Accident de train en Grèce: la polémique enfle, Athènes plaide l'erreur humaine

Le site d'un accident, où deux trains sont entrés en collision, est vu près de la ville de Larissa, en Grèce, le 1er mars 2023 (Photo, Reuters).
Le site d'un accident, où deux trains sont entrés en collision, est vu près de la ville de Larissa, en Grèce, le 1er mars 2023 (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 01 mars 2023

Accident de train en Grèce: la polémique enfle, Athènes plaide l'erreur humaine

  • « Tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine», a dit le chef du gouvernement, qui s'est rendu sur les lieux et a décrété un deuil national de trois jours
  • Le chef de la gare de Larissa, la ville la plus proche de l'accident en Grèce centrale, a été arrêté dans la journée, selon une source judiciaire

LARISSA : Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a imputé mercredi la catastrophe ferroviaire qui a fait 38 morts la veille à une "tragique erreur humaine", au moment où la polémique enflait dans le pays sur l'état du réseau que beaucoup jugent vétuste.

"Tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine", a dit le chef du gouvernement, qui s'est rendu sur les lieux et a décrété un deuil national de trois jours.

Plus tôt le ministre des Transports, Kostas Karamanlis, avait annoncé présenter sa démission après cet accident entre un train de passagers avec 342 passagers et dix employés des chemins de fer à bord, qui reliait Athènes à Thessalonique dans le nord du pays, et un convoi de marchandises.

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L'intérieur d'un wagon déraillé est vu après un accident de train dans la vallée de Tempi près de Larissa, en Grèce, le 1er mars 2023. (AFP). 

Ils se sont heurtés frontalement alors qu'ils se trouvaient pour une raison indéterminée sur la même voie depuis plusieurs kilomètres, faisant 38 morts et plusieurs dizaines de blessés selon un dernier bilan.

Le chef de la gare de Larissa, la ville la plus proche de l'accident en Grèce centrale, a été arrêté dans la journée, selon une source judiciaire à l'AFP et il est poursuivi pour "homicides par négligence" et pour avoir été à l'origine de "blessures corporelles". 

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Des secouristes transportent un corps après un accident ferroviaire dans la vallée de Tempi, près de Larisa, en Grèce, le 1er mars 2023. (AFP). 

Des jeunes

La plupart des victimes sont "des jeunes", a souligné M. Mitsotakis alors que de nombreux étudiants rentraient à Thessalonique après un week-end prolongé, lundi étant férié en Grèce.

Racontant avoir rencontré des proches de victimes lors d'une visite sur les lieux puis à l'hôpital de Larissa, Kyriakos Mitsotakis a indiqué : "Ils m'ont demandé 'pourquoi''.

"Nous leur devons une réponse honnête", a-t-il ajouté lors d'une brève intervention télévisée enregistrée.

Sous la violence du choc survenu peu avant minuit (22H00 GMT) dans la vallée de Tempé, les locomotives et les wagons de tête ont été pulvérisés et les conducteurs des deux trains tués sur le coup.

Aucun système de sécurité

Le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, a dénoncé le manque de sécurité, selon lui, sur cette ligne qui relie les deux principales villes de Grèce.

"Toute (la signalisation) est faite manuellement. C'est depuis l'an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas", s'est-il emporté sur la chaîne de télévision Ert.

Auparavant, il avait également assuré à l'AFP qu'"aucun système de sécurité, télécommande et feu de circulation ne fonctionnait".

Contacté par l'AFP, le groupe public italien Ferrovie dello Stato (FS), qui contrôle la société des chemins de fer Hellenic Train, privatisée en 2017, n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat.

Des images montraient des wagons calcinés dans un enchevêtrement de pièces métalliques et de fenêtres brisées.

D'autres wagons, moins endommagés, gisaient sur le côté tandis que des secouristes utilisaient des échelles pour tenter de dégager des survivants et deux grues géantes pour transporter des morceaux des carcasses des trains.

La collision s'est produite à la sortie d'un petit tunnel au-dessus duquel passe une autoroute reliant Athènes à Thessalonique.

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Des wagons déraillés sont couchés sur le côté après un accident ferroviaire dans la vallée de Tempi, près de Larisa, en Grèce, le 1er mars 2023. (AFP). 

«Train de la terreur»

"Le travail des pompiers et des sauveteurs est très difficile, ils sont en train de rechercher (...) les corps calcinés", a quant à lui expliqué Konstantinos Giannakopoulos, le président de l'union des médecins de Larissa, sur la chaîne de télévision publique ERT.

"C'était le train de la terreur", a déclaré aux journalistes Pavlos Aslanidis, dont le fils est porté disparu ainsi qu'un des ses amis.

A Larissa, où des blessés ont été transportés, le maire, Apostolos Kalogiannis a parlé de "flots d'ambulances amenant des brûlés, des amputés, tout ce qu'on peut imaginer".

"Nous avons ressenti la collision comme un grand tremblement de terre", a témoigné à l'AFP un passager, Angelos, 22 ans, sur les lieux de l'accident.

"Heureusement, nous étions dans l'avant-dernière voiture et nous en sommes sortis vivants. Il y a eu un incendie dans les premières voitures et la panique s'en est suivie. C'est un cauchemar que j'ai vécu (...) Je tremble encore", a-t-il poursuivi.

Quelque 500 personnes participaient mercredi aux secours, a précisé le porte-parole du gouvernement.


La famille de l'Iranienne Mahsa Amini empêchée de se rendre en France pour le prix Sakharov

Des Kurdes syriens se produisent près d'un portrait de Mahsa Amini, exposé à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, lors du festival folklorique de Dabke à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, le 17 septembre 2023. (Photo par Delil Souleiman AFP)
Des Kurdes syriens se produisent près d'un portrait de Mahsa Amini, exposé à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, lors du festival folklorique de Dabke à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, le 17 septembre 2023. (Photo par Delil Souleiman AFP)
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  • Le prix Sakharov, plus haute distinction de l'UE pour les droits humains, avait été décerné en octobre dernier par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement «Femme Vie Liberté» réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran
  • La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, à l'âge de 22 ans, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, avait entraîné des mois de manifestations de grande ampleur

PARIS : Les parents et le frère de Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne décédée l'an dernier, qui devaient recevoir le prix Sakharov décerné à la jeune victime à titre posthume, ont été interdits de quitter le territoire iranien, a annoncé samedi à l'AFP leur avocate en France.

Ils «ont été interdits de monter à bord du vol qui devait les conduire en France pour la remise du prix Sakharov et de quitter le territoire hier à minuit alors qu'ils étaient munis d'un visa», a indiqué Me Chirinne Ardakani. «Leurs passeports ont été confisqués», a-t-elle ajouté.

Le prix Sakharov, plus haute distinction de l'UE pour les droits humains, avait été décerné en octobre dernier par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement «Femme Vie Liberté» réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran.

La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, à l'âge de 22 ans, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, avait entraîné des mois de manifestations de grande ampleur contre les dirigeants politiques et religieux iraniens, dont la répression a provoqué des centaines de morts et des milliers d'arrestations.

«Alors que le Nobel se tient au même moment, les autorités iraniennes n'ont jamais été aussi mobilisées pour éviter que les familles des victimes prennent la parole auprès de la communauté internationale», a estimé Me Ardakani.

«Le meurtre brutal de Dina Mahsa Amini a marqué un tournant», avait souligné la présidente du Parlement, Robert Metso, lors de l'annonce du prix.

«Le slogan +Femme Vie Liberté+ est devenu un cri de ralliement pour tous ceux qui défendent l'égalité, la dignité et la liberté en Iran», avait-elle ajouté.


L'envers du paradis: quand Copacabana vire au noir

Vue aérienne de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, Brésil, le 10 novembre 2023. (Photo Mauro Pimentel AFP)
Vue aérienne de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, Brésil, le 10 novembre 2023. (Photo Mauro Pimentel AFP)
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  • Un étudiant venu à Rio pour un concert de Taylor Swift tué à coups de couteau sur la plage, un homme laissé inconscient après une agression, une jeune femme violée par un sans-abri : «Copacabana est triste», lâche Thiago Nogueira, un commerçant de 42 ans
  • Cette poussée de violence, répercutée à l'envi par médias et réseaux sociaux, a engendré un phénomène nouveau: l'apparition de groupes d'auto-défense, justiciers auto-proclamés munis de battes et de poings américains

RIO DE JANEIRO : La carte postale est lacérée: Copacabana, quartier de Rio de Janeiro légendaire pour sa plage interminable et son charme nostalgique, voit son image ternie par une vague de criminalité et l'apparition de justiciers auto-proclamés.

Avec ses kiosques de plage et ses longues rues arborées aux gratte-ciel Art déco décatis, le quartier bourgeois a fait les gros titres ces dernières semaines pour de bien mauvaises raisons: un étudiant venu à Rio pour un concert de Taylor Swift tué à coups de couteau sur la plage, un homme laissé inconscient après une agression, une jeune femme violée par un sans-abri.

«Copacabana est triste», lâche Thiago Nogueira, un commerçant de 42 ans, vêtu d'un maillot noir flanqué des mots «Rio de Janeiro». «La violence est vraiment forte, et ça empire», dit-il à l'AFP.

Les derniers faits divers ont donné à beaucoup le sentiment qu'un cap avait été franchi à «Copa» et alimenté l'inquiétude alors qu'approche la haute saison, qui amène des flots de touristes du monde entier pour les fêtes de fin d'année et le carnaval en février.

Le président de HoteisRio, association du secteur hôtelier, a réclamé des sanctions plus fortes contre les agresseurs.

Cette poussée de violence, répercutée à l'envi par médias et réseaux sociaux, a engendré un phénomène nouveau: l'apparition de groupes d'auto-défense, justiciers auto-proclamés munis de battes et de poings américains.

Sur des vidéos devenues virales, on voit des bandes de jeunes hommes vêtus de noir, visage masqué, patrouillant dans la rue et bastonnant de présumés «suspects».

Dans un Brésil profondément marqué par les discriminations, les cibles de ces prétendus redresseurs de torts leur ont valu des accusations de «racisme».

«Il est facile de savoir qui est un +criminel+ pour ces groupes d'auto-défense: des hommes noirs pauvres», s'indigne le musicien et militant de la cause noire Tas MC sur X, anciennement Twitter.

- «Cordon de sécurité» -

Rio a une longue histoire de violence -- et de réponse violente à la violence.

Il y a cinq ans, le président d'alors, Michel Temer, avait déployé l'armée pour prendre en charge la sécurité dans la mégapole pendant dix mois, jugeant que le crime organisé avait pris les dimensions d'un «cancer» à Rio.

La «Cité merveilleuse», ville hôte des Jeux olympiques de 2016, est régulièrement le théâtre de batailles rangées entre trafiquants de drogue lourdement armés et police, en particulier dans les favelas.

Elle est enfin gangrenée depuis plus de vingt ans par les «milices», créées par des habitants pour combattre la délinquance dans leur quartier, et vite devenues elles-mêmes d'authentiques organisations criminelles.

Les braquages à Copacabana ont augmenté de 25% cette année par rapport à la même période de l'année dernière, et les vols de passants en pleine rue ont bondi de 56%, selon les chiffres de l'Institut public de sécurité, cités par le site d'information G1.

Face à cette flambée, les autorités ont annoncé le déploiement de 1.000 policiers et d'un «cordon de sécurité» pour protéger nuits et week-ends.

A l'occasion d'une réunion de crise jeudi, les chefs de la sécurité de Rio ont promis de rendre la police plus présente et plus visible.

Ils ont également mis en garde les résidents contre toute velléité de jouer les policiers en lieu et place de la police.

«Les membres des groupes d'auto-défense commettent des crimes en prétendant empêcher des crimes. En réalité, ce sont des criminels eux aussi», a asséné Victor Santos, le secrétaire à la sécurité de l'Etat de Rio -- un poste rétabli le mois dernier par le gouverneur de droite Claudio Castro pour lutter contre l'explosion des violences.

Mais l'exaspération des habitants est aussi nourrie par le profil des auteurs d'agressions, souvent des récidivistes, et en vient parfois à viser le fonctionnement même de la justice.

L'agresseur qui avait laissé un homme inconscient sur le trottoir après l'avoir roué de coups le 2 décembre était «bien connu des autorités, avec neuf entrées à son casier judiciaire», a reconnu une enquêtrice.


Washington et ses alliés «défendront» la paix dans le détroit de Taïwan

Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, assiste à une conférence de presse conjointe avec le conseiller à la sécurité nationale de la Corée du Sud, Cho Tae-yong, et le secrétaire général du Secrétariat à la sécurité nationale du Japon, Takeo Akiba, au bureau présidentiel à Séoul, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, assiste à une conférence de presse conjointe avec le conseiller à la sécurité nationale de la Corée du Sud, Cho Tae-yong, et le secrétaire général du Secrétariat à la sécurité nationale du Japon, Takeo Akiba, au bureau présidentiel à Séoul, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré samedi que Washington et ses alliés asiatiques «défendraient» la paix dans le détroit de Taïwan
  • Ses commentaires sont intervenus lors d'un briefing conjoint, après une réunion trilatérale en Corée du Sud

SÉOUL: Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré samedi que Washington et ses alliés asiatiques "défendraient" la paix dans le détroit de Taïwan, et réitéré leur engagement en faveur de la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale disputée.

"Nous continuerons à défendre la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et la liberté de navigation dans les mers de Chine orientale et méridionale", a déclaré M. Sullivan aux journalistes à Séoul, aux côtés de ses homologues Sud-Coréen Cho Tae-yong et japonais Takeo Akiba.

Ses commentaires sont intervenus lors d'un briefing conjoint, après une réunion trilatérale en Corée du Sud.

La Chine considère Taïwan comme une province qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile en 1949.

Ces dernières années, Pékin a intensifié la pression militaire sur l'île, promettant de s'en emparer un jour.

Taïwan est un point de tension majeur entre la Chine et les Etats-Unis, plus important allié de Taipei.

Samedi, M. Sullivan a également déclaré que les trois alliés avaient lancé de "nouvelles initiatives trilatérales" pour "contrer les menaces" posées par la Corée du Nord, notamment "une collaboration approfondie" entre leurs garde-côtes.

Les chefs de la Défense des alliés avaient convenu plus tôt d'activer une opération de partage de données en temps réel sur les lancements de missiles nord-coréens, Pyongyang ayant bénéficié de l'aide de Moscou, selon Séoul.

Les Occidentaux, le Japon et la Corée du Sud avaient dénoncé ce lancement, tout comme le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

La mise en orbite du satellite nord-coréen a entraîné la suspension, partielle par le Sud et totale par le Nord, d'un accord militaire conclu, il y a cinq ans, pour apaiser les tensions bilatérales.

La Corée du Nord a déclaré peu après le lancement de son satellite espion que "Malligyong-1" fournissait déjà des images des principaux sites militaires américains et sud-coréens. Aucune image n'a toutefois été rendue publique.

Au mois d'août, le président américain Joe Biden avait reçu à Camp David son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol et le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

C'était la première fois que les dirigeants des trois pays se rencontraient pour un sommet autonome. Ils ont annoncé à cette occasion un programme d'exercices militaires conjoints sur plusieurs années et la mise en place d'un canal de communication d'urgence au plus haut niveau.