Mer Noire: La Russie veut récupérer le drone américain, Washington enquête

Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, à droite, et le président de l'état-major interarmées, le général Mark Milley, au Pentagone à Washington (Photo, AP).
Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, à droite, et le président de l'état-major interarmées, le général Mark Milley, au Pentagone à Washington (Photo, AP).
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Publié le Jeudi 16 mars 2023

Mer Noire: La Russie veut récupérer le drone américain, Washington enquête

  • Le Reaper MQ-9 est tombé dans les eaux internationales après avoir été percuté, selon Washington, par un chasseur russe
  • Moscou admet l'interception de l'appareil par ses avions de chasse mais dément tout contact qui aurait mené au crash

MOSCOU: La Russie a dit mercredi vouloir repêcher le drone américain qu'elle est accusée d'avoir fait s'abîmer en mer Noire et qui prouve selon elle l'implication des Etats-Unis dans le conflit en Ukraine, Washington annonçant de son côté enquêter sur les motivations de Moscou dans cet incident.

Mercredi soir, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a estimé que l'une des causes de l'incident était le "renforcement" des opérations d'espionnage américaines.

"Les causes de l'incident sont la non-observation par les Etats-Unis de la zone de limitation des vols annoncée par la Russie et établie du fait de la conduite de l'opération militaire spéciale (en Ukraine), ainsi que le renforcement des activités de renseignement contre les intérêts de la Russie", a indiqué le ministre, cité dans un communiqué de son ministère.

"La Russie ne souhaite pas une telle évolution des événements mais elle réagira désormais proportionnellement à toute provocation", ajoute le texte.

Le Reaper MQ-9 est tombé dans les eaux internationales après avoir été percuté, selon Washington, par un chasseur russe. Moscou admet l'interception de l'appareil par ses avions de chasse mais dément tout contact qui aurait mené au crash.

La Russie argue que le drone était entré, au large de la péninsule de Crimée annexée en 2014, dans une zone d'exclusion aérienne qu'elle a elle-même décrétée pour son opération en Ukraine.

"Je ne peux pas parler à ce stade d'un motif ou d'une intention (de la part des Russes NDLR), mais ce que je peux dire très clairement c'est qu'il s'agissait d'une action irréfléchie et dangereuse", a déclaré le secrétaire d'Etat Antony Blinken, en visite à Addis Abeba.

Kiev a en effet accusé les forces russes d'avoir délibérément fait chuter le Reaper pour envoyer un message à Washington, alors qu'elles sont à la peine dans leurs tentatives de gagner du terrain en Ukraine.

Dans l'est du pays, les forces russes en sont notamment toujours à prendre d'assaut la petite ville de Bakhmout, que les Ukrainiens défendent avec acharnement depuis des mois, a indiqué l'armée ukrainienne dans son rapport quotidien. "Nos défenseurs ont repoussé des attaques de l'ennemi près des villages d'Orikhovo-Vasylivka et Bogdanivka", a-t-elle ajouté.

Plus au sud, "en raison de leur impuissance, les occupants terrorisent les civils" dans la région de Kherson, selon la même source.

«Un signal de Poutine»

Dans ce contexte et alors qu'ont commencé les livraisons de chars lourds occidentaux aux Ukrainiens, la neutralisation du drone Reaper est "un signal de Poutine qu'il est prêt à étendre la zone du conflit et à y impliquer d'autres parties", a déclaré sur Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Oleksiï Danilov.

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a réagi en soulignant mercredi que les Etats-Unis continueraient à voler "là où le permet le droit international".

"Il incombe à la Russie de faire voler ses avions militaires de manière professionnelle et sûre", a ajouté lors d'une conférence de presse M. Austin, après un entretien téléphonique avec son homologue russe Sergueï Choïgou.

La France, dont les forces sont notamment présentes en Roumanie dans le cadre de l'Otan, a abondé en ce sens.

"La liberté de navigation dans l'espace aérien international doit être respectée et les actions d'intimidation ne sont pas acceptables", a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

La Russie de son côté a annoncé elle allait s'efforcer de retrouver l'appareil et de le récupérer pour en analyser les équipements d'observation très perfectionnés.

"Je ne sais pas si on arrivera à l'atteindre ou pas, mais il faut essayer. Et on va obligatoirement s'en occuper, et j'espère bien sûr avec succès", a dit à la télévision russe le secrétaire du Conseil de sécurité, Nikolaï Patrouchev.

Il a estimé que l'incident prouvait que les Etats-Unis "participent directement (...) à la guerre".

Washington a «pris des mesures»

Un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, avait précédemment déclaré sur CNN que les Etats-Unis avaient "pris des mesures" pour faire en sorte que le drone ou ses équipements ne puissent tomber entre des mains ennemies.

L'ambassadeur russe aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, convoqué par le département d'Etat américain, a signifié que Moscou considérait la présence de drones américains dans la zone comme une menace, intimant aux forces américaines de cesser "leurs vols près des frontières russes" après avoir été convoqué par le département d'Etat américain.

C'est la première fois depuis le début de l'assaut russe contre l'Ukraine le 24 février 2022 qu'un pays de l'Otan reconnaît avoir perdu un équipement opéré par lui-même dans cette région hautement inflammable.

Le drone Reaper est un aéronef de vingt mètres d'envergure piloté à distance, équipé de capteurs embarqués pour la surveillance, ainsi que d'armement. Volant à une vitesse de croisière de 335 km/h, il bénéficie d'une autonomie de plus de 24 heures.

Le ciel de la mer Noire est le théâtre de très régulières interactions entre des drones et des aéronefs des pays de l'Otan et les forces armées russes, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.