A Dubaï, l'immobilier flambe, les locataires trinquent

Eldorado des expatriés, Dubaï connaît ces derniers mois une flambée de l'immobilier alimentée par l'afflux de riches investisseurs, russes en particulier, prenant de court les résidents qui voient les loyers exploser. (AFP)
Eldorado des expatriés, Dubaï connaît ces derniers mois une flambée de l'immobilier alimentée par l'afflux de riches investisseurs, russes en particulier, prenant de court les résidents qui voient les loyers exploser. (AFP)
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Publié le Jeudi 23 février 2023

A Dubaï, l'immobilier flambe, les locataires trinquent

  • Dans les quartiers les plus huppés de la ville, où les propriétés s'arrachent à plus de dix millions de dollars, le nombre de ventes l'année dernière a dépassé celui de l'ensemble de la période 2010-2020
  • Les réseaux sociaux regorgent de témoignages de familles en conflit avec leurs propriétaires, cherchant à profiter des prix actuels avant un éventuel retournement de situation

DUBAI: Eldorado des expatriés, Dubaï connaît ces derniers mois une flambée de l'immobilier alimentée par l'afflux de riches investisseurs, russes en particulier, prenant de court les résidents qui voient les loyers exploser.

Avec ses gratte-ciels scintillants, ses villas ultra-sécurisées et ses îles artificielles de luxe, l'émirat du Golfe a enregistré des transactions record de plus de 132 milliards d'euros en 2022, en hausse de plus de 76% sur un an, selon les autorités.

Dans les quartiers les plus huppés de la ville, où les propriétés s'arrachent à plus de dix millions de dollars, le nombre de ventes l'année dernière a dépassé celui de l'ensemble de la période 2010-2020, selon le cabinet britannique spécialisé Knight Frank.

Les prix y ont bondi de 44%, affichant "la plus forte croissance du marché de luxe au monde", tout en restant encore l'un des plus abordables, souligne à l'AFP le directeur de recherche de ce cabinet pour le Moyen-Orient, Faisal Durrani, basé à Dubaï.

Moins riche en pétrole que la capitale Abou Dhabi, Dubaï, deuxième ville des Emirats arabes unis, séduit par sa fiscalité avantageuse, son mode de vie luxueux et l'abondance de services, assurés par des milliers de petites mains venues essentiellement d'Asie.

La neutralité affichée par les Emirats arabes unis vis-à-vis de la guerre en Ukraine a permis à Dubaï d'attirer, depuis l'année dernière, de nombreux Russes fortunés, fuyant les sanctions occidentales dans leur pays.

Les Russes en tête 

Si les autorités ne divulguent pas les nationalités des investisseurs, Betterhomes, l'une des principales agences immobilières de Dubaï, estime que les Russes étaient en tête des acheteurs internationaux l'année dernière.

Britanniques, Indiens, Italiens et Français figurent également parmi les principaux investisseurs.

Entrepreneurs, chefs d'entreprise, banquiers ou célébrités: tous se pressent pour obtenir un logement dans cette ville qui a été l'une des premières au monde à s'ouvrir après la pandémie de Covid-19.

"Nous avons beaucoup de clients d'Europe, qui veulent déménager ici (...) lancer une entreprise ou trouver du travail", dit à l'AFP Farhad Azizi, le PDG de Azizi groupe, un promoteur qui s'apprête à lancer la construction de la deuxième plus haute tour de Dubaï, après la fameuse Burj Khalifa.

Mais pour les nombreux expatriés, qui composent environ 90% des 3,5 millions d'habitants de Dubaï, cette frénésie immobilière n'est pas forcément une bonne nouvelle.

"C'est très bien pour les propriétaires, beaucoup moins pour les locataires", concède Jacob Fletcher, spécialiste du marché locatif chez Betterhomes, selon lequel les loyers ont augmenté de 20% en moyenne en 2022.

A budget égal, les nouveaux venus doivent se contenter de logements plus petits, plus excentrés. Mais ce sont les résidents de longue date qui subissent le plus durement l'impact de la hausse des prix, explique-t-il à l'AFP.

La plupart d'entre eux sont habitués à voir les loyers grimper et redescendre au gré de la conjoncture, le marché ayant connu de nombreux soubresauts dans le passé, notamment après la crise financière de 2009 ou pendant la pandémie de Covid-19.

Marché «fou»

La hausse rapide des loyers de ces derniers mois, dans un contexte mondial d'envolée des prix, prend de nombreuses familles de court.

"Notre propriétaire nous a donné un préavis de départ il y a un an au motif qu'il veut vendre", raconte à l'AFP une expatriée occidentale, installée avec son mari et son fils à Dubaï depuis cinq ans.

"Mais aujourd'hui le marché est tellement fou, tout est si cher, que nous devons payer davantage pour un logement plus petit et plus éloigné", déplore la jeune femme qui a requis l'anonymat.

Les réseaux sociaux regorgent de témoignages de familles en conflit avec leurs propriétaires, cherchant à profiter des prix actuels avant un éventuel retournement de situation.

Dubaï "n'est pas immunisé" contre les incertitudes actuelles, observe l'expert Faisal Durrani, qui évoque notamment le ralentissement économique mondial et la hausse des taux d'intérêts.

"Mais les Emirats arabes unis, comme l'Arabie saoudite, figurent parmi les économies à plus forte croissance (...) et les niveaux d'inflation y sont inférieurs que dans le reste du monde", fait-il remarquer. "Donc les perspectives sont plus positives que négatives".

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IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.