Enterrer dignement les morts de la rue: mission de «Goutte de vies» à Toulouse

Des membres de la chorale "Choeur Kokeliko" chantent lors de la cérémonie funéraire de Benjamin, un sans-abri, organisée par l'association caritative "Goutte de Vies" dans le cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 17 mars 2023. (Photo Valentine CHAPUIS / AFP)
Des membres de la chorale "Choeur Kokeliko" chantent lors de la cérémonie funéraire de Benjamin, un sans-abri, organisée par l'association caritative "Goutte de Vies" dans le cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 17 mars 2023. (Photo Valentine CHAPUIS / AFP)
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Publié le Dimanche 26 mars 2023

Enterrer dignement les morts de la rue: mission de «Goutte de vies» à Toulouse

  • Depuis 2008, l’association Goutte de vies se démène pour offrir aux sans-abri et aux isolés un véritable enterrement, et ainsi «prendre soin de la vie jusqu'au bout»
  • Certains sans-abri meurent totalement isolés, sous un pont ou dans un bois, en ayant rompu tout lien

CORNEBARRIEU, Toulouse : Benjamin est mort et son cercueil de bois brut, dans le vaste cimetière toulousain de Cornebarrieu balayé par le vent d'autan, est entouré par ses amis de la rue et des bénévoles de Goutte de vies, organisateurs des obsèques.

Depuis 2008, cette association se démène pour offrir aux sans-abri et aux isolés un véritable enterrement, et ainsi «prendre soin de la vie jusqu'au bout», selon les mots de Michèle Guilmin, membre du bureau.

«Benjamin... J'imagine que c'était un prénom qui chantait dans votre langue», lance Louise Le Corre, la «célébrante» de Goutte de vies, en ouverture de l'hommage à ce SDF d'origine hongroise, décédé à 46 ans devant le foyer où il passait ses nuits dans le quartier toulousain de Saint-Cyprien.

Des bougies sont allumées sur son cercueil. Des amis du défunt, les yeux rougis, prennent tour à tour la parole, en hongrois, anglais ou français.

«Ca a été une amitié brève et intense, vraiment intense», déclare ému «Zorro», un copain de la rue. «Avec l'émotion j'arrive pas trop à dire les mots que je voudrais trouver, mais je pourrais vous en dire plein, plein, plein sur Benjamin.»

«C'était un monsieur qui avait beaucoup, beaucoup d'humour», se souvient Béatrice Coletti, infirmière d'une équipe mobile de rue qui s'était liée avec lui.

«C'était +The fisherman+ (Le pêcheur)», poursuit-elle, racontant cet homme toujours joyeux qui, aux abords d'un supermarché, faisait la manche dans son fauteuil roulant avec une canne à pêche au bout de laquelle il avait fixé une canette.

- «Accueillir l'imprévu» -

Le moment est ponctué par les chants de «Kokeliko», chorale mêlant bénévoles et sans-abri qui entonne notamment «Les Copains d'abord» de Georges Brassens. Pour clore la célébration, chacun est invité à écrire un mot sur le cercueil.

Tout ce rituel s'est mis en place au fil de l'existence de Goutte de vies qui compte une vingtaine de membres, explique à l'AFP Mme Le Corre, mère au foyer et célébrante depuis plusieurs années, ajoutant en plaisantant: «Il n'y a pas de master pour les enterrements des gars de la rue».

Et puis, renchérit-elle, «il faut savoir accueillir l'imprévu» car, complète Mme Guilmin, quand la «famille de la rue» vient, c'est «souvent en bande».

«Ils ne supportent pas la mort, ils ont du mal à venir aux enterrements de leurs copains, du coup quand ils y vont, ils y vont en force, et pour s'aider, c'est je bois ou je me drogue».

Le nom de l'association fait ainsi référence à «la dernière goutte de vin ou d'alcool que jettent les SDF sur le cercueil de leurs amis», explique cette retraitée souriante.

«Ça peut être agité, dit-elle encore, mais c'est merveilleux quand ils sont là, il y a une fraternité incroyable!»

D'autres fois, les bénévoles se retrouvent face aux cercueils seuls, avec les agents des pompes funèbres. Certains sans-abri meurent totalement isolés, sous un pont ou dans un bois, en ayant rompu tout lien.

- «Un autre regard» -

Pour ceux-là, comme pour les autres, l'association mène l'enquête pour tenter de retrouver des morceaux de vie qui permettent de donner à leur enterrement toute l'humanité qu'ils méritent.

C'est Bernard Soulé, un inspecteur de police à la retraite, qui s'en occupe avec deux autres bénévoles. «Au bout de 35 ans dans la police, j'ai de la méthode quand même», déclare-t-il.

Registres d'état-civil, contacts avec ses anciens collègues ou les travailleurs sociaux lui permettent d'en savoir plus sur les défunts et parfois de retrouver leur famille.

«J'aide Gouttes de vie et moi, ça me fait du bien, comme ça, mon logiciel, il continue à fonctionner. Je suis un homme de liens, j'y peux rien», dit-il.

Chaque année, l'association organise les obsèques d'une trentaine de personnes qui ont connu la rue. Toutes n'y meurent pas, cela peut être en foyer, dans un logement d'accueil ou un établissement de soins.

Leur travail est «remarquable, très humain et permet qu'il y ait un autre regard sur les gens qui sont dans la rue», souligne Daniel Rougé, adjoint au maire de Toulouse en charge de la solidarité.

Ces enterrements «refont une place à ces personnes qui sont dans une altérité que l'on stigmatise, que l'on rejette ou que l'on ne veut pas voir», résume Thierry Marmet, ancien chef d'un service de soins palliatifs qui a rejoint l'association.


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


Trois députés contraints de démissionner après avoir été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel

La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal  s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel  et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel
  • Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire

PARIS: Trois députés, les élus Ensemble pour la République (EPR) Jean Laussucq et Stéphane Vojetta ainsi que celle de l'Union des droites (UDR) Brigitte Barèges, ont été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel vendredi, en raison d'irrégularités dans leurs comptes de campagne.

Jean Laussucq, député de Paris, Brigitte Barèges, députée du Tarn-et-Garonne, et Stéphane Vojetta, député pour les Français établis hors de France, ont été déclarés inéligibles "pour une durée d'un an" et "démissionnaires d'office" de leurs mandats, a annoncé le Conseil constitutionnel.

Il est reproché à Jean Laussucq d'avoir réglé "des dépenses de campagne au moyen de son compte bancaire personnel" et d'avoir laissé des tiers régler "directement une part significative des dépenses exposées pour sa campagne électorale" de 2024.

Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel.

Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire.

Enfin, le Conseil constitutionnel a reproché à Stéphane Vojetta, élu dans une circonscription comprenant notamment l'Espagne et le Portugal, d'avoir réglé "irrégulièrement" une "part substantielle des dépenses engagées", durant sa campagne, notamment des "frais de transport".

Des élections législatives partielles devront être organisées prochainement pour désigner des nouveaux députés.

Deux autres députés élus lors des législatives de juillet 2024 avaient dû remettre leurs sièges en jeu après des décisions du Conseil constitutionnel, dans le Jura et en Saône-et-Loire.