Kenya: le président dénonce des cultes «terroristes» après la mort de 51 membres d'une secte

Un haut fonctionnaire kenyan a décrit le massacre de la forêt de Shakahola comme "l'abus le plus évident du droit humain à la liberté de culte inscrit dans la Constitution". (AFP)
Un haut fonctionnaire kenyan a décrit le massacre de la forêt de Shakahola comme "l'abus le plus évident du droit humain à la liberté de culte inscrit dans la Constitution". (AFP)
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Publié le Lundi 24 avril 2023

Kenya: le président dénonce des cultes «terroristes» après la mort de 51 membres d'une secte

  • Les recherches de poursuivaient dans la forêt de Shakahola, à proximité de la ville côtière de Malindi, où ont été exhumés 47 corps depuis vendredi
  • Il s'agit d'adeptes de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church) dirigée par Makenzie Nthenge, un «pasteur» qui prône notamment de jeûner pour «rencontrer Jésus»

MALINDI : Le président kényan William Ruto a promis lundi des mesures contre les cultes "terroristes" qui "utilisent la religion", après la découverte de 51 corps d'adeptes d'une secte dans une forêt dans l'est du pays.

Les recherches de poursuivaient dans la forêt de Shakahola, à proximité de la ville côtière de Malindi, où ont été exhumés 47 corps depuis vendredi.

Ces macabres découvertes viennent s'ajouter à quatre morts découverts le 14 avril par la police. Ce jour-là, onze autres personnes avaient été secourues et hospitalisées.

Il s'agit d'adeptes de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church) dirigée par Paul Mackenzie Nthenge, un "pasteur" qui prône notamment de jeûner pour "rencontrer Jésus". Il s'est rendu à la police et est en détention depuis le 15 avril.

"Ce que nous avons vu à (...) Shakahola, s'apparente à des terroristes (sic)", a déclaré lundi William Ruto, lors d'une cérémonie de remise des diplômes des officiers pénitentiaires dans le centre du pays. "Les terroristes utilisent la religion pour promouvoir leurs actes odieux. Des gens comme M. Mackenzie utilisent la religion pour faire exactement la même chose", a-t-il poursuivi.

Il a affirmé avoir "demandé aux agences responsables de se saisir de la question et d'aller à la racine et au fond des activités des religions et des personnes qui veulent utiliser la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable".

Sacs mortuaires

Le chef de la police kényane, Japhet Koome, est attendu sur place, alors que les sacs mortuaires bleus contenant les dépouilles de fidèles se sont multipliés depuis trois jours, au fil de l'avancée des recherches sur les plus de 300 hectares de cette forêt où se regroupaient les fidèles.

Aucun détail n'est disponible sur l'état des corps et la durée de leur présence dans le sol.

Selon la Croix Rouge kényane, "jusqu'à présent, 112 personnes ont été portées disparues" à son bureau de recherche sur place.

Certains adeptes sont encore présents dans la forêt. L'une d'entre elles a été retrouvée dimanche. Frêle, les yeux exhorbités, elle a refusé toute alimentation, ont constaté les journalistes.

Hussein Khalid, membre de l'organisation Haki Africa qui avait alerté la police sur les agissements de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle, a appelé les autorités à envoyer plus de forces de sécurité pour "aller à l'intérieur (de la forêt) et secourir ces victimes qui sont en train de jeûner jusqu'à la mort".

Précédentes arrestations

Ces macabres découvertes suscitent interrogations et critiques sur l'attitude des autorités qui connaissaient les activités du "pasteur" depuis 2017.

Cette année-là, Paul Mackenzie Nthenge avait été arrêté car il prônait à de nombreux enfants de ne pas aller à l'école, affirmant que l'éducation n'est pas reconnue dans la Bible. Il avait été accusé de "radicalisation" et de diriger une école non enregistrée.

Il avait à nouveau été arrêté le mois dernier après que deux enfants étaient morts de faim sous la garde de leurs parents, qui les avaient ensuite enterrés. Il avait été libéré contre une caution de 100 000 shillings kenyans (environ 670 euros).

La police s'est finalement rendue dans la forêt après avoir reçu le 13 avril des informations faisant état de "citoyens ignorants morts de faim sous prétexte de rencontrer Jésus après avoir subi un lavage de cerveau", selon un rapport de police.

Réglementation

Ce scandale ravive également le débat sur le contrôle des cultes au Kenya, pays majoritairement chrétien, où des "pasteurs", "Eglises" et autres mouvements religieux marginaux défraient la chronique.

De précédentes tentatives de réglementation ont suscité une vive opposition, au nom notamment de la séparation entre l'Église et l'État.

Ce massacre est une "claire violation du droit humain à la liberté de culte consacré dans la Constitution", a estimé le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, dimanche sur Twitter, qui doit se rendre sur place mardi.

"Si l'État respecte la liberté religieuse, cet horrible malheur sur notre conscience doit conduire non seulement à la plus sévère des punitions pour le ou les auteurs de l'atrocité (...), mais aussi à une réglementation plus stricte (y compris l'auto-réglementation) de chaque église, mosquée, temple ou synagogue à l'avenir", a-t-il affirmé.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com