Pour la Russie, un mariage économique «déséquilibré» avec la Chine

Dans cette photo d'archive prise le 04 février 2022, le président russe Vladimir Poutine (à gauche) et le président chinois Xi Jinping posent pour une photo lors de leur rencontre à Pékin. (AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 04 février 2022, le président russe Vladimir Poutine (à gauche) et le président chinois Xi Jinping posent pour une photo lors de leur rencontre à Pékin. (AFP)
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Publié le Dimanche 19 mars 2023

Pour la Russie, un mariage économique «déséquilibré» avec la Chine

  • «La stabilité de l'économie russe dépend désormais de la Chine, ce qui donne à Pékin un nouvel instrument pour influencer la Russie directement», analyse un expert
  • «Nous ne sommes qu'au début du processus de dépendance économique de Moscou vis-à-vis de la Chine, dans plusieurs années ou décennies, ce levier économique pourrait se transformer en un levier politique encore plus puissant», ajoute-t-il

MOSCOU: Largement coupée de l'Europe depuis son offensive contre l'Ukraine, la Russie a réorienté massivement son économie vers la Chine, au risque de se retrouver avec Pékin dans une relation "déséquilibrée" et en position de faiblesse.

Trois semaines avant le début de l'intervention du Kremlin en Ukraine, Vladimir Poutine et Xi Jinping brandissaient un partenariat "sans limites" entre Russie et Chine. Le message: s'afficher en contrepoids de l'Occident.

Depuis, les échanges commerciaux ont explosé, malgré les sanctions internationales et le départ de nombreuses entreprises étrangères de Russie. Le commerce bilatéral a atteint l'an passé 190 milliards de dollars, selon les douanes chinoises, un record.

La part du yuan dans les devises utilisées pour le commerce extérieur russe s'est également envolée, passant en un an de 0,5% à 16%, et entraînant au passage la réduction spectaculaire de l'euro et du dollar dans les exportations russes (48% désormais).

Sur le plan énergétique, leur principale source d'échanges, Moscou et Pékin ont aussi accéléré leur rapprochement.

"La Chine et l'Inde ont remplacé l'UE en tant que marchés principaux d'exportations" pour le pétrole russe, représentant "au quatrième trimestre (2022), avec la Turquie, les deux-tiers des exportations totales de brut russe", expliquent des économistes de l'Association des grandes banques et institutions financières mondiales (IIF).

"Il est absolument critique pour la Russie d'être proche de la Chine, car elle n'a plus beaucoup de partenaires économiques" de taille, observe Elina Rybakova, l'une d'entre eux, interrogée par l'AFP.

«Pas d'autre choix»

Selon Sergueï Tsyplakov, expert des relations économiques russo-chinoises à la Haute Ecole d'économie de Moscou, en un an, "les Chinois ont pris sur le marché russe les créneaux libérés par les entreprises occidentales", notamment dans l'automobile.

"Il était nécessaire pour la Russie de trouver des sources d'importations alternatives, notamment pour les composants électroniques", explique Anna Kireïeva, de la prestigieuse école moscovite de relations internationales MGIMO.

Mais, dit-elle à l'AFP, "dans les faits, les grandes entreprises chinoises bien intégrées dans les marchés occidentaux et dans le système financier mondial, comme Huawei ou ZTE, ont préféré mettre sur pause leurs activités en Russie pour éviter d'éventuelles sanctions américaines".

Alors, mariage de circonstance ou alliance économique durable ?

"Poutine veut avec la Chine une relation équilibrée, +comme des jumeaux+, mais ce n'est pas le cas", tranche Timothy Ash, analyste au cabinet BlueBay.

"La Russie n'a pas d'autre choix" que de se tourner vers la Chine, affirme-t-il auprès de l'AFP.

"La stabilité de l'économie russe dépend désormais de la Chine, ce qui donne à Pékin un nouvel instrument pour influencer la Russie directement", analyse pour sa part Temour Oumarov, spécialiste des relations sino-russes à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.

Une observation toutefois contestée par le Kremlin. "Dans ces relations, il n'y a pas de leader, pas de suiveur", a assuré vendredi le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, évoquant "deux partenaires qui se font confiance et partagent largement les mêmes objectifs".

«Concurrents»

Reste que de nombreux problèmes logistiques subsistent pour développer davantage ce partenariat.

Les lignes ferroviaires dans l'Extrême-Orient russe "sont déjà saturées", explique à l'AFP Mme Kireïeva. "Et leur modernisation prendra du temps".

Idem pour les infrastructures de la région destinées aux hydrocarbures, comme le port pétrolier russe de Kozmino, sur la côte de la mer du Japon.

Sans compter que Moscou doit consentir actuellement d'importants rabais sur son pétrole, visé depuis décembre dernier par un embargo et le plafonnement de son prix de vente par les Occidentaux.

Les conséquences se font déjà sentir sur le budget russe: les revenus pétroliers de Moscou ont plongé de 42% sur un an en février, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), alors que la Russie commercialise plus ou moins toujours le même volume.

De quoi affaiblir davantage la position russe vis-à-vis de Pékin ?

"Les deux puissances sont des concurrents au-delà d'être des alliés supposés", rappelle Timothy Ash. "Pékin aime voir une Russie affaiblie pour pouvoir l'exploiter".

"Nous ne sommes qu'au début du processus de dépendance économique de Moscou vis-à-vis de la Chine", reprend de son côté Temour Oumarov. "Mais dans plusieurs années ou décennies, ce levier économique pourrait se transformer en un levier politique encore plus puissant".


Bouygues Telecom: ventes en hausse, portées par La Poste Telecom

Sur le dernier trimestre, l'entreprise a gagné 125.000 nouveaux abonnés à un forfait mobile, et compte désormais 18,5 millions d'abonnés. Le nombre total de clients mobile accuse quant à lui une légère baisse, à 27 millions. (AFP)
Sur le dernier trimestre, l'entreprise a gagné 125.000 nouveaux abonnés à un forfait mobile, et compte désormais 18,5 millions d'abonnés. Le nombre total de clients mobile accuse quant à lui une légère baisse, à 27 millions. (AFP)
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  • Sur la période, ses ventes atteignent 5,9 milliards d'euros, soit une hausse de 4% par rapport à la même période l'année précédente. A périmètre et change constants, elles accusent un léger recul de 1%
  • Le chiffre d'affaires facturé aux clients, autre indicateur de l'activité de l'entreprise, ressort quant à lui en hausse de 5% sur un an, à 4,9 milliards d’euros, grâce à l'intégration de La Poste Telecom

PARIS: Le groupe de télécommunications Bouygues Telecom a vu son chiffre d'affaires augmenter sur les neuf premiers mois de l'année, toujours porté par l'intégration de La Poste Telecom après son rachat l'année dernière, d'après des résultats financiers publiés mercredi.

Sur la période, ses ventes atteignent 5,9 milliards d'euros, soit une hausse de 4% par rapport à la même période l'année précédente. A périmètre et change constants, elles accusent un léger recul de 1%.

Le chiffre d'affaires facturé aux clients, autre indicateur de l'activité de l'entreprise, ressort quant à lui en hausse de 5% sur un an, à 4,9 milliards d’euros, grâce à l'intégration de La Poste Telecom.

En parallèle, la contribution de l'activité au résultat net du groupe Bouygues accuse une baisse substantielle de 126 millions d'euros et s'établit à 137 millions d'euros.

Sur les neuf premiers mois de l'année, l'excédent brut d'exploitation après loyer (Ebitdal), indicateur de rentabilité de référence dans le secteur, est stable et atteint 1,5 milliard d'euros, avec "une contribution limitée de La Poste Telecom", précise l'entreprise dans son communiqué.

A fin septembre, le nombre de clients fixe progresse par rapport aux derniers chiffres de fin juin, à 5,3 millions de clients.

Sur le dernier trimestre, l'entreprise a gagné 125.000 nouveaux abonnés à un forfait mobile, et compte désormais 18,5 millions d'abonnés. Le nombre total de clients mobile accuse quant à lui une légère baisse, à 27 millions.

La filiale a indiqué maintenir ses prévisions sur l'année, avec un chiffre d'affaires facturé aux clients "soit légèrement supérieur soit légèrement inférieur, son évolution dépendant de la durée et de l’intensité de la pression concurrentielle observée actuellement".

Bouygues Telecom a également indiqué que la vente de sa société Infracos, détenue en commun avec SFR, devrait s'achever d'ici la fin de l'année.

L'opérateur a réaffirmé maintenir l'offre de rachat commune de SFR, déposée mi-octobre avec Free et Orange.

"Nous considérons que l'offre est attractive", a affirmé Pascal Grangé, directeur général délégué du groupe Bouygues, au cours d'une conférence téléphonique.

"Il n'y avait pas de dialogue particulier avant, il n'y a pas de dialogue particulier après" avec Patrick Drahi, actionnaire majoritaire du groupe Altice France, maison mère de SFR, a-t-il ajouté.

La proposition de rachat, à hauteur de 17 milliards d'euros, avait été refusée dès le lendemain de son annonce par la direction d'Altice France, et remise aussitôt sur la table par les trois opérateurs concurrents.

 


Le décret sur la programmation énergétique de la France, priorité du Premier ministre, assure Lescure

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Roland Lescure, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 novembre 2025. (AFP)
Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Roland Lescure, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 novembre 2025. (AFP)
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  • Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Roland Lescure, a affirmé que la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) est la priorité du gouvernement et qu’elle sera présentée « très bientôt » après plus de deux ans de retard
  • Ce texte stratégique doit définir la trajectoire énergétique de la France pour les dix prochaines années, combinant relance du nucléaire et développement des énergies renouvelables afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050

PARIS: Le décret traçant la stratégie énergétique de la France est en tête des priorités du ministre de l'Energie et de celles du Premier ministre, a affirmé mardi le ministre de l'Economie Roland Lescure, au sujet de ce texte sensible qui déchire la classe politique.

"La programmation pluriannuelle de l'énergie, elle est au sommet de la pile du ministre de l'Energie, elle est aussi au sommet de la pile du Premier ministre" Sébastien Lecornu, a assuré à la presse le ministre de l'Economie et des Finances, également chargé de l'énergie, lors d'un déplacement au salon du nucléaire civil près de Paris.

La programmation énergétique de la France, dite PPE3, qui a déjà plus de deux ans de retard, n'en finit pas de se faire attendre. Mais le ministre tient à rassurer: "on est en train de travailler, j'ai repris le crayon il y a maintenant trois semaines pour faire atterrir tout ça".

"On va rencontrer les parlementaires qui ont beaucoup travaillé là-dessus et on va vous revenir très vite avec une programmation pluriannuelle de l'énergie qui (...) va permettre de lancer les grands projets dont on a tant besoin", a-t-il dit.

Le gouvernement précédent avait promis de publier le décret de la PPE3 d'"ici à la fin de l'été", avant finalement de renoncer.

Le Premier ministre de l'époque François Bayrou, alors sous menace d'une censure du Rassemblement national, avait expliqué début août avoir retardé la publication "pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires" avec les partis et les groupes parlementaires.

Le texte a donné lieu à des débats enflammés dans la classe politique au printemps entre pronucléaires et partisans des renouvelables, lors de l'examen d'une proposition de loi elle aussi consacrée à la programmation énergétique.

La PPE3 fixe la feuille de route énergétique de la France sur 10 ans pour sortir des énergies fossiles et atteindre la neutralité carbone en 2050 grâce à une relance massive du nucléaire combinée au développement des renouvelables.

Initialement, le gouvernement avait prévu de présenter sa stratégie énergétique dans un projet de loi pour début 2024, avant finalement d'opter pour la voie réglementaire devant la "guerre de religion" qui oppose pro-renouvelables et pro-nucléaire, comme l'avait admis à l'époque le ministère de l'Energie alors dirigé par Roland Lescure lors de son précédent passage à Bercy.

Mais aujourd'hui, "la guerre des religions est terminée", a martelé mardi le ministre. "On a besoin d'engager des grands projets dans le nucléaire, dans l'éolien offshore" et "de continuer sur la dynamique des énergies renouvelables".


IA: Microsoft annonce 15,2 milliards de dollars d'investissements aux Emirats arabes unis

Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
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  • Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis
  • Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42

ABOU DHABI: Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe.

Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis, a indiqué son président Brad Smith, dans une lettre publiée en marge d'une visite à Abou Dhabi.

Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42, dirigée par le conseiller à la sécurité nationale et frère du président émirati, Tahnoon ben Zayed.

"Du début de l'année 2026 à la fin de l'année 2029, nous dépenserons plus de 7,9 milliards de dollars" supplémentaires pour continuer à développer l'infrastructure d'IA et de cloud dans le pays, portant l'enveloppe totale à 15,2 milliards, a-t-il ajouté.

L'Etat du Golfe, qui figure parmi les principaux exportateurs de pétrole au monde, a fait de l'IA l'un des piliers de sa stratégie de diversification économique, avec l'ambition de devenir un leader mondial d'ici 2031.

Il subit toutefois les règles imposées par les Etats-Unis pour restreindre les exportations de certaines puces d'IA avancées vers la Chine, dont l'une prévoit des autorisations pour toute exportation ou réexportation afin de limiter toute opération consistant à contourner les restrictions en passant par des pays tiers.

Des exemptions sont prévues pour des pays considérés comme amis des Etats-Unis, mais la plupart se voient imposer des plafonds.

Lors de la visite du président américain Donald Trump à Abou Dhabi en mai, les Emirats et les Etats-Unis ont conclu un partenariat stratégique dans l'IA, laissant espérer un assouplissement de ces règles à l'égard du pays.

Sous l'administration de Joe Biden, Microsoft avait été "l'une des rares entreprises" à obtenir des licences d'exportation pour les Emirats, permettant d'accumuler dans le pays l'équivalent de 21.500 puces A100 de la compagnie Nvidia, selon son président.

Et pour la première fois depuis l'arrivée de M. Trump, elle a obtenu en septembre des licences "permettant d'expédier l'équivalent de 60.400 puces A100 supplémentaires", impliquant dans ce cas des technologies encore plus avancées, a-t-il ajouté en soulignant que ces autorisations étaient basées sur "des mesures de protection technologique strictes".