La crise sociale, un boulet pour l'image de la France ? Les milieux d'affaires s'interrogent

Au-delà des images, la presse économique, vitrine de l'attractivité française, n'a parfois pas ménagé le gouvernement. L'agence américaine Bloomberg a affirmé que le président français "s'est peut-être transformé en canard boiteux". (AFP).
Au-delà des images, la presse économique, vitrine de l'attractivité française, n'a parfois pas ménagé le gouvernement. L'agence américaine Bloomberg a affirmé que le président français "s'est peut-être transformé en canard boiteux". (AFP).
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Publié le Vendredi 31 mars 2023

La crise sociale, un boulet pour l'image de la France ? Les milieux d'affaires s'interrogent

  • Érigée en priorité par Emmanuel Macron, l'image de la France comme destination de choix est écornée par le blocage sur la réforme des retraites
  • Les images de Paris sous les incendies de poubelles et attaquée par les casseurs ont fait le tour du monde

PARIS: La France, terre d'accueil des investisseurs étrangers ou terre d'explosion sociale? Érigée en priorité par Emmanuel Macron, l'image de la France comme destination de choix est écornée par le blocage sur la réforme des retraites, ravivant les vieux démons d'un pays économiquement instable.

"Ce que nous entendons de nos clients, des différents groupes de décideurs auxquels nous participons, c'est qu'il n'y a pas de panique mais de la préoccupation", observe auprès de l'AFP Marc Lhermitte, associé au cabinet EY, qui publie chaque année un baromètre européen sur l'attractivité des Etats en matière de projets d'implantation.

Cette préoccupation vient davantage des dirigeants de filiales en France, "qui essayent de remporter des arbitrages au sein de leurs groupes et qui prennent cela assez au sérieux", poursuit-il, citant surtout des interrogations sur le moyen terme et la capacité du gouvernement à poursuivre ses réformes.

"Vu de loin, de New York, Kansas City ou Londres, les problèmes en France ne sont pas sur le premier radar", relativise toutefois M. Lhermitte.

Au milieu d'une actualité internationale bousculée par les conséquences de la guerre en Ukraine et la hausse des prix presque partout dans le monde, les images de Paris sous les incendies de poubelles et attaquée par les casseurs ont toutefois fait le tour du monde, ravivant auprès des milieux d'affaires le souvenir des gilets jaunes et d'une France en grève.

« Canard boiteux »

Au-delà des images, la presse économique, vitrine de l'attractivité française, n'a parfois pas ménagé le gouvernement. L'agence américaine Bloomberg a affirmé que le président français "s'est peut-être transformé en canard boiteux" en allusion à une potentielle incapacité future à gouverner, tandis que le Financial Times a appelé à "inaugurer une sixième République moins autocratique".

L'agence de notation Moody's a de son côté dit craindre que l'usage du très contesté article 49-3 pour faire passer la réforme des retraites pourrait "compliquer" l'adoption de futures réformes structurelles, pourtant vantées par l'exécutif pour accueillir les entreprises étrangères, à l'instar des réformes fiscales et de celles du marché du travail.

Bien qu'elle note un regain d'intérêt des investisseurs étrangers pour la France ces derniers mois, l'avocate spécialisée en fusions et acquisitions internationales Nathalie Younan confie à l'AFP qu'"à chaque fois qu'on commence une réunion, la première question est: comment ça se passe à Paris?".

"Pour certains c'est la première fois qu'ils vont mettre les pieds en France, c'est donc un peu plus inquiétant", poursuit la juriste associée au cabinet FTPA, au sujet de ces investisseurs qui se demandent "si c'est le bon moment pour faire leurs premiers pas" dans l'Hexagone.

"Pour d'autres, qui ont déjà des activités et qui veulent s'étendre, il y a parfois un regard presque amusé ou ironique sur la France", ajoute-t-elle, notant que globalement les événements ne sont pas de nature à faire hésiter les entreprises sur une implantation.

La France affiche pour l'instant de solides résultats en matière d'investissements étrangers. Le cabinet EY la classe depuis trois ans en tête des destinations européennes en nombre de projets, et doit publier son prochain bilan à la mi-mai.

Interrogé par l'AFP, le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht affirme que "les manifestations ce n'est pas plaisant, mais je n'ai pas aujourd'hui d'entreprises qui m'appellent en me demandant ce qui se passe en France".

"Les investisseurs sont habitués à ce que de temps à autre, les Français aient ce type d'expression parfois un peu virulente dans la rue, cela fait partie de notre histoire. Ils ne nous jugent pas sur une conjoncture de quelques semaines ou de quelques mois. Quand on investit dans un pays, c'est pour cinq ans, dix ans, vingt ans", poursuit le ministre, mettant davantage au rang des premières préoccupations les prix de l'énergie et l'accès à la main d'oeuvre.

« Culture de l'explosion sociale »

Le retour à cette image frondeuse en France est confirmée par une source proche de l'industrie pharmaceutique internationale: "il y a une sorte de fatalisme qui consiste à dire que la France reste la France", affirme-t-elle, signalant "une accoutumance des entreprises internationales à cette espèce de culture de l'explosion sociale comme mode de règlement d'un conflit".

"L'enthousiasme du premier mandat d'Emmanuel Macron est passé depuis longtemps", souligne l'avocate Nathalie Younan. "Au départ il n'y avait que des compliments et des sourires concernant un président qui allait s'occuper d'économie et de finances, et quand on constate les difficultés, les gens sont plus réalistes sur la capacité à réformer."

La crainte est aussi parfois plus politique, à l'heure où l'extrême droite progresse élection après élection en France.

"Les feux de poubelles font peur aux touristes, pas aux investisseurs, souligne un représentant d'une place financière européenne concurrente à la France au moment de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. "Ce qui fait peur aux investisseurs c'est ce qui viendra après. Beaucoup se demandent s'ils doivent mettre tous leurs oeufs dans le même panier."


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
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  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.