Le récit, grande tradition arabe, s’impose sur la scène internationale

De nombreuses maisons de production trouvent dans les paysages pittoresques de la région un cadre idéal pour réaliser leurs projets. (Pexels)
De nombreuses maisons de production trouvent dans les paysages pittoresques de la région un cadre idéal pour réaliser leurs projets. (Pexels)
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Publié le Mercredi 22 mars 2023

Le récit, grande tradition arabe, s’impose sur la scène internationale

  • Les films réalisés dans le monde arabe sont de plus en plus nombreux à s’imposer sur les plates-formes de streaming à travers le monde
  • L’Arabie saoudite a lancé un grand nombre de projets cinématographiques qui ont acquis une notoriété mondiale

DUBAÏ: Le cinéma s’inscrit au cœur de la culture arabe depuis de nombreuses années. Le premier film arabe date des années 1920. Les lieux souvent exotiques, les histoires singulières et le penchant pour la mode qui caractérisent le Moyen-Orient sont à l’origine de films captivants qui passionnent le public de la région.

Les films réalisés dans le monde arabe sont de plus en plus nombreux à s’imposer sur les plates-formes de streaming à travers le monde.

Nombreuses sont les productions qui ont été réalisées dans les paysages pittoresques de la région. Parmi elles figure le feuilleton télévisé Secret of the Nile (2016), un remake du feuilleton espagnol Gran Hotel (2011). Son action se déroule dans la ville pittoresque d’Assouan, qui abrite l’Old Cataract Hotel, un hôtel historique de l’époque de la colonisation britannique. Construit en 1899, il surplombe le Nil.

L’Arabie saoudite ne cesse de séduire les producteurs internationaux. C’est le cas notamment de Kandahar, avec Gerard Butler, qui a été tourné en grande partie dans la ville historique d’AlUla. Un autre exemple est l’épopée historique de Rupert Wyatt Desert Warrior, réalisée à Neom, sans oublier Cherry, le film policier des frères Russo, qui a pour cadre AlUla et Riyad.

Le cinéma arabe a lui aussi évolué. Il met en scène désormais des personnages complexes à travers des récits plus authentiques. La série arabe de Netflix Finding Ola retrace ainsi le parcours d’une femme qui refait sa vie après avoir divorcé.

Dans le même ordre d’idées, la série koweïtienne The Exchange transporte le public au cœur du Koweït des années 1980. Elle met en scène deux femmes qui font carrière dans un monde de la finance dominé par les hommes. Quant à la série Cairo Class, elle retrace le parcours d’un groupe de femmes qui quittent le Koweït pour s’inscrire à l’université du Caire, partant à la découverte de leur identité.

Les services de streaming, qui prolifèrent, attirent de plus en plus le public désireux d’accéder à des contenus locaux de qualité. Selon une étude de Digital TV Research, les abonnements aux plates-formes de streaming devraient atteindre 21,52 millions dans treize pays arabes d’ici à 2027. Il n’y avait que 9,49 millions abonnés en 2021.

Ainsi, le contenu original dans le domaine du streaming attire de plus en plus d’investissements de la part des principaux acteurs qui opèrent à l’échelle mondiale et régionale.

En 2023, la chaîne MBC et sa célèbre plate-forme de streaming Shahid ont lancé la version arabe des séries à succès The Office et The Devil’s Promise. Les deux séries sont des productions de MBC Studios.

Il en va de même pour OSN, qui investit massivement dans le contenu original avec une série d’émissions comme A’adet Regala, Yalla Neta’asha (téléréalité culinaire), No Man’s Land (drame de guerre syrien réalisé en partenariat avec Fremantle) ou encore Stand Up! Ya Arab!.

Pour créer du contenu local, il est nécessaire de développer les talents locaux. Outre les formations dispensées dans les écoles, les sociétés et les gouvernements investissent dans la formation continue des talents nécessaires à l’émergence d’une industrie robuste.

Prenons l’exemple de Netflix. La plate-forme a organisé de nombreuses sessions de formation dans la région; la dernière en date s’est inscrite dans le cadre d’un partenariat avec Studio Production Training, un studio spécialisé dans la formation à la production et basé en Arabie saoudite, et l’école des arts cinématographiques de l’université de Californie du Sud.

Netflix a par ailleurs lancé une série d’initiatives telles que Below the Line KSA, pour laquelle elle a collaboré avec Studio Production Training. L’objectif de ce projet est d’établir et de développer une infrastructure de talents «below the line»: les membres de l’équipe qui travaille en coulisse tels que les assistants-réalisateurs, les concepteurs et les directeurs de production, les directeurs artistiques, les accessoiristes et les monteurs de décors. La plate-forme a également organisé le TV Writers’ Lab 6x6, un programme de six semaines organisé en partenariat avec le National Creative Industries Group («Groupe national des industries créatives»), au Koweït.

«Nous souhaitons profiter de notre influence et de notre portée pour mettre à la disposition des talents et des cinéastes arabes une plate-forme qui leur permettra de se faire connaître dans le monde entier», explique Nouha el-Tayeb, directrice des acquisitions de contenu chez Netflix Mena dans une interview précédemment accordée à Arab News.

«Nous souhaitons jouer un rôle déterminant auprès de la communauté créative de la région. Pour cela, il faut développer les talents et aider les nouvelles voix à se faire entendre», ajoute-t-elle.

La région a besoin de se renouveler sur le plan des infrastructures et de se doter de studios ainsi que de technologies cinématographiques ultramodernes. De nombreuses villes cherchent à s’imposer comme des pôles florissants dans le secteur du cinéma arabe.

Ainsi, l’Arabie saoudite a lancé un grand nombre de projets cinématographiques qui ont acquis une notoriété mondiale. Film AlUla, l’agence cinématographique de la Commission royale d’AlUla, a entrepris la construction d’un complexe de studios de classe mondiale. Doté d’un équipement de pointe, ce complexe s’étendra sur une superficie de 30 000 m².

En partenariat avec le Creative Media Skills Institute, dont le siège se trouve au Royaume-Uni, Film AlUla a organisé le mois dernier un atelier de dix jours destiné à former vingt-cinq stagiaires originaires d’AlUla. Ces derniers ont reçu une formation qui leur permettra de travailler comme producteurs, assistants-réalisateurs, artistes, décorateurs, stylistes, costumiers, maquilleurs et coiffeurs.

Le Fonds de la mer Rouge de l’Arabie saoudite s’est également engagé à financer quelque cent projets cinématographiques. Il propose des subventions qui totalisent 14 millions de dollars (1 dollar = 0,93 euro).

Dans ce contexte, la Commission saoudienne du film a lancé l’année dernière le programme de financement Daw. Son objectif est de soutenir les productions et les talents locaux.

«Daw s’inscrit dans le cadre des efforts que nous déployons pour encourager les cinéastes et les maisons de production saoudiennes à réaliser leurs projets. Nous pourrons ainsi soutenir la croissance de l’industrie cinématographique en Arabie saoudite», explique Abdallah al-Eyaf, directeur général de la Commission saoudienne du film.

La Commission saoudienne du film a par ailleurs annoncé en mai 2022 la mise en place d’un programme qui propose des réductions pouvant aller jusqu’à 40% pour les producteurs locaux et internationaux qui réalisent leurs films dans le Royaume.

L’industrie cinématographique connaît un essor dans les marchés émergents depuis quelques années, ce qui compromet la suprématie d’Hollywood. Les Oscars de cette année en sont la preuve: Everything Everywhere All at Once, avec Michelle Yeoh, Ke Huy Quan et Stephanie Hsu, a obtenu cette année sept statuettes.

De son côté, l’Inde a remporté une double victoire historique aux Oscars. RRR a remporté le prix de la meilleure chanson originale avec Naatu Naatu et The Elephant Whisperers a reçu le prix du meilleur court métrage documentaire.

«Il est certain que cette consécration aux Oscars incitera les gens à s’investir davantage dans la production de films réalisés dans leur langue maternelle», souligne Narendra Pulloor, un journaliste indien de renom, lors d’une interview accordée à Arab News. «Les gens ont pris conscience du fait que la langue ne les empêchera pas de se faire connaître sur la scène internationale.»

À l’instar de l’Asie, le monde arabe s’apprête à propulser le récit, l’une de ses traditions ancestrales, sur la scène mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.


AlUla ou comment le désert devient atelier d’art

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  • AlUla se transforme en laboratoire artistique où design, architecture et patrimoine dialoguent avec le désert
  • Entre traditions locales et innovation contemporaine, le désert devient un espace d’expérimentation, d’apprentissage et de création, où culture et paysage s’influencent mutuellement

PARIS: De la résidence de design à la construction du futur musée d’art contemporain confié à Lina Ghotmeh, AlUla se façonne dans le respect de sa mémoire et de son paysage.

À Paris, une table ronde organisée par la RCU et AFALULA a révélé les coulisses de cette transformation, celle d’un territoire millénaire devenu laboratoire d’expérimentation et vitrine du dialogue culturel franco-saoudien.

Dans le parc de l’hôtel des maisons (un hôtel particulier parisien construit au XVIII), la conversation s’est ouverte sur une question presque philosophique : comment bâtir dans le désert sans le dominer ? Comment concevoir à AlUla, ce paysage d’infini, une architecture qui parle à l’échelle humaine ?

La table ronde, intitulée “From the Land Up: Designing AlUla from Desert to Human Scale”, a réuni les acteurs clés du projet et plusieurs anciens résidents du programme AlUla Design Residency, créé il y a deux ans.

Ils ont tous en commun d’avoir approché cette terre d’exception, non comme un territoire vierge, mais comme un organisme vivant, porteur d’histoires et de voix anciennes.

L’événement, organisé par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’agence Française pour le développement d’Alula (AFALULA), a célébré l’ADN rare de cette région, qui est un mélange entre fouilles historiques, architecture, design et diplomatie culturelle notamment avec la villa Hegra. 

AlUla, déjà célèbre pour son patrimoine nabatéen et ses falaises sculptées par le vent, devient aujourd’hui un territoire d’expérimentation artistique mondiale, où le passé inspire le futur, et lui donne forme.

Au centre du projet, la vision de Lina Ghotmeh, architecte franco-libanaise à la tête du futur musée d’art contemporain d’AlUla, « Le musée ne doit pas être une icône posée dans le désert » explique-t-elle, « mais un générateur de liens, un espace de rencontre et d’hospitalité ».

Implanté près d’une ancienne oasis agricole, le musée s’enracinera dans le paysage tout en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux, « nous travaillons avec la terre locale, avec des techniques de construction traditionnelles : torchis, terre comprimée, architecture bioclimatique, l’objectif est de renouer avec les ressources naturelles et la mémoire des lieux », souligne l’architecte.

Ghotmeh évoque aussi le dialogue qu’elle a tissé avec la communauté locale, « j’ai passé du temps à rencontrer les habitants, à partager un thé sous un oranger, à écouter les femmes qui ravivent l’artisanat, à visiter les écoles ».

Un jour, une fillette m’a dit, « le musée, c’est le lieu de l’extraordinaire, cette phrase m’accompagne toujours, car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, créer un lieu qui relie la connaissance, l’émotion et la beauté ».

Dans son approche sensible, le musée devient un prolongement du paysage, un lieu où les visiteurs respireront la même lumière que les habitants, où la culture se fera conversation et échange.

« Il ne s’agit pas d’importer la culture, mais de la créer à partir du territoire », souligne Arnaud Morand, responsable des arts et industries créatives à AFALULA, c’est cette conviction qui guide toute la programmation culturelle d’AlUla.

L’une des premières grandes expositions préfigurant le musée verra le jour en janvier prochain, consiste en une collaboration entre AlUla et le Centre Pompidou, présentée d’abord dans une architecture temporaire conçue sur place avant de voyager dans le monde.

« C’est une coopération basée sur l’échange de savoirs et la lenteur, dit-il. À AlUla, on apprend à prendre le temps, l'art naît du sol, pas de la vitesse ».

Cette philosophie irrigue aussi les résidences de design et d’artistes qu’AFALULA co-dirige sur place, des programmes où jeunes talents et créateurs confirmés expérimentent à ciel ouvert, dans une relation directe avec le territoire, « Là-bas, chaque projet s’élabore dans l’écoute et l’humilité » affirme Morand.

« Lorsque nous arrivons à AlUla, nous devons laisser nos certitudes à la porte du désert » observe Ali Al Gazzaoui responsable du programme de résidences d’artistes, « il faut apprendre à écouter les habitants, à comprendre leur rapport au paysage, à la lumière, à la convivialité ».

C’est cette humilité partagée qui transforme le désert en école, les fondateurs du Studio Raw Material, Dushyant Bansal et Priyanka Sharma, anciens résidents du programme, racontent leur découverte émerveillée d’un lieu où « le matériau est partout de la roche, au sable, à la chaleur, et la lumière, tout devient matière à création ».

Leur expérience les a conduits à réfléchir à une forme de design « hors des centres urbains » à la faveur d’une pratique ancrée dans la vie quotidienne et les gestes ordinaires, « à AlUla, on apprend à se salir les mains, à construire, à inventer avec ce que la nature nous offre ».

Cette approche artisanale et poétique rejoint la vision d’Ali Alghazzawi, pour lui, « notre mission est de créer un écosystème où les créatifs peuvent dialoguer librement avec le paysage et expérimenter, car la durabilité ne se décrète pas, elle se vit ».

Tout ceci confère à AlUla qui est un site touristique d’exception, une autre dimension qui est celle de pépinière d’idées, de territoire d’apprentissage et de création contemporaine.


Le Gray fait son grand retour à Beyrouth : symbole d’espoir et de renouveau

Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
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  • Cinq ans après l’explosion du port, Le Gray rouvre ses portes en novembre 2025, devenant un symbole fort de relance pour le centre-ville de Beyrouth et l’hospitalité libanaise
  • Sous la direction de Charles Akl et du chef étoilé Alan Geaam, l’hôtel incarne l’alliance du luxe, de la mémoire et du renouveau culturel, gastronomique et économique de la capitale

BEYROUTH: Cinq ans après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth et la fermeture qui s’en est suivie, l’hôtel Le Gray s’apprête à rouvrir ses portes en novembre 2025, marquant un tournant symbolique pour la capitale libanaise. Situé sur la place des Martyrs, au cœur du centre-ville, cet établissement iconique, membre du réseau Leading Hotels of the World (LHW) retrouve son éclat d’antan et incarne l’espoir d’un renouveau pour l’hospitalité et la culture libanaises.

Un nouveau souffle pour Beyrouth

La réouverture de Le Gray intervient dans un contexte d’effort de relance économique. Depuis l’arrivée d’un nouveau gouvernement en janvier 2025, le Liban semble s’engager dans une phase de stabilisation et de redressement. L’ouverture des Beirut Souks plus tôt en octobre a déjà insufflé un vent d’optimisme dans une ville meurtrie, encore marquée par les séquelles de la guerre de 2024.

« C’est un retour à la vie et une réaffirmation de notre engagement envers Beyrouth, » déclare Charles Akl, directeur général de Le Gray.

« Le Gray a toujours été plus qu’un hôtel : c’est un symbole, un lieu de rencontre, une part de l’âme de la ville. Aujourd’hui, il revient pour redonner espoir et dynamisme au centre-ville. »

La gastronomie au cœur du renouveau

Symbole fort de ce retour : la cuisine. Le chef franco-libanais Alan Geaam, seul chef libanais étoilé au Guide Michelin, prend les commandes des restaurants de l'hôtel. Après vingt-sept ans en France, il signe ici un retour aux sources empreint d’émotion et d’ambition.

« Mon objectif est de porter encore plus haut le nom du Liban sur la scène gastronomique internationale, » confie le chef. « C’est un honneur de revenir à Beyrouth, de former de jeunes talents et de faire rayonner notre cuisine. »

Alan Geaam introduit à cette occasion Qasti Beyrouth, déclinaison locale de son restaurant emblématique présent à Paris et dans d’autres grandes villes, ainsi que Padam, une adresse signature au sein de l’hôtel.

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Qasti Beyrouth : la cuisine d’Alan Geaam au cœur de Le Gray. (Photo: ANFR)

Une redécouverte d’un joyau urbain

À l’occasion du pre-opening de l’hôtel, un groupe de journalistes a été invité à redécouvrir les lieux. L’expérience a été décrite comme un moment d’émotion et de redécouverte, dans un cadre où se mêlent raffinement, art et mémoire.

Avec plus de 100 chambres et suites repensées sous la direction artistique de l’architecte Galal Mahmoud, l’hôtel allie élégance contemporaine et références subtiles à l’histoire et à la culture libanaises. Plus de 600 œuvres d’art ornent les espaces communs et les chambres, transformant l’hôtel en véritable galerie.

Le Gray propose également des espaces événementiels et de conférence modulables, capables d’accueillir aussi bien des événements professionnels que des célébrations privées.

Un lieu au carrefour du passé et de l’avenir

À quelques pas des Beirut Souks, du front de mer et de Zaitouna Bay, Le Gray se trouve à la croisée de l’histoire, de la culture et du renouveau économique. Il se veut désormais moteur du redéploiement touristique du centre-ville.

Pour Charles Akl, cette réouverture dépasse le simple acte économique : « C’est une responsabilité collective : celle de redonner de l’élan à la ville, de raviver les talents, et de réaffirmer la place de Beyrouth sur la carte mondiale de l’hospitalité et de la culture. »

Avec cette réouverture très attendue, Le Gray ne se contente pas de retrouver sa place dans le paysage hôtelier. Il incarne la résilience d’un peuple et la volonté d’un pays de se reconstruire, avec élégance et conviction.