Réformes des retraites: le bras de fer entre syndicats et gouvernement se durcit

Les gens participent à une manifestation à Paris le 7 mars 2023, dans le cadre d'une journée nationale de grèves et de protestations appelées par les syndicats contre le projet de la réforme des retraites. (Photo, AFP)
Les gens participent à une manifestation à Paris le 7 mars 2023, dans le cadre d'une journée nationale de grèves et de protestations appelées par les syndicats contre le projet de la réforme des retraites. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 08 mars 2023

Réformes des retraites: le bras de fer entre syndicats et gouvernement se durcit

  • Le conflit entre les organisations syndicales et l’exécutif est entré dans sa phase dure avec une nouvelle journée de manifestations le 7 mars contre la réforme des retraites. De part et d’autre, chacun campe sur sa position
  • Les syndicats, presque absents de la scène pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron, se sentent revigorés par la mobilisation contre la réforme

PARIS: En cette sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le conflit entre les organisations syndicales et l’exécutif entre dans sa phase dure. De part et d’autre, chacun campe sur sa position.

Le gouvernement affirme haut et fort qu’il ne cédera rien sur cette réforme, tout en étant prêt à y apporter certains aménagements. Les organisations syndicales, pour une fois soudées dans un bloc uni, réclament le retrait de la réforme, dont le principal défaut est de faire reculer l’âge du départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Les cinq journées de mobilisation organisées précédemment par les syndicats n’ayant pas réussi à faire plier le gouvernement, il fallait donc passer à la vitesse supérieure. «Mettre la France à l’arrêt», c’est le mot d’ordre lancé par le front syndical, qui parie sur une mobilisation massive, voire «un tsunami social», selon les termes de la codéléguée générale de l’Union syndicale Solidaires, Murielle Guilbert.

Les raisons de cette escalade du conflit social sont multiples pour les syndicats: le gouvernement ment sur la supposée faillite prochaine du système des retraites par répartition, il ment sur les pistes envisagées pour éviter cette «faillite» et il ment également au sujet des négociations qui ont précédé la présentation du projet de réforme au Parlement.

Toujours selon les milieux syndicalistes, le but ultime de cette réforme est de bafouer l’un des piliers fondamentaux du pacte social que sont les retraites, et de faire reculer le droit des travailleurs pour pérenniser les revenus des entreprises.

Il est évident que les syndicats, presque absents de la scène pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron, se sentent revigorés. Le mouvement des Gilets jaunes, catalyseur de toutes les oppositions au pouvoir en place pendant le premier mandat du président étant anéanti, les syndicats reprennent la main sur la rue.

Tous les ingrédients sont là pour favoriser un tel retour: inflation, incertitude énergétique et climatique et cerise sur le gâteau, absence d’opposition parlementaire et politique crédible. Il n’en fallait pas plus pour faire revenir les syndicats au premier plan et leur faire retrouver leur rôle naturel de défenseurs des travailleuses et travailleurs face au pouvoir.

Ainsi, la France s’est réveillée le 7 mars dans un climat de colère sourde, traversant tous les secteurs d’activités et toutes les classes d’âges. Mais elle s’est aussi réveillée dans une impasse, celle d’un bras de fer dont nul ne peut imaginer l’issue. C’est un face-à-face entre des syndicats intransigeants et déterminés et un gouvernement tout aussi campé sur ses positions et qui ne veut rien lâcher sur une réforme sur laquelle il lui est impossible de reculer.

Durant sa première campagne électorale, en 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à moderniser et à réformer l’Hexagone. La réforme des retraites figurait déjà en très bonne place dans son programme, freiné par les Gilets jaune puis la pandémie de Covid-19. Renoncer à cette réforme, actuellement débattue au Sénat jusqu’au 12 mars, sous la pression de la rue, reviendrait à condamner le président et son gouvernement à la paralysie pour le restant de son second mandat.

Cette alternative est impossible à imaginer et incite les ténors du gouvernement à affirmer qu’ils s’accrocheront à la réforme jusqu’à l’essoufflement de la protestation, qui met en danger l’économie française et son attractivité sur le plan européen. Pour se conforter dans sa position, le gouvernement s’accroche aux sondages qui montrent que 60 % des Français sont persuadés que le texte de loi sera adopté. Mais les sondages révèlent aussi que 60% des Français au moins s’opposent à la réforme. 

Des questions se posent désormais sur la manière dont les syndicats vont gérer l’après 7 mars, sur leur capacité à faire perdurer la mobilisation et à rallier des secteurs pas forcément syndiqués à leur mouvement. D’autres interrogations concernent le camp d’Emmanuel Macron et son gouvernement. 

Combien de temps peuvent-ils tenir face à la fronde, comment protéger l’activité économique d’un ralentissement éventuel si cette fronde s’installait dans la durée et éviter qu’elle ne devienne le pivot des frustrations multiples des Français?

S’il fallait illustrer la situation actuelle en France, rien ne la résumerait mieux que le dessin de presse de Coco publié le 7 mars par le journal Libération. On y voit une foule criant le slogan «grève générale» face à un Macron debout sur un perron qui hurle: «Je ne suis pas votre Général, je suis votre CHEF».

C’est à se demander où va la France avec ce dialogue de sourds.

 


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.