Pour Jean-Pierre Sakoun, «l’islam radical est forcément politique»

«Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR) (Photo, YouTube)
«Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR) (Photo, YouTube)
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Pour Jean-Pierre Sakoun, «l’islam radical est forcément politique»

  • Selon Jean-Pierre Sakoun, il existe bel et bien un problème avec l’islam radical, qui «travaille les musulmans de France pour qu’ils adoptent une acception très raide de leur religion»
  • «Il est clair que depuis presque quarante ans, il s’est produit une modification assez importante dans la société française», explique le président du CLR

ATHENES: Arab News en français s’est entretenu avec Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR), pour qui «la prise de conscience en France est réelle aujourd’hui»: il existe bel et bien un problème avec l’islam radical qui, selon lui, «travaille les musulmans de France pour qu’ils adoptent une acception très raide de leur religion». C’est devenu possible à présent, après «trente années d’érosion de la laïcité» et de modifications au niveau de l’école», estime M. Sakoun, qui souhaite qu’une réelle «émancipation de l’être humain devienne enfin possible, que chaque être humain puisse décider librement de sa vie, de son orientation sociale, religieuse».

Pourquoi la laïcité devient-elle de plus en plus une question complexe et épineuse en France? M. Sakoun estime que ce n’est pas le cas. «Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste-t-il. Et le président du CLR rappelle que 88 à 90% de la population française est favorable à l’application de la laïcité. «La question fondamentale, c’est que la laïcité est un instrument incomparable de liberté individuelle et d’émancipation […] et qu’elle protège de toutes les pressions en général, qu’elles soient d’ordre ethnique ou religieux.» Ces pressions, la communauté à laquelle l’individu appartient va immanquablement, presque naturellement, les faire peser sur cette personne.

Or, pour le président du CLR, «il est clair que depuis presque quarante ans il s’est produit une modification assez importante dans la société française, qui a permis aux tenants de cet islam radical – entre Frères musulmans et salafistes – de “travailler” les musulmans de France pour leur faire adopter une vision très raide, radicale de leur religion et pour qu’ils s’opposent à cette ouverture et à cette capacité d’émancipation de l’individu qu’ils considèrent comme un danger pour la religion dans l’espace public».

«L’islam radical est forcément politique»

Selon la définition de la laïcité proposée par le site officiel de l’Observatoire de la laïcité, celle-ci «garantit la liberté de conscience» de laquelle découle «la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l'ordre public». Elle implique également «la neutralité de l'État et impose l'égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction». Jean-Pierre Sakoun considère-t-il que l’islam radical est obligatoirement politique?

Sa réponse est positive, et sans détours. «S’il y a une différence d’approche entre les Frères musulmans et les salafistes, tous se retrouvent dans le résultat. Un nombre non négligeable d’associations viennent dans des quartiers qui, petit à petit, sont devenus tout à fait uniformes, remplacer le service public ou le pousser dehors pour lui prendre sa place», note le président du Comité Laïcité République. L’uniformité géographique est-elle en elle-même un problème? N’est-ce pas plutôt le laxisme, le laisser-faire des autorités? «Ce n’est pas binaire, l’autorité et la fermeté en démocratie sont contrôlées par les lois, la justice administrative et, d’autre part, dans une sorte d’aveuglement terrible, les gouvernements de gauche et de droite ont laissé se développer des regroupements en France qui sont absolument catastrophiques pour la République. Et ceux-ci se sont d’abord formés par facilité, à cause du laxisme des autorités, mais ils se développent maintenant de l’intérieur. Les associations font désormais tout leur possible pour conserver une unité ethnico-religieuse dans ces quartiers pour que leur emprise soit la plus forte possible. Les gouvernements français ont été catastrophiquement aveugles depuis trente-cinq ans», déplore Jean-Pierre Sakoun.

Or, selon l’étude lancée par Arab news en français et effectuée en partenariat avec l’institut de sondage YouGov sur près de 1000 personnes, les Français d’origine arabe respectent clairement les valeurs françaises, comme la laïcité.  Ils pensent qu’un système laïc serait bénéfique pour leur pays d’origine, et s’affirment même prêts à défendre ce modèle dans leur pays d’origine. 54% d’entre eux prônent la laïcité qui serait, pour eux, une solution aux problèmes du monde arabe. Les personnes interrogées se montrent réticentes aux ingérences de la religion en politique et apprécient le système laïc appliqué en France. Système qu’elles défendraient même ouvertement dans leur pays d’origine.

Le débat autour de ce qu’on a un temps appelé «séparatisme» ne serait-il dès lors en réalité qu’un débat qui concerne l’ordre public? M. Sakoun estime sur ce point que les questions d’ordre public ne sont qu’une conséquence, «voire un symptôme de la laïcité». «La fermeture administrative de la mosquée de Pantin est un exemple d’ordre public bienvenu […] mais on ne résout pas simplement les problèmes par de l’administratif et de l’ordre public; il faut un débat de fond et la question cruciale, ici, c’est celle de la laïcité. […] Mais je suis globalement satisfait qu’un coup de semonce ait été envoyé à des gens qui, impunément, prônent la haine sur les réseaux.» Et d’ajouter: «Cela fait trente ans que des officines des Frères musulmans fonctionnent en marge de la légalité, c’est un mode opératoire pernicieux qui, en même temps, diffuse “l’imposture de l’islamophobie”, et c’est pourquoi le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a été dissout.» Pour le président du CLR, la rhétorique de l’islamophobie a été fabriquée de toutes pièces par «les mollahs iraniens». Et c’est depuis les attentats de 2015 que les autorités françaises ont réellement pris la mesure du problème. «On ne va pas, en quelques années, corriger quarante ans d’erreurs. Il va falloir une génération pour y arriver, mais on va y arriver, et pour le bénéfice de tous», note-t-il.

L’école, «une respiration laïque»

Revenant sur l’affaire des foulards de Creil, en 1989, Jean-Pierre Sakoun insiste pour que le mot «hidjab» soit utilisé «car c’est une volonté de faire rentrer la religion dans l’école». Lorsqu’on lui demande ce qui a changé depuis 1989, il répond sans hésiter: «Trente ans d’érosion de la laïcité, de modification de l’organisation de l’école qui font que la formation du citoyen est devenue quelque chose d’un peu secondaire par rapport à ce qu’elle était, essentielle au fonctionnement de la République». «L’affaire de Creil est l’une des erreurs politiques majeures du gouvernement de Lionel Jospin et cette erreur, nous allons la payer pendant cinquante ans», précise-t-il avec amertume. «Creil, c’est le premier test imposé par l’islam politique à la République et ce test est passé comme dans du beurre», ajoute-t-il.

Mais le port du foulard n’est-il pas en soi une liberté individuelle? Le simple port du foulard est-il de nature à imposer un dogme ou une certaine conduite à autrui? Jean-Pierre Sakoun aime à rappeler dans ce cadre la spécificité de l’école en ce qu’elle constitue «une respiration laïque», souligne-t-il en citant l’expression de Catherine Kintzler, philosophe française et fervente défenseuse de la laïcité. «À l’école, on abandonne ses préjugés, ses croyances pour ne devenir qu’élève, […] alors qu’à l’université on est déjà majeur et en train de suivre une formation professionnelle», affirme-t-il en précisant que ce qui se joue à l’école, «c’est la lutte laïque pour l’abstention de toute manifestation religieuse».

«La République se défend» 

L’école étant un havre pour l’éducation, les arrestations de mineurs – scolarisés dans une école publique d’Albertville – du 7 novembre dernier pour «signaux islamistes» sont-elles justifiées? «Compte tenu de ce qui se passe et du traumatisme absolu qu’a représenté ce qui s’est passé avec Samuel Paty [assassiné par décapitation, NDLR] […], aujourd’hui la République se défend. Celui qui a mis le feu c’est le père islamiste qui a appelé au meurtre [de Samuel Paty, NDLR] avec le soutien de la mosquée de Pantin», indique sur ce sujet M. Sakoun.

L’association Comité Laïcité République, que préside Jean-Pierre Sakoun, est née des conséquences de l’affaire des foulards de Creil et œuvre «aussi bien avec la droite qu’avec la gauche, mais pas avec les extrêmes, c’est-à-dire sans le Rassemblement national – qui est tout sauf laïc – et sans l’extrême gauche radicale», précise le président du CLR. «Notre objectif est de diffuser dans la société une réflexion, voire de la formation, sur les questions de laïcité, une notion qui nous a semblé tellement naturelle pendant des années», mais qui ne semble plus l’être à l’époque actuelle. Le CLR organise des colloques et remet des prix «de la laïcité». La lauréate de l’un d’eux l’année passée était Ariane Mnouchkine, metteuse en scène et animatrice du Théâtre du Soleil, la troupe qu'elle a fondée en 1964.

En outre, le CLR travaille étroitement avec les gouvernements et les assemblées. Cela a été le cas lors de la préparation du projet de loi sur les séparatismes, désormais rebaptisée «projet de loi confortant les principes républicains». Ce projet est, selon Sakoun, «un excellent signal»: «C’est important d’adapter les outils à l’époque dans laquelle nous vivons», explique-t-il. Le CLR a toutefois émis une observation importante au sujet de ce projet, exprimant le souhait de voir interdite l’exploitation par les associations culturelles des biens immobiliers. Pour le président du CLR, ce nouveau projet de loi «n’est pas une loi d’émotion». «Les lois d’émotions ne sont jamais appliquées car elles sont édictées en réaction à des événements précis. Or, la loi sur les principes républicains (ex-loi sur les séparatismes) a été pensée et préparée bien avant le meurtre de Samuel Paty.» Tout réside maintenant dans l’application, selon Jean-Pierre Sakoun, qui aime à rappeler que la République est laïque et sociale, car «la laïcité n’a de sens que dans le cadre d’une République sociale».

Toutefois, selon lui, le problème social ne saurait à lui seul expliquer le développement de l’islamisme en France car, à l’heure qu’il est, «il ne suffirait pas de résoudre la question sociale pour résoudre la question de la laïcité». Sans social, la laïcité aura certes du mal à survivre, mais le fonds du problème ne sera pas résolu une fois la question sociale résolue. «On se rend bien compte que le terrorisme islamisme a pour but d’opérer une révolution qui se veut déstabilisatrice, plus particulièrement en démocratie, dont on sait que c’est un régime qui a le plus de mal à se défendre.» L’objectif est de faire que les musulmans ne se reconnaissent plus comme Français. Le souhait de plus cher de Jean-Pierre Sakoun? Faire en sorte que l’émancipation de l’humain devienne enfin possible, «que chaque être humain puisse décider librement de sa vie, de son orientation», quelles qu’elles soient.

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Dans les Pyrénées, Macron emmènera Xi sur ses terres d'adoption

Cette photographie, prise le 2 mai 2024, montre une vue de la station de ski du Grand Tourmalet - La Mongie dans les montagnes des Pyrénées, dans le sud-ouest de la France. Pour poursuivre la visite d'État du président chinois en France, Emmanuel Macron et XI Jinping, se rendront dans les Hautes-Pyrénées le 7 mai 2024, pour un déjeuner au restaurant "L'Etape du Berger" situé sur les pistes de la station de ski. (Photo de Lionel Bonaventure AFP)
Cette photographie, prise le 2 mai 2024, montre une vue de la station de ski du Grand Tourmalet - La Mongie dans les montagnes des Pyrénées, dans le sud-ouest de la France. Pour poursuivre la visite d'État du président chinois en France, Emmanuel Macron et XI Jinping, se rendront dans les Hautes-Pyrénées le 7 mai 2024, pour un déjeuner au restaurant "L'Etape du Berger" situé sur les pistes de la station de ski. (Photo de Lionel Bonaventure AFP)
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  • Le président français a choisi ce coin des Pyrénées, où il nourrit d'anciennes et profondes attaches, pour délocaliser l'espace d'une courte journée la visite d'Etat de M. Xi à l'occasion des 60 ans de l'établissement de relations diplomatiques entre les
  • Né à Amiens, dans le nord de la France, où il a grandi, Emmanuel Macron a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnère-de-Bigorre et la station de ski de La Mongie

BAGNÈRES-DE-BIGORRE, France : En apparence, c'est un petit cimetière comme les autres, mais c'est là, à Montgaillard, dans le département des Hautes-Pyrénées (sud), qu'Emmanuel Macron vient souvent se recueillir sur la tombe de sa grand-mère, près de la station de ski où il emmènera mardi le président chinois Xi Jinping.

Le président français a choisi ce coin des Pyrénées, où il nourrit d'anciennes et profondes attaches, pour délocaliser l'espace d'une courte journée la visite d'Etat de M. Xi à l'occasion des 60 ans de l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays.

Une façon de casser le protocole imposant qui entoure le moindre déplacement du dirigeant chinois pour tenter d'instaurer un dialogue sincère, notamment sur la question-clé de l'Ukraine.

- «Grâce à elle» -

Né à Amiens, dans le nord de la France, où il a grandi, Emmanuel Macron a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnère-de-Bigorre et la station de ski de La Mongie, juste avant le col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France.

C'est avec «Manette» et «Koulou», ses grands-parents maternels Germaine et Jean Noguès, que le jeune Emmanuel descendait chaque année en train jusqu'à cette petite vallée, une semaine en hiver et un mois en été.

«C'est grâce à elle qu'il est arrivé là où il est», raconte une cousine du président français, Nicole Arnal, 80 ans, venue donner un coup de main au magasin de vêtements pour dame que sa fille tient dans le centre-ville de Bagnère-de-Bigorre.

Institutrice puis directrice d'école, Manette «le faisait travailler tous les jours», même en vacances, se souvient-elle.

En dépit de la mort de Jean en 2002 et celle, douloureuse, de Manette en 2013, Emmanuel Macron n'a jamais cessé de se rendre dans les Hautes-Pyrénées.

«Il souffle quand il vient ici», explique la fille de Nicole, Sylvie Durant, 52 ans, dont les yeux s'embuent quand elle évoque les détracteurs du président, pour qui elle a forcément de l'affection.

- «Racines» -

«Un arbre, si vous voulez qu'il tienne, il a besoin de racines», philosophe l'éleveur et ami d'Emmanuel Macron Eric Abadie, dont le restaurant d'altitude accueillera la rencontre avec Xi Jinping mardi.

Au menu: épaule d'agneau, jambon de porc noir et haricots tarbais, une sélection de fromages du meilleur ouvrier de France Dominique Bouchait, et tarte aux myrtilles en dessert, à la demande expresse de Brigitte Macron. Les deux couples présidentiels et leurs interprètes dégusteront des vins locaux, un Montus rouge et un Saint Mont blanc.

«Manu», il l'a rencontré «gamin» alors qu'il venait déjeuner à son restaurant en face des pistes de La Mongie avec son grand-père, raconte l'éleveur de 61 ans a la carrure solide. «Le courant est passé» et leur amitié dure maintenant depuis près de trente ans.

Les péripéties politiques du «gamin» n'ont pas rompu les liens. «Quand il était ministre de l'Economie, (...) je l'ai fait dormir dans un canapé, avec Brigitte. Tout le monde ne l'aurait pas fait», se rappelle Eric Abadie. Les deux hommes se sont encore parlé la veille au téléphone, une vingtaine de minutes.

«Mes racines familiales sont ici (...) Dès que je peux, je viens. C'est un lieu de vérité où j'arrive serein et déterminé», avait confié le candidat Macron en 2017, au quotidien régional La Dépêche du Midi.

Pourtant fermée depuis un mois, la station de La Mongie est en «effervescence» à quelques jours de recevoir «non pas un, mais deux présidents», confie Enzo Celhaiguibel, 35 ans, sur le pas de la porte de son hôtel La voie lactée.

«Si Emmanuel Macron a choisi ce lieu qui lui est cher et auquel il est très attaché, ce n'est pas pour rien», estime l'hôtelier, qui y voit une «volonté de redynamiser la vallée».

A Eric Abadie, le président confiait encore récemment au téléphone: «Ça va faire dix ans que je serai au pouvoir, et j'aimerais qu'il y ait des choses qui restent.»

En y faisant monter Xi Jinping, le président français veut inscrire le Tourmalet dans l'histoire.


La rédaction de France Inter critique la «convocation inacceptable» de Guillaume Meurice

L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
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  • "Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter
  • Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien

PARIS: La rédaction de France Inter a dénoncé vendredi la "convocation inacceptable" de Guillaume Meurice en vue d'un éventuel licenciement, y voyant un "signe très inquiétant pour la liberté d'expression", au lendemain de la suspension de l'humoriste par Radio France.

"Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter.

Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Il y a des choses qu'on peut dire. Par exemple, si je dis: +Netanyahu est une sorte de nazi mais sans prépuce+, c'est bon. Le procureur, il a dit: +C'est bon+", a lancé l'humoriste dimanche, en référence au récent classement sans suite d'une plainte à son encontre l'accusant d'antisémitisme pour des propos similaires.

Convoqué à un entretien dont la date reste inconnue, il risque une "éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'à la rupture anticipée de (son) contrat à durée déterminée pour faute grave", rappellent les SDJ et SDPI de France Inter, qui "voient dans cette décision un signe très inquiétant pour la liberté d'expression, valeur que défend Radio France".

"Cette convocation inacceptable semble être le symptôme d'un virage éditorial plus large", déplorent-elles.

Elles affirment ainsi avoir appris que le programme "La terre au carrée" allait s'arrêter "pour laisser place à une émission de sciences et d'écologie +plus narrative+ toujours présentée par Mathieu Vidard mais sans Camille Crosnier" et évoquent une "coupe drastique" du budget du "Grand dimanche soir".

Interrogée par l'AFP sur ces éléments, France Inter a expliqué qu'"en accord avec Mathieu Vidard, il y aura une évolution éditoriale de son émission à la rentrée mais elle gardera ses fondamentaux, l'environnement et la science".

Camille Crosnier, elle, restera aux manettes des "P'tits bateaux", désormais diffusée sept jours sur sept, et elle est "en discussions sur d'autres projets" au sein de la grille.

Quant au "Grand dimanche soir", France Inter "souhaite que l'émission continue l'an prochain mais il faut la faire évoluer d'un point de vue éditorial pour qu'elle rentre dans nos frais, en gardant toute l'équipe et en restant en public", a expliqué la radio.

"Aujourd'hui, des séquences coûtent extrêmement cher à produire. Un travail est en cours avec la productrice, Charline Vanhoenacker, pour trouver la meilleure formule", a-t-on appris de même source.

 

 


Victimes de cyberattaques attribuées à la Chine, des parlementaires français s'inquiètent

Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
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  • A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic
  • Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31

PARIS: Ciblés par une campagne mondiale de cyberespionnage menée par un groupe de hackers aux liens présumés avec l'Etat chinois, plusieurs parlementaires français ont tiré ces derniers jours la sonnette d'alarme devant la "légèreté" de la réponse des autorités face à cet "acte de guerre".

A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic.

Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31, que plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, considèrent lié au gouvernement chinois.

Le point commun de ces élus ? Tous sont membres de l'alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), une instance crée en 2020 pour agir de manière coordonnée sur différents sujets relatifs à la Chine (Covid, répression des Ouïghours, manifestations à Hong Kong...).

Pour la plupart, ces députés et sénateurs français n'ont pourtant découvert l'existence de cette attaque qu'à la fin du mois de mars 2024, lorsque le ministère de la justice américain a publié un acte d'accusation inculpant sept Chinois pour une "prolifique opération de piratage informatique à l'échelle mondiale". Seraient concernés, notamment, plusieurs centaines de comptes liés à l'IPAC, attaqués en janvier 2021.

Pixels malveillants

Lorsqu'il apprend la nouvelle, l'ex-sénateur André Gattolin, qui coprésidait la branche française de l'IPAC jusqu'en septembre 2023, fait le lien tout de suite: à l'automne 2021, les services informatiques du Sénat avaient trouvé dans son ordinateur professionnel des virus de type "cheval de Troie", à la suite d'une alerte de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi).

"A l'époque, je rédigeais un rapport très sensible sur les ingérences étatiques dans les universités et la recherche. Déjà, je m'étais demandé si la Chine pouvait être derrière tout ça", affirme l'ancien élu à l'AFP.

En fouillant ses emails, André Gattolin retrouve la "source corrosive": un mail du 6 janvier 2021 lui proposant de soutenir une soi-disant journaliste indépendante chinoise enquêtant sur la pandémie de Covid à Wuhan.

"Je me rends compte que ce mail avait été ouvert", raconte-t-il. "J'appelle l'Anssi, j'ai du mal à me faire entendre. Même son de cloche auprès des services de renseignement intérieur français (DGSI). Je dépose plainte le 4 avril et nous prenons contact à l'IPAC avec le FBI, qui nous assure avoir prévenu les services français dès 2022. Mais personne ne nous a rien dit", ajoute l'ancien sénateur, agacé.

Alertée par son collègue, la députée du parti présidentiel Renaissance Anne Genetet fait la même manipulation sur sa boîte mail et retrouve aussi un courrier suspect du 21 janvier 2021. "Malencontreusement, je l'ouvre. Une image s'affiche immédiatement, je comprends tout de suite qu'un virus malveillant se trouve dans les pixels", raconte la députée, qui porte plainte immédiatement et dont l'ordinateur est sous scellés depuis.

Interrogé par l'AFP, le parquet s'est refusé à tout commentaire sur ce dossier.

" Dysfonctionnements" 

"S'il y avait aussi peu de parlementaires concernés, je serais rassuré", glisse un haut-responsable français familier des questions de défense. Ce dernier note que l'Anssi protège les services informatiques des deux chambres, ce qui permet de "voir passer pas mal de choses". "Mais il est important que toutes les personnalités importantes se disent qu'elles peuvent être interceptées", insiste cette source.

Les mêmes courriers ont été remarqués par des parlementaires du monde entier, en Belgique, au Canada, en Allemagne ou encore au Danemark.

"Il y a au minimum beaucoup de légèreté et de dysfonctionnements. Je m'inquiète de voir cette puissance chinoise qui agit et un silence total en face. Autant faire entrer tout de suite des espions chinois dans les bureaux", reprend André Gattolin.

Interpellé mardi au Sénat, le gouvernement français s'en est tenu à une réponse convenue: "Le mode opératoire d'APT31 fait l'objet d'un suivi particulier", "y compris judiciaire", a assuré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, et "le gouvernement n'exclut pas d'attribuer publiquement ces cyberattaques" à l'avenir.

Peu rassurant pour les parlementaires concernés. "C'est une attaque ouverte, officielle, et les autorités le savent", regrette Olivier Cadic. "Ce qu'on nous fait, c'est un acte de guerre".