Seydou Fofana, «le petit», mort sur le chantier du Grand Paris Express

Portrait de Seydou Fofana, un ouvrier malien de 21 ans décédé dans un accident de travail sur le chantier de la ligne 17 du Grand Paris Express à Gonesse, dans la banlieue nord de Paris, le 6 avril 2023. (Photo par Handout / Association Concorde / AFP).
Portrait de Seydou Fofana, un ouvrier malien de 21 ans décédé dans un accident de travail sur le chantier de la ligne 17 du Grand Paris Express à Gonesse, dans la banlieue nord de Paris, le 6 avril 2023. (Photo par Handout / Association Concorde / AFP).
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Publié le Lundi 24 avril 2023

Seydou Fofana, «le petit», mort sur le chantier du Grand Paris Express

  • «Le désir de Seydou était, depuis le départ, de travailler dans le BTP. Son travail lui donnait beaucoup de satisfaction», assure Philippe Allard, directeur de l’association Concorde, qui l'a accompagné pendant deux ans
  • Sur le chantier de la ligne 17 du Grand Paris Express, le 6 avril, un bloc de béton s'est détaché d'un mur de fondation de six mètres de profondeur. L'apprenti se trouvait dans la voie creusée. Il est mort asphyxié

GONESSE : Sur le chantier du métro du Grand Paris, le "sourire" de Seydou Fofana égayait la monotonie du labeur. A 21 ans, "le petit" est mort le 6 avril, écrasé par un bloc de béton, cinquième victime d'un accident du travail mortel depuis le début des travaux.

Le jeune apprenti malien avait décroché en septembre une formation dans le bâtiment, "une fierté", confie Philippe Allard, directeur de l’association Concorde, basée à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), partenaire de l'aide sociale à l'enfance. Il était mineur non accompagné quand la structure éducative l'a pris en charge, après son arrivée sur le territoire français, en 2019.

"Le désir de Seydou était, depuis le départ, de travailler dans le BTP. Son travail lui donnait beaucoup de satisfaction", assure M. Allard qui l'a accompagné pendant deux ans.

Ni la distance ni les horaires n'entravaient son projet de décrocher une qualification d'ouvrier spécialisé. Il avait bien été magasinier dans un supermarché, mais ce job d'appoint ne lui convenait pas, dit Elvis Koloko, l'un de ses éducateurs.

C'était "un jeune déterminé, qui s'est donné les moyens de réussir, assidu dans les ateliers scolaires. Il a appris le français, ce qui lui a permis d'obtenir sa formation", détaille son mentor.

Une réussite partagée avec sa mère restée au Mali, à qui il venait d'envoyer de l'argent pour "acheter du sucre, du riz pour le ramadan", raconte son oncle paternel, Cheickna Fofana, rencontré par l'AFP à son domicile parisien.

Au Mali, le jeune homme grandit avec ses six frères et soeurs à Kabaté, un village de la région de Kayes, proche de la frontière avec le Sénégal. Son père est mort quand il avait deux ans.

Des ressources plus que modestes poussent l'adolescent à tenter la traversée, par la mer, vers l'Europe. Avant d'y parvenir, il travaille quelques mois en Algérie pour une compagnie chinoise, puis il y sera emprisonné.

Le stress, le bruit, le danger

"C'était un garçon dynamique qui contribuait au village et avait plein de projets", résume son oncle, en pleine démarches pour faire enterrer son neveu au Mali.

Seydou Fofana était en contrat d'insertion. Son apprentissage de 300 heures touchait à sa fin. Il alternait les cours à Saint-Denis et son travail sur le chantier de la ligne 17 du Grand Paris Express pour le sous-traitant Lif TP à Gonesse (Val-d'Oise), au nord de la capitale, en plein milieu des champs.

C'est sur ce site, le 6 avril vers 9H30, qu'un bloc de béton s'est détaché d'un mur de fondation de six mètres de profondeur. L'apprenti se trouvait dans la voie creusée. Il est mort asphyxié.

Une expertise est en cours, pour déterminer notamment "s'il y a eu une malfaçon", indique une source policière.

Sur le chantier, où tout le monde l'appelait affectueusement "le petit", c'est "son sourire communicatif" qui revient à l'esprit.

"On ne devrait pas mourir à cet âge", se désole Mamoudou, qui parle sous un prénom d'emprunt comme les autres ouvriers interrogés, la consigne étant "de ne pas parler aux journalistes".

On lui avait confié la tâche de "manoeuvre", assistant les ouvriers spécialisés. Un jour, il pouvait s'occuper du trafic des engins et décharger les matériaux; un autre, il effectuait de petites opérations de terrassement.

Autant de menus travaux essentiels au bon déroulement d'un chantier titanesque de 200 km de voies et à la création de quatre lignes de métro automatique, devant ouvrir entre 2025 et 2030.

"Il y a des tâches qu'il ne faut pas confier à des personnes inexpérimentées surtout sur de gros chantiers", commente Ricardo. "Entre le stress, le bruit, le danger, ça ne pardonne pas", soutient cet ouvrier. Il évoque aussi la "pression de respecter les délais". Un jour, "un chef m'a dit: 'C'est vous qui allez payer le retard'".

Pour Seydou Fofana, une nouvelle étape de la vie s'ouvrait: s'émancipant de son foyer éducatif, il avait obtenu un logement et une carte de résidence. Sur le bureau de son employeur, une promesse d'embauche l'attendait.

Son nom s'est ajouté à ceux de Maxime Wagner, Joao Baptista Miranda, Abdoulaye Soumahoro et Frank Michel, morts sur le même chantier colossal entamé en 2015.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.