Soupçons d'ingérence: le journaliste M'Barki se dit victime d'«accusations injustes»

Il a été interrogé pendant deux heures par une commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy (Photo, AFP).
Il a été interrogé pendant deux heures par une commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 22 mars 2023

Soupçons d'ingérence: le journaliste M'Barki se dit victime d'«accusations injustes»

  • «Ces dernières années, j'ai eu la satisfaction de co-présenter l'émission "Faites entrer l'accusé", mais sans savoir que c'est moi qui me retrouverais sur le banc»
  • Sans mettre en doute l'ensemble de cette enquête, M'Barki a assuré que sa «prétendue implication» était «une fable»

PARIS: Rachid M'Barki, ex-journaliste de BFMTV licencié après des soupçons d'ingérence étrangère dans son travail, a clamé son innocence et estimé être la cible d'"accusations injustes", mercredi pour sa première prise de parole publique depuis sa mise en cause.

Il a été interrogé pendant deux heures par une commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy.

"Ces dernières années, j'ai eu la satisfaction de co-présenter l'émission 'Faites entrer l'accusé', mais sans savoir que c'est moi qui me retrouverais sur le banc, spectateur de ma mise à mort professionnelle", a affirmé M. M'Barki.

"Il m'est reproché d'avoir failli à ma déontologie professionnelle en passant des informations non vérifiées à l'antenne et en laissant supposer que j'aurais été rémunéré pour cela. Tout cela est faux et relève de la calomnie pure", a-t-il affirmé, en dénonçant un "lynchage médiatique".

Présentateur des journaux de la nuit de BFMTV et de "Faites entrer l'accusé" sur RMC Story, il a été licencié en février pour faute grave par le groupe Altice, auquel appartiennent ces chaînes. Une plainte contre X pour corruption passive et abus de confiance a été déposée.

En cause, des soupçons d'ingérence étrangère dans son travail de présentateur des journaux de la nuit sur BFMTV. Cela concernait une douzaine de brèves illustrées en image, ayant notamment trait aux oligarques russes, au Qatar ou au Sahara occidental.

M. M'Barki a été mis en cause dans une enquête internationale du collectif de journalistes Forbidden Stories, à laquelle ont contribué pour la France la cellule investigation de Radio France et Le Monde.

Parue mi-février, cette enquête pointait les activités d'une société israélienne, surnommée "Team Jorge", spécialisée dans la désinformation au profit de différents clients, dont des Etats.

Sans mettre en doute l'ensemble de cette enquête, M. M'Barki a assuré que sa "prétendue implication" était "une fable".

"Si en tête de proue de cette enquête on peut brandir la tête d'un présentateur de journal télévisé d'une grande chaîne, dont le nom et le visage est un peu connu des Français, alors là on crée une affaire", a-t-il affirmé en visant le journaliste de Radio France qui a participé à l'enquête.

M. M'Barki a reconnu que le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, cité dans l'enquête de Forbidden Stories, était l'un de ses "informateurs". Mais il a assuré n'avoir eu "à aucun moment l'impression (...) qu'il pouvait travailler pour quelqu'un qui essayait de manipuler une information".

M. M'Barki a toutefois admis avoir fait passer à l'antenne des images fournies à sa demande par ce lobbyiste, notamment sur un forum économique entre le Maroc et l'Espagne organisé en juin dans le Sahara occidental.

"C'était des images neutres", a-t-il fait valoir. Relancé par un député, il a concédé qu'il aurait "peut-être fallu" mentionner sur ces images le fait qu'elles provenaient d'une source extérieure.

"C'est peut-être une erreur de ne pas l'avoir fait, est-ce que c'est mon erreur ou l'erreur de la hiérarchie qui a validé ces images" avant leur diffusion, s'est-il défendu.

A-t-il été manipulé? "Aujourd'hui, je dis que non", a-t-il martelé, revenant sur des déclarations publiées début février par le site Politico, qui avait fait état le premier des soupçons pesant sur lui.

La commission d'enquête doit entendre jeudi le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel.


Lina toujours introuvable, une semaine après sa disparition

Des gendarmes français participent aux recherches pour retrouver Lina, une jeune fille de 15 ans disparue cinq jours auparavant dans le secteur du village de Saint-Blaise-la-Roche, dans l'est de la France, le 28 septembre 2023. (Photo Frederick Florin AFP)
Des gendarmes français participent aux recherches pour retrouver Lina, une jeune fille de 15 ans disparue cinq jours auparavant dans le secteur du village de Saint-Blaise-la-Roche, dans l'est de la France, le 28 septembre 2023. (Photo Frederick Florin AFP)
Short Url
  • Lina s'est volatilisée samedi dernier en fin de matinée
  • Deux témoins disent l'avoir vue marcher le long de la départementale vers 11H15

STRASBOURG: Un secteur passé au peigne fin, des plans d'eau sondés, des véhicules inspectés, des auditions, et pourtant toujours rien: une semaine après sa disparition dans le Bas-Rhin, Lina, 15 ans, reste introuvable.

Samedi matin, sur la base d'un "renseignement", les gendarmes ont procédé "à des actes de police technique et scientifique sur le bas-côté" d'une route départementale, près du lieu de la disparition de Lina, a indiqué dans un communiqué la procureure de la République de Saverne, Aline Clérot.

"Des ossements ont été découverts" mais ils ont été "formellement" identifiés par un légiste de l'institut médico-légal de Strasbourg "comme de nature animale", a-t-elle ajouté.

Lycéenne sans histoire scolarisée en CAP "aide à la personne", domiciliée dans la commune de Plaine, à une soixantaine de km au sud-ouest de Strasbourg, où elle vit avec sa mère, Lina s'est volatilisée samedi dernier en fin de matinée.

«Mallettes noires»

Le logement a été examiné pendant "plusieurs heures" par des techniciens en investigations criminelles qui en sont sortis avec "plusieurs mallettes noires", selon le journal alsacien, qui ne pouvait pas préciser si une ou des interpellations avaient eu lieu.

Sollicitée par l'AFP, la procureure de la République de Saverne, Aline Clérot, n'a pas réagi.

Dans la matinée, sur la base d'un "renseignement", les gendarmes avaient déjà procédé "à des actes de police technique et scientifique sur le bas-côté" d'une route départementale, près du lieu de la disparition de Lina, avait indiqué dans un communiqué la magistrate.

"Des ossements ont été découverts" mais ils ont été "formellement" identifiés par un légiste de l'institut médico-légal de Strasbourg "comme de nature animale", avait-elle ajouté.

Lycéenne sans histoire scolarisée en CAP "aide à la personne", Lina s'est volatilisée samedi dernier en fin de matinée.

Elle se rendait à pied à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, à trois kilomètres de chez elle, un trajet qu'elle avait l'habitude de faire, pour prendre le train et rejoindre son petit ami à Strasbourg.

Deux témoins disent l'avoir vue marcher le long de la départementale vers 11H15. Quelques minutes plus tard, son portable a cessé de borner.

Depuis, plus rien, malgré l'avis de recherche lancé dès le lendemain et les intenses fouilles et investigations déployées depuis: battues citoyennes, plans d'eau sondés par des plongeurs de la gendarmerie, auditions de témoins se sont succédé toute la semaine, en vain.

Vendredi, une "opération coordonnée d'envergure" en "plusieurs points de la zone potentielle de disparition" a permis de mener "des actes de police technique et scientifique sur plusieurs véhicules ciblés par l'enquête", avait indiqué Mme Clérot.

"Ces actes d'investigations se poursuivront dans les heures qui viennent", avait-elle ajouté, sans préciser si ces fouilles avaient permis la découverte d'indices.

Entre six et dix véhicules, selon les DNA et Le Parisien, ont été vérifiés vendredi. Des fouilles visant notamment "des propriétaires de Renault Clio de couleur sombre", selon le quotidien régional.

Des maisons, une supérette ainsi que la déchèterie de Saint-Blaise-la-Roche ont aussi été inspectées, selon les DNA.

Relayé samedi par Le Parisien, le témoignage d'une adolescente de 15 ans et de son père, également domiciliés à Plaine, pourrait étayer le scénario, pour l'heure non confirmé, d'un véhicule dans lequel Lina aurait pu monter, volontairement ou non.

Les deux témoins évoquent ainsi la présence le lundi avant la disparition d'un homme conduisant une "voiture grise": selon le père, il aurait klaxonné sa fille qui l'a aussitôt appelé "en panique".

Le jeudi suivant, "vers 06H00 du matin", la même voiture se serait arrêtée à hauteur de l'adolescente et le conducteur aurait "commencé à sortir du véhicule", la poussant à fuir, ont-ils encore raconté au Parisien.

«Espoir»

Selon le père, sa fille a été auditionnée par les gendarmes.

Outre un grand élan de solidarité -- les battues citoyennes ont réuni plusieurs centaines de personnes --, la disparition de Lina a aussi suscité des rumeurs sur les réseaux sociaux visant notamment Tao, son petit ami de 19 ans, comparé par certains à Jonathann Daval, condamné en 2020 à 25 ans de réclusion pour le meurtre de sa femme Alexia après avoir publiquement pleuré sa disparition.

Fanny, la mère de Lina, a pris cette semaine la défense du jeune homme sur TF1: "Ce n'est plus possible, je ne peux pas laisser faire. Tao souffre", a-t-elle lancé, visiblement très éprouvée.

"Toutes les méchancetés, on n'en veut pas", a-t-elle de nouveau déclaré samedi aux DNA. "J'ai de l'espoir, je ne lâche rien !", a ajouté cette infirmière, séparée du père de sa fille.


Emeutes: 15 personnes mises en examen après l'incendie d'une mairie et d'un poste de police

Au 1er août, 2.107 personnes ont été jugées, 1.989 ont été condamnées, dont 90% "à une peine d'emprisonnement" (Photo, AFP).
Au 1er août, 2.107 personnes ont été jugées, 1.989 ont été condamnées, dont 90% "à une peine d'emprisonnement" (Photo, AFP).
Short Url
  • Les mis en cause ont tous été placés sous contrôle judiciaire
  • La mairie de Persan, située à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Paris, a été «entièrement détruite»

BOBIGNY: Quinze personnes ont été mises en examen après un incendie qui avait entièrement détruit la mairie de Persan (Val-d'Oise) et endommagé le poste de police municipale lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel fin juin, a annoncé samedi le procureur de Pontoise.

Les mis en cause ont tous été placés sous contrôle judiciaire, indique à l'AFP le procureur Pierre Sennès qui n'a pas souhaité préciser leurs âges ni fournir davantage de précisions.

Interpellés mardi à leurs domiciles, ils ont été mis en examen des chefs de destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime, participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradations de biens.

Entièrement détruite 

La mairie de Persan, située à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Paris, a été "entièrement détruite par incendie dans le cadre des émeutes urbaines ainsi que le poste de police municipale voisin" dans la nuit du 30 juin, avait précisé le parquet de Pontoise, dans un communiqué.

Au 1er août, 2.107 personnes ont été jugées, 1.989 ont été condamnées, dont 90% "à une peine d'emprisonnement", selon le ministère de la Justice.


Edouard Philippe met en garde contre la pénurie de logements, une bombe sociale»

L'ancien Premier ministre Édouard Philippe (Photo, AFP).
L'ancien Premier ministre Édouard Philippe (Photo, AFP).
Short Url
  • S'agissant du diagnostic de performance énergétique, la mesure «part d'une analyse juste»
  • Il prône de «développer les foncières publiques et privées, pour faire en sorte que le capital ne soit pas inactif»

GUIDEL: L'ancien Premier ministre Édouard Philippe a mis en garde samedi contre la "bombe sociale" et "urbaine" que constitue à ses yeux la pénurie de logements, "un des éléments de la crise démocratique que nous vivons".

"Il n'y a aucune hypothèse pour que nous réglions les questions de pouvoir d'achat, de perspective de société du travail, si nous ne redonnons pas un peu de marge de manœuvre et si nous ne desserrons pas l'étau du logement en France aujourd'hui", a-t-il déclaré lors de l'Université de rentrée du MoDem à Guidel (Morbihan).

L'ancien Premier ministre a pointé "trois causes": "une crise de la construction, une crise de l'offre locative et une crise de la demande".

S'agissant de la "crise de l'offre locative", "dans toute une série de zones (...) le développement tellement rapide de Airbnb crée un phénomène d'éviction des voisins au profit des touristes, un phénomène qui interdit d'avoir accès à un marché locatif", a jugé M. Philippe.

"Il y a là quelque chose qui est une bombe sociale, une bombe humaine qu'il faut régler" et des villes comme Amsterdam, Londres ou aux États-Unis "ont compris la nécessité de la régulation", a-t-il ajouté.

Changer la logique de la politique du logement

S'agissant du diagnostic de performance énergétique, la mesure "part d'une analyse juste". Mais "sortir du marché de la location les appartements classés en G (en 2025, NDLR), c'est mécaniquement réduire l'offre locative pour les plus modestes". "Une impasse", a développé le patron d'Horizons.

"Il faut déstresser le marché locatif sans rien céder à l'ambition écologique qui est la nôtre, qui est absolument impérative. Mais nous ne pouvons pas voir ce sujet qui arrive vite: 2025, c'est demain", a-t-il insisté.

Globalement, a estimé M. Philippe, "nous devons changer la logique de la politique du logement". "Nous n'avons pas de très bons résultats et pourtant nous y consacrons beaucoup d'argent", "près de 40 milliards d'euros par an".

Il prône notamment de "développer les foncières publiques et privées, pour faire en sorte que le capital ne soit pas inactif". Il faut aussi selon lui "rénover plutôt que construire, densifier plutôt qu'étaler". "Nous devons densifier nos villes si on veut éviter d'utiliser des terres agricoles ou des espaces naturels, d’étaler tellement nos agglomérations de façon à ce que nous coupions toutes les interactions sociales".