Expulsés par Trump, les migrants mexicains attendent Biden

Un groupe de Mexicains devant la barrière frontalière qui sépare le Mexique des États-Unis, à Ciudad Juarez, État de Chihuahua, lors d'un événement intitulé "Hugs, No Walls" Mexique, le 28 janvier 2017. (Herika Martinez / AFP
Un groupe de Mexicains devant la barrière frontalière qui sépare le Mexique des États-Unis, à Ciudad Juarez, État de Chihuahua, lors d'un événement intitulé "Hugs, No Walls" Mexique, le 28 janvier 2017. (Herika Martinez / AFP
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Publié le Vendredi 27 novembre 2020

Expulsés par Trump, les migrants mexicains attendent Biden

  • La construction d'un mur entre le Mexique et les Etats-Unis, les limitations draconiennes imposées aux immigrants légaux et la réduction de 80% du nombre de réfugiés, ont été les piliers de la politique de Trump
  • « Sous Trump, tout le système d'immigration a été expurgé de ses juges, et cela prendra beaucoup de temps pour renverser la vapeur »

MEXICO : Expulsés des Etats-Unis vers leur pays natal sur ordre de l'administration Trump, des Mexicains attendent de son successeur Joe Biden qu'il les autorise à revenir.

Mauricio Lopez est né à Mexico, mais a grandi en Caroline du Nord sans les moindres papiers d'immigration.

En 2016, dans la foulée de l'élection du président républicain sortant Donald Trump, il a été contraint de retourner au Mexique.

Comme beaucoup d'autres dans son cas, Mauricio, 26 ans, mise sur le démocrate Biden pour qu'il réforme les lois d'immigration américaine.

"Si Biden assouplit les lois d'immigration, s'il met en place des procédures d'asile, ou nous facilite l'obtention de permis de travail ou de visas de tourisme, puisque beaucoup d'entre nous ont de la famille là-bas, alors la victoire de Biden ne sera pas vaine", confie Mauricio dont une sœur vit toujours aux Etats-Unis.

Ce "rêveur" ("dreamer") - comme on appelle ceux qui sont arrivés aux États-Unis lorsqu'ils étaient enfant - appartient à une communauté de migrants qui avaient réussi à s'intégrer aux Etats-Unis dans le cadre d'un programme permettant aux jeunes dans sa condition de travailler, d'étudier et de conduire. Jusqu'à son expulsion.

Pourtant, aucun de ces migrants n'ignorent que Biden a été le vice-président de Barack Obama dont l'administration a expulsé 3 millions d'étrangers sans papiers.

Mais ils ont aussi vu que le tombeur de Trump leur a adressé des signaux durant sa campagne, montrant ainsi qu'il voulait inverser la politique anti-immigration de l'administration Trump.

Ce renversement risque toutefois d'être complexe, selon les experts en immigration qui considèrent que les démocrates doivent d'abord contrôler les deux chambres législatives afin de faire passer un projet de loi en ce sens.

"Même avec la meilleure volonté du monde, cela ne se fera pas dans l'immédiat. Sous Trump, tout le système d'immigration a été expurgé de ses juges, et cela prendra beaucoup de temps pour renverser la vapeur", explique Leticia Calderon, chercheuse à l'Institut Mora de Mexico.

Selon cette spécialiste de l'immigration, on s'attendrait en principe à ce que le gouvernement Biden rétablisse les programmes de protection des "rêveurs" toujours soumis à des procédures d'appel des tribunaux américains, suite aux injonctions des organisations de défense des droits de l'homme.

"Trump a été très agressif à l'égard de ces migrants. Il est possible que ces procédures soient résolues durant les les 100 premiers jours de la nouvelle administration, mais cela risque d'être bloqué au Sénat", met en garde Leticia Calderon.

"Avec Biden, les rêveurs ont tout de même plus d'espoir d'accéder à la citoyenneté ou à un permis de résidence", estime Mauricio Lopez.

Garder la tête froide

L'histoire de Ben Moreno, un Mexicain de 54 ans déporté pendant la présidence d'Obama, n'est pas très différente de celle de Mauricio. Comme lui, il attend beaucoup de Biden.

Père de deux enfants, Ben Moreno dirigeait une entreprise de construction à Indianapolis, dans l'Indiana.

Il a été expulsé une première fois vers Coahuila dans le nord de son Mexique natal, dans les années 1990, avant de retourner illégalement aux Etats-Unis et être reconduit une seconde fois à la frontière en 2014.

Lors des dernières élections, sa famille, y compris ses parents qui ont voté pour la première fois, ont pourtant choisi le démocrate.

"Je ne pense pas que Biden mettra fin aux expulsions, mais j'espère que cette administration sera juste quant aux personnes qu'elle expulse et la manière dont elle s'y prendra", espère Ben Moreno.

La construction d'un mur entre le Mexique et les Etats-Unis à l'initiative de Donald Trump, les limitations draconiennes imposées aux immigrants légaux et la réduction de 80% du nombre de réfugiés, ont été les piliers de la politique du président sortant dans ce domaine.

Et même si les espoirs mis en Biden sont élevés au sein de la communauté des migrants mexicains, Leticia Calderon préfère garder la tête froide.

"Ce n'est ni le méchant qui part, ni le gentil qui arrive. L'immigration aux États-Unis n'a pas de parti politique", avertit cette spécialiste.

Il y a 12 millions de personnes nées au Mexique et 26 millions d'immigrants de deuxième ou troisième génération vivant aux États-Unis.

Selon le ministère mexicain de l'Intérieur, au cours du premier semestre de cette année, près de 89.000 Mexicains ont été expulsés des États-Unis.

 


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com