France: le chemin vers «l'économie de guerre» est encore long pour le fabricant de blindés Arquus

PDG des "Forges de Tarbes", Jérôme Garnache Creuillot pose à l'atelier de son usine, qui produit des obus de 155 mm, la munition pour les canons d'artillerie français Caesar utilisés par les forces armées ukrainiennes, à Tarbes, dans le sud-ouest de la France, le 4 avril 2023. (Photo par Lionel Bonaventure / AFP)
PDG des "Forges de Tarbes", Jérôme Garnache Creuillot pose à l'atelier de son usine, qui produit des obus de 155 mm, la munition pour les canons d'artillerie français Caesar utilisés par les forces armées ukrainiennes, à Tarbes, dans le sud-ouest de la France, le 4 avril 2023. (Photo par Lionel Bonaventure / AFP)
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Publié le Vendredi 07 avril 2023

France: le chemin vers «l'économie de guerre» est encore long pour le fabricant de blindés Arquus

  • Le projet de Loi de programmation militaire français (LPM) 2024-2030, présenté mardi en Conseil des ministres, prévoit des hausses annuelles «sans précédent» de 3 à 4 milliards d'euros du budget des armées, sur fond de retour de la guerre en Europe
  • Arquus, filiale du Suédois AB Volvo, est un acteur important du programme Scorpion qui prévoit le renouvellement des blindés de l'armée de Terre française par des engins connectés entre eux

LIMOGES, France : Quelques ouvriers s'affairent autour de la ligne de montage des camions porteurs de canon Caesar, dont la production a été relancée après un an d'interruption à l'usine Arquus de Limoges, dans le centre de la France. Mais le passage à une «économie de guerre» qu'Emmanuel Macron appelle de ses voeux reste un horizon lointain.

En juin dernier, le président français avait appelé à passer à une «économie de guerre» pour se préparer à l'hypothèse d'un conflit de haute intensité à la suite de l'invasion de l'Ukraine. Depuis, le projet de Loi de programmation militaire français (LPM) 2024-2030, présenté mardi en Conseil des ministres, prévoit des hausses annuelles «sans précédent» de 3 à 4 milliards d'euros du budget des armées, sur fond de retour de la guerre en Europe.

Arquus, filiale du Suédois AB Volvo, est un acteur important du programme Scorpion qui prévoit le renouvellement des blindés de l'armée de Terre française par des engins connectés entre eux.

Installation des pneumatiques, pose du moteur, préparation de la cabine qui vient ensuite se poser sur le châssis du véhicule: «actuellement un Caesar sort tous les quatre jours de nos lignes», explique le responsable ingénierie Christophe Bouny devant quatre squelettes de camion en cours de fabrication.

«On pourrait en faire un par jour, mais ce n'est pas la commande qu'on a», regrette Emmanuel Levacher, président d'Arquus, fabriquant de véhicules blindés et de matériels roulant à destination de l'armée de Terre.

La France, qui a fourni 30 Caesar à l'Ukraine, a passé commande pour un lot de 18 de ces canons produits par Nexter, mais dont le camion porteur est fabriqué par Arquus. Deux autres lots de 18 doivent être fabriqués en 2023 et c'est tout. «C'est peu», déplore Emmanuel Levacher.

La nouvelle loi de programmation militaire prévoit une cible de 109 Caesar en 2030 «donc ce qui serait bien, c'est qu'on reçoive une commande de 109 camions et pas 12, puis 15, etc.», souhaite M. Levacher.

Le patron du constructeur veut à tout prix éviter ce «stop and go» car «c'est toujours un challenge de relancer une production», de reformer les opérateurs et de réamorcer les fournisseurs.

- Production bridée -

Un peu plus loin dans l'usine, les «kits de mobilité» des blindés Jaguar (engins de reconnaissance équipés d'un canon) et Griffon (transport de troupes), pièces essentielles du programme, sont en construction.

Arquus ne produit que le châssis et les roues des ces véhicules derniers cris dont les volumes ont été revus à la baisse dans la nouvelle loi de programmation militaire (LPM).

Une centaine de Jaguar en moins sur les 300 prévus en 2030 et environ 500 Griffon décalés à post-2030, «ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour nous», reconnaît Emmanuel Levacher.

Mais il espère se rattraper avec l'activité de «maintien en condition opérationnelle» des VAB et AMX-10RC dont la durée de vie va être prolongée. La maintenance et la réparation des véhicules représentent plus de 40% du chiffre d'affaire d'Arquus.

En 2022, le constructeur a produit 141 kits de mobilité pour le Griffon et 25 pour le Jaguar, mais ses lignes de production ne tournent pas à leur pleine capacité, faute de commandes fermes suffisantes.

S'il a fabriqué 1.272 véhicules neufs et a été bien aidé par la montée en puissance du programme Scorpion l'année dernière, les exportations d'Arquus restent décevantes. Avec seulement 100 millions d'euros d'export, l'entreprise reste loin de l'objectif de réaliser la moitié de son chiffre d'affaire - 550 millions d'euros - à l'étranger.

Les changements géopolitiques comme en Afrique subsaharienne où la position de la France est «challengée» - plus aucune vente au Mali et au Burkina Faso - ne facilitent pas la tâche, selon Emmanuel Levacher.

Et puis «il y a la montée d'acteurs concurrents comme la Turquie, la Corée du Sud, l'Afrique du Sud, Israël qui ont beaucoup d'influence. Les Turcs ont des prix très compétitifs car ils ont un gouvernement qui leur passe de grosses commandes», observe-t-il.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.