Comment le voyage sans visa peut ouvrir de nouveaux horizons

Vue générale du nouveau terminal C de l’aéroport Sheremetyevo à Moscou (AFP)
Vue générale du nouveau terminal C de l’aéroport Sheremetyevo à Moscou (AFP)
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Publié le Dimanche 12 mars 2023

Comment le voyage sans visa peut ouvrir de nouveaux horizons

Comment le voyage sans visa peut ouvrir de nouveaux horizons
  • Le Royaume s’attend à ce que les dépenses touristiques russes atteignent environ 2,2 milliards de dollars en 2023
  • Depuis que l’Arabie saoudite a introduit les visas électroniques en 2019, le nombre de touristes a augmenté à hauteur de 15%

La Russie élabore actuellement des accords intergouvernementaux pour autoriser les voyages sans visa à partir de onze pays, dont les États du Golfe, Bahreïn, l’Arabie saoudite, le Koweït et Oman. Quels nouveaux horizons cela pourrait-il ouvrir à la fois pour la Russie et le CCG?

Le premier avantage serait une occasion nouvelle de découvrir de nouveaux pays. Les Émirats arabes unis sont le pays que les Russes connaissent le plus, avec 1,2 million de voyages touristiques l’année dernière. Plus de 14 millions de touristes ont visité Dubaï en 2022 et la Russie était cinquième en termes de flux de touristes vers l’émirat. Aucun des autres États du Golfe n’est aussi célèbre auprès des touristes russes. Ouvrir la voie aux voyages encouragera davantage de Russes à visiter le Golfe, créant ainsi des possibilités culturelles et économiques. Celles-ci sont importantes pour l’économie russe criblée de sanctions et pour les efforts de diversification économique des États du Golfe.

Selon les statistiques de 2020, le tourisme russe en Arabie saoudite en 2019 valait 1,22 milliard de dollars (1 dollar = 0,94 euro), soit une croissance de 19% par rapport à 2018. Le Royaume s’attend à ce que les dépenses touristiques russes atteignent environ 2,2 milliards de dollars en 2023. Il existe déjà des preuves des avantages de la levée des restrictions sur les visas: depuis que l’Arabie saoudite a introduit les visas électroniques en 2019, le nombre de touristes a augmenté à hauteur de 15%.

Cela est indispensable pour atteindre les objectifs des projets nationaux, comme l’initiative Vision 2030, qui comprend plusieurs mégaprojets destinés à attirer les touristes et créer d’autres sources de revenus. Il s’agit notamment d’Amaala, une station balnéaire sur la côte nord-ouest, du Red Sea Global dans le sud et de la «ville intelligente» Neom au nord. Davantage de touristes russes contribueraient à ces plans de diversification économique et aideraient le Royaume à atteindre son objectif de 30 millions de visiteurs par an d’ici à 2030.

Oman souhaite également augmenter le nombre de touristes russes. Oman Air a repris ses vols vers Moscou en octobre dernier après une absence de deux ans. Oman s’attend à ce que 13 000 Russes s’y rendent en 2023, soit une augmentation de 4% par rapport à l’année dernière. Nous pouvons également voir des spectacles culturels russes au Royal Opera House de Mascate.

Les voyages sans visa depuis le Golfe peuvent également entraîner une augmentation du nombre de vols. Les estimations suggèrent jusqu’à dix vols quotidiens depuis Dubaï, Abu Dhabi et Charjah via Emirates, Etihad, Flydubai et Air Arabia, trois vols par jour depuis Bahreïn, via Gulf Air, un vol quotidien depuis Doha via Qatar Airways et quatre par semaine depuis Mascate à bord d’Oman Air.

L’assouplissement des restrictions en lien avec les visas encouragera également les accords universitaires à travers la Russie et le Golfe. Les changements coïncident avec la mise en place de 1 000 bourses permettant aux étudiants vietnamiens d’étudier gratuitement en Russie. Avec le CCG, la situation pourrait être inversée, avec des étudiants russes obtenant des bourses pour étudier dans les pays du Golfe. Davantage de Russes assisteront à des symposiums, des ateliers et des conférences universitaires dominés pendant des années par des universitaires occidentaux. Toutes ces mesures sont prises avec l’espoir de «conquérir les esprits et les cœurs» des deux côtés. Comme me l’a dit un ancien diplomate de l’un des États du Golfe, les nouvelles écoles russes à Dubaï, Abu Dhabi et ailleurs sont des indicateurs que les Russes sont là sur le long terme. Il s’agit de nouvelles réalités avec lesquelles nous devons vivre.

Malgré ces aspects positifs, comme l’a dit le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Ivanov: «Il est important de comprendre que le processus de négociation de ces traités internationaux est une voie à double sens et que le rythme auquel ils sont signés dépend à la fois de nous et de nos partenaires.» De nouveaux développements dans le conflit ukrainien, ou d’éventuelles pressions de Washington, pourraient ralentir les progrès. Néanmoins, comme le montrent les politiques récentes menées par tous les États du Golfe, leurs intérêts nationaux sont de plus en plus privilégiés.

Les pays continueront de faire ce qui est en leur intérêt et si cela apporte de nouvelles possibilités économiques et un engagement culturel, pourquoi ne pas voir plus de Russes à la Grande Mosquée du Sultan Qaboos, au Fort de Nizwa ou dans la ville historique d’AlUla?

La Dr Diana Galeeva est une intervenante académique au St. Antony's College de l’Université d’Oxford (2019-2022)

Twitter: @Dr_GaleevaDina

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com