Cinéma africain: Le Tunisien Youssef Chebbi récompensé au Fespaco

Un homme représentant le réalisateur tunisien Youssef Chebbi, agite en son nom l'étalon d'or remporté pour le film "Ashkal", lors de la cérémonie de clôture du 28e Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Photo, AFP).
Un homme représentant le réalisateur tunisien Youssef Chebbi, agite en son nom l'étalon d'or remporté pour le film "Ashkal", lors de la cérémonie de clôture du 28e Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 05 mars 2023

Cinéma africain: Le Tunisien Youssef Chebbi récompensé au Fespaco

  • Le jeune réalisateur né à Tunis en 1984 a remporté l'Etalon d'or de Yennenga pour son film «Ashkal»
  • Sélectionné à la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en France, «Ashkal» a également remporté l'Antigone d'or

OUAGADOUGOU: Le réalisateur tunisien Youssef Chebbi a obtenu samedi à Ouagadougou la récompense suprême du Fespaco, le plus grand festival du cinéma africain, dont la 28e édition s'est tenue en dépit d'un lourd contexte sécuritaire en raison des violences jihadistes qui minent le Burkina.

Le jeune réalisateur né à Tunis en 1984 a remporté l'Etalon d'or de Yennenga pour son film "Ashkal".

Saluant une "rigueur extrême" et un "travail qui sort de l'ordinaire", la présidente du jury, la Tunisienne Dora Bouchoucha, a précisé que l'Etalon d'or avait été remis à M. Chebbi à l'unanimité.

Dans ce polar qui se déroule dans les Jardins de Carthage à Tunis, un quartier abandonné après la chute du président Ben Ali en 2011, deux policiers mènent une enquête sur de mystérieuses immolations.

"C’est une intrigue policière mais en fait ça parle du peuple tunisien", a expliqué Dora Bouchoucha.

Sélectionné à la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en France, "Ashkal" a également remporté l'Antigone d'or, la plus haute récompense du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier (sud-est de la France) en 2022.

Le prix a été remis à un représentant du réalisateur, absent, par le président de transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch en septembre 2022, coiffé de son habituel béret rouge et vêtu d'un treillis.

Le réalisateur tunisien devance deux femmes, la Burkinabè Apolline Traoré pour "Sira" qui reçoit l'Etalon d'argent, et la Kényane Angela Wamai pour "Shimoni", récompensée de l'Etalon de bronze.

Depuis sa création en 1969, aucune femme n'a remporté la récompense suprême de ce grand festival africain du cinéma.

170 oeuvres étaient en lice dans diverses catégories pour cette édition sur le thème "cinémas d'Afrique et culture de la paix".

Le palmarès du 28e Fespaco de Ouagadougou

Voici le palmarès de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), plus grand festival de cinéma africain, qui s'est achevé samedi:

FICTION LONG-METRAGE

- Etalon d'or de Yennenga: "Ashkal" de Youssef Chebbi (Tunisie)

- Etalon d'argent: "Sira", d'Apolline Traoré (Burkina Faso)

- Etalon de bronze: "Shimoni" d'Angela Wamai (Kenya)

- Prix d'interprétation masculine: l'ensemble des acteurs de "Sous les figues" d’Erige Sehiri (Tunisie)

- Prix d'interprétation féminine: l'ensemble des actrices de "Sous les figues" d’Erige Sehiri, (Tunisie)

- Meilleur décor: "Mami Wata" de Fiery Obasi (Nigeria)

- Meilleur montage: "Abu Saddam" de Nadine Khan (Egypte)

- Meilleur scénario : "Le bleu du caftan" de Maryam Touzani (Maroc)

- Prix de l'image: "Mami Wata" de Fiery Obasi (Nigeria)

- Prix du son: "Ashkal", de Youssef Chebbi (Tunisie)

- Meilleure musique: "Our lady of the Chinese shop" d’Ery Claver (Angola)

- Mention spéciale du jury: "Regarde les étoiles" de David Constantin (Ile Maurice)

FICTION COURT-METRAGE

- Poulain d'or fiction court-métrage: "Will my parents come to see me", de Mo Harawe (Somalie)

- Poulain d'argent fiction court-métrage: "A doll" d'Andriaminosa Hary et Joel Rakotovelo (Madagascar)

- Poulain de bronze fiction court-métrage: "Tsutsue", d'Amartei Armar (Ghana)

DOCUMENTAIRES

- Etalon d'or documentaire long-métrage: "Omi Nobu/L'Homme nouveau" de Carlos Yuri Ceuninck (Cap-Vert)

- Étalon d'argent documentaire long-métrage: "Nous, étudiants" de Rafiki Fariala (Centrafrique)

- Étalon de bronze documentaire long-métrage: "Gardien des mondes", de Leïla Chaïbi (Algérie)

- Poulain d'or documentaire court-métrage: "Angle mort" de Lofti Achour (Tunisie)

- Poulain d'argent documentaire court-métrage: "Katanga nation" de Beza Hailu Lemma (Ethiopie)

- Poulain de bronze documentaire court-métrage: "Kelasi", de Fransix Tenda Lomba (RDC)

Mention spéciale du jury: "L’envoyée de Dieu" d’Amina Mamani (Niger) et "Cuba en Afrique" de Negash Abdurahman (Ethiopie)

SECTION PERSPECTIVES

- Prix Paul Robeson au long-métrage documentaire "Le spectre de Boko Haram" de Cyrielle Raingou (Cameroun)

SECTION BURKINA FASO

- Meilleur film burkinabè: "Laabli l'insaisissable", de Luc Youlouka Damiba.

- Meilleur espoir burkinabè: "Le botaniste", de Floriane Zoundi

- Révélation du cinéma burkinabè: "Malla, aussi loin que dure la nuit", de Dramane Ouédraogo.

L'interprétation masculine et féminine reviennent à l'ensemble des acteurs et actrices de "Sous les Figues", de la réalisatrice tunisienne Erige Sehiri.

Triomphe tunisien 

La Tunisie triomphe donc dans ce festival du cinéma africain, à l'heure où des centaines de ressortissants d'Afrique subsaharienne fuient le pays en raison d'agressions et de manifestations d'hostilité faisant suite à une violente charge du président Kais Saïed contre les migrants en situation irrégulière.

Le meilleur scénario a été décerné au "Bleu du Caftan", de la Marocaine Maryam Touzani.

Quinze longs-métrages de fiction briguaient la récompense suprême, l'Etalon d'or de Yennenga, un prix d'une valeur de 20 millions de francs CFA (environ 30.000 euros).

Cette 28e édition du festival s'est tenue dans un contexte sécuritaire très lourd au Burkina, secoué par la violence djihadiste depuis plusieurs années.

Des dispositifs de sécurité, portiques, fouilles, militaires et policiers armés, ont été mis en place devant les différents lieux du festival qui ont accueilli 20.000 invités, selon l'organisation.

En dépit de ce contexte, des projections ont eu lieu auprès de personnes déplacées en raison des attaques djihadistes, à Kaya (centre-nord) et à Dédougou (centre-ouest).

Les attaques qui touchent surtout la moitié nord du pays n'ont toutefois pas cessé.

Dimanche dernier, la ville de Partiaga (nord-est) a été attaquée par des djihadistes, faisant plusieurs morts parmi les habitants, selon des sources locales. Aucun bilan officiel n'a été communiqué.

Le Burkina Faso connaît une intensification des violences de groupes liés à Al-Qaïda ou l'Etat islamique depuis le début de l'année, avec plusieurs dizaines de morts - civils ou militaires - quasiment chaque semaine.

Les violences ont fait depuis 2015 plus de 10.000 morts - civils et militaires - selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.

La prochaine édition du Fespaco est prévue pour se tenir du 22 février au 1er mars 2025.


Imane Alaoui, auteure de «Flavors of Morocco Transcended», rejoint E& Beach Canteen pour un cours culinaire en direct ce dimanche

Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended » (fournie)
Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended » (fournie)
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  • Rejoignez Imane pour un cours de cuisine marocaine à la pittoresque cantine E& Beach, située sur la plage de Jumeirah à Dubaï
  • Imane Alaoui s'est donné pour mission de détruire le mythe selon lequel la cuisine marocaine est trop complexe

DUBAÏ : Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended », invite les aficionados de la cuisine à embarquer pour un voyage culinaire sans précédent.

Rejoignez Imane pour un cours de cuisine marocaine à la pittoresque cantine E& Beach, située sur la plage de Jumeirah à Dubaï.

Au cours de cette expérience immersive, les participants visiteront la cuisine marocaine, découvrant et savourant des recettes exquises adaptées aux palais et aux styles de vie modernes. Au cœur de l'événement se trouve le célèbre tajine marocain, pour s'adapter à l'emploi du temps trépidant des habitants de Dubaï.

Flavors of Morocco Trenscended par Imane Alaoui (fournie)
Flavors of Morocco Transcended par Imane Alaoui (fournie)

Imane Alaoui s'est donné pour mission de détruire le mythe selon lequel la cuisine marocaine est trop complexe, en veillant à ce qu'elle soit accessible à tous ceux qui ont une passion pour la cuisine et un amour pour les saveurs diverses. Grâce à ce cours culinaire, les participants acquerront des connaissances inestimables, des compétences pratiques et une nouvelle appréciation de la riche tapisserie de la gastronomie marocaine.

Pour vous lancer dans cette aventure culinaire, rendez-vous sur : www.breakbread.com/experiences .

À propos d'Imane Alaoui :

Passionnée de cuisine et par le partage de son héritage, Imane Alaoui est connue pour son approche innovante de la cuisine marocaine. Elle cherche à inspirer les autres pour embrasser la richesse et la diversité de la gastronomie marocaine.

À propos de « Flavors of Morocco Transcended » (Les saveurs du Maroc transcendées)

« Les saveurs du Maroc transcendées » est un livre de recettes qui réinvente les plats marocains traditionnels pour un public moderne. Le livre présente un mélange harmonieux de saveurs authentiques et de tournures contemporaines, invitant les lecteurs à un voyage culinaire captivant à travers le paysage culinaire vibrant du Maroc.

 


L'Arabie saoudite annonce la Semaine de la mode de la mer Rouge

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
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  • Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux
  • L’Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad

DUBAÏ: Le Royaume s’apprête à accueillir la toute première Semaine de la mode de la mer Rouge. Prévu en bord de mer sur l'île d'Ummahat, cet événement glamour se déroulera du 16 au 18 mai au St. Regis Red Sea Resort. Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux. Son objectif est de célébrer la fusion entre l'esthétique traditionnelle saoudienne et le design contemporain de pointe.

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents.

Rappelons que l'Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad. L'événement, qui s’était déroulé dans le quartier financier du roi Abdallah du 20 au 23 octobre, a jeté les bases de la nouvelle capitale de la mode au Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La rappeuse afghane Sonita Alizada, voix des jeunes filles pour la liberté

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
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  • Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban
  • Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef

ARROMANCHES-LES-BAINS: Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban.

"Comme toutes les filles, je suis en cage, je ne suis qu'un mouton qu'on élève pour le dévorer", chante-t-elle, en 2014 en Iran, dans "Brides for sale" (Mariées à vendre), en robe de mariée, code-barre et ecchymoses sur le visage. "Relis le Coran! Il ne dit pas que les femmes sont à vendre."

Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef.

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars.

Repérée par la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami qui verse 2.000 dollars, elle a droit à six mois de sursis et saisit sa chance lorsqu'une ONG américaine lui propose d'étudier aux Etats-Unis.

Dans l'Utah, les débuts sont difficiles pour celle qui ne sait dire en anglais que "salut, je suis une rappeuse". Elle découvre aussi qu'aux Etats-Unis les mariages de mineures existent.

Elle décide de raconter son histoire dans les écoles, jusqu'au très prisé festival américain du film de Sundance où le documentaire qui lui est consacré, "Sonita", remporte en 2016 le prix du jury.

Ses jeunes années sont marquées par la peur des Talibans et la faim. Née à Herat en 1996, elle a environ cinq ans lorsqu'elle fuit avec ses parents et ses sept frères et sœurs, sans papiers, vers l'Iran.

"On pensait que la vie y serait plus facile, sans guerre mais c'était très difficile de se faire accepter à cause de l'image des Afghans", se rappelle Sonita Alizada, 27 ans, dans un entretien avec l'AFP.

Là aussi, interdiction d'aller à l'école: "Je cirais des chaussures avec mes frères puis je vendais des fleurs." Sa première bonne étoile est une femme qui apprend clandestinement aux filles à lire et à écrire dans une mosquée.

« Toujours en colère »

De retour en Afghanistan, son père, malade, meurt. Son mariage est planifié puis annulé lorsqu'elle retourne en Iran. Sonita y rencontre une association qui lui permet de prendre des cours de guitare en secret... et l'encourage à écrire après avoir remporté un prix de poésie.

Un jour l'artiste en devenir entend le rappeur star Eminem et, sans comprendre les paroles, pense que c'est "probablement la meilleure façon de partager une histoire".

La jeune fille écrit "Brides for sale" même si sa mère, mariée à 12 ans et illettrée, lui interdit de faire du rap. C'est le succès et le départ vers les Etats-Unis.

Devenue sa plus grande admiratrice, sa mère apparaît dans son clip "Run Boy", qui parle des Talibans essayant d'empêcher la scolarisation des filles.

Le 4 juin, elle sera à Caen, dans le nord-ouest de la France, pour le prix Liberté, qu'elle a remporté en 2021. La jeune artiste chantera "Stand up" avec des locaux et le clip de la chanson, filmé sur les plages du Débarquement, sera diffusé devant des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

"Toujours en colère", elle continue de défendre avec le rap et sur les réseaux sociaux la liberté sous toutes ses formes: à l'éducation, à s'exprimer, à choisir son partenaire. Elle a aussi mis en place deux projets en Afghanistan pour aider les enfants et les femmes.

Diplômée l'année dernière en droits humains et en musique à New York, Sonita Alizada veut maintenant étudier la politique à Oxford.

"L'art et la politique vont ensemble. Toute ma musique parle de politique, de faire la différence, de donner de l'espoir, de prendre conscience. Alors j'essaye d'éveiller les consciences à travers la musique", souligne celle qui espère, un jour, pouvoir prendre une part active dans l'avenir de son pays.