Grève des éboueurs à Paris: vers une sortie de crise

Un piéton passe devant des sacs poubelles qui s'entassent devant Notre-Dame de Paris alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars pour protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement français, à Paris le 22 mars 2023 (Photo, AFP)
Un piéton passe devant des sacs poubelles qui s'entassent devant Notre-Dame de Paris alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars pour protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement français, à Paris le 22 mars 2023 (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 24 mars 2023

Grève des éboueurs à Paris: vers une sortie de crise

  • «Les usines sont débloquées» même si celle d'Issy a fait l'objet dans la matinée d'un «petit filtrage, objet de personnels extérieurs à l'usine», selon le Syctom
  • Les grèves et blocages de ces points de sortie pour les déchets de la capitale ont contribué, avec la grève des éboueurs de la Ville de Paris, à l'amoncellement des déchets dans la capitale depuis près de trois semaines

PARIS: La grève des éboueurs à Paris, où 10.000 tonnes de déchets sont en souffrance, a semblé aborder un tournant vendredi, avec la fin du mouvement contre la réforme des retraites dans deux incinérateurs et la réquisition du troisième par les forces de l'ordre.

Au 19e jour de grève, le volume de déchets non ramassés dans la capitale est revenu à son niveau record, déjà atteint une semaine plus tôt, avec la barre symbolique des 10.000 tonnes d'ordures jonchant les trottoirs parisiens, selon la mairie.

Et ce, malgré les réquisitions ordonnées depuis une semaine par la préfecture de police, contre l'avis de la maire de Paris Anne Hidalgo, qui soutient le mouvement.

Interrogé sur le taux de grévistes parmi les agents municipaux, le premier adjoint Emmanuel Grégoire a affirmé vendredi matin, lors d'un point presse, qu'il était passé de 6% à 25% depuis le début des réquisitions, soulignant le "caractère improductif de ce type de mesures".

Pourtant, vendredi, "158 bennes sont sorties, soit 10% de plus qu'un vendredi normal", a indiqué Anne Hidalgo lors du même point presse.

Et dans le même temps, le Syctom, syndicat métropolitain qui gère les trois usines d'incinération entourant la capitale, annonçait à l'AFP la fin du mouvement dans deux d'entre elles, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).

"Les usines sont débloquées" même si celle d'Issy a fait l'objet dans la matinée d'un "petit filtrage, objet de personnels extérieurs à l'usine", selon le Syctom.

Pour le Syctom, c'est la "fin définitive" du mouvement sur ces deux sites, où les fours d'incinération "devraient rouvrir demain" samedi, les employés attendant "d'avoir assez de déchets en fosse".

Ces fins de mouvement "vont nous permettre de revenir à un fonctionnement tout à fait normal", espère le Syctom.

Les grèves et blocages de ces points de sortie pour les déchets de la capitale ont contribué, avec la grève des éboueurs de la Ville de Paris, à l'amoncellement des déchets dans la capitale depuis près de trois semaines, au grand dam des habitants et commerçants.

"Initiative" de la préfecture 

Quant au troisième site, le plus important, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), "la réquisition des salariés de l'exploitant" était "en cours" en milieu d'après-midi, a déclaré le Syctom à l'AFP, alors qu'une assemblée générale prévue à 14h00 devait décider de la suite du mouvement.

Cette réquisition est "à la seule initiative de la préfecture de police", souligne le Syctom, qui a refusé depuis le début du mouvement de faire appel aux forces de l'ordre pour débloquer ses sites, préférant transférer les déchets vers des sites extérieurs.

En réaction, "les camarades font appel à toutes les forces qui peuvent venir les aider à bloquer l'incinérateur", a indiqué une source de la CGT Energie à l'AFP.

Une fin de conflit se dessine aussi dans le XVe arrondissement de la capitale, où des agents du prestataire privé, Pizzorno Environnement, étaient également en grève depuis près d'un mois.

La direction de l'entreprise a annoncé avoir signé vendredi "avec les représentants syndicaux de la CGT un protocole de sortie de grève", qui permet "la reprise du travail des personnels grévistes" et "la reprise complète de la collecte des déchets".

Cette reprise, conjuguée à la réouverture du site d'Issy tout proche et au renfort de "personnels complémentaires, et ce pendant tout le week-end", va permettre "de traiter les 1.000 tonnes de déchets résiduels et d'accélérer le retour progressif à la normale", s'est félicité le maire LR du XVe, Philippe Goujon, dans un communiqué.

Plus au centre de Paris, jeudi soir, des dizaines de poubelles avaient été incendiées dans des rues étroites du quartier de l'Opéra, parmi les nombreuses violences et heurts avec les forces de l'ordre qui ont émaillé la journée de mobilisation contre la réforme des retraites.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.