Après plus d'un an de sanctions, l'économie russe face à un avenir incertain

Pendant un an, Vladimir Poutine n'a cessé de répéter que les sanctions internationales étaient inefficaces et qu'elles pénalisaient plus les Occidentaux que la Russie. (AFP)
Pendant un an, Vladimir Poutine n'a cessé de répéter que les sanctions internationales étaient inefficaces et qu'elles pénalisaient plus les Occidentaux que la Russie. (AFP)
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Publié le Jeudi 06 avril 2023

Après plus d'un an de sanctions, l'économie russe face à un avenir incertain

  • Les ennuis actuels de l'économie russe sont connus: exportations de gaz en forte baisse, contraction de la force de travail, pénuries dans certaines chaînes de production, affaiblissement du rouble, tourisme à l'arrêt
  • Dans les faits, la Russie est désormais privée d'accès aux technologies occidentales et doit se tourner vers l'Asie, avec le délai supplémentaire que cela implique

MOSCOU: Après plus d'un an de sanctions et malgré une adaptation que peu d'observateurs avaient anticipée, les nuages n'ont pas disparu dans le ciel de l'économie russe et les perspectives à moyen terme restent incertaines.

"Renforcement de la souveraineté économique", "plus d'opportunités" : pendant un an, Vladimir Poutine n'a cessé de répéter que les sanctions internationales étaient inefficaces et qu'elles pénalisaient plus les Occidentaux que la Russie.

Pourtant, le président russe a brusquement changé de ton fin mars, mettant en garde contre les conséquences "négatives" des sanctions "à moyen terme", une première depuis le début de l'offensive en Ukraine.

"Le retour à une trajectoire de croissance ne doit pas nous conduire à nous relâcher", a-t-il martelé, admettant qu'il restait "des problèmes" à "résoudre".

Alors, signe d'une situation économique qui se dégrade ou simple avertissement destiné aux entreprises qu'il avait exhortées mi-mars à "ne pas manquer" les nouvelles "perspectives de développement" ?

Pour Arnaud Dubien, le directeur de l'Observatoire franco-russe à Moscou, "le constat fait par M. Poutine est tout simplement réaliste".

"C'est un message de mobilisation à destination des entreprises et des ministères concernés : +La situation est meilleure que prévue mais ne vous relâchez pas, continuez à trouver des (solutions) alternatives+", explique-t-il à l'AFP.

"Il leur dit en substance : +Vous et vos business êtes uniquement en sécurité sous mon autorité. Il n'y a pas de retour à l'avant-février 2022+", renchérit Alexandra Prokopenko, une chercheuse qui travaillait auparavant à la Banque centrale de Russie (BCR).

«Difficile»

Les ennuis actuels de l'économie russe sont connus : exportations de gaz en forte baisse, contraction de la force de travail, pénuries dans certaines chaînes de production, récent affaiblissement du rouble, tourisme à l'arrêt, etc.

"Les secteurs les plus frappés par les sanctions, comme l'automobile, sont ceux qui étaient les plus ouverts aux investissements et aux coopérations internationales", rappelle M. Dubien.

Dernier exemple en date, le constructeur automobile Avtovaz a signalé la cessation des approvisionnements par certains fournisseurs étrangers, ce qui rendra "impossible (...) la production ininterrompue de véhicules complets à partir de la deuxième quinzaine du mois de mai".

Dans les faits, la Russie est désormais privée d'accès aux technologies occidentales et doit se tourner vers l'Asie, avec le délai supplémentaire que cela implique.

Les entreprises liées au complexe militaro-industriel "s'en sortent mieux", relève Mme Prokopenko, qui cite "l'optique, la pharmaceutique, les équipements métallurgiques, etc."

Un déséquilibre assumé par le gouvernement qui entend renforcer les échanges avec les pays asiatiques - la Chine et l'Inde en tête - pour compenser la perte du marché européen.

Mais "la situation reste difficile", juge Sergueï Tsyplakov, professeur d'économie à l'École supérieure d'économie de Moscou, qui cite "les infrastructures financières" au titre des autres victimes des sanctions.

Mercredi, la deuxième banque de Russie, VTB, exclue du système de paiements international Swift, a annoncé une perte de sept milliards d'euros l'an passé.

«Longtemps»

Dans ce contexte, de nombreux observateurs estiment que le vrai défi de l'économie russe va se présenter dans les prochains mois.

"En 2023, il n'y a aucun signe que la Russie bénéficie de revenus supplémentaires comme l'an passé via les recettes pétrogazières" qui avaient explosé parallèlement à la hausse des prix de l'énergie, déclare Mme Prokopenko à l'AFP.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les revenus pétroliers russes ont même dégringolé de 42% sur un an en février. Et le marché gazier, pour des raisons logistiques, tarde à se réorienter vers l'Asie.

Or Moscou a un besoin vital de garder ses revenus issus des hydrocarbures à un niveau élevé pour continuer à financer son offensive en Ukraine, au moment où environ un tiers du budget fédéral annuel est destiné aux dépenses militaires et sécuritaires, d'après des chiffres officiels.

Mardi, Vladimir Poutine a prévenu : "Les sanctions sont amenées à durer longtemps".

"Il faut du temps pour s'ajuster, trouver de nouveaux partenaires et établir de nouvelles relations", résume Mme Prokopenko, pour qui l'avenir est "brumeux".

"Les sanctions ne sont pas indolores mais les équilibres macro-économiques ne sont pas menacés à ce stade", tempère de son côté M. Dubien. "La Russie peut financer son effort de guerre pendant encore trois ou quatre ans. (...) Mais elle a déjà perdu l'équivalent d'une décennie de développement depuis 2014 et là, elle pourrait en perdre une deuxième".


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com