussi présents.

Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, qu'a exacerbées le survol du sol américain par un ballon chinois, devraient notamment être abordées samedi.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».