Congo: à Brazzaville, une école se bat contre les préjugés qui frappent les enfants autistes

Si à la Case Dominique, les enfants autistes semblent s’épanouir, ils sont souvent stigmatisés dans le reste de la société. Au Congo-Brazzaville, il n'existe d'ailleurs aucune statistique sur les autistes, notent des experts et spécialistes de la santé. (Photo, AFP)
Si à la Case Dominique, les enfants autistes semblent s’épanouir, ils sont souvent stigmatisés dans le reste de la société. Au Congo-Brazzaville, il n'existe d'ailleurs aucune statistique sur les autistes, notent des experts et spécialistes de la santé. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 25 avril 2023

Congo: à Brazzaville, une école se bat contre les préjugés qui frappent les enfants autistes

  • A son inauguration en 1999, le Centre de la Case de Dominique travaillait avec les enfants victimes des conflits armés. Puis il s'est concentré sur la prise en charge des enfants autistes
  • Côté préjugés, « on pense que ces enfants sont des sorciers, qu’ils sont envoûtés par tel ou tel, qu’ils sont sous l’emprise d’un mauvais esprit qui les conduit et les anime à faire ceci ou cela»

BRAZZAVILLE: Enfants sorciers, envoûtés ou "perdus" : c’est ainsi que l'on qualifie les enfants souffrant de l’autisme au Congo-Brazzaville où une école s’est lancée pour favoriser leur "socialisation" et sensibiliser la population à ce trouble neuro-développemental.

Située en plein cœur de Poto-Poto, le plus cosmopolite des quartiers de Brazzaville, l'école de la Case Dominique, tenue par des religieuses catholiques, accueille cette année 350 enfants autistes et autres souffrant de trisomie.

Sandales aux pieds, tee-shirt sur le dos, pagne bien attaché, Coco est venue ce matin déposer Édith, sa fille de 12 ans. Jusqu'à l'âge de trois ans, Édith n’arrivait pas à s’exprimer, et des années plus tard, elle avait toujours "un comportement enfantin", raconte à l'AFP sa mère.

"Elle avait des difficultés à apprendre à l’école ordinaire. J’ai compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Voila pourquoi j’ai pensé à l’emmener à la Case Dominique", ajoute cette femme de 45 ans. "Aujourd’hui, je constate une grande évolution : elle peut écrire la date par exemple", se réjouit-elle, en se disant "optimiste pour l'avenir".

A l’école Case Dominique, les cours ont lieu entre 8H00 (7H00 GMT) et 11H00 (10H00 GMT), entrecoupés par une recréation. Les élèves (filles et garçons) sont habillés en culotte ou pantalon bleu marine et chemise kaki, comme ceux des écoles normales.

"Dans ma classe, je leur apprends l’articulation des mots, la lecture et le vocabulaire. J’ai les enfants de tous les âges et de tous les gabarits", explique à l’AFP Dudal Ndolo, un enseignant de 40 ans.

"Nous les mettons ensemble pour leur permettre de se socialiser, de se connaître et de se familiariser. Parce qu’à la maison, ils sont repoussés, rejetés", souligne-t-il.

Dans les salles de classe, les élèves sont assis à trois ou quatre par tables-bancs, et saluent les visiteurs en chœur.

Changer les mentalités

A son inauguration en 1999, le Centre de la Case de Dominique travaillait avec les enfants victimes des conflits armés. Puis il s'est concentré sur la prise en charge des enfants autistes.

Depuis, cette école spécialisée a connu des réussites, selon son directeur Dieu Merci Nakavoua. "Nous avons un enfant autiste qui a commencé avec toutes les difficultés. Aujourd'hui, il se retrouve en France comme artiste peintre. Il y a vraiment des enfants qui émergent", témoigne-t-il.

Si à la Case Dominique, les enfants autistes semblent s’épanouir, ils sont souvent stigmatisés dans le reste de la société. Au Congo-Brazzaville, il n'existe d'ailleurs aucune statistique sur les autistes, notent des experts et spécialistes de la santé interrogés par l’AFP.

Côté préjugés, "on pense que ces enfants sont des sorciers, qu’ils sont envoûtés par tel ou tel, qu’ils sont sous l’emprise d’un mauvais esprit qui les conduit et les anime à faire ceci ou cela", déplore la sœur Ida Pélagie Louvouandou, coordonnatrice de l’école.

"Aujourd’hui malheureusement, il y a beaucoup de couples qui se séparent à cause de l’autisme" d'un enfant, regrette-t-elle.

Pour lutter contre ces préjugés, la Case Dominique s’est lancée dans la sensibilisation de la population.

"Depuis deux ans, nous allons, de temps en temps dans les rues avec nos feuillets, à la rencontre des gens pour leur parler et leur expliquer que l’autisme est un phénomène naturel qui existe et que nous devons accueillir avec beaucoup de respect", indique la sœur Louvouandou.

Cependant, reconnaît-elle, le changement des mentalités s'avère lent dans la société congolaise où la  situation "n’a pas beaucoup évolué". "Nombreux sont encore les enfants autistes qui sont refusés dans les bus de transport en commun", dit-elle en exemple.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com