La Finlande admise dans l'Otan, Moscou dénonce une atteinte à sa sécurité

Le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto, à gauche, remet le document d'adhésion de son pays au secrétaire d'État américain Antony Blinken, à droite, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Bruxelles, le mardi 4 avril 2023 (Photo, AP).
Le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto, à gauche, remet le document d'adhésion de son pays au secrétaire d'État américain Antony Blinken, à droite, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Bruxelles, le mardi 4 avril 2023 (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 05 avril 2023

La Finlande admise dans l'Otan, Moscou dénonce une atteinte à sa sécurité

  • « Nous déclarons la Finlande 31e membre de l'Alliance avec la réception de ces documents», a lancé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken
  • Moscou a dénoncé une « atteinte» à sa sécurité et promis des « contre mesures»

BRUXELLES: Après trois décennies de non-alignement militaire et en pleine guerre en Ukraine, la Finlande est devenue mardi le 31e pays membre de l'Otan, une "journée historique" saluée par les dirigeants de l'Alliance qui ont demandé à la Turquie et à la Hongrie de ratifier l'adhésion de la Suède pour le sommet de Vilnius en juillet.

Le président ukrainien Volodymyr Zelenky a été invité à participer à ce sommet au cours duquel les dirigeants des pays de l'Alliance doivent prendre des engagements pour soutenir l'Ukraine sur le long terme et rapprocher ce pays de l'Otan.

"Nous nous réjouissons de rencontrer M. Zelensky lors de notre sommet de Vilnius en juillet", a annoncé Jens Stoltenberg à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance à laquelle participait leur homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

"L'Ukraine deviendra membre de l'Otan, mais nous devons nous assurer qu'elle reste un pays souverain et indépendant et pour cette raison nous devons l'aider à sortir vainqueur de la guerre avec la Russie", a-t-il précisé.

Les alliés ont fourni 150 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine depuis le début de l'invasion par la Russie dont 65 milliards d'aide militaire, a-t-il indiqué.

Washington a annoncé mardi une nouvelle tranche d'aide militaire de 2,6 milliards de dollars et les alliés doivent annoncer "un important soutien" à l'Ukraine lors du sommet de Vilnius, a souligné M. Stoltenberg.

Dans un signal fort envoyé à la Russie qui a dénoncé une "atteinte" à sa sécurité et promis des "contre mesures", les pays alliés de l'Otan ont accueilli mardi en grande pompe la Finlande, devenue le 31 membre de l'Alliance et appelé à l'adhésion de son voisin suédois "aussi vite que possible".

«Plus unis que jamais»

Le président américain Joe Biden s'est dit "fier" d'accueillir Helsinki dans l'alliance militaire occidentale.

"Quand (Vladimir) Poutine a lancé sa guerre d'agression brutale contre le peuple ukrainien, il pensait pouvoir diviser l'Europe et l'Otan. Il avait tort. Aujourd'hui, nous sommes plus unis que jamais", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Son homologue français Emmanuel Macron a tweeté : "Bienvenue à la Finlande dans l'Otan !", tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky présentait ses "sincères félicitations".

La Finlande a remis les instruments de ratification au chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, représentant du pays dépositaire du traité de l'Atlantique nord. Le drapeau de la Finlande a ensuite été hissé dans la cour d'honneur de l'Otan, entre ceux de l'Estonie et de la France.

"L'ère du non-alignement militaire dans notre histoire s'achève. Une nouvelle ère commence", a déclaré le chef de l'Etat Sauli Niinistö.

Le secrétaire d'Etat américain et le chef de l'Otan Jens Stoltenberg ont salué une "journée historique".

"Je suis tenté de dire que c'est peut-être la seule chose pour laquelle on peut remercier (le président russe Vladimir) Poutine, parce qu'il a, une fois de plus, précipité quelque chose qu'il disait vouloir éviter en agressant" l'Ukraine, a commenté Antony Blinken.

Le pays nordique partage une frontière de 1 300 kilomètres de long avec la Russie et "est maintenant en sécurité", a affirmé Jens Stoltenberg.

"Ensemble, les Alliés de l'Otan représentent 50% de la puissance militaire mondiale. Donc, tant que nous restons unis, que nous nous protégeons mutuellement et que nous le faisons de manière crédible, il n'y aura pas d'attaque militaire contre un allié de l'Otan", a-t-il expliqué.

«Accueillir la Suède»

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé la sécurité en Europe et rebattu les cartes, poussant la Finlande et la Suède à vouloir rejoindre le parapluie protecteur de l'Otan.

La Finlande obtient la protection de l'article 5, l'engagement de défense collective selon lequel une attaque contre un membre "sera considérée comme une attaque contre tous les membres".

"Un pour tous, tous pour un", a insisté Jens Stoltenberg.

Les objections de la Turquie et de la Hongrie ont retardé l'adhésion d'Helsinki pendant des mois et bloquent toujours celle de Stockholm.

"Nous encourageons la Turquie et la Hongrie à ratifier les protocoles d'adhésion de la Suède sans délai afin que nous puissions accueillir la Suède dans l'Alliance atlantique aussi vite que possible", a déclaré M. Blinken.

"J'appelle le président (turc) Erdogan à ne pas ruiner le sommet de Vilnius" en juillet, a lancé son homologue lituanien Gabrielus Landsbergis, en disant espérer y voir à ce moment-là "le drapeau de la Suède flotter à l'Otan".

Hasard de l'ordre alphabétique, les couleurs de la Suède seraient alors hissées entre celles de l'Espagne et de la Turquie.


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com