JO-2024: Darmanin défend la vidéosurveillance «intelligente» face à une gauche hostile

Le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale française le 21 mars 2023 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale française le 21 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 23 mars 2023

JO-2024: Darmanin défend la vidéosurveillance «intelligente» face à une gauche hostile

  • La mesure en question est au coeur du volet sécuritaire du projet de loi de préparation des Jeux olympiques de Paris, examiné depuis lundi par l'Assemblée
  • Le RN, favorable à la vidéosurveillance «intelligente», a demandé sans succès qu'elle soit strictement limitée aux lieux précis des événements visés

PARIS: La vidéosurveillance dite "intelligente" que veut expérimenter le gouvernement lors des JO-2024 sera encadrée par de nombreuses "garanties", a plaidé mercredi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale, sans convaincre une gauche inquiète pour les libertés publiques.

La mesure en question est au coeur du volet sécuritaire du projet de loi de préparation des Jeux olympiques de Paris, examiné depuis lundi par l'Assemblée. Elle prévoit d'autoriser le couplage de la vidéosurveillance à un traitement algorithmique des images, capable d'alerter sur des situations jugées anormales.

"Beaucoup d'inexactitudes ont été évoquées" par les opposants à cette technologie, a estimé M. Darmanin dans l'hémicycle, rejetant toute idée de "surveillance de masse".

"Il s'agit d'avoir un outil d'aide à la décision des forces de l'ordre, il ne s'agit pas de reconnaître des personnes, mais des situations", a-t-il assuré, citant des colis abandonnés ou encore des mouvements de foule, alors que 13 millions de spectateurs sont attendus lors des JO. Un agent "devant un mur d'images décidera si cela mérite une intervention", a insisté M. Darmanin.

Le ministre, soutenu par les députés du camp présidentiel, a lu une longue liste de "garanties prévues". Il a souligné que l'expérimentation, qui pourra concerner d'autres événements que les JO, s'arrêterait fin 2024 et qu'il y aurait une interdiction de la "reconnaissance faciale et du traitement biométrique".

Ses arguments n'ont pas convaincu les groupes de gauche de la Nupes et des députés du groupe indépendant Liot, qui ont tenté sans succès d'obtenir la suppression ou la réécriture de l'article autorisant les traitements des images par des algorithmes.

"Vous vous cachez derrière l'argument que la reconnaissance faciale sera interdite pour cacher le fait que les données sur les visages seront traitées par les algorithmes et archivées", a lancé la députée écologiste Sandra Regol. Cette loi "propose de transformer en cobayes l'intégralité de la population sur le territoire français", a-t-elle estimé.

La députée LFI Elisa Martin a elle aussi mis en doute les garanties avancées. "On analyse des données de mouvements corporels, donc c'est bien de la biométrie", a-t-elle estimé, pointant "un risque objectif pesant sur les libertés fondamentales".

Pour le socialiste Roger Vicot, le gouvernement demande "un chèque en blanc". "Vous nous dites +on déterminera ce qu'est un comportement anormal, un futur décret le fera" mais "dites-nous en amont ce que les algorithmes vont traquer".

Le RN, favorable à la vidéosurveillance "intelligente", a demandé sans succès qu'elle soit strictement limitée aux lieux précis des événements visés, et non à leurs "abords".

Des amendements demandant d'interdire la vidéosurveillance algorithmique depuis des drones ont également été rejetés.

Clin d'oeil, le député Liot Jean-Félix Acquaviva a présenté un amendement rédigé par une intelligence artificielle, en l'occurrence ChatGPT, qui suggérait "d'assurer une transparence adéquate quant aux traitements algorithmiques mis en place". Il a été rejeté.

Les débats, interrompus à minuit, doivent reprendre jeudi à l'Assemblée. Le projet de loi a déjà été adopté avec une confortable majorité en première lecture au Sénat, dominé par la droite.

Les JO-2024 font le choix du réseau électrique plutôt que des groupes électrogènes

"L'ensemble des sites de compétition pour Paris 2024, les Jeux olympiques et paralympiques, seront alimentés par le réseau électrique", a indiqué lors d'une conférence de presse Frédéric Lebrun, directeur délégué énergie pour les JO.

"Nous allons renoncer à l'utilisation des groupes électrogènes en matière d'alimentation électrique", a-t-il souligné.

Des groupes électrogènes - fonctionnant aux biocarburants - seront bien présents mais utilisés uniquement en cas de panne de l'alimentation.

Actuellement, c'est souvent la logique inverse qui prévaut pour des événements comme des matchs de football, des concerts ou des festivals : l'alimentation principale est assurée par des groupes électrogènes fonctionnant aux énergies fossiles.

Ainsi, les JO de Londres en 2012 avaient nécessité la combustion de 4 millions de litres de diesel, l'équivalent de quelque 200 camions-citernes.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.