Pour Jean-Pierre Sakoun, «l’islam radical est forcément politique»

«Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR) (Photo, YouTube)
«Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR) (Photo, YouTube)
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Pour Jean-Pierre Sakoun, «l’islam radical est forcément politique»

  • Selon Jean-Pierre Sakoun, il existe bel et bien un problème avec l’islam radical, qui «travaille les musulmans de France pour qu’ils adoptent une acception très raide de leur religion»
  • «Il est clair que depuis presque quarante ans, il s’est produit une modification assez importante dans la société française», explique le président du CLR

ATHENES: Arab News en français s’est entretenu avec Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR), pour qui «la prise de conscience en France est réelle aujourd’hui»: il existe bel et bien un problème avec l’islam radical qui, selon lui, «travaille les musulmans de France pour qu’ils adoptent une acception très raide de leur religion». C’est devenu possible à présent, après «trente années d’érosion de la laïcité» et de modifications au niveau de l’école», estime M. Sakoun, qui souhaite qu’une réelle «émancipation de l’être humain devienne enfin possible, que chaque être humain puisse décider librement de sa vie, de son orientation sociale, religieuse».

Pourquoi la laïcité devient-elle de plus en plus une question complexe et épineuse en France? M. Sakoun estime que ce n’est pas le cas. «Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste-t-il. Et le président du CLR rappelle que 88 à 90% de la population française est favorable à l’application de la laïcité. «La question fondamentale, c’est que la laïcité est un instrument incomparable de liberté individuelle et d’émancipation […] et qu’elle protège de toutes les pressions en général, qu’elles soient d’ordre ethnique ou religieux.» Ces pressions, la communauté à laquelle l’individu appartient va immanquablement, presque naturellement, les faire peser sur cette personne.

Or, pour le président du CLR, «il est clair que depuis presque quarante ans il s’est produit une modification assez importante dans la société française, qui a permis aux tenants de cet islam radical – entre Frères musulmans et salafistes – de “travailler” les musulmans de France pour leur faire adopter une vision très raide, radicale de leur religion et pour qu’ils s’opposent à cette ouverture et à cette capacité d’émancipation de l’individu qu’ils considèrent comme un danger pour la religion dans l’espace public».

«L’islam radical est forcément politique»

Selon la définition de la laïcité proposée par le site officiel de l’Observatoire de la laïcité, celle-ci «garantit la liberté de conscience» de laquelle découle «la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l'ordre public». Elle implique également «la neutralité de l'État et impose l'égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction». Jean-Pierre Sakoun considère-t-il que l’islam radical est obligatoirement politique?

Sa réponse est positive, et sans détours. «S’il y a une différence d’approche entre les Frères musulmans et les salafistes, tous se retrouvent dans le résultat. Un nombre non négligeable d’associations viennent dans des quartiers qui, petit à petit, sont devenus tout à fait uniformes, remplacer le service public ou le pousser dehors pour lui prendre sa place», note le président du Comité Laïcité République. L’uniformité géographique est-elle en elle-même un problème? N’est-ce pas plutôt le laxisme, le laisser-faire des autorités? «Ce n’est pas binaire, l’autorité et la fermeté en démocratie sont contrôlées par les lois, la justice administrative et, d’autre part, dans une sorte d’aveuglement terrible, les gouvernements de gauche et de droite ont laissé se développer des regroupements en France qui sont absolument catastrophiques pour la République. Et ceux-ci se sont d’abord formés par facilité, à cause du laxisme des autorités, mais ils se développent maintenant de l’intérieur. Les associations font désormais tout leur possible pour conserver une unité ethnico-religieuse dans ces quartiers pour que leur emprise soit la plus forte possible. Les gouvernements français ont été catastrophiquement aveugles depuis trente-cinq ans», déplore Jean-Pierre Sakoun.

Or, selon l’étude lancée par Arab news en français et effectuée en partenariat avec l’institut de sondage YouGov sur près de 1000 personnes, les Français d’origine arabe respectent clairement les valeurs françaises, comme la laïcité.  Ils pensent qu’un système laïc serait bénéfique pour leur pays d’origine, et s’affirment même prêts à défendre ce modèle dans leur pays d’origine. 54% d’entre eux prônent la laïcité qui serait, pour eux, une solution aux problèmes du monde arabe. Les personnes interrogées se montrent réticentes aux ingérences de la religion en politique et apprécient le système laïc appliqué en France. Système qu’elles défendraient même ouvertement dans leur pays d’origine.

Le débat autour de ce qu’on a un temps appelé «séparatisme» ne serait-il dès lors en réalité qu’un débat qui concerne l’ordre public? M. Sakoun estime sur ce point que les questions d’ordre public ne sont qu’une conséquence, «voire un symptôme de la laïcité». «La fermeture administrative de la mosquée de Pantin est un exemple d’ordre public bienvenu […] mais on ne résout pas simplement les problèmes par de l’administratif et de l’ordre public; il faut un débat de fond et la question cruciale, ici, c’est celle de la laïcité. […] Mais je suis globalement satisfait qu’un coup de semonce ait été envoyé à des gens qui, impunément, prônent la haine sur les réseaux.» Et d’ajouter: «Cela fait trente ans que des officines des Frères musulmans fonctionnent en marge de la légalité, c’est un mode opératoire pernicieux qui, en même temps, diffuse “l’imposture de l’islamophobie”, et c’est pourquoi le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a été dissout.» Pour le président du CLR, la rhétorique de l’islamophobie a été fabriquée de toutes pièces par «les mollahs iraniens». Et c’est depuis les attentats de 2015 que les autorités françaises ont réellement pris la mesure du problème. «On ne va pas, en quelques années, corriger quarante ans d’erreurs. Il va falloir une génération pour y arriver, mais on va y arriver, et pour le bénéfice de tous», note-t-il.

L’école, «une respiration laïque»

Revenant sur l’affaire des foulards de Creil, en 1989, Jean-Pierre Sakoun insiste pour que le mot «hidjab» soit utilisé «car c’est une volonté de faire rentrer la religion dans l’école». Lorsqu’on lui demande ce qui a changé depuis 1989, il répond sans hésiter: «Trente ans d’érosion de la laïcité, de modification de l’organisation de l’école qui font que la formation du citoyen est devenue quelque chose d’un peu secondaire par rapport à ce qu’elle était, essentielle au fonctionnement de la République». «L’affaire de Creil est l’une des erreurs politiques majeures du gouvernement de Lionel Jospin et cette erreur, nous allons la payer pendant cinquante ans», précise-t-il avec amertume. «Creil, c’est le premier test imposé par l’islam politique à la République et ce test est passé comme dans du beurre», ajoute-t-il.

Mais le port du foulard n’est-il pas en soi une liberté individuelle? Le simple port du foulard est-il de nature à imposer un dogme ou une certaine conduite à autrui? Jean-Pierre Sakoun aime à rappeler dans ce cadre la spécificité de l’école en ce qu’elle constitue «une respiration laïque», souligne-t-il en citant l’expression de Catherine Kintzler, philosophe française et fervente défenseuse de la laïcité. «À l’école, on abandonne ses préjugés, ses croyances pour ne devenir qu’élève, […] alors qu’à l’université on est déjà majeur et en train de suivre une formation professionnelle», affirme-t-il en précisant que ce qui se joue à l’école, «c’est la lutte laïque pour l’abstention de toute manifestation religieuse».

«La République se défend» 

L’école étant un havre pour l’éducation, les arrestations de mineurs – scolarisés dans une école publique d’Albertville – du 7 novembre dernier pour «signaux islamistes» sont-elles justifiées? «Compte tenu de ce qui se passe et du traumatisme absolu qu’a représenté ce qui s’est passé avec Samuel Paty [assassiné par décapitation, NDLR] […], aujourd’hui la République se défend. Celui qui a mis le feu c’est le père islamiste qui a appelé au meurtre [de Samuel Paty, NDLR] avec le soutien de la mosquée de Pantin», indique sur ce sujet M. Sakoun.

L’association Comité Laïcité République, que préside Jean-Pierre Sakoun, est née des conséquences de l’affaire des foulards de Creil et œuvre «aussi bien avec la droite qu’avec la gauche, mais pas avec les extrêmes, c’est-à-dire sans le Rassemblement national – qui est tout sauf laïc – et sans l’extrême gauche radicale», précise le président du CLR. «Notre objectif est de diffuser dans la société une réflexion, voire de la formation, sur les questions de laïcité, une notion qui nous a semblé tellement naturelle pendant des années», mais qui ne semble plus l’être à l’époque actuelle. Le CLR organise des colloques et remet des prix «de la laïcité». La lauréate de l’un d’eux l’année passée était Ariane Mnouchkine, metteuse en scène et animatrice du Théâtre du Soleil, la troupe qu'elle a fondée en 1964.

En outre, le CLR travaille étroitement avec les gouvernements et les assemblées. Cela a été le cas lors de la préparation du projet de loi sur les séparatismes, désormais rebaptisée «projet de loi confortant les principes républicains». Ce projet est, selon Sakoun, «un excellent signal»: «C’est important d’adapter les outils à l’époque dans laquelle nous vivons», explique-t-il. Le CLR a toutefois émis une observation importante au sujet de ce projet, exprimant le souhait de voir interdite l’exploitation par les associations culturelles des biens immobiliers. Pour le président du CLR, ce nouveau projet de loi «n’est pas une loi d’émotion». «Les lois d’émotions ne sont jamais appliquées car elles sont édictées en réaction à des événements précis. Or, la loi sur les principes républicains (ex-loi sur les séparatismes) a été pensée et préparée bien avant le meurtre de Samuel Paty.» Tout réside maintenant dans l’application, selon Jean-Pierre Sakoun, qui aime à rappeler que la République est laïque et sociale, car «la laïcité n’a de sens que dans le cadre d’une République sociale».

Toutefois, selon lui, le problème social ne saurait à lui seul expliquer le développement de l’islamisme en France car, à l’heure qu’il est, «il ne suffirait pas de résoudre la question sociale pour résoudre la question de la laïcité». Sans social, la laïcité aura certes du mal à survivre, mais le fonds du problème ne sera pas résolu une fois la question sociale résolue. «On se rend bien compte que le terrorisme islamisme a pour but d’opérer une révolution qui se veut déstabilisatrice, plus particulièrement en démocratie, dont on sait que c’est un régime qui a le plus de mal à se défendre.» L’objectif est de faire que les musulmans ne se reconnaissent plus comme Français. Le souhait de plus cher de Jean-Pierre Sakoun? Faire en sorte que l’émancipation de l’humain devienne enfin possible, «que chaque être humain puisse décider librement de sa vie, de son orientation», quelles qu’elles soient.

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Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.