Trump s'en prend aux «imbéciles» républicains à la grand-messe des conservateurs américains

L'ancien président américain Donald Trump prend la parole lors de la conférence 2023 de la Coalition d'action politique conservatrice (CPAC) à National Harbor, dans le Maryland, le 4 mars 2023. (Photo : Roberto Schmidt / AFP)
L'ancien président américain Donald Trump prend la parole lors de la conférence 2023 de la Coalition d'action politique conservatrice (CPAC) à National Harbor, dans le Maryland, le 4 mars 2023. (Photo : Roberto Schmidt / AFP)
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Publié le Dimanche 05 mars 2023

Trump s'en prend aux «imbéciles» républicains à la grand-messe des conservateurs américains

  • Donald Trump, qui a officialisé sa candidature en novembre en vue de l'élection présidentielle l'an prochain, s'est exprimé pendant près d'une heure quarante, n'épargnant personne, y compris son propre camp
  • «Nous avions un parti républicain dirigé par des monstres, des néo-conservateurs, des mondialistes, des partisans fanatiques de l'ouverture des frontières et des imbéciles», a-t-il estimé, citant nommément plusieurs sommités du parti

NATIONAL HARBOR, États-Unis : A l'approche de l'élection présidentielle de 2024, Donald Trump a averti samedi qu'il était le seul candidat capable de sauver les Etats-Unis des démocrates «bellicistes» ainsi que des «fanatiques et imbéciles» du parti républicain, lors de la grand-messe annuelle des conservateurs américains réunis à Washington.

Invoquant une nation à genou, l'ex-président des Etats-Unis a déclaré que les Américains se trouvaient au cœur d'«une lutte épique pour sauver notre pays des personnes qui le détestent», au dernier jour du CPAC, une grande convention politique organisée cette semaine en banlieue de Washington.

Donald Trump, qui a officialisé sa candidature en novembre en vue de l'élection présidentielle l'an prochain, s'est exprimé pendant près d'une heure quarante, n'épargnant personne, y compris son propre camp.

«Nous avions un parti républicain dirigé par des monstres, des néo-conservateurs, des mondialistes, des partisans fanatiques de l'ouverture des frontières et des imbéciles», a-t-il estimé, citant nommément plusieurs sommités du parti.

Les électeurs américains, a déclaré Trump, sont fatigués des «dynasties politiques enracinées dans les deux partis (républicain et démocrate, NDLR), des intérêts particuliers pourris, des politiciens amoureux de la Chine» et des partisans de «guerres étrangères sans fin.»

«Nous allons avoir une troisième guerre mondiale si quelque chose ne se passe pas rapidement», a-t-il averti après avoir ouvertement désapprouvé l'aide américaine à l'Ukraine.

«Je suis le seul candidat qui peut faire cette promesse: j'empêcherai la troisième guerre mondiale», a assuré l'ex-président, défait par le Démocrate Joe Biden en 2020.

Le CPAC était jusqu'à récemment le principal rassemblement des chefs de file conservateurs aux Etats-Unis, mais il a été entièrement avalé par le mouvement d'extrême droite de Donald Trump, «Make America Great Again», les experts qualifiant désormais l'événement de «MAGApalooza».

- Griefs -

«Nous allons finir ce que nous avons commencé», a déclaré Donald Trump à la foule, qui en réponse a chanté «Quatre ans de plus, quatre ans de plus !».

L'édition du CPAC 2023 a été marquée par les nombreuses prises de parole de Trumpistes parmi les plus engagés du pays, même si de nombreux candidats potentiels pour 2024 et dirigeants républicains ont séché la convention.

Si la pertinence de ce rassemblement ne fait pas l'unanimité au sein des conservateurs, au point que certaines interventions ont été presque désertées, les rangs de la salle se sont bien remplis lors de la prise de parole de Donald Trump.

Pour l'essentiel, l'ex-président a répété la même litanie de théories conspirationnistes sur les fraudes électorales et la justice américaine, acquise selon lui à la «gauche radicale», qu'il dépoussière à chaque apparition publique.

A la CPAC, chapeaux, drapeaux, tasses et autres articles étaient proposés à la vente. Des goodies presque tous exclusivement destinés aux fidèles de Trump.

- «Je suis votre voix» -

Avant la prise de parole de Donald Trump, nombre d'orateurs se sont succédé sur scène pour vanter leurs principes chrétiens et égrener, au fil de leurs discours, théories complotistes et rhétoriques anti-transgenres.

Le gouverneur républicain de Floride, Ron De Santis, et l'ancien vice-président de Donald Trump, Mike Pence, n'ont pas participé à l'évènement, s'épargnant ainsi d'être hués par les fans de l'ancien président.

Mais la foule a chahuté à plusieurs reprises sa seule rivale républicaine déclarée dans la course à la Maison Blanche, Nikki Haley, pendant et après son apparition vendredi à la convention.

«Ce ne sera pas une élection équitable», a déclaré l'entrepreneur complotiste trumpiste, Mike Lindell, à l'AFP à propos de la présidentielle de 2024.

«Mais quand 90 % des gens dans ce pays veulent Donald Trump, il devrait gagner de toute façon, même avec des élections tordues», a-t-il ajouté.

Avant de monter sur scène, Trump a déclaré avoir remporté le sondage d'opinion de la convention auprès des dirigeants républicains, avec 62% des voix. Loin devant son rival Ron De Santis, qui n'a récolté que 20% des suffrages.

«En 2016, j'ai déclaré: je suis votre voix. Aujourd'hui, j'ajoute: je suis votre guerrier. Je suis votre justice. Et pour ceux qui ont été lésés et trahis: je suis votre rétribution», a lancé M. Trump devant une salle comble.


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.