Un Oscar pour le film pacifiste allemand «A l'Ouest, rien de nouveau»

James Friend, lauréat de l'Oscar de la meilleure photographie pour "All Quiet on the Western Front", est vu dans les coulisses de la 95e cérémonie des Oscars à Hollywood, Los Angeles, le 12 mars 2023. (Handout via Reuters)
James Friend, lauréat de l'Oscar de la meilleure photographie pour "All Quiet on the Western Front", est vu dans les coulisses de la 95e cérémonie des Oscars à Hollywood, Los Angeles, le 12 mars 2023. (Handout via Reuters)
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Publié le Lundi 13 mars 2023

Un Oscar pour le film pacifiste allemand «A l'Ouest, rien de nouveau»

  • «Merci, ça signifie tant pour nous», a déclaré dimanche sur la scène des Oscars le réalisateur Edward Berger, en attendant que l'Oscar du meilleur film, pour lequel «A l'Ouest, rien de nouveau» est également nommé, soit décerné
  • Un peu plus d'un an après l'invasion russe de l'Ukraine, c'est «malheureusement le bon film au bon moment», avait observé le mois dernier la ministre allemande de la Culture, Claudia Roth

BERLIN : Le film "A l'Ouest, rien de nouveau", adaptation d'un roman pacifiste sur la Première Guerre mondiale, produit en allemand par Netflix, a décroché dimanche l'Oscar du meilleur film international.

Près de cent ans après la publication du livre éponyme qui l'a inspiré, devenu un classique de la littérature allemande, le long-métrage d'Edward Berger a triomphé, après s'être déjà imposé le mois dernier aux Bafta, les récompenses britanniques du cinéma.

"Merci, ça signifie tant pour nous", a déclaré dimanche sur la scène des Oscars le réalisateur Edward Berger, en attendant que l'Oscar du meilleur film, pour lequel "A l'Ouest, rien de nouveau" est également nommé, soit décerné.

Un peu plus d'un an après l'invasion russe de l'Ukraine, c'est "malheureusement le bon film au bon moment", avait observé le mois dernier la ministre allemande de la Culture, Claudia Roth.

"Car il traite d'une façon bouleversante des horreurs de la guerre en pleine Europe", avait-elle dit quand l'oeuvre avait décroché sept Bafta.

Fait rare: c'est la deuxième fois qu'une adaptation du livre de l'Allemand Erich Maria Remarque, paru en 1929, est récompensée aux Oscars.

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(De gauche à droite) Christian M. Goldbeck, lauréat du prix du meilleur design de production, Edward Berger, lauréat du prix du meilleur long métrage international et James Friend, lauréat du prix de la meilleure cinématographie, chacun pour "All Quiet On The Western Front", assistent au bal des gouverneurs. (AFP)

En 1930, le long-métrage de l'Américain Lewis Milestone avait obtenu l'Oscar du meilleur film et celui du meilleur réalisateur.

C'est la première fois dans l'histoire de l'Académie américaine qu'un long-métrage en langue allemande est nommé pour l'Oscar du meilleur film.

Réalisée par le Suisse Edward Berger, cette nouvelle adaptation du roman avait récolté au total neuf nominations aux Oscars, se classant parmi les films les plus en vue cette année.

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Edward Berger, lauréat de l'Oscar du meilleur film international pour "All Quiet on the Western Front", pose dans la salle de presse lors de la 95e cérémonie des Oscars. (AFP) 

La dernière fois qu'une oeuvre allemande a remporté l'Oscar du meilleur film international remonte à 2007 avec "La Vie des autres".

Endoctrinement nationaliste

Lu par des générations de lycéens en France et en Allemagne, le roman traduit dans plus de 60 langues et ses adaptations cinématographiques racontent le destin tragique d'un jeune soldat allemand, Paul Bäumer, parti au front la fleur au fusil.

Il découvre l'horreur des tranchées en France et se rend compte avec désespoir de l'endoctrinement nationaliste dont lui et ses camarades ont été victimes.

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Couverture du livre d'Erich Maria Remarque, publiée sur Amazon.com. 

Le livre d'Erich Maria Remarque, pourchassé dès 1930 par les nazis et exilé en Suisse, puis aux Etats-Unis, avait fait l'objet en 1933 d'autodafés. Le film américain, accusé de "trahir les soldats", avait été rapidement interdit en Allemagne.

Disponible sur la plateforme américaine Netflix depuis le 28 octobre dernier, la nouvelle adaptation est également sortie en salles de cinéma dans certains pays.

Si le public allemand lui a fait la fête - il était en tête des films les plus regardés sur les plateformes de streaming en Allemagne avec 3,2 millions de vues les deux premières semaines après sa sortie, selon la société allemande de conseil Goldmedia -, la presse de ce pays était mitigée.

L'hebdomadaire Der Spiegel était plutôt élogieux, mais deux des plus grands quotidiens du pays l'ont peu apprécié. "En Allemagne, on ne sait pas faire la différence entre un bon et un mauvais film de guerre, cent ans après", écrivait la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et la Süddeutsche Zeitung regrettait que ces "148 minutes de kitsch guerrier digne d'un blockbuster" se soient tant éloignées du texte original du roman.

«Point de vue allemand»

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Une scène du film de Netflix "All Quiet on the Western Front". (Capture d'écran de la vidéo officielle de Netflix) 

Dans un entretien à l'AFP en septembre dernier, Berger, qui a vécu la plus grande partie de son existence en Allemagne, avait expliqué avoir "voulu traiter le roman d'un point de vue nouveau, celui d'un réalisateur allemand". Plus d'un siècle après la Première Guerre mondiale, il voulait insister sur "la perspective des vaincus".

La signature de l'Armistice et les conditions très dures qui furent imposées aux Allemands ont nourri la propagande nazie pour justifier le nationalisme et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

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Le pianiste allemand Volker Bertelmann pose avec l'Oscar de la meilleure musique (musique originale) pour "All Quiet on the Western Front" dans la salle de presse lors de la 95e cérémonie des Oscars. (AFP) 

Dans son film, Edward Berger introduit une séquence historique qui n'est pas présente dans le livre: on voit le social-démocrate Matthias Erzberger, chef de la délégation allemande, négocier puis signer la reddition de son pays et l'Armistice, le 11 novembre 1918, à Compiègne avec le maréchal français Ferdinand Foch.

"Mon film se démarque aussi des films américains ou britanniques faits du point de vue des vainqueurs", ajoute le cinéaste. "En Allemagne, il y a toujours ce sentiment de honte, de deuil et de culpabilité. C'était important pour moi d'apporter ce point de vue".

Les victoires dans les principales catégories aux Oscars

  • Meilleur film: "Everything Everywhere All at Once"

  • Meilleure réalisateur: Daniel Kwan et Daniel Scheinert, "Everything Everywhere All at Once"

  • Meilleure actrice: Michelle Yeoh, "Everything Everywhere All at Once"

  • Meilleur acteur: Brendan Fraser, "The Whale"

  • Meilleur acteur dans un second rôle: Ke Huy Quan, "Everything Everywhere All at Once"

  • Meilleure actrice dans un seconde rôle: Jamie Lee Curtis, "Everything Everywhere All at Once"

  • Meilleur film international: "A l'Ouest, rien de nouveau" (Allemagne)

  • Meilleur film d'animation: "Pinocchio par Guillermo del Toro"

  • Meilleur documentaire: "Navalny"

  • Meilleur scénario original: "Everything Everywhere All at Once"

  • Meilleur scénario adapté: "Women Talking"


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com