Quand les Kurdes d'Irak regardent, amers, des pays arabes reconnaître Israël

L'analyste politique Hiwa Othman lors d'un entretien à Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, le 9 novembre 2020. Les Kurdes irakiens ont longtemps été accusés d’avoir des liens étroits avec l'Etat juif. (Safin Hamed / AFP)
L'analyste politique Hiwa Othman lors d'un entretien à Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, le 9 novembre 2020. Les Kurdes irakiens ont longtemps été accusés d’avoir des liens étroits avec l'Etat juif. (Safin Hamed / AFP)
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Publié le Vendredi 27 novembre 2020

Quand les Kurdes d'Irak regardent, amers, des pays arabes reconnaître Israël

  • Aujourd'hui, les Kurdes d'Irak regardent les Israéliens normaliser leurs relations avec des pays arabes, avec un sentiment doux-amer
  • A Erbil, capitale du Kurdistan irakien, on s'étonne que l'Etat hébreu se soit tourné vers ses ennemis arabes plutôt que vers ses compagnons de galère kurdes, régulièrement accusés d'être des "agents" sionistes

ERBIL, Irak : Il y encore quelques décennies, ils disaient avoir un ennemi commun et luttaient pour avoir leur propre Etat. Aujourd'hui, les Kurdes d'Irak regardent les Israéliens normaliser leurs relations avec des pays arabes, avec un sentiment doux-amer.

Maintenant que Washington a réconcilié l'Etat hébreu avec le Bahreïn et les Emirats arabes unis, l'heure est aux vols commerciaux entre Tel-Aviv et Dubaï et plus aux slogans historiques sur la cause palestinienne.

A Erbil, capitale du Kurdistan irakien, on s'étonne que l'Etat hébreu se soit tourné vers ses ennemis arabes historiques plutôt que vers ses compagnons de galère kurdes, régulièrement accusés d'être des "agents" sionistes dans leur lutte pour l'indépendance.

"C'est bien que des pays arabes fassent le choix de la normalisation avec Israël", se félicite Himdad Najat, professeur d'anglais de 38 ans.

Mais, plus que les Arabes, "les Kurdes ont un lien affectif avec les Juifs à cause des injustices que ces deux peuples ont subies".

Environ 30 millions de Kurdes d'Irak, d'Iran, de Syrie et de Turquie revendiquent en vain depuis plus d'un siècle leur Etat.

Les Juifs, persécutés durant des siècles, n'ont, eux, obtenu le leur qu'en 1948.

Au cœur d'un Moyen-Orient résolument hostile, le tout jeune Israël s'est cherché des alliés chez les non-Arabes.

Les Kurdes d'Irak, qui n'ont cessé de vouloir se détacher du pouvoir à Bagdad -qui a envoyé des troupes à chaque guerre contre Israël- étaient un allié tout trouvé.

Dans les années 1980 et 1990, Israël a directement envoyé de l'aide humanitaire et militaire aux Kurdes en lutte contre Saddam Hussein.

C'est aussi par le nord kurde que la quasi-totalité des Juifs d'Irak ont rejoint Israël depuis plus d'un siècle.

Espoir et échanges technologiques

En 2017, quand les Kurdes d'Irak ont tenu leur référendum d'indépendance contre l'avis du monde entier, ils n'ont trouvé qu'un seul soutien : Israël.

Nabaz Rachad est l'un de ceux qui ont fait campagne pour le "oui", essuyant les critiques de ses amis arabes qui l'accusaient de "vouloir créer un deuxième Israël".

Pour lui, les récents accords de normalisation dans le Golfe sont "une pure hypocrisie". Mais ils pourraient stabiliser une région dévastée par les guerres et surtout, "en tant que Kurde", cet Irakien de 35 ans, y voit "un espoir".

"Quand je vois qu'un nouveau pays est créé ou reconnu, ça me redonne espoir que les Kurdes aient un jour leur Etat", dit-il.

En Irak, les Kurdes jouissent déjà d'une autonomie. Ils ont leurs propres forces de sécurité, gèrent leurs frontières mais... en matière de diplomatie, ils dépendent totalement de Bagdad.

"Mais si une ambassade israélienne ouvre à Bagdad, le jour suivant, un consulat ouvrira à Erbil", s'engage déjà Rebwar Babakye, chef de la commission des Affaires étrangères du Parlement kurde.

Pour lui, l'Irak doit normaliser ses relations avec Israël "le plus tôt possible". "Israël est le leader régional de la recherche scientifique, cela pourrait aider les pays arabes à se développer via des programmes d'échange", affirme-t-il.

Bagdad, l'un des poids lourds du front arabe anti-normalisation sous Saddam Hussein, s'est gardée de tout commentaire lorsque les Emirats et Bahreïn ont annoncé reconnaître Israël. La question de la normalisation des relations avec Israël reste très sensible dans le pays, où les forces pro-Iran -grand ennemi de l'Etat hébreu- dominent la scène politique.

"Grande époque" révolue

Mais pour le chercheur Hiwa Othman, Israël a largement perdu de son attrait pour les Kurdes.

Avant, dit-il, l'Etat hébreu était un émissaire de choix pour intercéder auprès des Etats-Unis. Mais "aujourd'hui, les Américains sont à Erbil et les Kurdes n'ont plus besoin d'intermédiaire, donc pas besoin d'une relation politique avec Israël".

Et surtout, contrairement à Bahreïn ou aux Emirats, les Kurdes ne peuvent s'affranchir de leurs grands parrains et voisins : Ankara et Téhéran, farouches ennemis de la normalisation --mais aussi de l'indépendance kurde.

Et la réciproque est vraie, renchérit Bilal Wahab, du Washington Institute for Near East Policy.

"Maintenant qu'Israël a normalisé ses relations avec Bahreïn et les Emirats, l'Etat hébreu lorgne vers l'Arabie saoudite, pas vers les Kurdes", affirme-t-il.

"La grande époque des relations entre Israël et les Kurdes appartient au passé".

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.