Une professeure poignardée par un élève au Pays basque, enquête ouverte pour assassinat

Une photo montre des fleurs déposées à l'entrée du collège Saint-Thomas d'Aquin, où une enseignante est décédée après avoir été poignardée par un élève, à Saint-Jean-de-Luz, dans le sud-ouest de la France, le 22 février 2023 (Photo, AFP)
Une photo montre des fleurs déposées à l'entrée du collège Saint-Thomas d'Aquin, où une enseignante est décédée après avoir été poignardée par un élève, à Saint-Jean-de-Luz, dans le sud-ouest de la France, le 22 février 2023 (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 22 février 2023

Une professeure poignardée par un élève au Pays basque, enquête ouverte pour assassinat

  • «La Nation est à vos côtés», a réagi le président Emmanuel Macron sur Twitter, faisant part de son «intense émotion»
  • L'enseignante, professeure dans un établissement privé de Saint-Jean-de Luz, est morte après avoir été blessée à l'arme blanche par un élève mercredi, selon le parquet de Bayonne

SAINT-JEAN-DE-LUZ: Une enquête a été ouverte pour assassinat après la mort d'une professeure d'espagnol, poignardée mercredi dans sa classe à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) par un élève présenté comme instable psychologiquement, un drame rarissime en France.

"Il s'est approché d'elle et lui a planté un grand couteau dans la poitrine, sans rien dire", a raconté à l'AFP Inès, 16 ans, qui se trouvait dans la classe de seconde du collège-lycée privé catholique Saint-Thomas d'Aquin au moment des faits, survenus en milieu de matinée.

"On ne savait pas comment réagir, il y a un élève qui a ouvert la porte et on est tous partis. Moi je me suis enfuie, je suis sortie de l'établissement et le père d'une copine est venue me récupérer, je ne me sentais pas en sécurité dans le lycée", a-t-elle ajouté, assurant qu'il "n'y avait jamais eu de problème entre" l'auteur de l'agression "et la professeure en classe".

La victime, que les secours n'ont pu ranimer, est une enseignante de 52 ans qui s'appelait Agnès Lassalle, selon le parquet. "Il s'agit d'une professeure d'espagnol qui était dans cet établissement depuis longtemps. Elle était consciencieuse", a déclaré à l'AFP Serge Hastoy, délégué FEP-CFDT du Pays Basque.

Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, venu sur les lieux, a salué "l'exceptionnel dévouement" de cette enseignante et son "engagement au service de ses élèves".

"C'était une très jolie et très bonne personne, qui était aimée de tous", "qui n'était pas dans le conflit" et "passait au moins 80-90% de son temps à faire son travail pour son école, même pendant les vacances", a témoigné son compagnon sur BFMTV.

L'auteur présumé de l'agression, âgé de 16 ans, a été "placé en garde à vue" et "n'était pas connu des services de police, ni des services de justice", selon le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, qui a ouvert une enquête pour "assassinat".

"Son état permet la garde à vue" dans les locaux de la police judiciaire de Bayonne, a-t-il précisé, alors que deux sources proches du dossier ont évoqué à l'AFP un jeune homme tenant "des propos incohérents" et aux "troubles psy avérés".

"A ma connaissance, il n'y avait pas de circonstances ou de signalements particuliers", a précisé Pap Ndiaye lors d'une conférence de presse organisée devant l'établissement, aux côtés de son homologue de la Fonction publique Stanislas Guerini et de M. Bourrier.

Minute de silence

"C'est un jour triste pour l’Éducation nationale", a ajouté le ministre qui a annoncé qu'une minute de silence serait respectée jeudi à 15H00 dans les collèges et lycées du pays qui ne sont pas actuellement en période de congés scolaires.

"La Nation est à vos côtés", a déclaré le président Emmanuel Macron à l'adresse de la communauté éducative sur Twitter, tandis que la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne partageait "le choc et la peine de la communauté éducative" du collège-lycée Saint-Thomas d'Aquin.

Cet établissement privé catholique d'un peu plus de 1.100 élèves était jusqu'ici "calme" et "réputé pour son sérieux et pour la sérénité de son climat scolaire", selon M. Ndiaye.

Après avoir été confinés durant environ deux heures dans leurs salles de cours, les élèves sont sortis de l'établissement à la mi-journée, à l'exception de ceux de la classe de l'enseignante décédée, qui ont quitté les lieux deux heures plus tard, a constaté une correspondante de l'AFP.

Ils ont été pris en charge par une cellule psychologique, tout comme les élèves des deux autres classes de seconde de l'établissement. La matinée de jeudi sera également "banalisée", a indiqué M. Ndiaye.

Maha Bargueche, professeure de mathématiques en région parisienne qui passe des vacances au Pays basque, est venue déposer un bouquet de fleurs devant l'établissement "en signe de soutien". "Je suis très triste, ça aurait pu m'arriver, ça peut arriver à n'importe quel enseignant. C'est pour ça que je suis venue aussitôt", a-t-elle déclaré.

Agressions fréquentes mais rarement mortelles

C'est la première fois qu'un enseignant est tué dans ses fonctions en France depuis l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un jeune homme islamiste radicalisé.

Les agressions sont fréquentes mais l'AFP a recensé moins d'une dizaine de meurtres d'enseignants sur les quatre dernières décennies.

En juillet 2014, une institutrice de 34 ans avait été poignardée à mort par la mère d'une élève dans une école d'Albi. En août 1996, alors qu'il se promenait à la feria de Dax, un professeur d'anglais de 51 ans avait été tué par deux jeunes, dont un de ses élèves recalé au baccalauréat.

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, s'est dit "très touché de la sollicitude des autorités" en arrivant sur les lieux pour exprimer "toute (s)a compassion et toute (s)a prière pour cette famille sous le choc d'un événement impensable et qui n'aurait jamais dû avoir lieu".

 

Meurtres d'enseignants: de rares précédents

Le meurtre d'enseignants, comme celui survenu mercredi dans un établissement privé à Saint-Jean-de-Luz, est un événement très rare, même si les agressions sont fréquentes.

Une dizaine de professeurs ont été tués en France depuis une quarantaine d'années dans le cadre de leur fonction.

 

- 16 octobre 2020: Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie âgé de 47 ans, est poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dix jours après avoir montré à ses élèves de 4e des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. L'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, est tué par la police.

 

- 5 décembre 2018: John Dowling, un professeur d'anglais du pôle universitaire privé Léonard-de-Vinci âgé de 66 ans, de nationalité irlandaise, est tué de plusieurs coups de couteau devant son établissement, situé à Courbevoie (Hauts-de-Seine), par un de ses anciens étudiants, âgé de 37 ans au moment des faits et renvoyé de l'université précédemment.

 

- 4 juillet 2014: Fabienne Terral-Calmès, institutrice de 34 ans dans une école d'Albi, est poignardée à mort devant une quinzaine d'élèves au dernier jour d'école par la mère d'une écolière. Cette mère sera déclarée pénalement irresponsable.

 

- 19 mars 2012 : Jonathan Sandler, professeur de religion de 30 ans, et trois écoliers sont tués par Mohammed Merah dans l'école juive Otzar Hatorah de Toulouse. Le délinquant radicalisé de 23 ans est tué le 22 mars, après un siège de 32 heures de son appartement par le Raid.

 

- 15 août 1996: Alors qu'il se promène à la feria de Dax, Michel Antoine, 51 ans, est tué par deux jeunes, dont un de ses élèves tout juste recalé au baccalauréat. Tous deux sont condamnés à 10 ans de réclusion en octobre 1998.

 

- 19 février 1992: Pierre Pauwels, 53 ans, professeur de menuiserie et de dessin industriel au Centre départemental de l'enfance (CDE), un établissement pour jeunes en difficulté de Canteleu (Seine-Maritime), est tué par un élève de 15 ans qu'il avait giflé quelques instants plus tôt. L'adolescent, réprimandé pour avoir jeté un ballon contre les vitres d'un atelier, a planté un morceau de fer dans le crâne de son professeur.

 

- 13 mars 1984: Vicente Andres, 33 ans, professeur d'espagnol au lycée privé Barral de Castres (Tarn), est tué d'une balle dans le coeur, en pleine classe, par un garçon de 15 ans à qui il reprochait son retard. Le jeune meurtrier se suicide immédiatement d'une balle dans la tête. Dans son cartable, les enquêteurs découvrent une série d'articles et de photographies concernant la mort de l'ancien ennemi public numéro 1 Jacques Mesrine.

 

- 10 mai 1983: André Argouges, 57 ans, proviseur du lycée technique Jean Bart à Grenoble, est mortellement poignardé par un élève de 17 ans, qu'il vient de sanctionner pour vols. En prenant la fuite, le lycéen blesse également le censeur et une conseillère d'orientation. Il est arrêté quelques heures plus tard et condamné en décembre 1984 à 8 ans de réclusion.


Budget de la Sécurité sociale: reprise des débats mercredi, dans des délais très difficiles à tenir

Les membres de l'Assemblée nationale française assistent à une session consacrée à l'examen du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 novembre 2025. (AFP)
Les membres de l'Assemblée nationale française assistent à une session consacrée à l'examen du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’Assemblée nationale peine à boucler l’examen du budget de la Sécurité sociale avant l’échéance constitutionnelle de mercredi minuit, malgré des débats intenses et plusieurs centaines d’amendements restants
  • Le gouvernement veut transmettre au Sénat un texte intégrant tous les amendements votés, tandis que la suspension de la réforme des retraites occupera la reprise des débats mercredi

PARIS: L'Assemblée ira-t-elle au bout du budget de la Sécu? Les débats se sont interrompus dimanche à minuit avec plusieurs centaines d'amendements encore à étudier. Ils reprendront mercredi pour une ultime journée, en commençant par la suspension de la réforme des retraites, mais parvenir à un vote sur l'ensemble du texte dans les délais semble désormais extrêmement difficile.

Les députés auront en effet peu de temps pour arriver au bout des amendements avant d'atteindre la fin du délai constitutionnel réservé à l'Assemblée en première lecture, qui expire mercredi à minuit.

Le gouvernement s'est toutefois engagé à transmettre le texte au Sénat avec "tous les amendements votés", a indiqué dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Samedi, les députés ont adopté sur le fil une partie "recettes" largement réécrite, après plusieurs jours de débats. Ils ont ensuite débuté l'examen du volet sur les "dépenses", lors de discussions souvent très approfondies et menées dans le calme.

Mais le calendrier est très contraint: quelque 380 amendements étaient encore au menu dimanche à minuit, avant deux journées de relâche en raison de l'Armistice du 11-Novembre.

Les débats ne reprendront que mercredi à 15H00, dans une plage horaire consacrée en priorité, sur décision du gouvernement, à l'article suspendant la réforme des retraites, promesse du gouvernement de Sébastien Lecornu pour tenter d'éloigner une censure du PS.

Une façon d'avoir le débat devant un hémicycle plein, en permettant aussi d'assurer que l'examen sur cette réforme très contestée puisse se tenir, alors qu'elle est normalement située en fin de texte.

- "Lisible" ? -

"Nous nous opposons à l'idée que la discussion puisse se terminer à l'Assemblée nationale sans vote", a déclaré dimanche soir dans l'hémicycle le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.

"Il est possible de terminer l'examen du texte dans les 7H30 qui nous restent, à partir du moment où nous diminuons par deux le nombre d'amendements déposés", a-t-il ajouté, disant son groupe prêt à le faire.

Des demandes, notamment de LFI et des Ecologistes, pour prolonger la séance dans la nuit de dimanche à lundi ou pour l'ouvrir lundi n'ont pas recueilli de majorité.

"On ne sent pas un empressement de la part du gouvernement à aller au vote, ça c'est très clair", a par ailleurs jugé sur BFMTV Cyrielle Chatelain, patronne du groupe écologiste.

Un cadre du camp gouvernemental à l'Assemblée a lui aussi estimé que le gouvernement pouvait avoir envie que les débats ne se terminent pas, afin d'éviter un vote final risqué sur l'ensemble du texte. Et selon lui, le Parti socialiste peut avoir la même tentation.

"Ce n'est pas si grave" s'il n'y a pas de vote, "mais ce n'est pas si grave si on y va aussi", a estimé dimanche après-midi un député socialiste, soulignant que l'important serait surtout le "vote final en deuxième lecture". "Le problème de la période c'est est-ce que tout ça est lisible pour les gens à l'arrivée ?"

- Équation difficile -

Le scrutin très serré de samedi sur la partie "recettes", avec 176 voix pour et 161 contre, laisse présager une équation encore plus difficile en cas de vote sur l'ensemble du projet de loi.

Car le gouvernement a bénéficié sur les recettes de votes favorables des socialistes, et de quelques votes pour et d'abstentions de communistes et écologistes, soucieux de poursuivre les débats. Un rejet aurait en effet immédiatement interrompu les discussions, sans aborder les dépenses.

Mais le terreau ne sera peut-être pas aussi favorable sur l'ensemble du texte, alors que les oppositions ne votent traditionnellement pas pour les budgets, marqueurs politiques du gouvernement.

LFI entend une nouvelle fois "rejeter ce budget", a prévenu M. Bompard. Et le Rassemblement national, opposé à la partie "recettes" et à une hausse de la CSG sur le patrimoine décrochée par la gauche, a annoncé qu'il voterait contre l'ensemble du texte.

Sur le fond, les députés ont approuvé dimanche la création d'un "réseau France Santé" proposé par Sébastien Lecornu pour améliorer l'accès aux soins, mais accueilli très froidement par la gauche.

Ils ont également adopté des mesures visant à réduire des tarifs jugés excessifs dans certains secteurs médicaux particulièrement rentables, mais repoussé un article supposé limiter les dépassements d'honoraires des médecins.

L'Assemblée a enfin adopté une limitation de la durée des arrêts de travail, à un mois pour une première prescription et deux mois pour un renouvellement. Les médecins pourront toutefois déroger au plafond prévu.


Sorti de prison, Nicolas Sarkozy assure que la «vérité triomphera»

Les avocats de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, dont Christophe Ingrain (au premier plan à gauche) et Jean-Michel Darrois (au second plan à droite), ainsi que ses conseillers en communication Guillaume Didier (au deuxième plan à gauche) et Véronique Wache (au second plan au centre), quittent le domicile de leur client à Paris, le 10 novembre 2025, après le retour de Sarkozy suite à sa libération de la prison de La Santé. (AFP)
Les avocats de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, dont Christophe Ingrain (au premier plan à gauche) et Jean-Michel Darrois (au second plan à droite), ainsi que ses conseillers en communication Guillaume Didier (au deuxième plan à gauche) et Véronique Wache (au second plan au centre), quittent le domicile de leur client à Paris, le 10 novembre 2025, après le retour de Sarkozy suite à sa libération de la prison de La Santé. (AFP)
Short Url
  • "Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n'est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C'est une évidence que la vie enseigne"
  • Dans l'attente de son procès en appel, qui devrait se tenir à partir de mars, la cour d'appel de Paris a autorisé vers 13H45 la sortie de l'ancien chef de l'État, 70 ans, de la prison de la Santé à Paris où il était incarcéré depuis le 21 octobre

PARIS: "La vérité triomphera", a lancé Nicolas Sarkozy quelques heures après sa libération de prison sous contrôle judiciaire par la cour d'appel de Paris, qui lui a interdit d'entrer en contact avec de hauts responsables judiciaires comme le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

"Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n'est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C'est une évidence que la vie enseigne", a écrit sur X l'ex-chef de l'Etat, dans sa première prise de parole depuis sa libération par la justice à la mi-journée.

Dans l'attente de son procès en appel, qui devrait se tenir à partir de mars, la cour d'appel de Paris a autorisé vers 13H45 la sortie de l'ancien chef de l'État, 70 ans, de la prison de la Santé à Paris où il était incarcéré depuis le 21 octobre.

Celle-ci a été mise en œuvre presque immédiatement. Peu avant 15H00, Nicolas Sarkozy a quitté la prison à bord d'une voiture aux vitres teintées, escortée par des motards de la police, pour regagner son domicile dans le XVIe arrondissement, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La prison, "c'est dur, c'est très dur, ça l'est certainement pour tout détenu, je dirais même que c'est éreintant", avait-il témoigné lundi matin en visio-conférence à l'audience d'examen de sa requête, offrant la première image de l'histoire d'un ancien président de la République en prison.

Dans le cadre d'un contrôle judiciaire, les juges ont toutefois imposé deux interdictions au champion déchu de la droite, embourbé dans ses affaires judiciaires.

La cour a estimé que "le risque de pression, de concertation ne (peut) pas être totalement écarté" sur ses co-prévenus mais surtout sur "un certain nombre de témoins-clés", comme les ex-dignitaires du régime Kadhafi disséminés à travers le monde, et lui a interdit tout voyage à l'étranger.

De manière plus inattendue, la justice a aussi imposé une "interdiction de contact" élargie avec de hauts responsables de la justice française, notamment le garde des Sceaux Gérald Darmanin, constatant sa "capacité à actionner différents services de l'Etat" en tant qu'ex-président.

Le 29 octobre, Nicolas Sarkozy avait reçu la visite à la prison de la Santé du ministre, une entrevue qui a suscité des critiques, notamment de magistrats. Dans une rare prise de position, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un "risque d'obstacle à la sérénité" et donc "d'atteinte à l'indépendance des magistrats" avant le procès en appel.

Contacté par l'AFP, l'entourage de M. Darmanin a assuré que "le garde des Sceaux respecte toujours les décisions de justice".

"Un cauchemar" 

Lors de l'examen de sa requête dans la matinée, le parquet général avait requis la sortie de prison sous contrôle judiciaire de l'ex-chef de l'Etat, jugeant que les "garanties de représentation en justice sont rarement réunies à un tel niveau".

Sur les trois personnes détenues à l'issue du jugement de première instance dans le procès libyen, la justice a donc libéré Nicolas Sarkozy et l'ex-banquier Wahib Nacer, mais a maintenu en détention l'intermédiaire Alexandre Djouhri, arguant un risque de fuite et de pressions sur des protagonistes de l'affaire.

Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Nicolas Sarkozy coupable d'avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.

Le tribunal l'a condamné à cinq ans de prison ferme avec un mandat de dépôt assorti d'une exécution provisoire, entraînant son incarcération malgré son appel.

Nicolas Sarkozy a été incarcéré un peu moins d'un mois après sa condamnation. Cette détention inédite pour un ex-président de la République a suscité de vifs débats. Il s'agit aussi d'une première dans l'Union européenne, où aucun ancien chef d'Etat n'a connu l'emprisonnement.

"Je veux rendre hommage au personnel pénitentiaire qui a été d'une humanité exceptionnelle et qui a rendu ce cauchemar, parce que c'est un cauchemar, supportable", a déclaré à l'audience Nicolas Sarkozy, vêtu d'une veste bleu foncé, pull et chemise, apparaissant à l'écran dans une salle aux murs blancs avec deux de ses avocats.

Cette libération "met un terme au feuilleton judiciaire et à la mécanique de victimisation pour désormais permettre de se concentrer sur le fond. Elle prévient aussi des risques d'ingérence vis-à-vis du restant des protagonistes mais aussi du pouvoir en place", a réagi Me Vincent Brengarth, avocat de l'organisation Sherpa, partie civile dans le dossier libyen.

La famille politique de Nicolas Sarkozy s'est de son côté réjouie de sa libération. Le président des Républicains Bruno Retailleau a salué le "courage" et la "détermination" avec lesquelles il "a affronté cette épreuve", tandis que le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, s'est félicité d'une "décision juste et digne, à la hauteur de l'homme qui a tant donné à notre pays".

L'ancien chef de l'Etat ne se rendra pas mardi matin aux commémorations du 11-Novembre sur les Champs-Elysées et à l'Arc de triomphe, auxquelles il est protocolairement invité, a indiqué son entourage à l'AFP.


Déficit: LFI dénonce une «omission d'Etat» après la révélation d'une lettre de Le Maire à Macron

Le député insoumis Eric Coquerel a dénoncé lundi une "omission d'Etat" après la révélation du contenu d'une lettre d'alerte secrète concernant le déficit public envoyé au printemps 2024 par Bruno Le Maire, alors ministre de l'Economie, à Emmanuel Macron. (AFP)
Le député insoumis Eric Coquerel a dénoncé lundi une "omission d'Etat" après la révélation du contenu d'une lettre d'alerte secrète concernant le déficit public envoyé au printemps 2024 par Bruno Le Maire, alors ministre de l'Economie, à Emmanuel Macron. (AFP)
Short Url
  • Mettant en avant la chute des recettes fiscales, il y demandait des mesures d'économies pour limiter le déficit à 4,9% en 2024 et proposait une loi de finances rectificative (LFR)
  • Ses recommandations n'avaient pas été suivies par Emmanuel Macron à l'époque. Le déficit public avait lui atteint 5,8% du PIB cette année-là

PARIS: Le député insoumis Eric Coquerel a dénoncé lundi une "omission d'Etat" après la révélation du contenu d'une lettre d'alerte secrète concernant le déficit public envoyé au printemps 2024 par Bruno Le Maire, alors ministre de l'Economie, à Emmanuel Macron.

Dans cette missive, datée du 6 avril 2024 et portant la mention "secret", Bruno Le Maire alertait le président sur le dérapage des comptes publics, selon un reportage de l'émission C Dans L'Air diffusé dimanche sur France 5.

Mettant en avant la chute des recettes fiscales, il y demandait des mesures d'économies pour limiter le déficit à 4,9% en 2024 et proposait une loi de finances rectificative (LFR).

Ses recommandations n'avaient pas été suivies par Emmanuel Macron à l'époque. Le déficit public avait lui atteint 5,8% du PIB cette année-là.

"Il y a une omission d'Etat", a réagi lundi Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, interrogé sur BFMTV.

"Rétrospectivement, ça veut dire que le budget qui était présenté était insincère", a-t-il ajouté.

L'Insoumis a jugé que le gouvernement avait reçu "des alertes en tout sens", y compris de Bruno Le Maire, sur la gravité de la situation des comptes publics, mais que "rien n'a été suivi d'effet".

Dans sa lettre de 2024 adressée deux mois avant les élections européennes à l'origine de la dissolution, Bruno Le Maire affirmait que sans loi de finances rectificative, le gouvernement ouvrirait "un contentieux avec toutes les oppositions" et pourrait être accusé d'"insincérité".

"Nous risquons de nous faire accuser de cacher notre copie", avait-il écrit, prévenant Emmanuel Macron que "toute stratégie d'évitement est vouée à l'échec".

Bruno Le Maire, ministre de l'Economie jusqu'en 2024, avait ensuite été accusé d'être responsable des problèmes budgétaires de la France, étant même surnommé "l'homme aux 1.000 milliards" de dette.

L'actuel ministre de l'Economie Roland Lescure, questionné lundi sur France Info, a dit qu'il n'avait jusque-là pas connaissance de cette lettre d'alerte de son prédécesseur.

"Je me sens aussi responsable que lui et que tous les autres de la situation dans laquelle on est", a-t-il dit.