Grèves: pénuries de carburants dans l'Ouest, inquiétude pour le kérosène dans les aéroports parisiens

L'aéroport de Paris Charles-de-Gaulle. (AFP).
L'aéroport de Paris Charles-de-Gaulle. (AFP).
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Publié le Jeudi 23 mars 2023

Grèves: pénuries de carburants dans l'Ouest, inquiétude pour le kérosène dans les aéroports parisiens

  • Compte tenu de cette situation, le gouvernement a "pris un arrêté de réquisition" à l'égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie
  • "Les stocks de kérosène à Paris Charles-de-Gaulle sont actuellement sous tension"

GONFREVILLE-L'ORCHER: Les aéroports parisiens risquent-ils de manquer de kérosène? La situation est "critique", à en croire le gouvernement qui se dit prêt à réquisitionner des grévistes pour faire reprendre les expéditions de carburants de la raffinerie de Normandie, la plus grande de France.

L'approvisionnement en kérosène de l'Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie "devient critique", a indiqué jeudi à l'AFP le ministère de la Transition énergétique qui a "pris un arrêté de réquisition" à l'égard des grévistes, lequel n'a pas été notifié "à ce stade" aux salariés de la raffinerie, arrêtée le week-end dernier.

La Direction générale de l'Aviation civile prévient depuis plusieurs jours les compagnies aériennes que les réserves de kérosène dans les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et Paris- Orly sont "sous tension", les incitant à prendre leurs précautions.

Ces tensions s'ajoutent à la pénurie croissante d'essence et de gazole dans les stations- service du pays: selon l'AFP, 15% des stations françaises manquaient de l'un ou l'autre de ces carburants jeudi, un taux qui monte à plus de 40% en Loire-Atlantique et dans plusieurs départements de Bretagne.

"Quand tout le monde cherche à remplir son réservoir à 100%, le système n'est pas capable de répondre", a expliqué le PDG d'Esso France, Charles Amyot, jeudi au cours d'une conférence de presse de présentation des résultats financiers. Selon lui, le problème est d'abord logistique, du côté de l'approvisionnement des raffineries en pétrole brut, certains ports étant bloqués, et du côté des livraisons d'essence aux stations. Idem pour le kérosène, a-t-il dit, pour lequel ce n'est "pas un problème de stock".

"Le gouvernement suit la situation heure par heure et département par département avec les professionnels et les préfets. Nous intervenons de manière ciblée pour débloquer les dépôts qui sont entravés par des manifestants. Dès lors que les réquisitions ne pourront être évitées, nous prendrons nos responsabilités", a déclaré la ministre Agnès Pannier-Runacher.

Le gouvernement a réquisitionné pour la première fois trois salariés de la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer mardi, et il a renouvelé pour 48 heures ces réquisitions, pour soulager les stations du sud du pays.

Pour le site de TotalEnergies à Gonfreville-L'Orcher, la préfecture n'a pas envoyé de policiers chez les salariés pour remettre les courriers de réquisition mais elle a dépêché un huissier mercredi soir, selon Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la raffinerie.

Jeudi matin, une vingtaine de salariés étaient encore rassemblés avec des syndicalistes, refusant d'entrer dans la raffinerie.

«Symbole»

"Le mouvement social repose sur des secteurs clés qui sont capables d'avoir un impact bloquant très fort dont celui des raffineries au premier chef, donc c'était très important de se déplacer jusqu'ici pour les soutenir car ça repose aussi sur leurs épaules", a déclaré à l'AFP Alma Dufour, députée LFI présente sur le piquet de grève.

La raffinerie TotalEnergies de Normandie est sur les mêmes oléoducs que la CIM (Compagnie industrielle maritime) au Havre et la raffinerie Esso-ExxonMobil voisine de Port-Jérôme- Gravenchon, qui alimentent les aéroports parisiens. Les expéditions de carburants de la raffinerie Esso sont également bloquées, selon la CGT.

"La direction se borne à nous faire les mêmes propositions faites pendant la nuit, en nous disant qu'ils acceptaient éventuellement de négocier avec le préfet la suspension des réquisitions, mais la contrepartie c'est de faire les expéditions de kérosène, ce qui est totalement absurde, car cela revient à nous faire expédier ce pour quoi ils nous réquisitionnent", a déclaré M. Antonioli.

Pour le syndicaliste, au-delà des quantités de kérosène, relativement modestes, l'Etat souhaite s'attaquer à un "symbole", celui de la première raffinerie à avoir cessé sa production, et ainsi "casser le mouvement de grève".

TotalEnergies n'a qu'une raffinerie sur quatre qui fonctionne encore, à Feyzin près de Lyon - d'où les grévistes continuent d'empêcher toute expédition. Deux autres (Donges, en Loire- Atlantique, et La Mède, dans les Bouches-du-Rhône) sont arrêtées pour des raisons autres que la grève. La seule raffinerie française de la société Petroineos à Lavéra (Bouches-du- Rhône) s'est également arrêtée à cause de la grève.

Les deux raffineries d'Esso-ExxonMobil, à Port-Jérôme-Gravenchon et Fos-sur-Mer tournent encore, mais les expéditions de carburants restent bloquées, selon la CGT.


France: un campement de 350 migrants évacué à Calais

Cette photographie montre des tentes de migrants installées sous un pont dans le centre-ville de Calais, dans le nord de la France, le 9 mars 2023. (AFP)
Cette photographie montre des tentes de migrants installées sous un pont dans le centre-ville de Calais, dans le nord de la France, le 9 mars 2023. (AFP)
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  • Selon le préfet, Jacques Billant, présent sur place, ce campement installé depuis plusieurs mois sur un terrain privé, constituait «le plus gros site de fixation des migrants à Calais»
  • Mercredi, un migrant soudanais est mort, percuté par un poids lourd dans lequel il tentait de monter pour rallier l'Angleterre

LILLE: Les forces de l'ordre françaises ont évacué jeudi un campement de 350 migrants à Calais, où les exilés continuent d'affluer dans l'espoir de rallier les côtes anglaises, a annoncé la préfecture.

Selon le préfet, Jacques Billant, présent sur place, ce campement installé depuis plusieurs mois sur un terrain privé, constituait "le plus gros site de fixation des migrants à Calais".

Son évacuation, consécutive à des décisions de justice rendues au mois de mars, était "absolument nécessaire" face à la "situation d'insécurité et d'insalubrité" prévalant sur le site, a-t-il souligné.

Selon lui, "la totalité" des migrants présents jeudi matin, "près de 300 personnes", ont accepté d'être acheminés vers des centres d'accueil du nord de la France lors d'une opération menée "dans le calme". Cinq migrants, en situation irrégulière, ont été interpellés, a indiqué la préfecture.

Egalement présent, le coordinateur de l'Auberge des migrants, Pierre Roques, a dit avoir vu une cinquantaine de personnes quitter le campement par leurs propres moyens.

Il dénonce pour les 300 autres des "mises à l'abri forcées". "S'ils ne montent pas dans les bus, ils sont arrêtés, ils n'ont pas le choix", assure-t-il.

Les migrants évacués "vont revenir à Calais dans deux-trois jours comme d'habitude et ils n'auront plus d'affaires", a-t-il déploré, affirmant avoir vu des tentes lacérées avec des couteaux et des effets personnels éparpillés par terre.

Mercredi, un migrant soudanais est mort, percuté par un poids lourd dans lequel il tentait de monter pour rallier l'Angleterre.

"C'était quelqu'un qui vivait sur ce campement et ses proches traumatisés par l'événement se sont fait expulser ce matin", a déploré Pierre Roques.

Les autorités françaises revendiquent sur le littoral nord de la France de lutter contre tout "point de fixation" des exilés qui affluent depuis des années dans l'espoir de rallier les côtes anglaises.

Quelque 46 000 d'entre eux ont réussi à traverser la Manche à bord d'embarcations précaires en 2022, un record, et 8.000 ont été secourus dans les eaux françaises.


La gauche anti-Nupes se rassemble à Montpellier

La gauche critique de la Nupes se rassemble ce week-end à Montpellier autour du mouvement Refondations du premier secrétaire délégué du PS Nicolas Mayer-Rossignol (AFP)
La gauche critique de la Nupes se rassemble ce week-end à Montpellier autour du mouvement Refondations du premier secrétaire délégué du PS Nicolas Mayer-Rossignol (AFP)
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  • «Il ne s'agit pas d'un meeting, ni d'un moment de campagne, mais d'un moment de réflexion», afin d'«élargir le rassemblement de la gauche, l'approfondir et l'équilibrer», explique le co-président de Refondations
  • Au menu, des ateliers et plénières sur l'unité de la gauche, la promesse républicaine ou l'Europe, qui sera l'un des enjeux majeurs de ces journées de travail, précise le maire de Rouen

PARIS: La gauche critique de la Nupes se rassemble ce week-end à Montpellier autour du mouvement Refondations du premier secrétaire délégué du PS Nicolas Mayer-Rossignol, un "moment de réflexion" pour "refonder et unir la gauche".

Outre le maire de Rouen, ces "journées de travail" réuniront notamment la maire de Paris Anne Hidalgo, la présidente d'Occitanie Carole Delga, le maire de Montpellier Michaël Delafosse ou la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy. Ils ont tous en commun d'être opposés à l'alliance de gauche Nupes entre le PS, La France insoumise, Europe Ecologie-Les Verts et le PCF.

"Il ne s'agit pas d'un meeting, ni d'un moment de campagne, mais d'un moment de réflexion", afin d'"élargir le rassemblement de la gauche, l'approfondir et l'équilibrer", explique à l'AFP M. Mayer-Rossignol, co-président de Refondations, courant qui pèse 30% au sein du PS.

"C'est la gauche qui travaille, qui réfléchit, la gauche du faire, qui n'a pas perdu ses convictions, qui se rassemble, qui est dans la réalité, pas dans l'incantation ou la posture", a-t-il précisé dans Midi Libre.

L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, lui-même critique de la Nupes, fera également une intervention par vidéo, une semaine avant de lancer, le 10 juin, à Créteil, son propre mouvement, La Convention.

"L'idée n'est pas de se compter. C'est très ouvert, toutes les sensibilités de la gauche ont été invitées", y compris La France insoumise, qui ne viendra pas, et le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui "n'a pas pris la peine de répondre", a précisé Nicolas Mayer-Rossignol, en froid avec le numéro un du parti.

Mais d'autres, "qui ne sont pas forcément d'accord avec nous", seront présents, a précisé Lamia El Aaraje, élue de Paris et co-présidente de Refondations. Comme l'ex-candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, le président écologiste de la métropole de Lyon Bruno Bernard, le communiste Pierre Lacaze ou l'ex-député européen José Bové.

Au menu, des ateliers et plénières sur l'unité de la gauche, la promesse républicaine ou l'Europe, qui sera l'un des enjeux majeurs de ces journées de travail, précise le maire de Rouen.

Pour lui, pour que la gauche gagne, "il faut qu'elle se rassemble dans le respect, et pas dans une forme d'insincérité", dit-il, regrettant la volonté affichée du PS de discuter d'une liste commune de la gauche aux européennes de l'année prochaine. "Faire semblant pour des raisons d'appareil, ce n'est pas rendre service au parti", estime-t-il.


France: Facebook visé par une plainte après le suicide d'une adolescente harcelée au collège

Les parents de 'Lindsay', une jeune fille de 13 ans qui s'est suicidée, s'adressent aux représentants des médias lors d'une conférence de presse à Vendin le Vieil, dans le nord de la France, le 1er juin 2023, après la mort de l'adolescente le 12 mai 2023. (AFP)
Les parents de 'Lindsay', une jeune fille de 13 ans qui s'est suicidée, s'adressent aux représentants des médias lors d'une conférence de presse à Vendin le Vieil, dans le nord de la France, le 1er juin 2023, après la mort de l'adolescente le 12 mai 2023. (AFP)
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  • «Si vous lisez cette lettre c’est que je suis sûrement partie (...) je n’en pouvais plus des insultes matin et soir, des moqueries, des menaces (...)», avait écrit la collégienne
  • L'enquête judiciaire ouverte a donné lieu à l'inculpation de quatre mineurs pour «harcèlement scolaire ayant conduit au suicide» et d'une personne majeure pour «menaces de mort»

VENDIN-LE-VIEIL: "Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante": la famille d'une adolescente française qui s'est donnée la mort à 13 ans après avoir été victime de harcèlement scolaire, a annoncé jeudi avoir déposé plainte, notamment contre Facebook.

Après avoir pointé du doigt ce "travail" non fait, l'avocat de la famille, Me Pierre Debuisson, a lu une lettre rédigée par la jeune fille plusieurs mois avant son suicide, survenu mi-mai dans le nord de la France.

"Si vous lisez cette lettre c’est que je suis sûrement partie (...) je n’en pouvais plus des insultes matin et soir, des moqueries, des menaces (...) malgré tout ce qui s’est passé elles me voudront toujours du mal", y avait écrit la collégienne.

"Si on avait été aidés, si on avait été soutenus, je suis sûre que ma fille serait parmi nous", a affirmé sa mère, Betty, lors de cette conférence de presse.

"J’ai tout essayé, j’ai tout fait, on n’a pas été aidés, on a été lâchés, complètement, aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après", a-t-elle fustigé.

L'enquête judiciaire ouverte sur la mort de Lindsay a donné lieu à l'inculpation de quatre mineurs pour "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide" et d'une personne majeure pour "menaces de mort".