La «vraie» source de conflit dans le monde, «c'est le climat», alerte le Forum de Paris sur la paix

Un Syrien marche au milieu de la sécheresse et des faibles niveaux d'eau dans l'Euphrate, dans la campagne occidentale de Tabqa dans le gouvernorat de Raqqa en Syrie, le 22 novembre 2022. (Photo Delil SOULEIMAN / AFP)
Un Syrien marche au milieu de la sécheresse et des faibles niveaux d'eau dans l'Euphrate, dans la campagne occidentale de Tabqa dans le gouvernorat de Raqqa en Syrie, le 22 novembre 2022. (Photo Delil SOULEIMAN / AFP)
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Publié le Jeudi 30 mars 2023

La «vraie» source de conflit dans le monde, «c'est le climat», alerte le Forum de Paris sur la paix

  • «On a des urgences, il faut finir le conflit en Ukraine, la pandémie, la pauvreté, la sécurité alimentaire, mais la plus importante responsabilité intergénérationnelle, ça va être le climat»
  • «La polarisation sur les affaires climatiques est en train de monter très fort», prévient son ex- président, le Français Pascal Lamy

PARIS: Les désaccords sur le climat, bien plus que la guerre en Ukraine, seront les grands facteurs de polarisation du monde pour les années à venir, alertent Pascal Lamy et Angel Gurria, l'ancien et l'actuel président du Forum de Paris sur la paix.

"On a des urgences, il faut finir le conflit en Ukraine, la pandémie, la pauvreté, la sécurité alimentaire, mais la plus importante responsabilité intergénérationnelle, ça va être le climat", assure à l'AFP le Mexicain Angel Gurria, tout nouveau président de ce forum créé en 2018 et réunissant chaque année chefs d'Etat, experts et ONG.

"La polarisation sur les affaires climatiques est en train de monter très fort", prévient son ex- président, le Français Pascal Lamy. "La vraie source de conflit aujourd'hui", "c'est le climat", ajoute-t-il, évoquant la résolution sur les "pertes et dommages" discutée à la COP27 de Charm el-Cheikh (Egypte) en novembre.

Ce texte, obtenu à la dernière minute par les pays les plus pauvres qui le réclamaient depuis plusieurs années, prévoit un mécanisme d'indemnisation par les pays riches, principaux pollueurs, pour les "pertes et dommages" dus aux catastrophes induites par le climat.

Les détails opérationnels de cette résolution doivent être définis à la prochaine COP, en 2028 à Dubaï, promettant de nouvelles crispations sur la question des contributeurs, les pays développés insistant pour que la Chine en fasse partie.

Le conflit sur le réchauffement climatique entre le Nord et le Sud peut se coupler, selon Pascal Lamy, d'un "narratif politique extrêmement simple" et "efficace" qui consiste à dire : "+C'est vous (le Nord) qui avez mis ce carbone dans l'atmosphère et c'est nous (le Sud) qui allons être les principales victimes+."

Ancien secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria a succédé le 23 mars à Pascal Lamy, ex-directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), à la tête du Forum de Paris sur la paix avec comme mission de mettre l'accent sur le climat.

Créé sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, ce Forum se veut une alternative aux grandes institutions internationales qui ont perdu "en pertinence, en légitimité" et "plus grave", selon Pascal Lamy, "en efficacité".

Et cinq ans après sa première édition, "le diagnostic de départ est malheureusement confirmé", l'invasion russe en Ukraine mettant à mal le système international, déplore-t-il.

Contre l'isolement de la Chine

Pascal Lamy réfute l'idée que la guerre en Ukraine se résume à "l'Ouest contre le reste", car dans ce conflit, s'il y a bien l'Occident soutenant l'Ukraine, il existe aussi "un camp qui s'abstient" et un groupe "microscopique" de pays se rangeant derrière la Russie.

La Chine, l'Inde et le Brésil sont conscients "qu'ils doivent faire quelque chose" pour chercher une issue à la guerre, alors qu'à Moscou "l'idée de la paix" ne domine pas, Washington disant de son côté que "ce n'est pas le moment", souligne Angel Gurria.

Plus que Moscou, le principal rival de Washington est Pékin, mais les deux experts alertent contre un éventuel isolement du géant asiatique parce qu'une Chine poussée à l'autarcie "est plus dangereuse qu'une Chine globalisée", estime le Français.

Il considère par exemple que si Pékin annonçait un soutien militaire à la Russie et que les Occidentaux réagissaient par des sanctions, cela ouvrirait la voie à la Chine pour essayer de "mettre la main sur Taïwan".

Concernant le réchauffement climatique, la Chine est aussi appelée à être un acteur clé du fonds pour les "pertes et dommages" créé à Charm el-Cheikh.

Toutefois, Pascal Lamy s'interroge sur la position de Pékin dans les prochaines années. Considérée comme un pays en développement, la Chine est aussi l'un des pays les plus pollueurs du monde. "Sur le plan environnemental, la Chine n'est pas le Sud", affirme Pascal Lamy.

Le Forum de Paris sur la Paix prépare sa prochaine édition les 10 et 11 novembre prochains avec quatre sujets prioritaires: la santé, le digital, l'espace et le climat, avec pour focus les pôles et les océans.


France: un 14-Juillet sous le signe de la «crédibilité» de l'armée face à «un monde plus brutal»

L'ossature du défilé sera formée par des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris, le général Loïc Mizon.  "Il s'agit de montrer un outil de combat qui est quasiment prêt à partir, tel qu'il est présenté à nos concitoyens sur les Champs-Elysées", a-t-il expliqué. (AFP)
L'ossature du défilé sera formée par des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris, le général Loïc Mizon. "Il s'agit de montrer un outil de combat qui est quasiment prêt à partir, tel qu'il est présenté à nos concitoyens sur les Champs-Elysées", a-t-il expliqué. (AFP)
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  • Lors du défilé de lundi matin, de retour sur la prestigieuse avenue parisienne des Champs-Elysées après avoir été déplacé l'an passé en raison des Jeux Olympiques de Paris, l'armée française entend mettre en valeur sa "crédibilité opérationnelle"
  • L'ossature du défilé sera formée par des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris

PARIS: Face à "un monde plus brutal", le traditionnel défilé du 14-Juillet donné lundi à Paris pour la fête nationale mettra en avant des militaires français "prêts à partir" en opérations, au lendemain de l'annonce de dépenses de défense accrues.

"Jamais depuis 1945 la liberté n'avait été si menacée", a affirmé dimanche le président français Emmanuel Macron devant un parterre de hauts gradés, en évoquant notamment la "menace durable" que fait peser la Russie sur le continent.

L'Europe est "mise en danger au moment où la guerre a été portée sur notre sol avec l'invasion de l'Ukraine, alors que les Etats-Unis ont ajouté une forme d'incertitude" quant à la pérennité de leur soutien, a exposé M. Macron, et "notre Europe se trouve placée à la lisière d'un vaste arc de crises".

En conséquence, la France compte renforcer son effort budgétaire pour la défense, en ajoutant des dépenses de 3,5 milliards d'euros en 2026 puis à nouveau 3 milliards de plus en 2027, de sorte que le budget défense du pays aura quasiment doublé en dix ans sous ses deux mandats, pour atteindre près de 64 milliards d'euros à cet horizon.

"Face à un monde plus brutal, la Nation doit être plus forte", car "pour être libres dans ce monde, il faut être craint, pour être craint il faut être puissant", a insisté le dirigeant français.


Un élève-officier chute mortellement à Paris à la veille de son défilé du 14-Juillet

Un élève-officier de l'Ecole militaire interarmes (EMIA) a chuté mortellement dans la nuit de samedi à dimanche dans le 18e arrondissement de Paris alors qu'il rentrait du bal des défilants organisé en amont du défilé du 14-Juillet, a appris l'AFP de sources policière et militaire. (AFP)
Un élève-officier de l'Ecole militaire interarmes (EMIA) a chuté mortellement dans la nuit de samedi à dimanche dans le 18e arrondissement de Paris alors qu'il rentrait du bal des défilants organisé en amont du défilé du 14-Juillet, a appris l'AFP de sources policière et militaire. (AFP)
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  • Le sous-lieutenant Antoine Alix, qui achevait sa formation d’élève-officier, devait défiler lundi sur les Champs Elysées avec sa promotion, selon un communiqué du ministère des Armées
  • Engagé en 2015 "en qualité de jeune engagé volontaire de l’armée de Terre pour servir au sein du 7e régiment du matériel de Lyon, il a fait preuve pendant 10 ans d'une volonté sans faille de servir son pays", selon le ministère

PARIS: Un élève-officier de l'Ecole militaire interarmes (EMIA) a chuté mortellement dans la nuit de samedi à dimanche dans le 18e arrondissement de Paris alors qu'il rentrait du bal des défilants organisé en amont du défilé du 14-Juillet, a appris l'AFP de sources policière et militaire.

L'élève officier, né en 1993, est décédé après avoir chuté depuis le pont de la rue Caulaincourt, a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP.

Une enquête en recherche des causes de la mort a été confiée au commissariat du 18e arrondissement, selon le parquet, et les investigations se poursuivent afin de déterminer les circonstances de ce décès.

Le sous-lieutenant Antoine Alix, qui achevait sa formation d’élève-officier, devait défiler lundi sur les Champs Elysées avec sa promotion, selon un communiqué du ministère des Armées.

Engagé en 2015 "en qualité de jeune engagé volontaire de l’armée de Terre pour servir au sein du 7e régiment du matériel de Lyon, il a fait preuve pendant 10 ans d'une volonté sans faille de servir son pays", selon le ministère.

Il a notamment été déployé à deux reprises en opération extérieure au Sahel et réussi l'an passé le concours de l'EMIA pour devenir officier.

Il est tombé dans le cimetière de Montmartre depuis un pont à 15 mètres de hauteur.

Selon la source policière, le jeune trentenaire rentrait du bal des défilants et aurait escaladé le pont métallique routier qui traverse le cimetière de Montmartre.

Lundi, 7.000 femmes et hommes défileront, dont 5.600 à pied, ainsi que 65 avions dont cinq appareils étrangers, 34 hélicoptères, 247 véhicules et 200 chevaux de la Garde républicaine.


14 juillet: la France réaffirme son attachement au partenariat stratégique avec l'Arabie Saoudite

Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite (Photo Fournie)
Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite (Photo Fournie)
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  • En poste à Riyad depuis un an, l'ambassadeur décrit la relation entre la France et l'Arabie saoudite comme particulièrement dynamique.
  • "La dynamique est très positive. Cette première année nous a permis de formaliser notre partenariat stratégique, comme en témoigne la visite d'État historique du président français en décembre dernier"

RIYAD: Chaque 14 juillet, jour de la Bastille, la France commémore les valeurs fondatrices de sa République : la liberté, l'égalité et la fraternité. Elle célèbre aussi les liens durables qui l’unissent à ses partenaires mondiaux.
Cette fête nationale, qui trouve son origine dans la prise de la Bastille en 1789 — tournant de la Révolution française et de la fin de la monarchie absolue — a été célébrée pour la première fois en 1790, lors de la Fête de la Fédération, et officiellement déclarée fête nationale en 1880. Elle reste un symbole d’unité, de démocratie et d’ouverture.

C’est dans cet esprit que nous avons rencontré Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite, pour réfléchir à l’état des relations bilatérales entre Paris et Riyad.
Au cœur de la discussion : le partenariat stratégique croissant entre les deux pays, le développement de la coopération économique, la présence accrue des entreprises françaises dans le Royaume, les échanges culturels et touristiques, ainsi que le rôle que joue la France dans la promotion de la stabilité régionale.

Une relation bilatérale stratégique et dynamique

En poste à Riyad depuis un an, l’ambassadeur décrit la relation entre la France et l’Arabie saoudite comme particulièrement dynamique.
« La dynamique est très positive. Cette première année nous a permis de formaliser notre partenariat stratégique, comme en témoigne la visite d'État historique du président français en décembre dernier », a-t-il souligné.

« Sous l’impulsion de nos deux dirigeants, nous avons œuvré à l’approfondissement de notre coopération dans tous les domaines couverts par le partenariat : la coopération politique, comme en témoigne notre coordination sur les questions régionales, ainsi que dans les domaines de l’économie, de la culture et de la défense », a-t-il ajouté.

Il a insisté sur le haut niveau de confiance mutuelle :
« Je suis heureux que la France soit reconnue comme un partenaire stratégique de confiance du Royaume, et réciproquement. La fréquence des rencontres entre le prince héritier et le président français témoigne de la solidité de notre relation bilatérale », a-t-il déclaré.

Coopération économique : un partenariat en pleine expansion

La France est aujourd’hui le deuxième investisseur étranger en Arabie saoudite, avec des projets majeurs dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, des transports et de la santé. L’ambassadeur a souligné l’importance de la récente visite d’État présidentielle :
« Cette visite reflète la maturité de notre relation bilatérale, mais surtout notre ambition commune d’aller plus loin dans des domaines clés tels que l’économie, la défense, l’innovation, la transition énergétique, la culture et les échanges entre les peuples », a-t-il déclaré.

Dans le secteur de l’énergie, de grandes entreprises françaises sont impliquées.
« On ne le dit pas assez : la France est le deuxième investisseur étranger en Arabie saoudite, notamment dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, les transports et la santé », a-t-il souligné.

Parmi les projets phares, on peut citer TotalEnergies, qui cogère la raffinerie SATORP avec Aramco, ainsi que le complexe pétrochimique d’Amiral. Engie détient près de 9 milliards de dollars d’actifs dans le domaine de l’énergie et de l’eau, tandis qu’EDF est engagée dans des projets de dessalement (Amaala) et de production d’électricité (Taiba, Qassim), pour un total de 5 milliards de dollars.

Dans le secteur des transports, les entreprises françaises contribuent au métro de Riyad et au tramway expérimental d’AlUla. Airbus a reçu plus de 300 commandes d’avions de la part de Saudia, Flynas, Riyadh Air et AviLease.

Parmi les autres acteurs majeurs figurent Veolia, Accor, Bouygues, Alstom, Thales et JCDecaux, tous impliqués dans le développement urbain et les infrastructures.
« Je me réjouis des technologies que nous apportons à l’appui de la Vision 2030 », a déclaré l’ambassadeur.

Aujourd’hui, plus de 200 entreprises françaises sont présentes dans le Royaume et emploient environ 13 000 personnes. Le Conseil d’affaires franco-saoudien, qui compte plus de 300 membres, reflète cette dynamique :
« Il compte désormais 75 % d’entreprises saoudiennes francophiles et 25 % d’entreprises françaises opérant en Arabie saoudite, soit un quasi-quadruplement du nombre de ses membres », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, 34 entreprises françaises ont établi leur siège régional en Arabie saoudite en juin 2025. L’ambassadeur a également salué l’ouverture du bureau du Fonds d’investissement public (FIP) à Paris :
« C’est un signal fort de l’intention du Royaume d’approfondir ses investissements en France et en Europe, en particulier dans les secteurs d’avenir », a-t-il souligné.