A Paris, les touristes partagés entre soutien et critique des manifestants

Des manifestants assistent à une manifestation près du bâtiment des Invalides lors d'une huitième journée de grèves et de manifestations à travers le pays contre le projet de refonte des retraites proposé par le gouvernement à Paris le 15 mars 2023. (Photo, AFP)
Des manifestants assistent à une manifestation près du bâtiment des Invalides lors d'une huitième journée de grèves et de manifestations à travers le pays contre le projet de refonte des retraites proposé par le gouvernement à Paris le 15 mars 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 25 mars 2023

A Paris, les touristes partagés entre soutien et critique des manifestants

  • Deux adolescents autrichiens en voyage scolaire ont été interpellés jeudi dernier alors qu'ils tentaient de rejoindre leur famille d'accueil. Ils ont finalement passé la nuit en garde-à-vue avant que leur ambassade n'intervienne
  • Jeudi, plus d'un million de personnes, selon les autorités, 3,5 millions selon le syndicat CGT, ont manifesté partout en France contre le coup de force du gouvernement

PARIS: Résidus de déchets brûlés, abribus détruits, bris de verre au sol, forces policières omniprésentes... les touristes visitant Paris ne peuvent ignorer la contestation parfois violente agitant la France, qu'ils soutiennent ou non la réforme des retraites voulue par le président Macron.

En bas de Montmartre, colline très fréquentée que surplombe la spectaculaire église du Sacré-Coeur, un alignement de fourgonnettes bleues et de nombreux gendarmes rappelaient vendredi soir combien la situation pouvait se tendre subitement dans un quartier jusqu'ici largement épargné par la mobilisation.

Un moment politique que n'apprécie que modérément Judith Jonker, 67 ans, venue justement en France pour célébrer la fin de sa vie active.

"Nous avons besoin de changement, nous vieillissons et il faut bien que l'on paye les retraites", explique cette Néerlandaise à l'AFP, reprenant les arguments avancés par l'exécutif français. "Je comprends la position de votre gouvernement", poursuit-elle, accompagnée de ses soeurs et de sa mère.

Même son de cloche pour sa compatriote Miranda Palthe, 51 ans, rencontrée sur le pont Alexandre III, bel ouvrage enjambant le fleuve Seine, à la vue saisissante sur la tour Eiffel: "En Hollande, ils ont aussi changé la loi. (...) Nous l'avons simplement accepté", observe-t-elle.

Et cette professeure d'université à Amsterdam de remarquer : "Je prendrai ma retraite à 67 ans et demi", alors que l'impopulaire réforme récemment adoptée en France fait reculer l'âge de départ de 62 à 64 ans.

Mais l'exécutif, qui savait ne pouvoir compter à l'Assemblée nationale sur une majorité, malgré des mois de concertations, s'est finalement dispensé du vote des parlementaires, en utilisant une disposition constitutionnelle vue par beaucoup comme un "déni de démocratie".

Jeudi, plus d'un million de personnes, selon les autorités, 3,5 millions selon le syndicat CGT, ont donc manifesté partout en France contre le coup de force du gouvernement. La colère était palpable parmi les protestataires, avec beaucoup de ressentiment vis-à-vis du chef de l'Etat.

A Paris, ils étaient 119 000 selon les autorités, près de sept fois plus pour la CGT. Longtemps pacifique, l'avant du cortège a connu en fin d'après-midi une éruption de violence, comme dans d'autres villes françaises, avec des pavés, des bouteilles et des feux d'artifice lancés sur les forces de l'ordre.

'Paris, soulève-toi'

Un feu a ensuite été allumé sur la place de la République, lieu traditionnel de rassemblements politiques, au cri de "Paris! Debout! Soulève-toi!". "Les gens n'ont plus peur de rien", indiquait alors Igor, un manifestant de 27 ans, de toutes les marches depuis deux mois, officielles ou spontanées.

Des rassemblements qui prennent parfois des touristes au dépourvu.

Tels ces deux adolescents autrichiens en voyage scolaire, interpellés jeudi dernier alors qu'ils tentaient de rejoindre leur famille d'accueil, rapporte le journal français Libération.

Ils ont finalement passé la nuit en garde-à-vue avant que leur ambassade n'intervienne.

Rien de tout ceci n'est heureusement arrivé à James Stevens, un consultant britannique de 29 ans, qui qualifie d'"affreuse" l'attitude du gouvernement français.

"Bien sûr qu'il faut bien trouver de l'argent pour payer les pensions", estime-t-il. Mais "le fait que le président ait pris cette décision sans le soutien (...) du peuple est quelque chose d'insensé."

Près de la cathédrale Notre-Dame, des tas d'immondices s'immiscent dans les photos de vacances, après deux semaines et demi d'une grève des éboueurs. Des milliers de tonnes d'immondices jonchent les rues de la Ville lumière, première destination touristique au monde.

Violetta Lozyuk, une Ukrainienne célébrant son anniversaire à Paris, reste toutefois optimiste : "Ils vont trouver une solution et (...) Paris redeviendra propre et belle comme les gens l'aiment".

Reza Sabouhi, 40 ans, un guide touristique iranien, se dit, lui, "fier des Français", alors que des manifestations sont réprimées dans le sang depuis des mois dans son pays. "Ce mouvement peut motiver des gens dans le monde".

La mobilisation a en tout cas eu raison du plus illustre des visiteurs attendu en France les jours prochains.

Le roi britannique Charles III devait se rendre dans l'Hexagone de dimanche à mercredi. Sa venue a finalement été reportée "compte tenu de l'annonce d'une nouvelle journée d'action nationale contre la réforme des retraites" le 28 mars, a annoncé l’Élysée vendredi.


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.