Consultation sur la transformation du périphérique parisien, qui fête ses 50 ans

Des véhicules sont bloqués dans un embouteillage sur l'autoroute A6 près de Palaiseau, en banlieue sud de Paris (Photo, AFP).
Des véhicules sont bloqués dans un embouteillage sur l'autoroute A6 près de Palaiseau, en banlieue sud de Paris (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 16 avril 2023

Consultation sur la transformation du périphérique parisien, qui fête ses 50 ans

  • Jusqu'au 28 mai, le grand public, et pas uniquement les Parisiens ou les Franciliens, est invité à se prononcer sur ce projet
  • En 2019, l'anneau de 35 km était, selon l'institut de recherche Forum Vies Mobiles, la route la plus fréquentée d'Europe

PARIS: La consultation en ligne sur l'avenir du périphérique parisien, où la mairie de Paris entend réserver une voie au covoiturage, aux taxis et aux transports en commun, débute lundi, quelques jours avant le cinquante ans de l'anneau routier.

Jusqu'au 28 mai, le grand public, et pas uniquement les Parisiens ou les Franciliens, est invité à se prononcer sur ce projet dans le cadre d'une participation du public par voie électronique (PPVE), organisée sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).

Voulu par la maire PS Anne Hidalgo à l'horizon 2030, ce projet fait partie du programme "héritage" des Jeux olympiques de l'été 2024. Pendant les JO, la voie réservée permettra aux athlètes et à la "famille olympique" de se rendre des sites d'hébergement à ceux de compétition de manière sûre et rapide.

Deux voies réservées similaires, portées par l'Etat, sont prévues sur les autoroutes A1 (en Seine-Saint-Denis) et A13 (Yvelines et Hauts-de-Seine). Le gouvernement a organisé une PPVE en début d'année, et leur ouverture post-JO est prévue dès début 2025.

Quant au périphérique, une réunion publique de lancement de la concertation aura lieu lundi soir à l'Hôtel de Ville, avec 600 participants, quasiment cinquante ans après son inauguration le 25 avril 1973.

Les participants peuvent donner leur avis sur les "modalités de mise en œuvre de cette voie dédiée au covoiturage" et aux "transports collectifs", explique la mairie sur le site internet de la consultation.

Un million de véhicules

Si la mairie n'entend pas que son projet soit remis en question, celui-ci reste "ouvert à discussion", notamment car "la liste des ayants droit n'est pas fixée", a expliqué début avril à l'AFP David Belliard, adjoint écologiste aux mobilités d'Anne Hidalgo. Il assure que les opposants au projet "pourront s'exprimer".

Parmi ces adversaires figure la présidente (LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR), qui a estimé lors d'un précédent débat à l'Hôtel de Ville qu'il n'était "pas possible de fermer une voie sur le périphérique (...) compte tenu du trafic".

En 2019, l'anneau de 35 km était, selon l'institut de recherche Forum Vies Mobiles, la route la plus fréquentée d'Europe.

Utilisé chaque jour par un million de véhicules, le boulevard périphérique "compte moins de 20% d'usagers parisiens et 40% des trajets se font de banlieue à banlieue", souligne régulièrement Mme Pécresse, pour qui la maire de Paris ne se soucie pas des banlieusards.

Fin 2021, la région avait organisé une consultation en ligne dans laquelle 90% des 79 000 votants s'étaient dits opposés à la "suppression" d'une voie sur le périphérique.

Pour la mairie, elle ne sera pas "supprimée" mais "transformée" afin d'en faire "une voie plus rapide" pour ces transports moins polluants.

Cette voie réservée doit permettre "de réduire les dépenses des Franciliens qui se déplacent en voiture et de diminuer l'empreinte environnementale des trajets motorisés", explique la mairie sur son site.

Selon la mairie, cette transformation doit aussi permettre de "résorber la congestion" du trafic, alors que pour Mme Pécresse, elle aboutira au contraire à une "thrombose de l'Île-de-France".


Budget de la «Sécu»: les principales mesures du projet de loi

Le Sénat a rejeté vendredi en nouvelle lecture le projet de budget de la Sécurité sociale, constatant d'irréconciliables divergences avec le gouvernement (Photo, AFP).
Le Sénat a rejeté vendredi en nouvelle lecture le projet de budget de la Sécurité sociale, constatant d'irréconciliables divergences avec le gouvernement (Photo, AFP).
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  • Le texte crée aussi des délits d'incitation à la fraude sociale, et de promotion et de facilitation de la fraude
  • Pendant deux ans et à titre expérimental, l'Assurance maladie pourra rembourser des séances d'activité physique adaptée pour les malades du cancer

PARIS: Déficit, lutte contre les pénuries de médicaments, maîtrise des dépenses liées aux arrêts maladie, dépistage, cannabis thérapeutique: voici les principales mesures du projet de loi de financement de la Sécurité sociale définitivement adopté après le rejet d'une ultime motion de censure lundi.

Déficit

Le déficit de la Sécurité sociale est plus important que prévu dans la dernière loi de financement en avril: il est estimé à 8,7 milliards d'euros en 2023, puis 10,5 milliards en 2024. Les comptes sont plombés notamment par la hausse des dépenses de l'Assurance maladie.

Economies en santé

Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement prévoit de trouver 3,5 milliards d'économies dans les dépenses de l'Assurance maladie, dont 600 millions d'euros liés aux dépenses hospitalières, 1,3 milliard sur les produits de santé (essentiellement des baisses de prix des médicaments), 300 millions sur les soins de ville, en particulier les laboratoires d'analyses, et 1,25 milliard lié à la "responsabilisation" des professionnels et patients.

Malgré cet effort, les dépenses d'assurance maladie (ONDAM) représenteront 8,7% du PIB en 2024, contre 8,2% avant la crise sanitaire du Covid-19.

Lutte contre la fraude

Pour lutter contre la fraude aux cotisations sociales, le gouvernement veut s'attaquer à la "sous-déclaration" de chiffre d'affaires des micro-entrepreneurs employés par les plateformes numériques, un manque à gagner évalué à 800 millions d'euros. D'ici à 2027, les plateformes devront directement prélever ces cotisations.

Le texte crée aussi des délits d'incitation à la fraude sociale, et de promotion et de facilitation de la fraude.

Arrêts maladie

Pour lutter contre l'augmentation des dépenses liées aux arrêts maladie, le gouvernement renforce les pouvoirs de contrôle des entreprises. Le médecin contrôleur mandaté par l’employeur - médecin agréé - pourra faire suspendre le versement des indemnités au patient lorsqu'il estime l'arrêt injustifié. La caisse d'assurance maladie pourra éventuellement décider de procéder à un deuxième examen.

Le texte limite aussi à trois jours la durée des arrêts prescrits par téléconsultation (sauf exceptions, notamment pour le médecin traitant).

Incitation aux transports partagés

Les patients qui refuseront une offre de transport sanitaire (véhicule sanitaire léger ou taxi conventionné) partagée avec un autre patient, sans raison médicale valable, devront faire l'avance de frais, et ne seront remboursés que sur la base du prix d'un transport partagé.

Pénuries de médicaments

En cas de ruptures d'approvisionnement sur un médicament, la délivrance à l’unité pourra être rendue obligatoire par arrêté. Les pharmaciens devront alors délivrer "la quantité adaptée" plutôt qu'une boîte entière.

Le gouvernement pourra aussi rendre obligatoire la réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique (TROD), pour délivrer par exemple certains antibiotiques.

Dépistage pour les femmes enceintes 

Le texte rend systématique le dépistage chez les femmes enceintes du cytomégalovirus, un virus pouvant affecter le développement du foetus.

Une expérimentation de trois ans d'un parcours de soins dédié aux "dépressions post-partum" a également été ajoutée.

Agirc-Arrco

Le gouvernement n'a pas ponctionné le régime de retraite complémentaire des salariés du privé Agirc-Arrco comme il en avait brandi la menace. Les partenaires sociaux se sont eux engagés à travailler sur d'éventuelles mesures pour contribuer au financement de la hausse des petites pensions de leurs allocataires.

Activité physique adaptée

Pendant deux ans et à titre expérimental, l'Assurance maladie pourra rembourser des séances d'activité physique adaptée pour les malades du cancer.

Franchises médicales

Le gouvernement devra venir s'expliquer devant les commissions des Affaires sociales de l'Assemblée nationale et du Sénat avant tout projet qui consisterait à augmenter les franchises médicales, c'est-à-dire le reste à charge des assurés sociaux sur les boîtes de médicaments ou consultations chez le médecin.

Tarification des hôpitaux en évolution

Le président Emmanuel Macron veut réduire la tarification à l'acte dans les hôpitaux. Introduite en 2003, elle est souvent accusée d'avoir poussé les établissements dans une course aux actes lucratifs et aux rendements.

Le budget de la Sécurité sociale 2024 introduit deux autres modes de financement, l'un basé sur des "objectifs de santé publique" et l'autre sur "des missions spécifiques". Mais cette réforme complexe ne commencera vraiment à être appliquée qu'au 1er janvier 2025.


Ruth Elkrief sous protection policière après un tweet polémique de Mélenchon, annonce Darmanin

La journaliste française Ruth Elkrief (Photo, AFP).
La journaliste française Ruth Elkrief (Photo, AFP).
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  • «J'ai décidé ce matin vu les menaces de M. Mélenchon et d'autres, de remettre une protection policière»
  • «Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n'injurie pas les musulmans, cette fanatique s'indigne»

PARIS: Gérald Darmanin a annoncé lundi avoir mis sous protection policière la journaliste de LCI Ruth Elkrief accusée dimanche par Jean-Luc Mélenchon sur le réseau social X (ex-Twitter) d'être une "fanatique" et de mépriser les musulmans.

"J'ai décidé ce matin vu les menaces de M. Mélenchon et d'autres, puisque c'est un déchaînement de haine sur internet, de remettre une protection policière" à l'éditorialiste, a déclaré le ministre de l'Intérieur sur BFMTV.

"Il met une cible dans le dos de Mme Elkrief qui a déjà eu beaucoup de menaces en tant que journaliste", a ajouté M. Darmanin, pointant "l'irresponsabilité" du leader de La France insoumise (LFI).

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a qualifié lundi d'"attaque ignoble" la déclaration de Jean-Luc Mélenchon. "Traiter Ruth Elkrief de fanatique, c'est extrêmement grave", a estimé M. Véran sur RTL.

En réaction à des échanges tendus dimanche sur LCI entre Ruth Elkrief et le coordinateur de LFI Manuel Bompard, notamment sur la situation au Proche-Orient, Jean-Luc Mélenchon s'en était pris à la journaliste: "Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n'injurie pas les musulmans, cette fanatique s'indigne", a-t-il écrit. "Quelle honte ! Bravo Manuel Bompard pour la réplique. Elkrief réduit toute la vie politique à son mépris des musulmans", a-t-il poursuivi.

Interrogé sur les accusations d'antisémitisme portées contre Jean-Luc Mélenchon après ces messages, Gérald Darmanin a estimé que "c'est avant tout une journaliste qui est attaquée". "M. Mélenchon n'est pas le plus grand défenseur des juifs que je connaisse", a-t-il cependant ajouté.

"Jean-Luc Mélenchon vous explique que les patrons sont des salauds, que les policiers tuent et que maintenant les journalistes sont des fanatiques. A un moment donné, il faut se poser la question de la place qu'occupe Jean-Luc Mélenchon dans le débat public", a estimé M. Véran.

Menaces de morts 

"Il est inacceptable qu’en France une journaliste fasse l’objet de pressions et d’insultes et qu’elle ne puisse remplir sa mission d’information en sécurité", a déclaré de son côté le président du Sénat Gérard Larcher. "Jusqu’où ira Jean-Luc Mélenchon dans ses provocations ?"

"Des dizaines d'entre nous sont sous menaces de morts de l'extrême droite", a réagi sur X Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale. "Neuf ans de prison pour tentative d’assassinat contre Jean-Luc Mélenchon. Nous organisons nous-même notre propre sécurité. Sans aucun concours de l'Etat. Et Darmanin octroie une protection à une journaliste pour un tweet. Absurdie", a-t-elle ajouté.

Mme Panot a semblé ainsi faire référence à la condamnation en octobre 2021 à Paris du jeune fondateur du groupuscule d'ultradroite OAS à neuf ans d'emprisonnement ferme. Son groupuscule voulait "enclencher la +remigration+ basée sur la terreur", en prévoyant de s'en prendre à des personnes arabes, noires ou encore à des personnalités politiques comme Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement macroniste. M. Mélenchon avait aussi été cité comme cible potentielle.

"Le ministre a toujours diligenté les évaluations nécessaires lorsque des élus de la Nation recevaient des menaces. Ce fut le cas aussi pour M. Mélenchon qui, lui, n’a jamais daigné répondre au cabinet du ministre de l’Intérieur", a répondu l'entourage de Gérald Darmanin.

"Le groupe TF1 soutient fermement Ruth Elkrief et déplore vivement les invectives odieuses et insinuations déplacées dont elle est l'objet", a de son côté écrit sur X le groupe audiovisuel, maison-mère de la chaîne d'information LCI.


Le Sénat rejette le budget de l'immigration pour 2024

La secrétaire d'État française chargée de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024 au Sénat français, à Paris (Photo, AFP).
La secrétaire d'État française chargée de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024 au Sénat français, à Paris (Photo, AFP).
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  • De nombreuses mesures sénatoriales ont toutefois été supprimées par l'Assemblée nationale en commission, avant l'arrivée du texte
  • Les parlementaires de la Haute assemblée ont désapprouvé à main levée les crédits de la mission immigration, asile et intégration

PARIS: Le Sénat persiste et signe sur l'immigration: après avoir totalement remodelé le projet de loi du gouvernement, les sénateurs ont rejeté lundi le budget du secteur pour 2024, une prise de position essentiellement symbolique en raison de l'utilisation par l'exécutif du 49.3 à l'Assemblée nationale.

Les parlementaires de la Haute assemblée ont désapprouvé à main levée les crédits de la mission immigration, asile et intégration proposés par le gouvernement dans son projet de loi de finances pour 2024.

La majorité sénatoriale, une alliance de la droite et du centre, a dénoncé les "trop nombreux écueils" de ce budget en hausse de 7,3% par rapport à 2023 (à 2,16 milliards d'euros), selon la rapporteure du groupe Les Républicains Marie-Carole Ciuntu.

"Ce budget a été construit sans prendre en compte les modifications que porte le projet de loi immigration, notamment celles apportées par le Sénat", a dit la sénatrice.

"Le renforcement de notre législation doit s'accompagner d'une vision budgétaire pour l'avenir", a regretté la sénatrice MoDem Isabelle Florennes, membre du groupe centriste.

Examen en cours 

Début novembre, le Sénat avait imprimé un sérieux tour de vis au projet de loi immigration, actuellement en cours d'examen à l'Assemblée nationale. Les sénateurs avaient notamment durci les conditions de régularisation de travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, ou encore supprimé l'aide médicale d'Etat (AME), transformée en aide médicale d'urgence.

De nombreuses mesures sénatoriales ont toutefois été supprimées par l'Assemblée nationale en commission, avant l'arrivée du texte dans l'hémicycle du Palais-Bourbon le 11 décembre.

Au Sénat, la gauche s'est également opposée à ce budget de l'immigration, épinglant un manque de moyens pour l'intégration des migrants et l'hébergement des demandeurs d'asile.

Grâce à l'article 49.3 de la Constitution utilisé par le gouvernement à l'Assemblée nationale, cette mission budgétaire pourra néanmoins être rétablie par le camp présidentiel dans les prochains jours.

La ministre de la Citoyenneté et de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, a tenté de défendre les choix du gouvernement face à un hémicycle hostile. "Ce budget marque une nouvelle étape dans les efforts conduits depuis 2017 pour consolider notre capacité à maîtriser les flux migratoires", a-t-elle insisté.

Fidèle à ses choix précédents, le Sénat devrait suivre la même logique mardi lors de l'examen du budget de la Santé, en diminuant de 410 millions d'euros le montant de l'AME pour 2024, tirant les conséquences de la réforme qu'il a votée en novembre.