Irak: les sites archéologiques, victimes collatérales du changement climatique

Sur cette photo prise le 31 mars 2023, l'archéologue Aqeel Mansarawi inspecte de vieilles briques et des restes de maçonnerie sur le site archéologique d'Umm al-Aqarib, fréquemment enseveli par les tempêtes de sable dues à la désertification, dans le district d'al-Rifai, dans la province de Dhi Qar, dans le sud de l'Irak. (AFP).
Sur cette photo prise le 31 mars 2023, l'archéologue Aqeel Mansarawi inspecte de vieilles briques et des restes de maçonnerie sur le site archéologique d'Umm al-Aqarib, fréquemment enseveli par les tempêtes de sable dues à la désertification, dans le district d'al-Rifai, dans la province de Dhi Qar, dans le sud de l'Irak. (AFP).
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Publié le Dimanche 16 avril 2023

Irak: les sites archéologiques, victimes collatérales du changement climatique

  • Umm al-Aqarib est l'une des villes sumériennes les plus importantes du sud de la Mésopotamie
  • Mais aujourd'hui, outre les pillages, fréquents sur les sites mal surveillés, Umm al-Aqarib se prend de plein fouet certains effets indirects du changement climatique, dont les tempêtes de sable, de plus en plus fréquentes en Irak

UMM AL-AQARIB : Ce sont des ennemis bien visibles et dévastateurs: en Irak, les tempêtes de sable et la salinisation malmènent les sites archéologiques, des phénomènes dus indirectement au changement climatique, dans un pays "qui subit le plus et agit le moins".

Du haut d'un monticule de sable qui recouvre un temple, l'archéologue irakien Aqeel al-Mansrawi contemple plus de quatre millénaires d'histoire. "Umm al-Aqarib est l'une des villes sumériennes les plus importantes du sud de la Mésopotamie", explique-t-il.

Réparti sur 5 km2, Umm al-Aqarib (La mère des scorpions, en arabe), dans le désert du sud de l'Irak, a connu son apogée aux alentours de 2 350 avant J.-C. Elle abritait plusieurs temples, dont l'un était dédié à Shara, un dieu du pays de Sumer.

Au fil des missions, les archéologues ont mis au jour des canaux, des fragments de poterie, des tablettes, autant de pièces vitales pour écrire l'histoire des Sumériens.

Mais aujourd'hui, outre les pillages, fréquents sur les sites mal surveillés, Umm al-Aqarib se prend de plein fouet certains effets indirects du changement climatique, dont les tempêtes de sable, de plus en plus fréquentes en Irak.

En 2022, une dizaine de ces bourrasques ont balayé le pays, selon un décompte de l'AFP.

A Umm al-Aqarib, le sable "recouvre une bonne partie du site", explique Aqeel al-Mansrawi. Et cela fait une "dizaine d'années" que ce phénomène dure.

Pour découvrir les briques en terre cuite qui forment la façade d'un temple, l'archéologue doit d'abord retirer le sable.

"Dans les dix prochaines années, on estime que le sable pourrait avoir recouvert 80 à 90% des sites archéologiques" du sud de l'Irak, souffle-t-il. "Les missions archéologiques devront déployer davantage d'efforts" pour déblayer avant de commencer à fouiller.

Environnement très sec

Les vents sont aujourd'hui "davantage chargés en poussière" et ils "transportent des fragments du sol, surtout du sable et du limon, qui produisent de l'érosion et l'effritement des bâtiments" antiques, constate Jaafar al-Jotheri, professeur d'archéologie à l'université irakienne Al-Qadissiyah.

La faute, dit-il, à des hivers plus secs et des étés plus longs et plus chauds où la température dépasse les 50 degrés et qui "fragilisent les sols et les fragmentent à cause du manque de végétation".

Autre ennemi: la salinisation, elle aussi due à un environnement "très sec", souligne Mark Altaweel, professeur d'archéologie du Proche-Orient au University College de Londres. Quand "l'eau s'évapore très vite, seuls restent les résidus salés".

Et en trop grandes quantités, la salinisation dévore tout.

Selon l'ONU, l'Irak fait partie des cinq pays les plus vulnérables à certains effets bien tangibles du changement climatique, en premier lieu des sécheresses à rallonge.

Cette catastrophe est nulle part mieux visible qu'avec le Tigre et l'Euphrate. Les deux fleuves mythiques, sources d'irrigation majeure pour l'agriculture irakienne, sont aujourd'hui réduits à de frêles cours d'eau.

Si le manque de précipitations y est pour beaucoup, les autorités condamnent surtout les barrages construits en amont des fleuves par la Turquie et l'Iran, responsables selon Bagdad d'une réduction du débit d'eau.

«Pire gestion hydraulique»

Ensuite, pointe Jaafar Jotheri, l'Irak dispose de la "pire gestion hydraulique", qui date... des époques sumérienne et akkadienne. Aujourd'hui encore, les agriculteurs ont recours à l'arrosage par inondation, une technique largement considérée comme un immense gaspillage.

Sans eau, de plus en plus de cultivateurs et d'éleveurs irakiens migrent vers les villes pour espérer survivre. "Après que les agriculteurs ont abandonné leurs terres, les sols sont davantage exposés au vent" qui charrie sable et limon, pointe le professeur Jotheri.

Fin 2021, l'ancien président Barham Saleh avait avancé que "la désertification affecte 39% des terres irakiennes", un chiffre appelé à augmenter.

Alors, que faire pour tenter de sauvegarder le patrimoine archéologique irakien?

Dans ce pays où la corruption est omniprésente et où, malgré la manne pétrolière, un tiers de la population vit dans la pauvreté, les sites archéologiques sont négligés.

Pourtant, Chamel Ibrahim, directeur des antiquités de Dhi Qar, la province où se trouve Umm al-Aqarib, assure que le gouvernement "travaille pour contenir les dunes de sable".

Une "ceinture verte" faite d'arbres doit notamment être plantée dans la région pour un coût de 5 milliards de dinars (environ 3,5 millions d'euros), dit-il.

Jaafar Jotheri reste toutefois dubitatif, puisque pour maintenir en vie la végétation, "il faut beaucoup d'eau". "Nous sommes le pays qui subit le plus et celui qui agit le moins" contre les effets du changement climatique, résume-t-il.


Renaissance de l'acacia : la réserve royale saoudienne veille à la couverture végétale

La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
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  • Ces projets de reboisement à grande échelle sont essentiels pour lutter contre la désertification et améliorer la biodiversité.
  • L'autorité chargée du développement de la réserve se concentre sur la sensibilisation de la communauté, le soutien à la protection de la biodiversité et la promotion d'un environnement durable pour la reproduction et la conservation de la faune sauvage.

RIYAD : nichée au nord-est de la ville, la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed est un joyau environnemental qui offre un aperçu des plus beaux atouts de la nature et une variété de paysages impressionnants.

Outre le fait d'être un refuge pour des formations géologiques uniques, elle abrite également des plantes et des animaux rares figurant sur la Liste rouge des espèces menacées.

La réserve déploie actuellement d'importants efforts de restauration en plantant des centaines de milliers d'arbres, en particulier des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 km². 

La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)

Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'Initiative verte saoudienne, qui vise à revitaliser la végétation de la réserve et à rétablir l'équilibre écologique, comme l'indique un rapport de l'agence de presse saoudienne.

Les acacias jouent un rôle crucial dans cet effort en raison de leur résistance aux climats désertiques rigoureux et de leur importance écologique. Ils fournissent de l'ombre et de la nourriture aux animaux sauvages, stabilisent le sol et offrent une source vitale de nectar pour la production de miel de haute qualité.

Ces projets de reboisement à grande échelle sont essentiels pour lutter contre la désertification et améliorer la biodiversité, renforçant ainsi l'engagement de l'Arabie saoudite en faveur d'une durabilité environnementale.

Faits marquants

Les acacias jouent un rôle crucial dans cette initiative, notamment en raison de leur résistance aux climats désertiques rigoureux et de leur importance écologique.

Ce havre écologique est la deuxième plus grande réserve royale du royaume.

L'autorité chargée du développement de la réserve s'attache à sensibiliser la population, à soutenir la protection de la biodiversité et à favoriser un environnement durable pour la reproduction et la conservation de la faune sauvage.

La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)

L'autorité propose également des visites guidées et des excursions animées par des guides touristiques spécialisés dans l'environnement. Ce lieu est ainsi incontournable pour les amateurs d'écotourisme intéressés par la randonnée, l'escalade et d'autres activités écologiques.

Ce paradis écologique est la deuxième plus grande réserve royale du royaume. Il abrite une faune et une flore très diversifiées, ce qui en fait un lieu idéal pour la randonnée, les aventures en pleine nature, le camping et la chasse durable.

Sa couverture végétale offre un refuge à diverses espèces d'oiseaux qui contribuent au maintien de l'équilibre de l'écosystème en contrôlant les insectes, les petits rongeurs et les charognes.

La réserve se distingue par ses cours d'eau et ses vallées, où l'eau de pluie et les crues s'écoulent du plateau d'Al-Urumah vers les vallées de la réserve, telles que la vallée d'Al-Thumama et la vallée de Ghilana, pour rejoindre des cours d'eau et des parcs tels que Rawdat Khuraim.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Le prince héritier saoudien déclare à M. Pezeshkian que les attaques israéliennes contre l'Iran violent le droit international

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman et le président iranien Masoud Pezeshkian. (File/SPA/AFP)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman et le président iranien Masoud Pezeshkian. (File/SPA/AFP)
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  • Ces attaques portent atteinte à la souveraineté et à la sécurité de l'Iran et constituent une violation des lois et des normes internationales
  • Il a souligné que le Royaume rejetait le recours à la force pour résoudre les différends et qu'il était nécessaire d'adopter le dialogue comme base pour résoudre les divergences.

RIYAD : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a exprimé la condamnation par le Royaume des attaques israéliennes contre l'Iran lors d'un appel téléphonique avec le président Masoud Pezeshkian samedi.

Ces attaques portent atteinte à la souveraineté et à la sécurité de l'Iran et constituent une violation des lois et des normes internationales, a rapporté l'agence de presse saoudienne, selon laquelle le prince héritier a déclaré.

Le prince héritier a déclaré que les attaques israéliennes ont perturbé le dialogue en cours pour résoudre la crise autour du programme nucléaire iranien et ont entravé les efforts de désescalade et de recherche de solutions diplomatiques.

Il a souligné que le Royaume rejetait le recours à la force pour résoudre les différends et qu'il était nécessaire d'adopter le dialogue comme base pour résoudre les divergences.

Vendredi, Israël a lancé une attaque sans précédent contre l'Iran, tuant de hauts commandants de l'armée, des scientifiques nucléaires et d'autres hauts responsables, dans un tir de missiles qui, selon Téhéran, a fait 78 victimes. Les deux pays ont échangé des coups samedi.

Le prince héritier a exprimé ses condoléances et sa sympathie à M. Pezeshkian, au peuple iranien et aux familles des victimes des attaques. Il a prié pour que les blessés se rétablissent rapidement.

M. Pezeshkian a remercié le roi Salman d'avoir répondu aux besoins des pèlerins iraniens et de leur avoir facilité l'accès aux services jusqu'à leur retour dans leur pays.

Auparavant, le prince Mohammed a discuté des répercussions des opérations militaires israéliennes contre l'Iran avec le Premier ministre britannique Keir Starmer lors d'un appel téléphonique.

Le prince Mohammed et M. Starmer ont discuté des derniers développements dans la région et de l'importance de déployer tous les efforts pour désamorcer et résoudre les différends par des moyens diplomatiques, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le prince Mohammed s'est également entretenu avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Les deux dirigeants ont passé en revue les développements dans la région à la suite des frappes israéliennes sur l'Iran, a indiqué l'agence de presse saoudienne. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


« Nous nous apprêtons à reconnaître l'État palestinien », annonce le président français à Asharq

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
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  • Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York
  • Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel

Dans un entretien accordé à Asharq en marge d'une rencontre avec des journalistes et des représentants d'organisations de la société civile palestinienne et israélienne, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à ce que son pays reconnaisse l'« État de Palestine » lors de la conférence que la France et l'Arabie saoudite accueilleront prochainement à New York.

En réponse à une question sur les conditions à la reconnaissance d'un État palestinien, M. Macron a déclaré : « Il n'y a aucune condition. La reconnaissance se fera selon un processus incluant la fin de la guerre, la reprise de l'aide humanitaire à la bande de Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas.»

« Il s'agit d'un ensemble de mesures, » a-t-il souligné.

Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York, soulignant que la situation actuelle empêche le président palestinien Mahmoud Abbas de se rendre à New York en raison de la suspension des vols dans la région.

Le président français Emmanuel Macron s’exprime devant la presse à Paris, le 13 juin 2025- Asharq.

M. Macron a expliqué s'être entretenu à plusieurs reprises vendredi avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président palestinien Mahmoud Abbas, et qu'il avait été convenu de « reporter la réunion à une date proche ».

Il a indiqué que le président indonésien lui avait promis de reconnaître Israël si la France reconnaissait l'État palestinien, soulignant « la nécessité de poursuivre cette dynamique ».

Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne

Le document de la Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne, prévue à New York du 17 au 20 juin sous la coprésidence de l'Arabie saoudite et de la France, stipule que la conférence se tiendrait sur la base de la « solution à deux États », que sa mise en œuvre s’accompagnerait d’un calendrier précis, que des engagements concrets seraient pris par l’ensemble des parties, et que des mécanismes internationaux seraient instaurés pour en garantir la continuité.

Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel, et garantir la pleine reconnaissance de l’État de Palestine comme composante essentielle de la solution politique, tout en assurant le respect des droits des peuples ainsi que de leur aspiration à la paix et à la sécurité.

Le document souligne que les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre contre Gaza ont entraîné une escalade de la violence sans précédent, des pertes humaines massives, la pire crise humanitaire jamais enregistrée, des destructions généralisées et d'immenses souffrances pour les civils des deux camps, notamment les détenus, leurs familles et les habitants de Gaza.

Le document indique que les activités de colonisation menacent la solution à deux États, seule voie permettant de parvenir à une paix juste, durable et globale dans la région. Elles ont un impact négatif sur la paix, la sécurité et la prospérité régionales et internationales.

Le document explique également que la conférence vise à changer de cap en s'appuyant sur des initiatives nationales, régionales et internationales et en adoptant des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international et promouvoir une paix juste, durable et globale qui garantisse la sécurité de tous dans la région et favorise l'intégration régionale.

La conférence réaffirme l’engagement indéfectible de la communauté internationale en faveur d’un règlement pacifique de la question palestinienne et de la solution à deux États, ainsi que l’urgence d’agir pour atteindre ces deux objectifs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq.com