En Irak, douleur et chagrin pèsent sur les célébrations du Nouvel An yazidi

Des filles sortent d'un bâtiment alors que des yézidis irakiens se rassemblent pour une cérémonie marquant le Nouvel An yézidi au temple de Lalish dans une vallée près de la ville kurde de Dohuk, le 18 avril 2023. (AFP)
Des filles sortent d'un bâtiment alors que des yézidis irakiens se rassemblent pour une cérémonie marquant le Nouvel An yézidi au temple de Lalish dans une vallée près de la ville kurde de Dohuk, le 18 avril 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 20 avril 2023

En Irak, douleur et chagrin pèsent sur les célébrations du Nouvel An yazidi

  • Mardi, les autorités irakiennes ont décrété que le premier mercredi d'avril sera désormais un jour férié pour les Yazidis
  • A l'occasion du Nouvel An, les familles se recueillent sur les tombes de leurs proches. Ceux qui en ont les moyens égorgent un mouton, servi à table et distribué comme aumône aux pauvres

LALISH: Les tenues de fête sont de sortie et les fidèles allument des bougies. Mais dans le nord de l'Irak, parmi les centaines de Yazidis venus au temple de Lalish célébrer leur Nouvel An, Omar Sinan n'oublie pas "le chagrin qui refuse de s'effacer".

Près de six ans après la mise en déroute du groupe Etat islamique (EI), la communauté yazidie reste hantée par les exactions jihadistes, la mémoire des disparus et la douleur de l'exil au moment où cette minorité kurdophone n'a pas encore retrouvé son foyer historique du Sinjar, dévasté par les combats dans le nord de l'Irak.

Sur les hauteurs de Chikhan, dans la cour du temple de Lalish, 365 lampes à huile --une pour chaque jour de l'année -- s'allument avec le coucher du soleil à la veille du Nouvel An yazidi, qui commémore la création de l'univers par les anges et célèbre la nature et la fertilité.

Pieds nus en signe de respect au temple sacré, des hommes vêtus de blanc ont endossé leurs vestons brodés, des femmes ont sorti des coiffes traditionnelles serties de pièces dorées, posées sur un voile blanc. Certaines sont drapées dans une longue tunique blanche serrée à la taille.

"Avant notre joie était plus grande. Mais aujourd'hui (...) on ne peut pas oublier les évènements que les Yazidis ont vécus", confie à l'AFP Omar Sinan, père de trois enfants.

En août 2014, les jihadistes ont déferlé au Sinjar, où depuis des siècles vivaient les Yazidis, adeptes d'une religion ésotérique monothéiste mais considérés par l'EI comme des hérétiques.

Des milliers d'hommes ont été massacrés, des femmes enlevées pour être vendues comme épouses aux jihadistes ou réduites à l'esclavage sexuel.

«Pour l'éternité»

"Depuis le génocide, il y a toujours dans nos cœurs un chagrin qui refuse de s'effacer et qui vivra en nous pour l'éternité", poursuit M. Sinan, enseignant en mathématiques de 37 ans qui vit près de Chikhan. "Mais malgré tout, nous continuerons d'accomplir nos rituels religieux".

A l'occasion du Nouvel An, les familles se recueillent sur les tombes de leurs proches. Ceux qui en ont les moyens égorgent un mouton, servi à table et distribué comme aumône aux pauvres.

Mardi, les autorités irakiennes ont décrété que le premier mercredi d'avril sera désormais un jour férié pour les Yazidis.

Malgré les persécutions et les discriminations, Faleh Jomaa, 60 ans, a choisi de rester en Irak et de ne pas suivre ses quatre frères, tous partis en Allemagne.

"La communauté yazidie a été victime de 74 génocides tout au long de son histoire. Mais à chaque fois elle renaît, comme les plantes qui sortent des entrailles de la Terre pour que la vie continue", lance cet ancien professeur d'arabe, venu à Lalish avec sa femme et ses trois enfants.

«Ne pas oublier»

Le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani a récemment rappelé que le Sinjar attendait toujours l'adoption de "mesures politiques et sécuritaires" pour garantir le retour des 200 000 déplacés ayant majoritairement trouvé refuge au Kurdistan autonome.

Le gouvernement avait alloué en mars 38,5 millions de dollars à un fonds nouvellement créé pour la reconstruction du Sinjar et de la plaine de Ninive, ravagés par les combats.

Car seule une poignée de familles a choisi de rentrer, leur région souffrant encore "du manque de logements adéquats et de services de base, y compris l'eau courante, l'électricité, les soins et l'éducation", déplorait en août l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Aujourd'hui encore des charniers sont exhumés au Sinjar. Et plus de 2.700 personnes sont portées disparues, selon l'OIM, qui assure que certains sont aux mains du groupe Etat islamique.

Réfugiée en Bavière avec son mari et ses huit filles, Khawla Abdou a tenu à célébrer son Nouvel An à Lalish.

"Nous sommes venus prier Dieu en ce jour sacré pour qu'il libère nos filles encore aux mains de notre ennemi", se lamente cette grand-mère de 67 ans. "Que Dieu exauce notre souhait, car on ne peut pas oublier nos filles. Et on n'oubliera jamais ce qui s'est passé au Sinjar".


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.