BEYROUTH : À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Avec la pandémie qui sévit dans le monde, et toutes les fâcheuses péripéties qui en découlent, pour survivre, l’art s’adapte et se réinvente.
Partout en 2020, la crise sanitaire a eu un impact dévastateur sur «le secteur de la culture et ses travailleurs», déplore l’Unesco.
Le Liban, petit pays de 10 452 km² a, quant à lui, été touché de plein fouet par une série de chocs. Les industries créatives sur place n’ont donc pas survécu à cet effondrement.
L’art en bandoulière
C’est le cœur lourd, mais muni de leur savoir-faire et de leur art en bandoulière qu’Omar Rajeh et Mia Habis, ont mis le cap sur la ville de Lyon, en France. Ainsi, pour la première fois de son histoire, c’est en dehors des arènes de la capitale libanaise, que leur festival de danse Bipod s’est tenu.
Lyon a mis à la disposition des artistes un studio équipé d’écrans et de caméras afin de filmer le spectacle. De plus, différentes institutions culturelles françaises et européennes (ministère de la Culture, Organisation internationale de la francophonie, Maison de la culture Grenoble…) ont soutenu cette œuvre, afin qu’elle puisse être présentée en direct au grand public sur le site web citerne.live.
En complément des performances live, des courts-métrages, des conversations et des conférences étaient au programme.
Selon les fondateurs, ce spectacle était aussi «un acte de résistance». Ces derniers ont par ailleurs insisté sur l’importance d’acheter un billet, aussi modique soit le prix. En effet, pour les spectateurs présents au Liban, en Palestine, en Syrie, en Jordanie, et en Égypte, une contribution symbolique d’un euro a été demandée.

Un spectacle vivant : l’épopée du corps
Six villes internationales ont été représentées aux côtés de Beyrouth dans les différents tableaux de danse contemporaine mis en scène dans sept spectacles baptisés «Architecture of a ruined body» (l’architecture d’un corps ruiné).
Le fil conducteur du festival était donc «le corps» : son évolution dans les moments de crise et de catastrophe, ses possibilités, ses vulnérabilités, sa résilience et sa révolte. Cette douce épopée fait indéniablement écho à la ville natale des organisateurs du spectacle, artistiquement foisonnante hier et meurtrie aujourd’hui : comme un corps à l’agonie qui lutte pour la vie.