Nouvelles actions de blocage à travers la France pour protester contre la réforme des retraites

Des manifestants participent à une action à côté d'un portique de signalisation routière endommagé et en flammes à l'entrée du «Pont de Saint-Nazaire» (Photo, AFP).
Des manifestants participent à une action à côté d'un portique de signalisation routière endommagé et en flammes à l'entrée du «Pont de Saint-Nazaire» (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 23 mars 2023

Nouvelles actions de blocage à travers la France pour protester contre la réforme des retraites

  • En France seule une raffinerie TotalEnergies sur quatre est en fonctionnement
  • Les ports de Marseille-Fos et de Brest étaient totalement bloqués mercredi dans le cadre d'une journée d'action «ports morts» à l'appel du syndicat CGT

PARIS: Plusieurs actions de blocage contre la réforme des retraites, touchant dépôts pétroliers, ports, routes, transport aérien, le secteur gazier et des universités, se déroulaient mercredi à travers le pays, avant la 9e journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites de jeudi.

Carburant
Au niveau national, la situation se dégrade légèrement, avec 14,30% des stations-service en pénurie d'au moins un type de carburant contre 12% mardi, et 7,13% sont à sec, contre 6% mardi.

Dans le Sud-Est, les Alpes-Maritimes ont annoncé un rationnement des quantités de carburant disponibles à la pompe, comme précédemment le Gard, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence ou le Var.

En France, seule une raffinerie TotalEnergies sur quatre est en fonctionnement.

Les deux raffineries d'Esso-ExxonMobil tournent encore : celle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), qui fonctionne en débit minimal, et celle de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime). Cependant les expéditions de carburants restent bloquées dans les deux sites.

Côté dépôts pétroliers celui de Puget-sur-Argens (Var), a été bloqué mercredi pendant sept heures. Deux actions simultanées de blocage sur deux ronds-points desservant deux dépôts pétroliers ont par ailleurs été menées au nord de Bordeaux.

Sur le port de Lorient (Morbihan), les deux entrées qui mènent au dépôt pétrolier ont été bloquées dans la matinée par une centaine de manifestants, qui ont été repoussés par les forces de l'ordre.

Ports
Les ports de Marseille-Fos et de Brest étaient totalement bloqués mercredi dans le cadre d'une journée d'action "ports morts" à l'appel du syndicat CGT.

Par ailleurs, dans la zone portuaire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), des manifestants ont mené dans la matinée une action coup de poing, allumant des brasiers sur les accès menant au port.

Itinéraires
Des feux de palettes et de pneus allumés par des manifestants ont conduit à la fermeture pendant plus de huit heures de l'A55 dans le sens Fos-Marseille, causant d'importants bouchons.

En Savoie, une centaine de manifestants ont mené deux opérations péage gratuit entre 7h00 et 9h00 sur l'A43 et l'A430 au niveau des péages de Chambéry Nord (sans Lyon-Chambéry) et de celui de Saint-Hélène-sur-Isère.

À Saint-Nazaire, une centaine de manifestants ont bloqué le pont de Saint-Nazaire à de 06h00 à 14h30.

Rassemblement devant la raffinerie de Normandie pour s'opposer à des réquisitions Selon la CGT

Plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi soir devant la raffinerie TotalEnergies de Normandie à l'appel de la CGT pour s'opposer à des réquisitions de salariés grévistes décidées selon le syndicat par la préfecture, a-t-on appris auprès de la CGT.

"On a refusé la relève depuis 21h00, tout le monde est dehors, on ne procèdera aux relèves que lorsque la préfecture annulera ses réquisitions" a déclaré à l'AFP Alexis Antonioli, secrétaire général raffinage de la plus grande raffinerie de France, dont la production est à l'arrêt complet depuis lundi.

Contacté par l'AFP, Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe a de son côté confirmé "des réquisitions préfectorales sur le secteur TMEX (Transferts Mélanges EXpéditions) de la Plateforme Normandie de TotalEnergies à Gonfreville l'Orcher, qui ont pour but de prélever du kérosène à envoyer dans les aéroports parisiens".

Sollicités par l’AFP, ni la préfecture de la Seine-Maritime ni le ministère de la Transition énergétique n’ont souhaité commenter mercredi soir.

La préfecture n'a pas envoyé de policiers chez les salariés pour remettre les courriers de réquisition mais elle a dépêché un huissier sur le site mercredi soir, selon M. Antonioli.

Les trains
Le trafic ferroviaire a été interrompu mercredi dans plusieurs gares du sud de la France après l’intrusion de manifestants sur les voies. Comme à Toulouse, Montpellier ou encore Nîmes

Jeudi la SNCF ne sera en mesure de faire rouler que la moitié de ses TGV Inoui et Ouigo et le tiers de ses TER.

Selon plusieurs sources syndicales, le taux de déclaration d'intention, qui concerne les salariés obligés de se déclarer grévistes 48 heures à l'avance pour permettre d'organiser le plan de transports, atteint 35% à la SNCF.

Métro et RER «très perturbés»
Le trafic du métro parisien et du RER sera "très perturbé" jeudi avec des lignes partiellement fermées et des stations où les rames ne s'arrêteront pas. Seules les lignes automatisées (1 et 14) circuleront normalement, et la 4 presque normalement, tandis que les autres rouleront à des horaires variables pendant la journée.

Côté RER, la RATP prévoit un train sur deux sur les lignes A et B (cette dernière fermant dès 23h00). La station Auber sera fermée. 80% des bus seront en circulation et un trafic quasi normal est prévu pour les tramways.

Côté SNCF en région parisienne, les circulations seront également "très fortement perturbées" avec de 20% à 50% des trains maintenus, selon les lignes du RER. La ligne la plus touchée est celle du RER E avec seulement un train sur cinq prévu.

Vendredi, le trafic devrait rester "perturbé" en Ile-de-France, a indiqué la SNCF.

Gaz
Selon la CGT, les gaziers du terminal de Dunkerque (Nord) ont décidé de fermer les vannes jeudi et de réduire le débit au minimum technique pendant 24h00 avant une assemblée générale vendredi matin "pour voir comment ils envisagent de continuer l’action".

Dans les dépôts de gaz, comme celui de Gournay-sur-Aronde (Oise), des salariés évoquent l’idée de "sécher le réseau", une action pour l’instant écartée car une remise en service prend des mois.

Le pont de Saint-Nazaire fermé jusqu'à nouvel ordre après des dégradations

"Deux portiques effondrés après avoir été incendiés et de multiples dégâts de sécurité recensés: le pont de Saint-Nazaire a subi ce mercredi des dégradations volontaires importantes qui empêchent sa réouverture à la circulation", déplore son gestionnaire dans un communiqué.

Le temps d'effectuer "un diagnostic complet sur les infrastructures du pont" et les "premiers travaux indispensables, le Département est dans l'obligation de fermer le pont de Saint-Nazaire jusqu’à nouvel ordre", poursuit le département, qui assure mettre tout en oeuvre pour le rouvrir à la circulation "dans les plus brefs délais".

Les services de secours, tels les ambulances et les pompiers, seront autorisés à franchir le pont mais les autres véhicules devront faire un long détour de plusieurs dizaines de kilomètres via le pont de Cheviré près de Nantes, pour franchir la Loire.

Universités
Plusieurs universités sont bloquées par des étudiants.

Sur le site de Bron de l’université Lyon 2, la direction de la faculté a annoncé qu’aucune activité n’aurait lieu ce mercredi.

À Saint-Etienne, le blocage de l’université, qui a démarré lundi à l’appel du syndicat étudiant OSE (Organisation Solidarité étudiante) a été étendu mercredi. Une soixantaine d’étudiants en grève bloquent les accès à quatre sites. Un site de l’université à Roubaix (Nord) est bloqué, ainsi que le site de Sciences Po Lille.

À Toulouse, mercredi soir, un millier d'étudiants se sont réunis pour la première fois en assemblée générale et ont voté le blocage des trois universités de la ville à partir de jeudi, un blocage reconductible.

"Jeudi, on bloque tout", s’enthousiasme Math, 18 ans, étudiant à l’université Toulouse-Jean Jaurès. "Ça fait longtemps qu’on attendait une mobilisation étudiante, on dirait qu’il fallait le 49.3 malheureusement, mais il n’est jamais trop tard, ce n’est que le début, ici au Mirail on est gonflés à bloc, on va continuer à se mobiliser dans les prochains jours", promet-il.

Déchets
La grève des éboueurs parisiens engagée le 6 mars contre la réforme des retraites est reconduite jusqu'à lundi, selon les responsables de la CGT qui bloquent l'accès à l'usine d'incinération d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Mercredi, selon la mairie de Paris, 9.500 tonnes jonchaient les trottoirs, une estimation en légère augmentation pour la première fois depuis le début des réquisitions décidées jeudi par la préfecture de police.

Les usines d’incinération d’Ivry-sur-Seine et d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) étaient toujours bloquées, celle de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) fait l’objet d’un barrage filtrant et le site d’évacuation de Romainville (Seine-Saint-Denis) a de nouveau été débloqué par les forces de l’ordre, selon le syndicat Syctom.

À Lyon, huit camions à benne appartenant aux services techniques de la métropole ont été sabotés dans la nuit de mardi à mercredi.

Transport aérien
À l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, un mouvement de grève "inopiné" du contrôle aérien a provoqué mercredi l'annulation d'une trentaine de vols et "quelques retards", a déclaré une porte-parole de l'aéroport.

En France pour jeudi la direction générale de l'Aviation civile (DGAC) demande aux compagnies aériennes d'annuler 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% dans d'autres aéroports.

Les plateformes Marseille-Provence, Toulouse-Blagnac et Lyon-Saint-Exupéry sont concernées par la suppression d'un vol sur cinq au départ ou à l'arrivée. Ces consignes semblent traduire une mobilisation plus importante des aiguilleurs du ciel que celle observée ces derniers jours.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".


La France rapatrie treize femmes et enfants depuis les camps en Syrie, une première depuis deux ans

La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
Short Url
  • La France a rapatrié dix enfants et trois femmes détenus dans des camps jihadistes en Syrie, marquant la première opération du genre depuis deux ans
  • Deux femmes ont été placées en garde à vue, et une troisième présentée à un juge antiterroriste

PARIS: La France a rapatrié tôt mardi matin dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans qui étaient détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, une première depuis deux ans.

Parmi les femmes, "deux ont été placées en garde à vue, sur commission rogatoire du juge d'instruction", a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué.

"Une autre femme, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, sera présentée à un juge d'instruction dans la journée" en vue d'une possible mise en examen, a-t-il ajouté.

"Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d'assistance éducative sous la responsabilité du parquet" de Versailles, a indiqué le Pnat, qui "assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux".

"La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l'administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération", a déclaré de son coté le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Cette opération est une première depuis juillet 2023 en France, où ces retours restent une question sensible, dix ans après la vague d'attentats jihadistes sur le sol national.

Au total, 179 enfants et 60 femmes adultes ont été rapatriées depuis 2019, précise une source diplomatique.

Mais ces opérations avaient cessé à l'été 2023, faute de volontaires selon les autorités, et ce malgré des condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022.

- "Arbitraire" -

"Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c'est un immense et indescriptible soulagement", a déclaré l'avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais "la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj", l'un des camps contrôlés comme d'autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Des dizaines de milliers de personnes, d'une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste État islamique, sont retenues dans ces camps.

En juin, quelque 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore retenus, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Après ce rapatriement nocturne, ce collectif a rediffusé sur X mardi matin son message habituel dénonçant la détention sur place d'enfants "coupables de rien" dans "des conditions indignes".

Car pour ces familles, rien n'est encore réglé. "Une nouvelle fois, la France fait le choix de l'arbitraire", regrette Marie Dosé.

"La France, qui refusait de rapatrier des enfants tant que leurs mères n'avaient pas donné leur accord, refuse aujourd'hui leur retour alors qu'ils sont devenus majeurs. Ce faisant et plus que jamais, la France décide donc de faire payer à ces enfants le choix de leurs parents", estime-t-elle aussi.

Elle dénonce également le sort de femmes sans enfant ou dont les enfants sont décédés, et que la France refuse désormais de rapatrier, ainsi que d'enfants nés en France et "conduits de force en Syrie" avant de pouvoir acquérir la nationalité, ou de jeunes majeurs enfermés dans d'autres lieux de détention syriens.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, "ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d'organiser ces opérations". Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours "illégalement détenus".

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
Short Url
  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.