La Cisjordanie, appelée par Israël «gouvernorat de Judée et de Samarie», au centre de vives inquiétudes

Des sources indiquent que les responsables militaires israéliens emploient l'expression «brigade de Judée et de Samarie» (terme militaire qui désigne la Cisjordanie) depuis cinquante-cinq ans. (Photo fournie)
Des sources indiquent que les responsables militaires israéliens emploient l'expression «brigade de Judée et de Samarie» (terme militaire qui désigne la Cisjordanie) depuis cinquante-cinq ans. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

La Cisjordanie, appelée par Israël «gouvernorat de Judée et de Samarie», au centre de vives inquiétudes

  • L'administration civile israélienne a considérablement renforcé ses relations avec les autorités civiles palestiniennes sans passer par l'Autorité palestinienne
  • Pour l'analyste politique israélien Yoni Ben-Menachem, M. Smotrich tente de doter les colons de Cisjordanie des droits dont bénéficient les autres citoyens israéliens

RAMALLAH: Les Palestiniens éprouvent une certaine inquiétude à l'égard de l'expression «gouvernorat de Judée et de Samarie», que les autorités israéliennes emploient dans les documents officiels pour décrire la Cisjordanie. Ils redoutent en effet qu'il s'agisse d'un stratagème visant à annexer «sans bruit» les colonies situées dans la région.

Ismat Mansour, un spécialiste palestinien des affaires israéliennes, confie à Arab News que le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, poursuit son projet d'annexion de la Cisjordanie: outre les obstacles bureaucratiques, administratifs et politiques qu'il contourne, il fait fi des pressions extérieures dans le but d'assujettir la région à la loi israélienne.

Pour M. Mansour, l'annexion de la Cisjordanie à Israël n'aurait pas d'incidence sur la vie des trois millions de Palestiniens. En revanche, elle aurait des répercussions politiques et juridiques sur l'Autorité palestinienne, affirme-t-il.

Si cette dernière préconise une solution à deux États, l'annexion ne permettra pas de négocier au sujet de la Cisjordanie et la soumettra à la loi israélienne, ajoute-t-il.

Plus de six cent cinquante mille colons israéliens vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La zone C occupe près de 60% de la superficie de la Cisjordanie.

Des sources indiquent que les responsables militaires israéliens emploient l'expression «brigade de Judée et de Samarie» (terme militaire qui désigne la Cisjordanie) depuis cinquante-cinq ans.

Les conducteurs palestiniens qui se déplacent entre les villes palestiniennes rapportent que les tickets émis par les agents israéliens chargés de la sécurité routière arborent le logo du «gouvernorat de Judée et de Samarie». Sur certaines routes et dans certaines localités, les panneaux de signalisation affichent désormais cette nouvelle désignation.

Dans un entretien avec Arab News, l'analyste politique palestinien Ghassan al-Khatib explique que M. Smotrich s'apprête à annexer officiellement la Judée et la Samarie, faisant ainsi abstraction des pressions exercées par la communauté internationale.

L'Autorité palestinienne devrait s'alarmer des mesures prises par M. Smotrich dans la mesure où elles visent à annexer la zone C à Israël, estime-t-il.

contravention
Sur cette contravention figurent la désignation et le logo du gouvernorat. (Photo fournie)

Majdi Halabi est un spécialiste des affaires israéliennes. Il explique à Arab News que M. Smotrich souhaite offrir aux colons de Cisjordanie des conditions de vie comparables à celles des citoyens israéliens qui vivent à Tel-Aviv.

Aux yeux de M. Halabi, en prenant en charge l'administration civile, M. Smotrich se dote de pouvoirs relatifs aux colons israéliens qui vivent en Cisjordanie.

En effet, l'administration civile israélienne a considérablement renforcé ses relations avec les autorités civiles palestiniennes sans passer par l'Autorité palestinienne. Toutefois, ce sont les ministères israéliens qui gèrent les relations avec les colons.

Dana Ben Shimon est une journaliste israélienne qui travaille pour Israel Today. Elle affirme que M. Smotrich désire confier aux ministères israéliens les pouvoirs dont dispose l'administration civile de Tsahal (l'Armée de défense d'Israël, NDLR) parce qu'il est convaincu qu'Israël n'occupe pas le territoire. De fait, il répète sans cesse: «Nous ne sommes pas des invités. Nous sommes les propriétaires de la terre.»

Selon Dana Ben Shimon, M. Smotrich souhaite placer sous la tutelle des ministères israéliens la gestion des colonies implantées en Cisjordanie et celle des affaires des colons qu'il considère comme des citoyens israéliens. Il envisage par ailleurs d'annexer les colonies à Israël et à la zone C.

Pour l'analyste politique israélien Yoni Ben-Menachem, M. Smotrich tente de doter les colons de Cisjordanie des droits dont bénéficient les autres citoyens israéliens.

«Smotrich poursuit les objectifs suivants: résoudre tous les problèmes des colons qui vivent en Cisjordanie, légitimer les avant-postes installés dans les colonies et leur fournir eau et électricité, et accroître l'influence israélienne en Cisjordanie. S'il y parvient, il bénéficiera d'un plus grand soutien politique de la part des colons», explique Yoni Ben-Menachem.

Néanmoins, la Knesset (le Parlement israélien) a entériné en première lecture, mardi dernier, un projet de loi qui vise à abolir la loi de «séparation/retrait», ou la loi connue sous le nom de «désengagement» des colonies situées dans le nord de la Cisjordanie.

Selon le projet de loi, les colons seront désormais autorisés à entrer et à séjourner dans les zones de colonisation évacuées dans le nord de la Cisjordanie ainsi que dans les avant-postes récemment évacués, parmi lesquels Homesh (avant-poste situé entre Naplouse et Jénine).

Les Palestiniens qui vivent en Israël et en Cisjordanie s'apprêtent à commémorer, le 30 mars, la Journée de la Terre. Ils organiseront des manifestations pour dénoncer l'occupation israélienne.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.