La star saoudienne Ibrahim Alkhairallah: «Beaucoup de gens me prenaient pour un fou»

Ibrahim Alkhairallah est un humoriste, acteur, scénariste et producteur saoudien. (Photo fournie)
Ibrahim Alkhairallah est un humoriste, acteur, scénariste et producteur saoudien. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 04 mars 2023

La star saoudienne Ibrahim Alkhairallah: «Beaucoup de gens me prenaient pour un fou»

  • La comédie d’action Sattar, produite et écrite par Ibrahim Alkhairallah et dans laquelle il joue, est devenue le film saoudien le plus rentable de tous les temps
  • La première de Sattar au Royaume-Uni aura lieu à Londres en février

DUBAÏ: Ce n’était pas censé se produire aussi rapidement. Cela fait tout juste cinq ans que l’Arabie saoudite a donné le coup d’envoi de son envol cinématographique après une interdiction de trente-cinq ans. Le projet du Royaume visait non seulement à ouvrir des cinémas dans tout le pays, mais aussi à construire sa propre industrie cinématographique pour les remplir. Si, dans un premier temps, les superproductions internationales devaient remplir les salles, il était prévu que les talents du Royaume se développeraient, lentement, mais sûrement, et qu’un jour, peut-être, un film saoudien pourrait battre des records au box-office.

En cinq ans, un film saoudien a déjà réussi à le faire: il s’agit de Sattar, réalisé par l’humoriste, acteur, scénariste et producteur Ibrahim Alkhairallah. Dans les semaines qui ont suivi sa sortie dans le Royaume le 29 décembre, le long-métrage est non seulement le film saoudien le plus rentable de tous les temps, mais aussi le premier film saoudien de l’histoire du box-office du pays à être classé cinquième, dépassant des superproductions comme Avatar: La voie de l’eau et Avengers: Endgame.

«Le meilleur dans tout ça, c’est que le film est sorti depuis deux mois et qu’il ne montre aucun signe de ralentissement», raconte M. Alkhairallah à Arab News. «Nous espérons qu’en fin de compte, il deviendra le film en langue arabe le plus rentable de l’histoire du box-office saoudien, ce qui nous placerait aussi à la troisième place de la liste des films les plus vus.»

Ibrahim Alkhairallah a toujours été un cinéphile, et l’expérience du cinéma a été essentielle pour ça. (Photo fournie)
Ibrahim Alkhairallah a toujours été un cinéphile, et l’expérience du cinéma a été essentielle pour ça. (Photo fournie)

Qui aurait pu prédire un tel succès? «Je l’avais prédit», lance M. Alkhairallah avec un sourire. «Bien sûr que je l’avais prédit. Après tout, le film n’était pas bon marché. Je devais donc avoir confiance en ce que je produisais. Je savais dès le départ que nous devions vendre 500 000 billets pour atteindre le seuil de rentabilité. J’étais convaincu que nous pouvions y arriver, même si beaucoup de gens me prenaient pour un fou à l’époque.»

Il est logique que le film d’Ibrahim Alkhairallah, qu’il a produit et coécrit et dont il est l’un des acteurs (sous la direction d’Abdallah al-Arak), soit sorti une semaine après la suite d’Avatar dans son pays d’origine, car sa confiance et son ambition rappellent celles du réalisateur d’Avatar, James Cameron, qui s’est longtemps fixé des objectifs sans précédent, pour les atteindre ensuite avec aplomb.

«Mettons les choses en perspective: le précédent film saoudien le plus rentable de l’histoire a vendu environ 170 000 billets au total. Pour atteindre tout juste le seuil de rentabilité, nous devions vendre trois fois plus de billets que le meilleur film de l’histoire du pays. Je peux comprendre que les gens doutent de nous, mais je savais que nous allions y arriver. Je savais que nous avions ce qu’il fallait.»

Ibrahim Alkhairallah dans Sattar. (Photo fournie)
Ibrahim Alkhairallah dans Sattar. (Photo fournie)

Revenons quelques années en arrière, à l’époque où il était avant tout un humoriste qui avait discrètement construit un empire YouTube avec ses amis, appelé «Telfaz11». Lorsque le pays a décidé de construire une industrie, c’est Ibrahim Alkhairallah et ses partenaires qui étaient les mieux placés pour être les premiers à agir – les personnages qu’ils avaient créés dans de nombreuses séries devenues virales étaient appréciés dans toute la région. Ils avaient une stratégie en trois volets.

«Nous voulions couvrir toutes les bases: réaliser des projets pour le streaming, les festivals et les cinémas. Nous savions que nous pouvions tout faire», indique M. Alkhairallah.

Il a été décidé qu’il mènerait des projets axés sur le cinéma et qu’il fonderait à cette fin une société de production au sein de Telfaz11, AlShimaisi Films.

«Vous voulez savoir pourquoi je l’ai appelée ainsi?», demande-t-il avec un sourire en coin. «Quand j’étais plus jeune, la rue AlShimaisi à Riyad était pour moi une sorte d’école de cinéma. C’était la rue où l’on vendait des copies illégales de films, de catch, d’émissions de télévision... J’y passais des heures et je me procurais tout ce qui me passait par la tête. Le nom de la société est une sorte d’hommage.»

 Abo Rabieaah et Ibrahim al-Hajjaj dans Sattar. (Photo fournie)
Abo Rabieaah et Ibrahim al-Hajjaj dans Sattar. (Photo fournie)

Ibrahim Alkhairallah a toujours été un cinéphile, et l’expérience du cinéma a été essentielle pour lui. «C’est en partie pour cette raison que j’étais sûr que la culture cinématographique en Arabie saoudite allait exploser, parce qu’en réalité, ce n’est pas nouveau. Les Saoudiens ont toujours aimé le cinéma, mais nous ne pouvions pas y aller dans notre pays. Presque tous les week-ends, je conduisais jusqu’à Bahreïn pendant la nuit, juste pour arriver tôt le matin et regarder autant de films que je pouvais pendant toute la journée», raconte-t-il.

«Ma stratégie consistait à regarder quelques films intéressants, puis un film ennuyeux pour faire une sieste et reprendre des forces, et enfin un autre film intéressant avant de rentrer chez moi. Je n’étais pas le seul à le faire, de nombreux Saoudiens avaient l’habitude de le faire. Nous aimons vraiment le cinéma.»

Pour faire fonctionner AlShimaisi, il a utilisé les leçons tirées non seulement de sa vie de cinéphile, mais aussi de ce qu’il avait appris sur scène comme humoriste. Il a examiné les éléments clés des comédies égyptiennes, comme leur utilisation de la musique et la fusion d’autres genres, et les a appliqués aux nombreuses idées qu’il a esquissées pendant les confinements de la Covid-19.

Il a opté pour une comédie d’action sur un homme qui fait ses premiers pas dans le monde de la lutte clandestine, et il s’est associé au scénariste égyptien Ayman Wattar pour concrétiser cette idée.

«Ayman a été d’une aide précieuse», confie-t-il. «Avec dix films à son actif, il a fait tellement pour m’aider à comprendre les choses, qui sont une seconde nature pour lui à ce stade, comme la structure en trois actes qui a contribué à faire de ce film une œuvre spéciale.»

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Abo Rabieaah et Ibrahim al-Hajjaj dans Sattar. (Photo fournie)

Le film utilise également des recettes qui ont fait le succès des courts-métrages comiques de Telfaz11, notamment la reprise du personnage d’«Abdelkhaliq» créé par Ibrahim Alkhairallah.

En outre, le cinéaste a mené une campagne obsessionnelle de promotion pour le film à travers l’Arabie saoudite depuis sa sortie. Lui et les acteurs, dont la star Ibrahim al-Hajjaj, ont fait autant d’apparitions surprises que possible lors de séances de projection dans tout le pays.

«Le peuple saoudien vous respectera si vous lui montrez du respect. Nous avons fait tout ce que nous avons pu depuis le début pour exprimer notre gratitude envers les personnes qui sont venues soutenir le film, et cet amour est revenu au projet de bien des manières», poursuit M. Alkhairallah.

Bien qu’il rejette l’idée de réaliser un Sattar 2, ce n’est certainement que le début de l’histoire pour AlShimaisi Films, qui dispose d’une formule gagnante pour les années à venir. «Nous avons réalisé une comédie d’action, et nous pensons vraiment que les hybrides de comédie sont les meilleurs pour la suite», souligne-t-il. «La prochaine fois, vous verrez peut-être une comédie de braquage, une comédie d’horreur et bien d’autres fusions de genres qui finiront par élargir le champ de ce que le public est prêt à recevoir», assure-t-il.

Il est certes confiant mais se souvient aussi de la leçon la plus importante qu’il a tirée de sa carrière d’humoriste. «Je ne peux pas trop m’emballer. Après tout, ce sont les soirs où l’on monte sur scène en pensant avoir tout compris qui font l’effet d’une bombe. Nous avons encore beaucoup à apprendre, mais nous sommes très heureux de la direction que nous prenons. J’ai tiré une autre leçon de la comédie: le timing est essentiel. Et le moment pour ça, c’est maintenant», conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com