Après «Papicha», Mounia Meddour et ses héroïnes algériennes de retour dans les salles

La réalisatrice algérienne Mounia Meddour prononce un discours sur scène après avoir remporté le prix du meilleur premier film pour "Papicha" lors de la 45e édition de la cérémonie des César du cinéma à la salle Pleyel à Paris le 28 février 2020. (AFP)
La réalisatrice algérienne Mounia Meddour prononce un discours sur scène après avoir remporté le prix du meilleur premier film pour "Papicha" lors de la 45e édition de la cérémonie des César du cinéma à la salle Pleyel à Paris le 28 février 2020. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 mars 2023

Après «Papicha», Mounia Meddour et ses héroïnes algériennes de retour dans les salles

  • «A la fin de Papicha, je me suis dit qu'il fallait que je raconte l'Algérie d'aujourd'hui, parce qu'il y a une jeunesse qui étouffe, des femmes qui ont des rêves et qui sont entravées», raconte la réalisatrice
  • Ce deuxième long-métrage s'inscrit dans la continuité du précédent, pour lequel elle avait raflé le César du meilleur premier film en 2020

PARIS: Raconter l'Algérie contemporaine par et du point de vue des femmes: quatre ans après le remarqué "Papicha", Mounia Meddour signe son retour dans les salles mercredi avec "Houria", portrait sensible d'une danseuse qui tente de se reconstruire après une agression.

"A la fin de Papicha, je me suis dit qu'il fallait que je raconte l'Algérie d'aujourd'hui, parce qu'il y a une jeunesse qui étouffe, des femmes qui ont des rêves et qui sont entravées", raconte la réalisatrice de 44 ans, née à Moscou.

Ce deuxième long-métrage s'inscrit dans la continuité du précédent, pour lequel elle avait raflé le César du meilleur premier film en 2020. On y retrouve peu ou prou les mêmes ingrédients: son actrice principale (Lyna Khoudri, récompensée la même année du César du meilleur espoir féminin), des héroïnes en quête d'émancipation et l'Algérie.

"On m'a dit : +attention, le deuxième film, c'est très compliqué, réfléchis bien avant de te lancer+ mais, pour moi, ça faisait sens de faire cela et de ne pas m'arrêter à Papicha", explique-t-elle.

Présenté à Cannes, hors compétition, le film - qui avait réuni plus de 250.000 spectateurs -  racontait l'histoire de Nedjma, étudiante à Alger dans les années 90 (période de la décennie noire 1992-2002) qui décide de braver les interdits en organisant un défilé de mode.

Au centre d'Houria (liberté en arabe), un autre combat : celui d'une jeune danseuse algéroise dont la vie bascule après une agression perpétrée par un islamiste qui se dit repenti. Devenue muette, elle va tenter de se reconstruire par la danse.

Une reconstruction qu'elle n'entame pas seule mais avec d'autres femmes, elles aussi brisées par la vie. "A travers le personnage d'Houria, c'est de l'Algérie dont je parle, d'un pays qui a été blessé, heurté, mais qui a sa jeunesse et des ressources pour continuer à être debout", dit la réalisatrice.

Le choix de la danse pour raconter cette histoire de résilience n'est pas anodin : "le corps des femmes reste un sujet tabou dans la société algérienne", insiste Mme Meddour, qui dit s'être inspirée de la photo - devenue virale - d'une danseuse lors des manifestations de 2019.

Tourné principalement à Marseille - avec une petite partie à Alger -, le film est porté par la prestation lumineuse de Lyna Khoudri. L'actrice, qui depuis "Papicha" a tourné avec Wes Anderson et joué aux côtés de Nathalie Baye ou Reda Kateb, s'est formée pendant de long mois à la danse classique, ainsi qu'à la langue des signes.

Le film sortira-t-il en Algérie ? "Je ne garde aucun espoir là-dessus", répond la réalisatrice, qui précise toutefois avoir un distributeur algérien. "Papicha", lui, n'était jamais sorti dans les salles algériennes.


En Corée du Sud, un «  moine  » DJ à l'avant-garde du bouddhisme cool

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  • Un responsable religieux lui a donné le nom de moine "NewJeansNim", adopté comme nom de scène par le DJ qui n'a pas été ordonné.
  • Ce nom mélange "Seunim" - un titre coréen respectueux donné aux moines bouddhistes - et d'autres termes religieux

SEOUL: Crâne rasé et longue robe de moine blanche, un DJ sud-coréen mixe textes bouddhistes et conseils de vie quotidienne sur de la dance music, pour le plus grand plaisir du public qui s'enflamme.

Avec ses sets, Youn Sung-ho, comédien devenu musicien, a contribué à donner un coup de jeune au bouddhisme en Corée du Sud, même si ses performances ont fait des vagues ailleurs, notamment en Malaisie.

L'homme de 47 ans a été accueilli à bras ouverts par le clergé bouddhiste de Corée du Sud, qui voit en lui un moyen de se rapprocher de la jeunesse.

Un responsable religieux lui a donné le nom de moine "NewJeansNim", adopté comme nom de scène par le DJ qui n'a pas été ordonné.

Ce nom mélange "Seunim" - un titre coréen respectueux donné aux moines bouddhistes - et d'autres termes religieux (sans aucun rapport avec le groupe de K-pop Newjeans).

"Douleur! Parce que je n'ai pas reçu d'augmentation. Douleur! Parce que le lundi arrive trop vite", scande NewJeansNim sur scène, devant des centaines de jeunes Coréens qui dansent en rythme.

"Ca aussi ça passera, nous vaincrons", dit-il, citant des principes bouddhistes alors que les pulsations ralentissent, pendant un concert de musique électronique organisé pour le festival des lanternes organisé l'anniversaire de Bouddha, célébré mercredi en Corée du Sud.

Les images de ses performances excentriques et pleines d'énergie sont vite devenues virales : Youn en robe de moine aux longues manches flottantes et au crâne rasé, danse, chante et mixe.

"Je ne m'attendais pas à une telle réaction. C'est bouleversant", confie-t-il à l'AFP avant de se produire à Séoul le week-end dernier.

Son inspiration de DJ bouddhiste lui est venue naturellement, assure-t-il. "Ma mère était bouddhiste et j'ai fréquenté les temples dès mon plus jeune âge, donc le bouddhisme s'est imposé à moi naturellement".

Et ses paroles motivantes sont "juste ce que je me suis dit l'année dernière quand je n'avais pas de travail et que j'avais du mal à m'en sortir : les bons jours sont à venir".

Interdiction en Malaisie

Des paroles qui parlent à de nombreux Sud-Coréens. "Ses messages réconfortent les jeunes d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années qui sont épuisés et se sentent désespérés", explique Kang Min-ji, une jeune femme de 26 ans qui ne s'intéressait pas au bouddhisme auparavant.

"J'ai toujours pensé que le bouddhisme était conservateur jusqu'à ce que je voie ses performances de DJ", ajoute-t-elle. Mais en Malaisie, pays en majorité musulman avec une importante minorité bouddhiste, où NewJeansNim s'est produit début mai, un deuxième concert a été annulé après des protestations.

"Des plaintes ont été déposées à la police contre la prestation de DJ NewJeansNim en Malaisie par des groupes bouddhistes et des particuliers", a expliqué à l'AFP Eow Shiang Yen, secrétaire général de l'Association des jeunes bouddhistes de Malaisie.

Son comportement et sa tenue vestimentaire ne sont pas conformes aux croyances bouddhistes, selon lui.

Bouddhisme « branché »

En Corée du Sud, le président de l'Ordre Jogye, qui représente le bouddhisme traditionnel dans le pays, encourage NewJeansNim, considérant que le DJ peut attirer de nouveaux adeptes.

"Les jeunes pensent que le bouddhisme est difficile et vieillot", note le vénérable Jinwoo Seunim. "Pour casser cette image, il est préférable de ne pas être trop attaché à la tradition" dans un contexte où la pratique religieuse décroît.

Autre approche innovante, cette année au Salon international du bouddhisme à Séoul, les visiteurs ont pu prier avec un bouddha IA, acheter des vêtements inspirés par les écritures et manger des chocolats en forme de bouddha.

NewJeansNim a joué un morceau en fermeture du salon dont le nombre de visiteurs a triplé par rapport à l'an dernier, avec 80% de jeunes, selon les organisateurs.

"Il y a plus d'événements bouddhistes pour les jeunes, et ils sont plus +branchés+ maintenant", indique à l'AFP Choi Kyung-yoon, un Sud-Coréen de 28 ans vivant à Séoul.

Pour sa part, NewJeansNim minimise sa contribution au rajeunissement de l'image du bouddhisme en Corée du Sud. "Je n'ai rien fait vraiment". "Les moines sont très ouverts d'esprit et je me contente de les accompagner".


L’union Européenne, Riyad et Djeddah célèbrent ensemble le Mois de l’Europe

Cérémonies du Mois de l'Europe dans le Royaume du 9 mai au 9 juin (Fournie)
Cérémonies du Mois de l'Europe dans le Royaume du 9 mai au 9 juin (Fournie)
Nuit européenne des langues, soirée très appréciée du public (Fournie)
Nuit européenne des langues, soirée très appréciée du public (Fournie)
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  • l’UE propose comme chaque année un éventail d'activités culturelles variées et attractives à Riyad et Djeddah.
  • Je suis heureux que nous puissions célébrer cet événement historique avec le public saoudien en lui proposant une série d'expériences culturelles captivantes, allant de la musique au cinéma et il y en a pour tous les goûts. » a déclaré M. Christophe Farna

RIYAD : La Délégation de l'Union européenne en Arabie saoudite, en étroite collaboration avec les ambassades des pays de l'Union européenne et les instituts culturels, lance pour la troisième année consécutive les cérémonies du Mois de l'Europe dans le Royaume du 9 mai au 9 juin, saisissant ainsi l’opportunité de fêter la coopération entre l’Europe et l’Arabie saoudite.

Tout au long de ce mois, l’UE propose comme chaque année un éventail d'activités culturelles variées et attractives à Riyad et Djeddah. C’est une occasion qui permet au public saoudien d’apprécier la culture européenne et en d’en apprendre davantage sur l'Union européenne et sur les possibilités qu'elle offre dans de nombreux domaines tels que l'éducation, la culture, le cinéma et les affaires.

Christophe Farnaud, ambassadeur de l'UE en Arabie saoudite, a déclaré : « Chaque année, nous célébrons la Journée de l'Europe le 9 mai, qui marque l'anniversaire de la déclaration Schuman qui a ouvert la voie à l'Union européenne telle que nous la connaissons aujourd'hui. Je suis heureux que nous puissions célébrer cet événement historique avec le public saoudien en lui proposant une série d'expériences culturelles captivantes, allant de la musique au cinéma et il y en a pour tous les goûts. »

Le calendrier du Mois de l'Europe 2024 propose au public un panel riche et varié d’événements notamment plusieurs concerts. Les concerts de piano dirigé par Wojciech Waleczek, pianiste polonais de renommée internationale auront lieu au Centre saoudien de la musique (Saudi Music Hub) le 14 mai à Riyad et le 15 mai à Jeddah. Un concert consacré à la musique flamenco est organisé par l’ambassade d’Espagne au Saudi Music Hub le 21 mai.

Le 22 mai, aura lieu la quatrième édition de la Nuit européenne des langues, soirée très appréciée du public.  Cette rencontre unique réunira des passionnés des langues en Arabie saoudite et leur donnera l'occasion de pratiquer plusieurs langues européennes et d'en découvrir de nouvelles.

Les Journées saoudiennes de la mode française reviennent aussi cette année et auront lieu le 25 et 26 mai à Riyad.

Pendant le Mois de l'Europe, du 26 au 30 mai, les amateurs d'art pourront participer à un atelier gratuit d'une semaine sur les musées dans les sociétés contemporaines à l'institut de formation de l'académie supérieure Nafisa Shams à Jeddah. Cet atelier est organisé conjointement par la délégation de l'UE et la commission des musées.

À la fin de ce Mois consacré à L’Europe, les amateurs de cinéma pourront assister au lancement de la troisième édition du festival du film européen en Arabie saoudite organisant des projections prévues à Riyad et à Djeddah.

Le calendrier complet des événements du Mois de l'Europe et les modalités d'inscription sont disponibles à l'adresse suivante : https://www.eueventsinksa.eu/.


Le Haïtien Louis-Philippe Dalembert prix Goncourt de la poésie

L'écrivain français Louis-Philippe Dalembert (Photo, AFP).
L'écrivain français Louis-Philippe Dalembert (Photo, AFP).
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  • Né dans un quartier populaire de Port-au-Prince en 1962, enfant et adolescent passionné de livres, Louis-Philippe Dalembert est diplômé en journalisme et docteur en littérature comparée en France
  • L'Académie Goncourt a décerné trois autres prix mardi.

 

PARIS: L'écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert a reçu mardi le prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son oeuvre, a annoncé le jury dans un communiqué.

L'auteur de "Milwaukee Blues", roman qui faisait partie des quatre finalistes du prix Goncourt 2021, est l'auteur d'une dizaine de recueils de poèmes.

Le dernier en date, édité également cette année-là, s'appelle "Ces îles de plein sel et autres poèmes" (éditions Point).

Né dans un quartier populaire de Port-au-Prince en 1962, enfant et adolescent passionné de livres, Louis-Philippe Dalembert est diplômé en journalisme et docteur en littérature comparée en France. Il a reçu le Prix de la langue française en 2019, remis par un jury qui mêle membres de l'Académie française et de l'Académie Goncourt.

L'Académie Goncourt a décerné trois autres prix mardi.

Le Goncourt du premier roman est allé à Eve Guerra pour "Rapatriement", paru en janvier aux éditions Grasset. Le récit des difficultés du rapatriement en France du corps du père de la narratrice, tué dans un accident de travail au Cameroun, est l'occasion d'une réflexion sur son histoire familiale.

Le Goncourt de la nouvelle a consacré un recueil de Véronique Ovaldé, "À nos vies imparfaites", publié en avril aux éditions Flammarion.

Enfin, pour le Goncourt de la biographie, le choix du jury s'est porté sur celle de Madame de Sévigné, célèbre épistolière du XVIIe siècle, par Geneviève Haroche-Bouzinac, professeure à l'université d'Orléans.

L'Académie Goncourt a changé lundi soir de président, en élisant à ce poste Philippe Claudel, qui succède à Didier Decoin.

Les prix Goncourt, dits de printemps, sont attribués par le même jury que le célèbre prix Goncourt, plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises décernée fin octobre ou début novembre.